Citations de Anna Enquist (201)
Les personnes âgées : si elles n’apprennent pas à gérer leurs maux, elles finissent par se négliger et ne peuvent plus continuer à vivre chez elles.
Tu as raison, la vraie curiosité qui consiste à chercher à savoir ce que signifie une chose pour une autre personne est rare. Elle exige aussi du courage.
J'ai une vie. Une tonalité. Bien à moi. Je n'ai pas besoin de m'inserer presto dans les accords des autres en prenant garde à ne pas troubler leur harmonie, de m'eclipser à temps pour laisser la mélodie à quelqu'un d'autre. Je peux moi-même fixer mon tempo, chanter ma partie en continuo : libre aux autres de s'y joindre ou pas.
Il n'est pas le premier, pour elle. Il est le premier envers qui elle ressent une pulsion irrésistible et une disponibilité totale. La sensation de son sexe profondément enfoui dans ses entrailles est sa seule et unique raison de vivre.
La capitulation de Lisa ranime en lui des rêves d'adolescent enfouis et durant un temps le rend fou. Il perd prise sur la réalité, en oublie l'existence des autres dans sa vie et nie la position ridicule dans laquelle il s'est mis. Une demi-année durant , ils partagent une folie bienheureuse.
Son incapacité à parler d'elle en fait une personne à l'écoute des autres.
Allard est appuyé contre la paroi de verre. Elle voudrait le pousser à travers, pour qu'il s'écrase à côté du coin des fumeurs et qu'elle soit débarrassée à jamais de sa passion. Elle serait choquée, désespérée, mais elle aurait retrouvé sa sérénité. La violence aurait raison d'une situation à laquelle elle est incapable de mettre fin.
Le père fait connaissance avec l'enfant neuf mois après la mère. Il y a un retard. Il y a une différence, parce que cette unicité physique lui restera étrangère. Le père sent pendant ces mois-là de temps en temps un talon de sa fille qui donne un coup de pied contre la paroi du ventre de la mère, il voit le ventre grandir une semaine après l'autre- un phénomène qui ne peut être observé qu'à distance, même si elle est faible-, de même qu'il finira par observer l'accouchement.
Dans un monde ennuyeux, on savait où on en était, et parfois on en avait vraiment besoin.
"-Tu sais, parfois je suis au milieu de ma chambre à caresser des cordes au hasard, tout vibre et je me mets à pleurer."
Suzanne songe à ce premier jour de la semaine. Lundi, un jour que la plupart des gens détestent. Ca la dépasse. (...)
Un jour sympa, justement, pense-t-elle. Tout recommence, tout se remet à bouger. On a la semaine entière devant soi, pleine d'évènements et de surprises. (p.21)
La mort ça veut dire une peu jaunâtre, cireuse, sous laquelle le sang ne circule plus. Incompréhensible, que les gens aient peur de passer indûment pour morts ; la mort ne se confond avec rien d'autre;
Dans la boîte crânienne dominerait l'harmonie, rien que l'harmonie.
Ce qui devant le piano à queue paraissait avoir de l'éclat retombait devant le bureau comme une communication sourde, triviale.
Bach était beaucoup plus habile qu'on ne pourrait jamais le concevoir, on pouvait déjà se réjouir de parvenir un tant soit peu à jouer les notes qu'il avait écrites.
Il existe un monde du jeu et de l'imaginaire parallèle à la réalité. Les abstractions sont encore enracinées dans le concret, l'impuissance n'est pas encore paralysante, la mort est comprise mais pas encore sondée.
La dispute est partie de rien. Des chaussures laissées au milieu de la pièce, un manteau flanqué par terre - les agacements habituels que provoque un enfant qui grandit. Les parents font office de punching-ball, de caisse de résonance pour la colère de l'enfant face à l'inflexibilité du monde.
La jeune mère qualifiait sa vie d'ennuyeuses, s'il fallait la décrire, mais ce n'était pas son ressenti. Ce n'était qu'un mot. Sa journée était monotone, mais cette monotonie était riche en expériences.Elle n'avait d'ailleurs pas le temps de s'ennuyer, avec de très jeunes enfants à la maison.
Qu'a-t-on à son actif après une formation au Conservatoire ? De la virtuosité, de la maîtrise de soi, un goût trop prononcé pour ce qui impressionne, pour les apparences. Pour ces variations, une nouvelle humilité s'impose, sauf qu'on ne pourra jamais les jouer par humilité. Une telle technique exige un sentiment de supériorité.
J'ai besoin de l'autre comme d'un miroir sinon je ne peux pas croire en moi.