En Irlande, on peut se tuer à la tâche tous les jours de sa vie sans jamais arriver nulle part. On ne peut même pas léguer à sa femme et à ses enfants la terre que l’on a travaillée toute son existence. Alors qu’en Amérique, si l’on se donne à fond, on peut devenir propriétaire de sa terre, et offrir à sa famille le fruit de son travail.
Il y en a de toutes les sortes dans ma région d’origine ; des esclaves, des employés de maison, des affranchis... Et, effectivement, quelques-uns peuvent avoir l’air brave. Mais quel que soit leur statut, ils ne sont pas comme nous. Us peuvent bien faire semblant - et, d’ailleurs, le nègre est un expert en imitation - mais sous leur apparence civilisée, au bout du compte, c’est toujours le sang chaud du sauvage qui coule et continuera de couler, que vous le vouliez ou non.
Tous s’accommodaient très bien du silence de la forêt, seulement rompu par le vent et le passage des animaux, les laissant plongés dans leurs pensées.
Souvent, il s’écoulait une journée entière sans que soit prononcé plus d’un mot par-ci par-là ; l’essentiel de leurs échanges passait par les gestes, les sourires et les regards.
La fortune et les honneurs m’accompagnent, la richesse durable et la vertu sont avec moi. Mon fruit est meilleur que l’or, même que l’or pur, et ma récolte que
l’argent le plus fin. Je suis la voie de la vertu, j’emprunte les chemins de la justice, pour offrir à ceux qui m’aiment la richesse, pour remplir leurs trésors.
Ils se remirent en route en silence, sous la pluie, retraversèrent le quartier sordide pour regagner le leur qui l'était nettement moins, et retrouvèrent le pub, son enseigne lumineuse, son odeur familière de houblon, de cornichons, de pain chaud et de soupe de pommes de terre.
Pourquoi quiconque devrait-il payer pour être né comme il est né, alors que c’est la manière dont nous menons notre vie qui fait de nous ce que nous sommes ?
Je ne sais pas combien d’entre vous ont déjà fréquenté des nègres, messieurs, mais je peux attester de la nature basse et vile qui les caractérise pour la plupart. Une poignée d’entre eux sont bons et loyaux. Mais, hormis
ces quelques exceptions, ils ne pourront jamais contribuer à la société comme les Européens. Je dirais même plus, si on leur accorde la liberté, ils ne pourront que nous tirer tous vers le bas.
Mais bizarrement, sa fatigue s'était envolée. En fait, elle se sentait comme grisée. C'est parce que nous allons tous bien, se dit-elle. Nous allons bien, nous avons bien mangé, nous avons un toit et j'ai un travail. Ils y étaient arrivés ; ils étaient là. d'Irlande en Amérique, de l'Atlantique jusqu'au Pacifique...Ils étaient allés aussi loin qu'ils le pouvaient ; il n'y avait plus d'autre endroit où aller.
Même si les marins préfèraient ne pas y penser, les accidents n'étaient pas rares. Certains bateaux s'égaraient dans le brouillard, si dense qu'il devenait impossible de naviguer en fonction des étoiles et que le sextant et les chronomètres perdaient à peu près toute utilité. D'autres étaient détournés par les violentes tempêtes, et déportés à plusieurs centaines de milles et de leur trajectoire.
Ses yeux se remplirent de larmes et elle se pencha en avant pour implorer le pardon de son mari.
Mais avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, il la frappa.
Durement, la main ouverte, avec tout le poids de sa colère. Sa tête partit en arrière et heurta la poignée en laiton de la portière. Elle leva les mains devant son visage, mais dans le noir, les coups semblaient pleuvoir de tous côtés.