La Revanche des nuls en orthographe de
Anne-Marie Gaignard
Je les ai écoutés, elle et ses parents. puis je lui ai fait passer le test que j'ai élaboré avec des spécialistes en neurosciences. C'est une série de questions qui sert à déterminer le type de mémorisation principale et de gestion mentale de l'enfant. Trop de parents ont l'impression de ne pas savoir s'y prendre au moment des leçons, de ne pas réussir à faire en sorte que leurs enfants se concentrent suffisamment pour retenir des dates, du vocabulaire ou l'essence d'un cours d'histoire. C'était le cas avec Léa, qui aurait tout à fait pu s'entendre dire, comme moi, qu'elle avait une tête-passoire. Sa mère désespérait de lui donner les bons outils et au final, les devoirs se terminaient dans les cris, la rancoeur et l'incompréhension. Il existe une variable qui est déterminante pour faciliter l'apprentissage : connaître son type de mémorisation, savoir si l'on est plutôt auditif, visuel ou kinesthésique. Une fois la mémoire principale détectée, je m'y adapte afin que les choses à retenir s'ancrent plus facilement.
Si l'enfant est auditif, il lui suffit d'écouter pour comprendre et retenir. Généralement, ces enfants-là ne viennent pas chez moi, car ils n'ont pas de soucis particulier à l'école.
La mémoire visuelle fait appel aux réseaux mnémoniques du cerveau. Ceux-ci fonctionnent comme la pellicule d'un film. L'enfant est face à une série d'image qu'il enregistre directement. Pour lui, il est plus facile de mémoriser des images que des chiffres ou des mots. Le visuel, c'est aussi celui qui regarde par la fenêtre quand il est en cours, c'est un rêveur. Ses oreilles ne lui servent à rien pour retenir, alors s'il rentre chez lui avec une leçon d'histoire-géographie à apprendre, il la lit plusieurs fois, ferme son cahier et quand il la récite dans la foulée à ses parents, il la sait. Il se couche confiant, mais le lendemain, devant sa copie, plus rien ne lui revient. Il a activé sa mémoire à court terme, plus communément appelée mémoire bloc-notes, qui ne dure que quelques minutes. C'est pour cela que beaucoup d'élèves apprennent le plus tard possible en pensant qu'en agissant ainsi, ils augmentent leurs chances de retenir.
Restent les kinesthésiques. Eux retiennent réellement s'ils se sont appropriés le contenu du cours et s'ils l'ont retranscrit par le geste. Quand ils rentrent à la maison, s'ils doivent apprendre un texte, un tableau, un schéma, ils sont perdus et recopier la leçon ne leur suffit pas pour la mémoriser. Il faut qu'ils en remodèlent le contenu à leur façon, de leur main. Or, à l'école, on a toujours expliqué aux élèves qu'apprendre se faisait d'une seule manière : " Ouvre ton livre ou ton cahier et relis." Mais le kinesthésique doit écrire ou dessiner pour retenir son cours. Il n'a pas le choix, cela ne rentrera pas autrement dans sa tête.
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