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Citations de Anna Lowenhaupt Tsing (21)


 
 
[…] la diversité contaminée est compliquée, souvent rebutante, voire intimidante. La diversité contaminée implique des survivants pris dans des histoires de cupidité, de violence et de destruction environnementale. Le paysage embrouillé que l’exploitation commerciale du bois a engendré nous rappelle les irremplaçables géants, pleins de grâce, qui existaient avant. Les vétérans nous rappellent les corps qu’ils ont enjambés – ou tués – pour venir jusque chez nous. Nous ne savons pas si nous devons les aimer ou les haïr. Les jugements moraux simplistes ne servent à rien.

[…] Écouter et raconter des histoires qui se bousculent est une méthode. Et pourquoi ne pas oser une déclaration forte et appeler cela une science, une science à ajouter au panel de la connaissance ? Son objet de recherche est la diversité contaminée ; son unité de base est la rencontre indéterminée. Pour apprendre quoi que ce soit, elle a à revitaliser les arts de l’observation […].

/Traduit de l'américain par Philippe Pignarre
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Les plantations ont été le moteur de l'expansion européenne. Elles ont produit la richesse et le mode opératoire qui ont permis aux Européens de conquérir le monde. Nous entendons généralement parler de technologies et de ressources supérieures, mais c'est le système des plantations qui a rendu possible la marine, la science et finalement l'industrialisation. Les plantations sont des systèmes de culture ordonnés, exploités par des non-propriétaires et conçus pour s'étendre. Les plantations approfondissent la domestication, accentuent les dépendances végétales et forcent la fertilité. S'inspirant du type d'agriculture céréalière soutenue par les Etats, elles investissent tout dans la surabondance d'une seule et même culture. Mais il manque un ingrédient : elles enlèvent l'amour. En lieu et place de l'affection qui reliait les gens, les plantes et les lieux, les planteurs européens ont introduit la culture par coercition.
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J’ai rencontré pour la première fois la Merremia peltata, une liane ligneuse de la famille des ipomées, lorsque je vivais avec des habitants de la forêt tropicale à Bornéo, en Indonésie. La balaran, comme l’appellent les locaux, a des feuilles énormes – de la taille d’un visage humain – et des fleurs d’un blanc crémeux. On peut la trouver presque partout dans les forêts des îles d’Asie du Sud-Est, son aire de répartition d’origine s’étendant de Madagascar à la Polynésie française. Dans la forêt de Bornéo, elle cohabite avec de nombreuses autres lianes ligneuses qui rampent le long des troncs d’arbres pour atteindre la lumière et étalent leurs feuilles dans la canopée. Mais contrairement aux nombreuses autres espèces de lianes qui leur fournissent de l’eau, des fruits ou des médicaments, le peuple dayak meratus avec lequel j’ai vécu n’avait pas accordé d’attention particulière à la balaran.
Cependant, lorsque l’exploitation forestière commerciale a touché les forêts, tout a changé. Les sociétés d’exploitation forestière ont creusé des routes et abattu les arbres, exposant des collines entières à une lumière soudaine. La terre arable s’est déversée dans les cours d’eau tandis que les collines se sont retrouvées dépouillées de toute matière organique. Une plante – et vraiment une seule – s’est emparée de ces nouveaux espaces lumineux : la balaran. La balaran s’accroche autour des troncs morts ou mourants et avance ainsi en rampant le long des collines. Les arbres vivants qui ont miraculeusement résisté à l’exploitation forestière et à l’érosion qui s’en est suivie ont été étouffés par la balaran. Auparavant, lorsque les Dayaks créaient de petites surfaces agricoles dans la forêt, puis rendaient ces surfaces à la forêt quelques années plus tard, des arbustes et des arbres pionniers apparaissaient presque immédiatement – gingembres sauvages, figues de terre, bambous -, créant rapidement des écologies ombragées dans lesquelles les arbres reprenaient bientôt le dessus. Certains arbres étaient épargnés par l’agriculture indigène et d’autres, bien que coupés, se rétablissaient d’eux-mêmes grâce aux pousses des souches ; la forêt secondaire contenait alors de nombreux éléments de l’assemblage précédent. En revanche, l’exploitation forestière commerciale a créé des non-forêts persistantes : des espaces dans lesquels même les espèces pionnières robustes ne pouvaient pas s’implanter et où la végétation restante ne pouvait pas survivre. Si vous avez vu le kudzu recouvrant les routes, les maisons et les fermes abandonnées dans le sud des États-Unis, cela ressemble beaucoup à la balaran. La balaran étouffe la vie future des forêts créant une monoculture durable.
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En France, ils ont deux choses : la liberté et le communisme. Aux États-Unis, il n'en ont qu'une : la liberté.
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comment sortir dudit « Anthropocène » aussi vite que possible, avant que les conséquences en cascades de ce que nous avons appelé le « développement » ne détruisent irrémédiablement notre monde
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Parce que les plantations ont façonné l'organisation de l'agrobusiness contemporain, nous avons tendance à penser que ces agencements sont la seule façon de cultiver. Mais cet agencement a dû être naturalisé jusqu'à ce que nous tenions pour normale l'aliénation des humains à l'agriculture.
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À la lumière de ce qui se passe avec la Merremia, il convient de se demander à nouveau : qu’est-ce qui pousse une plante, un animal ou un champignon indigène à abandonner ses habitudes d’espèce compagne et à se frayer un chemin de destruction dans le paysage ? Malheureusement, la Merremia est loin d’être seule dans ce cas. De nombreux êtres sont devenus nouvellement destructeurs du fait des possibilités générées par des infrastructures écologiquement peu attentives et peu scrupuleuses. Prenons l’exemple des « proliférations de méduses », qui se produisent plus fréquemment que nous ne le souhaiterions, nous qui aimons le poisson : dans certaines conditions (surpêche, pollution, introduction de méduses exotiques, réchauffement des océans, etc.), les poissons déclinent, laissant les méduses devenir la faune marine dominante. Martin Vodopivec et ses collègues ont affirmé que l’une des causes de la prolifération des méduses est l' »étalement océanique » des infrastructures marines créées par les humains, telles que les plates-formes de gaz naturel. Les larges surfaces sous-marines plates des infrastructures de pleine mer favorisent le clonage des polypes de méduses, une forme qui est autrement assez rare. Au lieu de se développer rapidement en méduses adultes nageuses, les polypes des infrastructures de pleine mer ne font que proliférer, produisant davantage de méduses. Les infrastructures de pleine mer favorisent ainsi la prolifération des méduses.
Elaine Gan documente le changement par lequel un inoffensif insecte mangeur de sève de riz aux Philippines, la cicadelle brune, est devenu le principal ravageur des rizières peu après la Révolution verte, lorsque l’azote synthétique a été introduit comme engrais. Les cicadelles brunes se sont alors mises à sucer la sève enrichie en azote du riz, et cette nourriture enrichie – ajoutée au manque nouveau d’ennemis, tués par les insecticides – a transformé les cicadelles, leur conférant des taux de reproduction plus élevés, une adaptation plus rapide aux conditions locales, et une vie plus longue. Les intrants de la Révolution verte ont engendré leurs propres antagonistes, qui se sont ensuite répandus pour détruire les exploitations des agriculteurs traditionnels restants. Les insectes deviennent des menaces sérieuses pour l’agriculture lorsque l’agrobusiness les transforme.
Les méduses profitent des possibilités offertes par les infrastructures ; les cicadelles brunes puisent des nutriments dans l’amélioration industrielle des cultures. Serait-ce aller trop loin que de comparer ces exemples à l' »amélioration » de tous nos aliments avec les toxines créées par le développement infrastructurel négligent qui caractérise l’industrialisation depuis sa naissance ? […]
Comme le transport maritime mondial achemine « involontairement » des espèces et des toxines dans le monde entier, il renforce souvent ces nouveaux mondes sauvages. (Et croyez-vous vraiment qu’après tant d’exemples, ce manque d’attention envers tous ces auto-stoppeurs non humains puisse être qualifié de « non intentionnel » ? Une description plus rigoureuse ne serait-elle pas plutôt « intentionnellement inattentive » ? Parfois, l’hybridation avec des cousins exotiques transportés par voie maritime permet à des organismes indigènes de proliférer de la façon terrifiante que je viens d’évoquer. […]
J’ai gardé pour la fin l’histoire la plus terrifiante de toutes : l’histoire du champignon Batrachochytrium dendrobatidis, plus connu sous le nom de « Bd », qui ne tue pas seulement des grenouilles isolées, mais qui élimine des espèces entières de grenouilles partout dans le monde. Presque tous les scientifiques qui travaillent sur le Bd affirment que l’épidémie s’est propagée par le biais du transport industriel mondial, en particulier par des espèces de grenouilles commerciales qui sont porteuses du champignon mais qui n’en meurent pas. […]
Que faut-il donc pour qu’une plante, un animal ou un champignon indigène abandonne ses habitudes de compagnonnage et en vienne à se frayer un chemin de destruction dans le paysage ? Si l’Anthropocène est cette époque où les perturbations humaines sont devenues la force la plus dangereuse sur Terre, des nouveaux mondes sauvages en sont un élément clé. Il nous incombe non seulement d’en apprendre davantage à leur sujet, mais aussi de ressentir les terreurs et les trahisons qu’ils renferment. Quand je regarde la Merremia, je me sens recouverte et étouffée par son rideau. Mais exterminer la Merremia ne fera qu’effleurer le probème. Si ce n’était pas la Merremia, ce serait une autre plante grimpante. Ce n’est pas la plante que je tiens pour responsable. Ce sont les pratiques industrielles et impériales, intentionnellement inattentives, qui ont créé la possibilité de ces nouveaux mondes sauvages. Peut-on changer cela ? À vous de me le dire.
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Ce qui importe pour la vie sur terre se manifeste dans la transformation et non dans les arbres de décision d'individus autosuffisants.
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la manière dont les vivants composent entre eux, sont susceptibles de tisser les uns avec les autres des rapports qui inventent des possibilités de vie
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Les frontières du foyer sont devenues les frontières supposées de l'amour. Avec la fétichisation du foyer en tant qu'espace de pureté et d'interdé-pendance, les intimités extra-domestiques, que ce soit au sein de l'espèce ou entre les espèces, sont apparues comme des fantasmes archaïques (la communauté, le petit agriculteur) ou des affaires passagères (feminisme, droits des animaux). En dehors du foyer, seul le domaine de la rationalité économique et des conflits d'intérêts individuels régnait. De plus, ce type de fétichisme familial est réapparu dans la culture de masse américaine du milieu du 20e siècle - et de nouveau à notre époque - lorsque les États-Unis ont assumé un leadership mondial qui leur a permis de s'inspirer des anciens modes de gouvernement de culture coloniale. Ici, l'amour n'est tout simplement pas attendu en dehors de l'enceinte familiale.
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La domestication est habituellement comprise comme le contrôle humain sur d'autres espèces. On ignore généralement que de telles relations peuvent également modifier les humains. De plus, la domestication tend à être imaginée comme une ligne dure : soit vous êtes dans le giron de l'humain, soit vous êtes dans la nature.

Comme cette dichotomisation découle d'un engagement idéologique en faveur de la maîtrise humaine, elle soutient les fantasmes les plus extravagants de contrôle domestique d'une part, et d'auto-construction des espèces sauvages d'autre part. Grâce à ces fantasmes, les vivants domestiqués sont condamnés à l'emprisonnement à vie et à la standardisation gé-nétique, tandis que les espèces sauvages sont « préservées » dans des banques de gènes et que leurs paysages plurispécifiques sont détruits.

Pourtant, malgré ces efforts extrêmes, la plupart des espèces des deux côtés de la ligne - y compris les humains - vivent dans des relations complexes de dépendance et d'interdépen-dance. L'attention portée à cette diversité peut être le début d'une appréciation de l'existence inter-espèces des espèces.
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Les plantations disciplinent les organismes en tant que ressources en les retirant de leur monde vivant. Les investisseurs simplifient les écologies pour standardiser leurs produits et maximiser la vitesse et l'efficacité de la réplica-tion. Les organismes sont retirés de leurs écologies d'origine pour les empêcher d'interagir avec des espèces compagnes ; ils sont obligés de se coordonner uniquement avec des répliques - et avec le temps du marché. […] Les plantations sont donc des incubateurs pour les parasites et les maladies, y compris les champignons pathogènes. L'écologie des plantations crée et propage des micro-organismes virulents.
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Les insectes deviennent des menaces sérieuses pour l’agriculture quand l’agrobusiness les transforme.
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L'un des projets de privatisation et de marchandisation les plus étranges du du début du XXIème siècle a été l'opération de faire de la connaissance une marchandise. Il en existe deux versions étonnamment puissantes. En Europe, les gestionnaires exigent de exercices d'évaluation qui réduisent le travail des chercheurs à un chiffre, une somme censée exprimer toute une vie faite d'échanges intellectuels. Aux Etats-Unis, on demande aux chercheurs de devenir des entrepreneurs, se produisant eux-mêmes comme une marque et cherchant la célébrité depuis le premier jour d'étude où l'on ne sait encore rien. Ces deux projets me semblent insensés et, plus, oppressants. En privatisant ce qui ne peut être qu'un travail collaboratif, ces projets visent à étouffer la vie qui fait partie intégrante d'un trajet de recherche.
Tous ceux qui développent un véritable souci pour les idées sont donc obligés de créer des espaces qui vont au-delà de la "professionnalisation" ou lui échappent, c'est-à-dire échappent aux techniques de surveillance propres à la privatisation. Cela signifie concevoir une recherche qui requiert des groupes enjoués et des constellations de collaborations : non pas des congrégations d'individus calculant les coûts et bénéfices mais bien plutôt une fine érudition qui émerge grâce aux collaborations. Une fois encore, penser à partir des champignons peut être d'une aide précieuse.
p.409
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Nous sommes contaminés par nos rencontres: elles changent ce que nous sommes pendant que nous ouvrons la voie à d'autres. [...] Nous sommes tous porteurs d'une histoire de contamination; la pureté est impossible. Une des raisons de garder la précarité à l'esprit, c'est qu'elle nous rappelle que changer en fonction des circonstances est le terreau de la survie.
Mais qu'est-ce que survivre? Dans l'imaginaire populaire américain, survivre consiste à se sauver soi-même en repoussant tous les autres. [...] La "survie" est synonyme de conquête et d'expansion.
Ce n'est pas de cette manière que j'utiliserai ce terme. Je vous demande de faire l'effort de vous ouvrir à un autre usage. Dans ce livre, rester en vie, quelque soit l'espèce considérée, signifie que sont requises des collaborations viables. Collaborer implique que le travail collectif se réalise au delà des différences: ce qui constitue bien la marque de fabrication des contaminations. Sans collaborations, nous sommes tous morts.
p.66
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Autrefois, les explorateurs, les pionniers et les ingénieurs coloniaux imaginaient le « sauvage » comme un terrain échappant à leur contrôle impérial. Cependant, en s’efforçant de conquérir ce terrain pour leurs propres fins, ils ont encouragé une foule de nouvelles forces incontrôlables. Les infrastructures qu’ils ont contribué à concevoir et à mettre en place ont nourri d’effrayantes manières d’être, qui se sont répandues et dispersées bien au-delà de leur contrôle. Au sein de ces nouveaux mondes sauvages, les habitants de la Terre ont perdu l’habitude de vivre avec les autres, et se sont mis à faire des ravages dans des écologies jusqu’ici viables.
En cette période de deuil que Deborah Bird Rose appelle « double mort » (cette mort de toute possibilité que nous appelons aussi extinction), un type particulier de vie sauvage se répand – et qui n’est pas le type de vie sauvage générative qui, en chaque lieu, se déploie hors de la civilisation impériale. Les transformations impériales et industrielles des paysages encouragent la prolifération de collaborateurs non humaines. Travaillant avec les humains mais en dehors de tout contrôle humain, ce sont eux qui créent les terreurs de l’Anthropocène, y compris l’extinction. Certains de ces collaborateurs de la double mort, nous les connaissons sous le nom d' »espèces invasives », c’est-à-dire des organismes qui, transportés dans de nouveaux lieux par l’infrastructure humaine, anéantissent les écologies indigènes non préparées à leurs assauts. D’autres collaborateurs, cependant, sont eux-mêmes des indigènes, et c’est sur eux que portent mes réflexions ici.
Que faut-il pour qu’une plante, un animal ou un champignon indigène abandonne ses habitudes de compagnonnage et en vienne à se frayer un chemin de destruction dans le paysage ? La réponse est simple – même si les moyens d’y remédier sont difficiles à imaginer dans le cadre des normes actuelles de progrès et de civilisation. Par leur mépris des effets plus qu’humains, les projets de paysage impériaux et industriels ont modifié le terrain des relations inter-espèces, favorisant l’émergence de nouveaux mondes sauvages.
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La fin du XXe siècle a vu apparaître de nouvelles "zones-frontières de ressources" partout dans le monde. Rendues possibles par la militarisation du tiers-monde en pleine guerre froide et la puissance grandissante des entreprises transnationales, les zones-frontières de ressources se développent là où les entrepreneurs et les militaires sont en mesure de défaire les liens entre la nature et les écologies et modes de subsistance locaux, "libérant" ainsi des ressources naturelles que bureaucrates et généraux offriront comme matière première aux entreprises.
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Ce sont des histoires de destruction que je vais raconter.
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Ce qui est arrivé aux forêts tropicales amazoniennes au cours des dernières décennies du XXe siècle est profondément choquant : riches d'une diversité d'espèces dont l'assemblage a demandé des millions d'années, elles ont été défrichéses, brûlées et vouées à l'érosion.
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En suivant le commerce et l’écologie des matsutakes, ce livre aborde l’histoire des modes de vie et des environnements précaires
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