Anna Jansson

Ce n’était pas un petit sacrifice au nom de l’amour. Quel que soit son choix, il poserait problème. En fait, il n’y avait pas de retour en arrière possible. Elle savait ce qu’elle devait faire. La vie est trop courte pour rejeter l’amour lorsqu’il se présente. Il fallait qu’elle le dise à Claes et à Sam, par loyauté. Elle pouvait l’annoncer à Sam maintenant. Elle en parlerait à Claes en tête à tête.

On ne peut pas se battre sur tous les fronts en même temps. Tout d’abord, il fallait qu’elle décide si elle allait oser assumer son homosexualité, comme elle l’avait promis à Sara, ou si elle allait conserver son rôle d’épouse. Sara ne lui avait pas offert de troisième possibilité. Elle n’avait plus la force de continuer à se cacher.

Que c’est dangereux de laisser un enfant à une mère psychotique ou toxicomane et que cela peut créer des blessures impossibles à cicatriser s’il n’y a pas un autre adulte pour aider l’enfant à découvrir une autre réalité et lui offrir un climat de confiance.

La gratuité d’un meurtre est inconcevable pour moi. Plus personne n’est en sécurité. Quelqu’un passe par là par hasard et se retrouve victime. Mais le besoin de tuer en lui-même doit bien avoir une origine… Comment devient-on ainsi ?

Parfois, je regrette que nous ne puissions nous servir des analyses sanguines réalisées par les hôpitaux. Les ADN se trouvent dans leurs banques de données, mais nous n’y avons pas accès.

Rentrer chez elle seule la mettait mal à l’aise, même si elle n’habitait pas loin. Il y avait beau y avoir des gens autour d’elle, Maria ne pouvait avoir l’assurance que quelqu’un interviendrait si on l’agressait.

Il s’agissait probablement de culpabilité. Celle que l’on éprouve quand on continue à vivre alors qu’une personne qu’on aime meurt. Et tous ces si… Si j’avais fait ça, cela ne serait pas arrivé, et si j’avais agi ainsi, elle aurait peut-être pu être sauvée. Pourquoi ne pouvait-il pas l’exprimer franchement ? Pourquoi lui fallait-il passer par un recueil de légendes ?

Ils s’étaient promis fidélité éternelle et il devait tenir parole ou mourir. Le temps passait et il oubliait le rêve, puis il rencontrait une femme avec laquelle il voulait vivre. À l’instant où le prêtre allait les unir, une femme d’une beauté éclatante entrait dans l’église et tous étaient pétrifiés. Ni la future mariée ni le prêtre ne pouvaient lever un doigt pour venir en aide à l’homme. Ils pouvaient encore moins parler. La sirène entraînait l’homme impuissant jusqu’à la mer où on le retrouvait ensuite noyé.

Les gens ne veulent pas se mouiller. Ils ont peur ou ne veulent pas d’ennuis.

Elle a sans doute pas mal besoin de parler… ou peut-être pas. Parfois, elle s’enferme juste dans sa chambre et n’en ressort pas avant le lendemain. Ce n’est pas si facile d’être père.

Pour s’extirper d’une dépendance à une drogue, on a besoin d’une compensation et la meilleure d’entre elles est une histoire d’amour, répliqua-t-il en plantant son regard dans le sien.

Elle aurait par-dessus tout voulu suggérer une partie de jambes en l’air fougueuse et décomplexée dans le chalet qu’elle louait à Lummelunda. Un atelier d’artiste perché sur la falaise dont les grandes baies offraient une magnifique vue sur la mer. Mais elle n’osa pas le dire, pas encore.

C’est quand même dans la première phase d’une relation amoureuse qu’on est modelable. S’il arrivait jamais à arrêter, c’était maintenant.

Existe-t-il pire péché que de trahir ses proches et de renier son propre sang ? Si le meurtre d’un étranger peut conduire à une condamnation à perpétuité, une trahison à l’égard de la famille devrait être punie encore plus sévèrement. Peine de mort. Est-il certain que la mort soit un châtiment ? Ce n’est peut-être qu’un moyen de se défiler et d’éviter la souffrance.

Quand le fonctionnement des intestins change, cela peut être un signal d’alerte et il faut se rapprocher d’un médecin. Je l’ai lu sur un site médical en ligne. Cela m’a évidemment beaucoup inquiété et j’ai cherché toutes les informations possibles sur Internet. On y décrivait dans le détail la procédure chirurgicale. Parfois, on a des rayons, parfois la chirurgie et les rayons. Je suis allé aux toilettes plusieurs fois.

Il était si inquiet qu’il était incapable de rester assis. Il fallait qu’on lui fasse tous les examens nécessaires, même s’ils étaient franchement désagréables. Rectoscopie, coloscopie, gastroscopie, il avait lu comment on procédait et on ne s’infligeait vraiment pas ça sans nécessité.

Le système immunitaire devait être entraîné. Une réponse qui avait vraiment mis Harry en colère. Désormais, il n’osait ni poser la question ni refuser de le saluer par peur du ridicule.

Quand on a mal, on a mal. C’est une expérience subjective. Le mieux aurait évidemment été d’être sous antibiotiques en permanence. De cette manière, on pouvait éviter toutes les infections. On aurait dû les intégrer à l’alimentation, exactement comme on le faisait avec le bétail. On enrichit les aliments, tout simplement. Un cocktail contenant toutes sortes d’antibiotiques.

S’inquiéter pour sa santé doit sans doute s’apparenter à une envie de fumer, pensait Harry. La réaction produite quand la nicotine atteint le cerveau doit être comparable au soulagement euphorique qu’on ressent quand on reçoit l’assurance qu’on ne souffre d’aucune maladie mortelle. Une brève minute de béatitude, mais c’est un bonheur fugitif. L’envie est là et réclame d’être à nouveau contentée. Un monstre qui en veut toujours plus.

Elle détestait l’odeur de cigarette. Embrasser un fumeur, c’est comme lécher un cendrier, lui avait-elle déclaré avec le plus grand sérieux. Il voulait faire bonne impression. En tant que médecin, il savait tout des effets nocifs du tabac, mais la raison n’est d’aucun secours quand le centre du plaisir est activé.