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Critiques de Andrus Kivirähk (371)
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un mélange savoureux

Ce roman est complètement atypique, de la même étrangeté que La folie de Dieu de Juan Miguel Aguilera ou de La peau froide de Albert Sanchez Piñol. L'auteur y parle de son pays, l'Estonie au XIIIe siècle, une croisade d'« hommes de fer » envahit le pays. Il virevolte entre la fable philosophique, le pamphlet politique, la saga nordique et ses déchaînements de violence épique, un soupçon de fantasy qui réactive des créatures typiques de son pays et le roman initiatique. Mais il y a surtout Leemet, qui est le narrateur principal, et son regard incisif sur tout ce qui l'entoure, il nous raconte sa vie : Il nous parle de cette montée de la modernité qui métamorphose son pays et ses habitants, un peuple des forêts luttant pour ne pas disparaître face à la croissance des peuples d'agriculteurs qui composent les villages. Il décrit en y mettant beaucoup de rage et de vitriol, l'opposition entre religion chrétienne et religion païenne, l'auteur prend un malin plaisir à les renvoyer dos à dos, soulignant avec malice et une ironie explosive la vacuité et l'ignorance qui les président, présentant la première comme une nouvelle « mode » ayant ses groupies

qui sont autant de moutons stupides, un opium qui rabaisse dans la fange l'esprit humain. Et la seconde comme une cohorte de traditions ineptes et dépassées. Leemet met aussi en avant cette relation perdue entre l'humain et la nature, il est le dernier homme à apprendre les mots des serpents, et ses connaissances menacent de sombrer dans l'oubli. Dans les forêts les reptiles sont ses seules compagnons, les ours y sont des dragueurs impénitents, des anthropopithèques y élèvent des poux géants, on y trébuche sur Meeme, ce « tas de feuilles pourries » toujours en position

végétative allongée. Et la Salamandre est là quelque part, endormie.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Il y a des signes qui ne trompent pas. Quand pendant la journée on pense régulièrement au livre en cours, qu’on a hâte de le retrouver, qu’on s’y replonge dès que possible et qu’on a du mal à le lâcher… Alors on sait qu’on tient un coup de cœur ! Et pourtant, j’en aurais mis du temps avant de me lancer dans la lecture de ce roman, dont je n’avais entendu que du bien, mais qui attendait dans ma PAL depuis plusieurs années.



Quel incroyable, fascinant et étrange roman ! Dans cette fable, le merveilleux est habituel. Les hommes vivent dans la forêt, ils parlent la langue des serpents, se nourrissent du lait des louves qu’ils montent pour partir au combat. Mais ce monde est en train de disparaître. Leemet est le dernier de sa lignée, le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à parler la langue des serpents. Après l’arrivée des moines et des chevaliers allemands, il voit son peuple abandonner la forêt et les traditions de leurs ancêtres, pour devenir paysans, prier dans les églises et oublier la langue des serpents.



L’auteur nous dit que les hommes cherchent désespérément des explications à ce qu’ils ne comprennent pas. Pour le Sage de la forêt, ce sont les esprits, qui punissent ou qui récompensent. Pour les villageois, le diable trompe et Dieu protège. Peu de différences finalement… L’homme n’est que le jouet d’esprits supérieurs et ne peut que se plier à leurs volontés et tenter de s’attirer leurs bonnes grâces, par les sacrifices ou la prière. Outre cette critique de l’obscurantisme religieux, aussi ignorant que violent, le texte nous met en garde aussi bien contre la fascination devant les promesses de la modernité ou le repli sur un passé idéalisé.



Conte, fable, pamphlet, … ce récit protéiforme est aussi l’histoire profondément émouvante d’un jeune garçon que nous voyons devenir homme et qui voit son monde s’effondrer. Il nous raconte son histoire, avec une voix tantôt innocente, tantôt sarcastique, tantôt révoltée, … Avec lui on rit, on pleure, on tremble de peur ou de rage. Ils sont rares les romans à provoquer une telle réaction ! Je n’oublierai pas de sitôt Leemet, Ints la vipère royale, Nounours l’ours brun libidineux, les anthropopithèques et leur élevage de poux…
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L'homme qui savait la langue des serpents

Découverte pour moi avec ce livre de la littérature de l'Estonie, pays que j'avais déjà du mal à situer géographiquement. Je savais bien qu'il était là haut quelque part dans le nord mais où exactement... J'avais déjà quand même un petit avant goût de L'Estonie avec le livre Purge de Sofi Oksanen mais là ce n'est pas tout à fait la même chose.

Cet ouvrage délivre des idées universelles et qui peuvent se transposer dans n'importe quel pays. Ainsi l'exode des personnes de la forêt vers le village m'a fait penser à la France et c'est la même chose qui s'est passé concernant l'exode rural vers les villes et l'aire de l'industrialisation. A chaque fois ce sont les mêmes craintes, les mêmes peurs qui sont véhiculés et les mêmes rejets qui surgissent contre l'ancien monde. Ce dernier devient brutalement archaïque, totalement désuet, rejeté avec violence car considéré comme un obstacle à la modernité ou du moins à un monde meilleur. il évoque aussi que les hommes ont besoin de se référer à une instance pour les guider. Au village c'est la religion qui prend le pouvoir, les moines eux savent, dans la forêt il existe les sages donc au final quelque soit le lieu ou l'époque le peuple sent le besoin d'être guidés par ceux qui savent. Nous sommes d'ailleurs rattrapés par l'actualité avec ce qui se passent au nom d'Allah et les camps de djihadistes qui se créent un peu partout. Les mythes sont aussi évoqués notamment celui du serpent qui véhicule tant de choses. La liste se rallonge avec celui de l'homme qui depuis Icare veut vole comme un oiseau, celui de l'ours qui séduit les jeunes filles, celui de l'homme qui peut parler aux animaux etc.

Cet ouvrage est une mine de réflexion si notre esprit va au delà de l'histoire qui est comptée car il nous transpose dans tous les lieux, toutes les époques et il acquiert une dimension universelle.

Ouvrage que je recommande mais qui selon moi nécessite une 2ème lecture tant il est riche et dense et je pense que je n'ai pas pu saisir toutes ses trésors enfouies au milieu d'une narration très dense.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Roman impossible à refermer avant d’avoir tourné la toute dernière page et qui entre directement dans ma liste des livres-préférés-de-tous-les-temps-immémoriaux (ouaip).

Le premier contact avec un livre, c’est sa couverture. Celle-ci est magnifique: sobre et en même temps travaillée.

Et quelle histoire! Une imagination débordante, inspirée de contes nordiques.

J’ai d’ailleurs commencé à lire en le considérant ainsi: un conte. Mais très vite m’est apparu que sous cette histoire totalement farfelue, dont les rebondissements semblent sans queue ni tête alors que tout s’enchaine de façon très logique pour donner une impression de réalisme, un second niveau de lecture apparait. Une interrogation, à l’aide d’allégories, sur l’évolution du monde car cet homme qui savait la langue des serpents est le dernier représentant de sa « génération », celle qui vivait en communion avec les animaux et vénérait les génies de la forêt, ses contemporains ayant préféré les villages, le travail de la terre, Dieu et les modernités apportées par les chevaliers étrangers en armure. J’ai aimé que cela reste une interrogation, l’auteur ne tranchant jamais, montrant les dérives d’une vision du monde comme de l’autre, mettant plutôt l’accent sur l’aspect cyclique de l’Histoire (différente et finalement toujours la même). Au lecteur de se faire son opinion.

Je souligne également la postface rédigée par le traducteur. Car figurez-vous qu’un troisième niveau de lecture se cache dans cette oeuvre : l’auteur étant estonien, Jean-Pierre Minaudier nous explique le parallèle entre l’histoire et l’Histoire (la langue des serpents représentant la langue estonienne) et développe les jeux de mots, intraduisibles littéralement, utilisés par l’auteur. Une superbe façon de clôturer sa lecture.


Lien : https://tsllangues.wordpress..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un magnifique roman qui a l'intelligence de montrer la mort d'une culture sans jamais tomber dans le passéisme, mais en le critiquant.



Le narrateur est l'un des derniers gardiens d'un savoir ancestral: la langue des serpents qui permet de commander aux animaux de la forêt.

Il voit sa culture forestière et animiste être remplacée par le christianisme et la "modernité" du Moyen-Âge: les chevaliers germains qui instaurent la sédentarité et le féodalisme. Il regarde ces étrangers s'installer dans son pays avec un relative indifférence, puisque leur façon de vivre lui paraît beaucoup trop stupide pour avoir le moindre avenir. Mais l'époque change, et en une génération seulement le féodalisme prend le dessus.

Alors que faire? La beauté et l'intelligence de la langue des serpents ne peut être niée, sa difficulté non plus. La fracture générationnelle et culturelle va polariser tout le monde: le chaman de la forêt devient un fanatique, les chrétiens supplantent la culture du narrateur par leur appropriation progressive des terres baltes, certains vieux s'enferment dans une croisade perdue d'avance, le dernier Gardien de la Salamandre se laisse mourir avec cynisme, et les plus anciens de tous, les anthropopithèques, s'isolent pour "revenir au passé" en tentant de ressusciter des traditions préhistoriques absurdes qui ne sauveront pas leur espèce.



De loin l'une des meilleurs fables que j'ai pu lire, et grosse révélation littéraire pour moi.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Je ne vais pas ajouter une énième critique, il y en a suffisamment dont certaines sont excellentes. Je veux juste saluer le talent du traducteur qui m'a rendu verte de jalousie. Mais pourquoi ne suis pas capable d'écrire comme lui ? Il n'utilise que des mots simples, familiers et même grossiers au passage , ne cherche pas les grands effets et cependant arrive à créer la magie qui nous transporte comme des enfants éblouis au coeur de ce conte malicieux.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Gros coup de coeur pour ce roman estonien qui m'a envoûté de la première à la dernière page.

L'auteur place l'action au Moyen - âge, où l'homme commence petit à petit à s'éloigner de la vie de la forêt pour s'intéresser à la vie de la campagne.



On y trouve des situations drôles, de l'humour, des personnages intéressants, une écriture imagée.

Même si des événements tristes se produisent de temps en temps, la tristesse ne s'installe pas longtemps.

Une très belle découverte que je me dépêche à mettre sur la liste des livres que je prendrais bien sur une île déserte.
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L'homme qui savait la langue des serpents

En des temps lointains, les hommes habitaient les forêts et conversaient avec les serpents. Les animaux n'avaient pas de secrets pour les hommes et tous vivaient en harmonie. Puis les hommes ont commencé à quitter la forêt pour fonder des villages, et peu à peu, ils ont perdu ce don millénaire. Leemet est un des derniers à connaître la langue des serpents, un des derniers survivants à refuser de gagner le village. Il vit encore dans la forêt avec sa mère, son oncle, et sa soeur qui s'amourache d'un ours. A ses côtés, ses meilleurs amis, Ints, un serpent, et deux australopithèques qui élèvent deux pous géants, qui cohabitent également avec Ülgas respectueux des génies et des rituels archaïques, Tambet enfermé dans ses croyances et ses délires identitaires et Meeme, qui ne semble plus avoir toute sa tête. Ces chasseurs cueilleurs sylvestres refusent de céder aux sirènes de la modernité incarnées par le village régi par des chevaliers teutons qui cherchent à les christianiser.



Dans une époque médievale réinventée, Leemet est le dernier homme qui voit la vie de ses ancêtres disparaître peu à peu vers la modernité de la civilisation. Il rêve encore des temps anciens durant lesquels la salamandre, poisson titanesque, veillait sur le monde. Toutefois l'auteur n'idéalise pas ce monde sauvage, il mène davantage une réflexion sur ce que signifie être le dernier homme, celui qui résiste envers et contre tout, fidèle à ses valeurs. Mais seul. Désespérément seul. Il montre que "nous sommes toujours les modernes de quelqu'un, car toute tradition a un jour été une innovation" (postface de Jean-Pierre Minaudier). Ainsi il permet d'élargir la réflexion sur l'avenir des petits peuples, des minorités souvent opprimées par leurs voisins.



"Mais face au temps qui passe et à un monde qui change à un rythme de plus en plus vertigineux, nous sommes tous (ou nous serons tous un jour) des Indiens, des Bretons, des Leemet : vivre en faisant le moins de dégâts possible autour de soi, c'est accepter l'inévitable tristesse de tout cela, sans se vautrer dans le conformisme et la bêtise qui triompheront toujours, sans pour autant verser dans la haine ni se réfugier dans l'idéalisation d'un passé fantasmé, qui est une autre forme d'hérésie." postface



Ce roman a connu un immense succés en Estonie, sans doute en raison de son humour et de sa dimension pamphlétaire qui offre un regard acéré sur l'époque et sur l'histoire de l'Estonie, de son peuple.



Un roman original à recommander.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Ce livre a été un vrai coup de cœur pour plusieurs raisons :



➡️ L'écriture fluide et poétique qui vous fait naviguer facilement au travers de ces 500 pages



➡️ La beauté des contes nordiques, leur féerie



➡️ Le lien sain entre l'homme et la nature, cette vie commune en harmonie



➡️ La traversée des temps, la confrontation à d'autres mondes



➡️ Le combat et la résilience



➡️ L'importance des traditions, des histoires, des racines



➡️ Un vrai voyage ailleurs



Ce livre m'a touché et m'a rempli de curiosité pour ces cultures si proches et qui me semblent si différentes.



En tant qu'amoureuse de Haruki Murakami, j'ai retrouvé ce côté de réalité mélangée à de l'imaginaire sans que cela ne soit gnan-gnan.



Ce livre fait partie de mes grands coups de cœur qui me rappellent pourquoi j'aime lire.

Et je suis à chaque fois surprise de voir que peu de gens le connaisse.
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L'homme qui savait la langue des serpents

On voyage dans ce roman à dos d'étoile filante... Drôle, satirique, philosophique, historique, délirant, poétique, sombre... Il nous parle de solitude et d'une salamandre immortelle, de la singularité d'un être dans un monde qui se meurt et de poux géants domestiques, des croyances qui inhibent la foi et d'ours qui font la cour aux pucelles... Emouvant, féroce, d'une féerie sous acides... désoxyribonucléiques
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L'homme qui savait la langue des serpents

Les légendes estoniennes revisitées chantent, avec l’imagination débordante d’humour d’Andrus Kivirähk, l’arrivée de la modernité dans une Estonie médiévale. Les hommes quittent la forêt emplie d’animaux fabuleux pour les champs abandonnant leur relation avec la nature pour travailler dans un monde organisé.



La magie du verbe d’Estonie et la critique acerbe de notre monde moderne font un mariage détonnant pour le plus grand plaisir de tous.


Lien : http://quidhodieagisti.over-..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un livre que je suis triste d'avoir terminé. Bon du début à la fin et il nous reste dans la peau longtemps. Une réflexion surpreante sur le progrès et sur l'évolution du mode de vie des humains, qui n'a pas du se faire sans heurts. Même si beaucoup d'éléments sont complètement fous, on y croit, car tout est cohérent. Un beau moment que cette lecture.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un véritable coup de coeur, je vous laisse découvrir ce roman extraordinaire sur mon blog, dans la catégorie : romans adultes. :) Bonne lecture !
Lien : http://lacavernedhaifa.over-..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Leemet nous raconte sa vie, à la première personne, et l'on vit avec lui l'effondrement inévitable de son monde. Cette histoire est à la fois drôle et profondément mélancolique. Difficile de ne pas ressentir une certaine tristesse une fois la lecture achevée.



Quelques longueurs, d'accord, mais c'est un roman atypique qui mérite d'être lu. C'est un conte merveilleux qui fait s'affronter les temps moderne (à savoir le Moyen Age) et les temps anciens, et qui a l'intelligence - malgré son parti pris - de ne pas verser dans le manichéisme. Un conte, donc, mais avec une brutalité et une violence crue pouvant monter dans les extrêmes.



C'est surtout un roman qui critique l'espèce humaine, sa bêtise, sa bigoterie, et qui le fait sacrément bien.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Je me doutais bien en me procurant ce livre que j’allais dans me lancer dans une histoire hors du commun, bien loin de ce que j’avais pu connaître auparavant. Je m’étais préparée à entrer dans un univers magique et peuplé de créatures légendaires et pourtant, j’ai tout de même été surprise. C’est un univers entier qui est contenu dans ces pages et j’ai adoré le parcourir avec Leemet et Ints.



Ce qui m’a le plus séduite lors de ma lecture était le point de vue adopté par l’auteur, qui ne parle qu’à travers les yeux de Leemet depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte. Nous découvrons par conséquent un monde qui se féodalise, délaissant la forêt et ses traditions immémoriales sous un jour nouveau. Ce ne sont par exemple pas des Teutons qui envahissent l’Estonie mais des « Hommes de fer ». Nous évoluons au même rythme que le personnage, apprenons les usages en règles dans la forêt et suivons ses progrès lors de son apprentissage de la langue des serpents. Toute cette partie du récit m’a fascinée et je ne cessais de m’émerveiller devant cette multitude de choses inconnues. Si bien que j’ai fini par me montrer hostile envers les habitant.e.s du villages et que j’ai éprouvé un malin plaisir à les voir souffrir (c’est pas bien, je sais).



La seconde partie du roman est quant à elle bien moins rose et si on peut s’en douter, ça n’en est pas moins difficile à lire. Ce monde de la forêt est voué à disparaitre tout comme celui qui l’a précédé et il est assez pénible d’en lire le lent déclin. J’ai ressenti beaucoup de peine pour les personnages du roman, que ce soit pour la famille de Leemet, pour les serpents ou encore pour les « anthropopithèques » et leur poux géant. Mais le plus terrible c’est que tout ce drame est parsemé de touches d’humour et de sarcasme et que… j’ai aimé ça. Après avoir lu l’épilogue, j’ai un peu mieux compris le message de fond du roman et ce que l’auteur avait tenté de faire passer. J’ai alors compris la raison de cet humour prédominant et j’ai pu l’apprécier à sa juste valeur. Je qualifierais ma lecture de véritable expérience littéraire déroutante mêlant l’histoire et le fantastique. C’était une belle découverte et je le recommande à celleux qui souhaitent sortir de leur zone de confort.
Lien : https://cassyown.com/2022/12..
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L'homme qui savait la langue des serpents

Une lecture extrêmement surprenante



Si vous avez envie d'une lecture un peu hors du commun, voici un livre qui devrait vous plaire.



Ce roman est un mélange assez unique de réalisme magique, de conte folklorique, de récit initiatique, de fable et de pamphlet.

L'écriture aussi est assez inclassable, tantôt poétique, ironique ou très crue et réaliste.



Leemet, le personnage principal, oscille à la lisière entre deux mondes. Le monde ancien, celui de la forêt, des ours et des serpents. Et le monde nouveau, celui du village, des hommes de fer venus d'ailleurs et de la modernité.



Ce que j'ai beaucoup aimé, c'est sa manière de traiter un sujet traditionnellement plutôt manichéen (cette lutte entre traditions d'un côté et progrès de l'autre) de manière complexe et nuancée.

Chacune des deux cultures a justement sa propre culture. Tandis qu'au village on laboure les champs pour cuire du pain, les habitants de la forêt élèvent des louves dont ils traient le lait. Chacun a ses propres dieux et systèmes de croyance, ses apprentissages, ses légendes. Il n'y a donc pas de lutte entre la nature d'un côté et la culture de l'autre.



Pas non plus de mythe du bon sauvage. Les habitants de la forêt ne sont ni sauvages, ni meilleurs que ceux du village. Et s'ils cohabitent avec le règne animal, ils pratiquent aussi l'élevage, mangent de la viande d'élan et savent manipuler les animaux grâce à la langue des serpents.



A travers le personnage de Leemet, l'auteur porte un regard critique sur les croyances religieuses (quelles qu'elles soient), la soumission volontaire introduite par le système féodal et l'Eglise et la course au progrès.

Sous ses yeux incrédules, on assiste à l'effondrement d'une civilisation au profit d'une autre, avec tous les deuils que cela implique.



C'est un récit parfois violent, et j'avoue que j'ai eu du mal à avancer dans la deuxième partie du récit car je ne m'attendais pas à un récit si cru.



Enfin, je ne peux m'empêcher de souligner le (gros) bémol qui m'a empêché de profiter pleinement de cet ouvrage : la pauvreté des personnages féminins. Leurs réactions sont assez caricaturales, voire parfois incompréhensibles . Leur psychologie est peu ou pas travaillée. Leur rôle est secondaire : elles font à manger, tombent enceintes d'un futur chevalier, ou assistent le héros dans sa quête.



En définitive, c'est une lecture addictive, drôle et foisonnante. Je regrette cependant que les personnages féminins n'aient pas plus de profondeur !
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L'homme qui savait la langue des serpents

Dans une Estonie médiévale de légende, recouverte de forêts où règnent mages et créatures fantastiques, Leemet est un des derniers hommes à défendre un mode de vie traditionnel. Dans tout le pays, les anciennes tribus se soumettent peu à peu à l'envahisseur teuton, à ses croyances et à ses mœurs. Seule la Salamandre, sorte de dragon protecteur, serait à même de chasser l'oppresseur. Dans sa quête pour la trouver, Leemet traverse un monde au bord de la ruine que lui seul est encore capable de sauver...



Une merveille de roman dont le réalisme magique crépusculaire est assurément dépaysant, mais qui dit aussi toute l'histoire d'une nation sans cesse déchirée entre les cultures, et la course inéluctable mais parfois douloureuse du progrès.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Voici un conte médiéval pour adulte, où la modernité vient perturber le charme et le sens de la vie à l'ancienne, proche de la nature. Certains humains dialoguent avec les animaux alors que d'autres méprisent la nature et ceux qui y vivent. La religion et le culte sont assez présents mais violemment critiqués (qu'il s'agisse des rites païens ou de l'influence judéo-chrétienne). Tout cela sur fond de mythologie estonienne. La recette est charmante, rafraichissante, originale, drôle, très accrocheuse... du moins lors de la première partie du livre.

J'ai en fait bien plus aimé le fond, la réflexion, plus que l'histoire en elle même que j'ai trouvé très caricaturale. A une ou deux exceptions près, les personnages me semblent trop creux. C'est vraiment dommage, car les 150 premières pages me plaisaient énormément et finalement la seconde partie de l'ouvrage n'apporte selon moi pas grand chose, si ce n'est le développement de la solitude et du dépit. Le décor est posé et à partir de là on peut anticiper presque tous les retournements de situation... Malgré ça le texte reste très touchant et dresse un portrait nuancé de la modernité et de la tradition. Cette dernière parfois exacerbée de fatalisme. Une lecture fort agréable.
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un roman hors des cases, aux images qui marquent : la langue des serpents, maîtrisée par des hommes et femmes des forêts et qui peut assujettir presque tous les animaux, les élevages de louves dont on boit le lait, la mère qui étouffe ses enfants sous une montagne de viande grillée, la lubricité des ours, le pou à la taille de chèvre, le sac à vents, et tellement d'autres trésors d'imagination font que L'Homme qui savait la langue des serpent nous emmène dans un univers très peu familier, un peu loufoque, poisseux et cruel.



Toute cette magie que l'on trouve au creux de la forêt estonienne est pourtant peu à peu délaissée par ses habitants qui, dans ce roman prenant place dans une époque médiévale, préfèrent se tourner vers la modernité offerte par des puissances étrangères. Que voulez-vous, la faux, le pain, Jésus, les chants des moines sont à la mode, et la langue des serpents disparaît en même temps que les habitants de la forêt rejoignent les villages. Alors, le récit fantastique rejoint la réflexion philosophique sur modernité, la différence, la bêtise des croyances sans fondement (qu'elles soient païennes ou chrétiennes) et des revendications nationalistes (merci à la postface pour son éclairage supplémentaire à ce sujet !). Le tout en fait un roman aussi absurde que caustique, plein de complexité et de finesse.



(Ce qu'on pourra moins aimer : personnages féminins pas dingues, rythme irrégulier. Il faut accepter de se perde un peu en chemin et de vivre quelques retournements de situation abrupts).
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L'homme qui savait la langue des serpents

Un magnifique livre qui au-delà du conte fantastique est empreint d’une réflexion sur la civilisation. Au travers de son livre, l’auteur nous raconte l’histoire de son pays, l’Estonie, petit pays qui fût à plusieurs reprises envahie.

Face aux envahisseurs, comment conserver sa culture, ses traditions, sa langue.

Confrontation entre le monde de la ville, la « modernité », le monde influencé par les envahisseurs et le monde de la forêt, culture des traditions, le peuple originel.

Pour bien comprendre le livre, je conseil de lire la postface avant. Cela permet de bien comprendre l’étendue du livre.

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