AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anneli Furmark (59)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Walk me to the corner

Cela arrive souvent qu’on désire ce qu’on ne peut pas avoir.

-

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2021 pour la version française, de 2020 pour la version originale. Il a été réalisé par Anneli Furmark pour le scénario, les dessins et les couleurs, traduit du suédois par Florence Sisask. Il comporte deux-cent-vingt pages de bande dessinée. Il s’ouvre avec une citation de Leonard Cohen., un extrait de la chanson Hey that’s no way to say goodbye, qui donne son titre à l’ouvrage.



Elise avait toujours cru que c’était une affaire de maîtrise de soi. C’était une soirée comme les autres. Le chat était couché à une distance respectueuse et ronronnait nonchalamment. Ses ronronnements s’arrêtaient puis reprenaient de plus belle. Du rez-de-chaussée lui parvenaient les jurons lancés par Henrik, occupé à décaper de vielles fenêtres qu’il avait dénichées et avec lesquelles il pensait construire une serre l’été prochain. Peut-être une vitre s’était-elle cassée. Elise avait consulté la sélection que Netflix lui avait créée tout spécialement pour elle. Mais pour qui me prennent-ils ? pensait-elle. Que savent-ils de moi, au juste ? Elise s’était mise à regarder quatre séries différentes qui l’avaient toutes rapidement ennuyée. Elle éprouvait une sorte de manque, cherchait à se rappeler la dernière fois qu’elle avait été captivée par quoi que ce soit à la télé. Le petit symbole indiquant l’arrivée d’un message surgit alors sur l’écran de son portable. Pourvu que ce soit elle, pourvue que ce soit elle, se répéta-t-elle. C’était bien elle. Elles s’étaient rencontrées dans une fête et s’étaient frôlées toute la soirée. Sans pouvoir engager la conversation. Il y avait une foule d’importuns autour d’elles. Cela n’empêchait pas Elise d’être intéressée, au contraire. Dagmar Janson Wright également, peut-être. Elise savait maintenant que tel était son nom. Tout rapprochement s’était avéré d’autant plus difficile qu’Elise avait été frappée d’un accès de timidité aussi inattendu qu’intense.



Elise et Dagmar échangent quelques mots, la première sur un article que la seconde a lu, et cette dernière sur son métier d’otorhinolaryngologiste. Elles finissent par s’enlacer chastement l’espace de trois secondes pour se dire au revoir. Elise se tient dans la salle de bains et s’examine attentivement. Ses moindres imperfections lui sautent aux yeux. Ses rondeurs, ses pâleurs. Comme une ado peu sûre d’elle, elle voudrait tout changer. Pourrait-elle jamais se montrer nue à qui que ce soit d’autre ? se demande-t-elle. À quelqu’un qui ne serait pas Henrik ? Lui qui n’avait jamais prononcé le moindre mot désobligeant sur son physique. Ni rien de gentil non plus. Pas depuis plusieurs années, en tout cas. Non, de toute manière, il ne serait question de nudité avec quelqu’un d’autre ! Son imagination lui jouait des tours, voilà tout. Ces derniers temps, de nouvelles lignes profondes étaient également apparues sur son visage. Henrik, Elise disait que jamais, au grand jamais elle ne le quitterait.



Une histoire d’amour ordinaire : une femme de cinquante-six ans, mariée depuis vingt-trois ans à un homme qu’elle aime, deux fils adultes et indépendants Felix et Leonard, tombe amoureuse d’une autre femme de son âge, en couple avec une compagne Jenny et parents de deux filles. En même temps, une histoire d’amour qui sort un peu de l’ordinaire du fait de l’âge de l’héroïne, du confort émotionnel et affectif de son mariage, du chemin tout tracé menant à la vieillesse et à son déroulement sans histoire. Le récit passe par les phases attendues : la valse des hésitations, la passion entre ces deux femmes, le choc pour Henrik le mari d’Elise, et la remise en cause de leur union, les rencontres à l’hôtel, le tourbillon émotionnel, le développement d’un amour à l’identique de celui de personnes plus jeunes. Les dialogues par SMS (Mais comment faisait-on pour communiquer avant ?), l’attrait de la nouveauté, le partage de choses appréciées (par exemple au travers de playlists, comprenant, entre autres, Hey, that’s no way to say goodbye, extrait de Songs of Leonard Cohen de 1967, A case of you, extrait de Blue, le premier album de Joni Mitchell en 1971), l’achat du premier cadeau (un parfum) qui ne rentre pas forcément dans le budget, les rencontres dans des lieux neutres éloignés du foyer familial respectif, la question du divorce qui remet en cause de nombreuses années de vie en commun, de bagages accumulés, de souvenirs partagés, le risque de tout perdre, la possibilité de retrouver la capacité d’être amoureuse, d’éprouver de la passion, mais aussi l’envie que le calme revienne à n’importe quel prix, ainsi que la sérénité.



D’un point de vue narratif, la bande dessinée commence sous la forme de trois cases par page, les unes au-dessus des autres, et du texte en vis-à-vis. D’une certaine manière, le lecteur peut avoir l’impression que les images ne font que montrer une partie de ce qui est indiqué dans le texte. Cela change dès la troisième page alors que la conversation s’engage entre Elise et Dagmar, avec des phylactères. En page vingt-six commence une séquence muette, de quatre pages, durant laquelle la narration s’effectue exclusivement par les images. En fonction de la nature de la scène, l’autrice choisit son mode de narration visuelle, entre le texte illustré et la bande dessinée plus traditionnelle pour une narration séquentielle classique. Elle croque les personnages de manière simplifiée, sans chercher à les rendre jolis ou beaux, avec des traits de contours un peu grossiers tout en étant assurés. Il n’en découle pas une apparence infantile, mais plutôt une forme de ressenti, donnant la sensation de correspondre à l’état émotionnel d’Elise. Le lecteur observe également que les deux tiers de la narration se déroule dans des scènes de dialogue, et que l’artiste sait varier les plans de prise de vue, entre les gros plans, avec des plans plus larges montrant l’occupation de l’interlocuteur, le lieu où il se trouve. Le lecteur a vite fait de se prendre de sympathie pour ces êtres humains normaux, avec un langage corporel mesuré et expressif à bon escient.



La narration visuelle emmène également le lecteur dans des lieux variés : le salon d’Elise et Henrik, leur chambre avec le lit conjugal, la chambre d’ami avec un lit une place, la salle de bains, la soirée où Elise rencontre Dagmar, le train, le bureau d’Elise, une plage, les rues d’une ville, une pelouse à l’ombre d’un châtaigner, deux balades en forêt, un carton de déménagement, le nouvel appartement d’Elise. La dessinatrice s’affranchit parfois de représenter les arrière-plans, pendant une séquence entière (la rencontre entre Elise et Dagmar) pour insister sur le fait que toute l’attention des personnages est focalisée sur les autres personnes présentes. Elle dose savamment les éléments représentés, les vues globales ou les détails : le lit deux places dans son entièreté ou une partie d’une patère. Le lecteur prend vite conscience également de l’usage personnel de la mise en couleurs. Le début baigne dans des tons gris-bleu, puis une teinte verdâtre leur succède. Des touches de couleurs apparaissent de temps à autre. Les nuances de gris reviennent. Un jaune délavé et triste pour la baignade. Du vert plus vif pour les promenades dans la nature, l’artiste passant alors en mode couleur directe. Le lecteur se rend compte qu’elle utilise ces teintes en mode expressionniste pour refléter l’état d’esprit émotionnel ou affectif d’Elise, son ressenti du moment, ou celui qu’elle éprouve en repensant à un moment du passé. Petit à petit, sans en avoir conscience, le lecteur est gagné par ces états d’esprit, le sien devenant en phase avec celui d’Elise, ce qui génère une forte empathie comme s’il avait accès à son intimité émotionnelle.



Le lecteur se sent entièrement impliqué dans cet amour qui remet en cause la vie toute tracée et bien établie d’Elise. Il ne s’attend pas à de grandes révélations ou à un psychodrame : la vie suit son cours, tout en ayant dévié de celui le plus probable, sans heurt. Une histoire très classique, tout en étant unique parce qu’elle concerne ce personnage étoffé et pleinement développé aux yeux du lecteur et dans son cœur. La rencontre avec Dagmar a ranimé la passion dans son cœur et celle-ci s’accompagne de changements inéluctables. Plus que cela, elle éprouve la seule certitude de la vie : le doute. Pourra-t-elle concilier cette relation extraconjugale avec son mariage ? Quel sera le prix à payer ? Elle va apprendre à découvrir ce nouvel être cher, mais aussi elle va devoir apprendre comment gérer de nouvelles situations, de nouvelles démarches, ce qui représente un défi tout aussi grand. Tout du long, elle n’a aucune certitude de retrouver un bonheur équivalent à celui qu’elle pensait assuré avec son époux, construit pendant vingt-trois ans de mariage.



Une histoire d’amour pour une épouse fidèle âgée de cinquante-six ans : voilà une histoire racontée avec une belle sensibilité. Une narration visuelle qui transmet organiquement l’état d’esprit d’Elise, sans chercher à l’enjoliver, créant tout naturellement une relation intime et délicate avec le lecteur. Une histoire banale et unique : pas un drame mais une remise en question d’un avenir assuré, le retour des émotions accompagnant la passion amoureuse, et en même temps le doute sur cette relation, sur son avenir. Touchant et émouvant.
Commenter  J’apprécie          280
Un soleil entre des planètes mortes

Il est de ces livres qui ne semblent pas raconter grand chose. Un soleil entre des planètes mortes est ce ceux là. Pourtant, j’ai adoré.



Barbro, une suédoise se rend seule en pèlerinage sur les traces de l'écrivaine Cora Sandel et de son roman “Alberte et Jacob”. C’est un roman norvégien du début du XXe siècle où il ne se passe pas grand chose non plus, une histoire de famille, avec une jeune fille timide qui vit dans ce grand nord, triste et morne, dans une ville où il ne se passe rien. Les chapitres alternent les passages du roman de Cora Sandel avec les moment où l’on suit Barbro. Barbro voue à l’autrice une passion qu’elle voudrait partager mais dans sa famille, personne ne s’y intéresse. Il y a dans la culture scandinave, tout une œuvre autour de ces petits riens, des ses moments d’introspections, on pense bien sûr à Ingmar Bergman, un art de rendre belles les vies sans relief. On est jamais à l’abri du mortel ennui, sans doute des œuvres qui demandent d’accepter d’entrer en phase avec elles.



Le dessin est réalisé au cryons de couleur, feutres, encre et aquarelle, des moyens bruts, artisanaux, peu sophistiqué, le trait est brut et pourtant il y a une ambiance très forte. La lumière et son absence sont même ce qui définit le mieux cette histoire : à Tromsø, pendant une grande partie de l’année, le soleil ne dépasse pas la montagne. Les bleus sont intenses, mais la lumière est le plus souvent blafarde.



Barbro est comme Alberte, timide, un peu coincée, elle doit prendre sur elle pour profiter de son escapade, oser aller vers les autres. C’est une histoire sur les relations aux autres, sur l’apport de la lecture, tout en pudeur, en sensibilité à fleur de peau, dans cette vie scandinave, juste un peu plus isolé que chez nous, encore plus solitaire, un peu morne et ralenti, parce que ce nord n’est pas particulièrement joyeux.



Que sont donc ces deux planètes mortes, il s’agit sans doute de Barbro et Alberta, et le soleil finit par revenir un jour, on prend le temps de l’attendre, de le désirer, tout est lent, il ne se passe pas grand chose, mais pour qui sait attendre, le soleil finira par réapparaître…



Dans une histoire presque ordinaire, Anneli Furmark nous révèle les particularités de cette région : ce n’est pas du folklore, c’est la luminosité, la longue nuit, le froid, les eaux calmes des fjords, qui forgent une culture, un livre n’est alors qu’un témoin, un révélateur quand il est juste et sensible comme celui-ci.
Commenter  J’apprécie          270
Hiver rouge

Aneli Furmark utilise le pinceau, les encres de couleur pour nous décrire sa Suède des années 70, aux nuits interminables d’hiver. Ambiance monotone, une histoire d’adultère très banale, dans un milieu ouvrier, où les préoccupation de chacun sont totalement axées sur la politique, le syndicalisme, comment une sociale démocrate mariée peut-elle fréquenter un communiste maoïste, sous couvert d’ouverture et de lutte, ce monde sombre de l’hiver suédois est montré de façon totalement étriqué, et pas si révolutionnaire que ça finalement. C’est un récit sobre et intimiste, fade au premier abord, frustre, mais tellement humain en fin de compte, qu’il nous trouble. Malgré son apparente impassibilité, cette lecture est loin de me laisser indifférent, me rappelant les films de Bergman qui m’ont marqué, mais jamais sur le coup. Un récit du temps, celui qui fut, celui qui passe, celui qu’il fait, une atmosphère… la Suède…
Commenter  J’apprécie          200
Hiver rouge

Hiver rouge, un roman graphique sur le milieu syndicaliste et ouvrier des années 70 en Suède ; mais au fil des pages, la politique et les vies privées des personnes s'entremêlent et nous sont restituées en épisodes titrées des personnages principaux.

Un hiver rouge plombé par le gris de la météo et des déclarations pour le moins peu optimistes.
Commenter  J’apprécie          160
Un soleil entre des planètes mortes

Bro se paie un petit break à Tromso. A cinquante balais quelque chose la pousse là-bas.

Le voyage en train ou en bus, c'est l'idéal, les paysages défilent lentement. Si nous étions enfants nous aurions plein de temps pour dessiner et colorier la neige et les montagnes, sans se soucier peut-être des traits du coloriage, un peu comme le fait l'auteure de cette Bd.

Nous y sommes presque. C'est un personnage d'enfance que Bro est venue voir ou imaginer : un personnage de fiction qui vivait ici à Tromso dans les pages d'un célèbre roman. Bro l'adore et s'identifie. Alberte, c'est son nom, vivait dans les années 20 dans des conditions bourgeoises mais assez rudes.

Le ton de cette Bd est introspectif. Bro ne veut pas parler uniquement du froid, mais d'elle-même et de la condition féminine très étriquée pour une jeune fille comme Alberte.

Des moments éphémères de liberté prennent alors une dimension magique – parfaitement rendus par le graphisme.
Commenter  J’apprécie          150
Walk me to the corner

Première lecture d'un roman graphique de l'auteure et dessinatrice suédoise Anneli Furmark. Petit coup de coeur ! Et oui la femme de cinquante existe ! L'invisible petit à petit prend corps. Elle vit, elle aime, elle désire, elle s'interroge, se soumet à toutes les questions, elle prend le risque, elle ose, elle imagine.

Merci à Anneli Furmark de lui donner vie, de lui faire place. Un roman graphique à dévorer, une auteure à suivre sans hésitation.

Astrid Shriqui Garain



opération Masse critique Editions "Çà et là" / Babelio- 12.2021
Commenter  J’apprécie          140
Walk me to the corner

Elise et Henryk forment un couple harmonieux, aimant. Mais Elise va rencontrer D., un nouvel amour qui va chambouler leurs vies. Elle aimerait poursuivre avec les deux, elle assure Henryk qu’elle ne l’en aime pas moins ; mais c’est lui qui va finalement prendre le large, la laissant seule à réfléchir sur sa vie et sur ses choix. Car bien que l’amour soit réciproque, D. n’envisage à aucun moment de quitter sa propre famille, sa femme et ses enfants, pour Elise.

Un détail : D. est une femme.

Un autre détail : tous ces personnages ont largement passé la cinquantaine.

C’est ce qui fait tout l’intérêt de cette histoire, somme toute banale : mettre en scène des corps féminins de plus de 50 ans, parler d’amour chez les "seniors", ça n’est pas si courant.

Jolies illustrations pastel, dont le trait délicat se déforme, s’épaissit dans les moments de grande détresse : des dessins émouvants.

Traduit par Florence Sisask.

Challenge Bande dessinée 2023
Commenter  J’apprécie          114
Peindre sur le rivage

Point forts de cette BD ; l'originalité du graphisme et la finesse des dialogues.

Dès le prologue, et avec beaucoup de concision le lecteur est informé qu'il s'agit du journal intime d'une jeune femme l'année au cours de laquelle elle va décider de son devenir.

Elle se destine à l'Art, avec un grand "A", vient de se faire abandonnée par un homme qu'elle aimait et vient suivre un cursus d'un an pour préparer ses concours d'entrée dans les meilleurs écoles d'art d'Europe. Mais très vite, elle perd pied plus préoccupée de ses amours que de cet avenir qu'elle s'était...assigné. A la fin de l'ouvrage, elle fera son choix après mûre réflexion. Quant à l'épilogue, deux pages pour un dialogue apaisé .

Le ton sonne juste mais c'est, pour moi, cette technique mélangeant des graphismes différents (peinture et croquis semblant à première vue un peu frustes) qui fait toute l'originalité de cette auteure.

Les peintures captent la lumière, comme son absence, sans jamais inquiéter. Au fil des pages, la lumière revient jusqu'à l'éblouissement du printemps quand les anémones tapissent les sous-bois et que l'été n'est que fluidité des éléments, des animaux.

Le trait est nerveux, vif ; il retranscrit efficacement, dans un regard, dans une attitude toute une personnalité.

Et puis il est fort rare de trouver un livre qui nous fasse entrer dans ce milieu un peu mystérieux des écoles d'art.

Une BD sans faux-semblant qui permet d'accompagner ces jeunes artistes et leurs espoirs. Une sincérité qu'il est rare de rencontrer dans ce genre de littérature.
Commenter  J’apprécie          100
Walk me to the corner

Elise a 56 ans. Elle est mariée à Henrik depuis des années. Leur vie de couple est monotone, mais pleine de respect et de confiance : les conjoints ne se cachent rien. Alors, quand Elise rencontre Dagmar et que son cœur s'emballe, elle n'en cache rien à son époux. « Ce qu'elle voulait plus que tout au monde, c'était mettre son bras autour de la taille de Dagmar et ne jamais l'en retirer. » (p. 20) Pendant un temps, elle essaie de concilier son mariage et cette passion nouvelle. Les messages tombent en cascade entre les deux femmes quand elles sont séparées. Elise sait qu'un choix est nécessaire, mais avant qu'elle ait eu le temps d'en faire un , la décision de quelqu'un d'autre s'impose à elle.



J'ai été formidablement émue par cet amour lesbien entre deux femmes d'âge mûr. Les grands sentiments n'appartiennent pas à la jeunesse et ils font feu de tout bois. L'autrice dessine avec pudeur le bouleversement que cette rencontre engendre dans plusieurs vies. Les dessins sont simples, mais très expressifs. J'ai passé un très beau moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          80
Walk me to the corner

« Elise avait toujours cru que c’était juste une affaire de maitrise de soi. »



Quel bon choix ! Grâce à Masse Critique, j’ai lu ce roman graphique et j’ai été touchée, profondément. Parce qu’il s’adressait à moi. Tout simplement.



Je n’ai pas adhéré tout de suite aux dessins, il m’a fallu un peu de temps pour apprécier. Centrés sur les personnages, ils ne montrent que l’essentiel, les émotions. Ils ne s’attardent pas sur les actes mais bien sur les sentiments. Ils n’en sont donc que plus puissants. Et les couleurs… Je ne saurais quoi en dire si ce n’est qu’elles m’ont enchantée.



Le sujet ? Un amour passionnel entre deux femmes d’âge « mûr » mais aussi une certaine vision du couple.



« Vous choisiriez quoi ? Vous sentir assez bien tout le temps ou au septième ciel parfois, et complètement abattue le reste du temps ? »



La vie de couple est l’assurance d’une vie paisible, d’une tranquillité d’esprit, mais sans passion. Et l’amour passionnel n’est pas de tout repos surtout si l’une des deux personnes ne peut quitter sa vie tranquille. Elle est alors faite de déchirements, de pleurs et de moments merveilleux. Comme si c’était le prix à payer…



La prise de risque, la volonté de vivre librement son choix avec les souffrances que cela engendre. C’est une vision très juste que nous propose Anneli Furmark.



Il n’y a pas d’âge pour aimer, pas d’âge pour bouleverser sa vie, pour oser, pour vivre !
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          80
Peindre sur le rivage

Yoyo de l'inspiration à l'école d'art, clapotis de la vie intime d'une artiste, le manque, puis un amant, une amante, le manque encore.

Peindre sur le rivage est l'expression très sensible de cette jeune femme, sur fond de paysages très beaux du nord de la Suède,

au moment où elle peut prendre racine ou prendre le large.
Commenter  J’apprécie          80
Hiver rouge

La nuit suédoise des années 70, s'étend sur le monde ouvrier, monotone en apparence, mais dessinée et coloriée avec un style très personnel.

Un maoïste attendri est dans les bras d'une femme, mariée, 3 enfants, normale…

…si normale qu'elle va quitter son mari sans rien avoir à lui reprocher. Sauf le sexe, le ciment du couple, la jouissance qu'elle a trouvés avec son amant.

Pendant ce temps l'unité ouvrière se brise en divers mouvements politiques. le jeune maoïste est opposé aux communistes staliniens, et aux autres, aux sociaux-démocrates dont elle fait partie. Mais quel sens ont toutes ces divisions ?

Les enfants du couple, sillonnent cette nuit suédoise, observateurs sensibles et impuissants, de la vie des adultes.
Commenter  J’apprécie          80
Hiver rouge

J'ai emprunté cette BD à la bibliothèque parce que je trouvais le sujet intéressant.

J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une histoire sur le militantisme ouvrier en Suède dans les années 70 et sur l'engagement en général, qu'il soit politique ou amoureux.

Avec « Hiver rouge » on apprend qu'il fait très froid dans le nord de la Suède et que les syndicats ouvriers, socio-démocrates et maoïstes, étaient en désaccord. Bon.

Une histoire d'amour adultère en trame de fond qui entrechoque les deux camps et vous avez une série de stéréotypes : les enfants à la dérive, malheureux et abandonnés par la mère qui aime un homme plus jeune ou encore le « conseil » qui expédie le jeune militant dans une autre ville parce qu'il a fauté avec une femme dont le mari est social-démocrate (elle n'est même pas engagée politiquement). Même si ce genre de faits a existé, j'ai trouvé les portraits des protagonistes présentés les uns après les autres par Anneli Furmark, trop caricaturaux.

Je n'ai rien trouvé d'original dans cette BD en dehors du fait que l'histoire se déroule en Suède.





Commenter  J’apprécie          80
Hiver rouge



Sous ce titre "Hiver rouge" se cache le récit choral d'un adultère dans un milieu syndicaliste ouvrier où différents groupuscules d'extrême gauche s'opposent notamment au parti traditionnel des sociaux-démocrates suédois. Le sujet peut apparaître peu emballant, la lumière hivernale scandinave emprisonnant ses personnages dans une ambiance cotonneuse, neigeuse et froide. Recouverts de plusieurs couches de vêtements et pour certains de beaucoup de principes aliénants, ils avancent doucement dans une vie rude et pas particulièrement heureuse. Nous sommes à la fin des années 70, les ouvriers se serrent les coudes mais leurs différents syndicats s'espionnent tout en nourrissant une stérile théorie du complot. Siv, quarantenaire engluée dans une vie banale entre son ouvrier de mari et trois enfants proches ou dans l'âge ingrat, vit une relation amoureuse inouïe avec Ulrik, militant maoiste de quatorze ans son cadet. Cette relation discrète mais intense bouleverse l'un et l'autre. Ulrik pousse Siv à quitter son mari pour vivre leur amour en plein jour. Siv hésite évidemment. La différence d'âge mais aussi les engagements antagonistes des deux amants donnent à l'abandon du domicile conjugal un côté incertain.

L'histoire, même si posée dans un contexte militant, est assez banale. Pourtant, il se dégage de ce roman graphique un vrai charme dû en grande partie à une écriture qui parvient à saisir parfaitement, tout en douceur, un morne quotidien. Mais, si la qualité du récit est ici évidente, on ne peut qu'admirer la formidable utilisation des couleurs, un judicieux choix de bleu ( froid) qu'un jaune presque rosé réchauffe avec bonheur. J'en veux pour preuve les magnifiques planches des deux amants dans un lit que ces deux couleurs parviennent à rendre formidablement sensuels, exprimant tout à la fois l'intensité de leur relation comme la délicate tristesse qui s'en dégage.

Récit prenant et intimiste, "Hiver rouge" nous prend au corps et au coeur, dévoilant une petite musique aux couleurs sombres. Ce roman graphique venant de Suède est le deuxième que je le lis ce mois ci ( le précédent est Histoire de famille ). Le pays, déjà réputé pour ses polars, semble maintenant s'attaquer à la BD. Si la production a le brio et le talent de ce que je viens de lire, voilà encore une nouvelle mine pour les éditeurs. A croire que les longs hivers scandinaves sont de véritables moteurs pour la création !


Lien : http://sansconnivence.blogsp..
Commenter  J’apprécie          70
Un soleil entre des planètes mortes

Une auteure de BD suédoise découverte avec « Au plus près », roman graphique qu’elle a illustré avec beaucoup d’intelligence et d’originalité, une belle étude de la naissance du sentiment amoureux, chez deux adolescents.

« Un soleil entre des planètes mortes », est un autre roman graphique où Anneli Furmark a crée le scénario et dessiné qui nous raconte deux histoires.



L’une est celle de B., passionné par l’œuvre de Sara Fabricius (Cora Sandel de son nom de plume), et surtout du personnage de Alberte, héroïne d’une trilogie, grand succès en Suède et en Norvège … quelques temps de la vie de B. sur les traces d’Alberte qui cherche à comprendre comment elle a vécu à Tromso, « le Paris du nord » … Comment B. va devenir Barbro … et va pouvoir commencer une nouvelle vie.



L’autre est celle d’Alberte … quelques temps de sa vie … comment elle a cherché a échapper à son destin de jeune fille … fille de Madame Selmer et Monsieur le juge de paix Selmer.



Dans les livres d’Anneli, le scénario est certes très travaillé mais l’autre point fort est la recherche sur le graphisme, les planches des deux histoires représentent deux univers fort différents, le travail sur le noir et blanc pour illustrer le passé et l’autre version très coloré avec les couleurs chaudes pour nous faire vivre la lutte de B. pour devenir Barbro, une vision très réaliste de la vie d’aujourd’hui.

Une rencontre à continuer dans l’univers de l’auteure.
Commenter  J’apprécie          61
Walk me to the corner

Walk me to the corner est un roman graphique de Anneli Furmark sur la passion amoureuse à partir de la rencontre de deux femmes, comme on dit pudiquement, d’âge mur.



Élise vit une vie qu’elle ne voudrait pour rien au monde quitter : Les bras puissants de Henrik suffisent à la sécuriser depuis de longues années. Pourtant, lorsque Dagmar, médecin, téléphone pour la remercier d’avoir publié un article sur le sommeil qui l’a bien divertit, d’un coup, c’est un autre monde qui s’ouvre devant elle.



Elise se surprend à ne penser qu’à Dagmar. Puis, elle attend avec impatience un signe, leur première rencontre, leurs premiers échanges puis leurs premiers émois.



Mais, elle n’imagine pas vivre dans le mensonge; Alors, elle se confie à Henrik qui en apparence accepte cette passion qui de plus en plus dévore le quotidien de leur couple.



Seulement, lorsque Élise découvre qu’Henrik a lui aussi une aventure avec une de ses étudiantes, déjà doctorante, le couple explose. Néanmoins, Dragmar n’envisage pas la vie à deux avec Élise, elle souhaite continuer sa relation avec son amie et ses enfants.



Walk me to the corner décrit l’univers du coup de foudre, la vague qui emporte la stabilité construite au fil des années mais aussi, les limites et le désespoir de ne pouvoir vivre comme on le souhaiterait. En décrivant la dépression puis la lente reconstruction de son personnage, Anneli Furmark touche par la justesse de son propos, sa sensibilité et sa pudeur à traiter ce sujet de l’intime.



En mélangeant sa peinture à l’aquarelle avec son trait affirmé, Anneli Furmark crée un roman d’une grande puissance sur un sujet qui n’hésite pas à renverser les représentations habituelles du couple installé. En suivant son Élise au plus fort de sa passion mais aussi au plus profond de son désespoir, Anneli Furmark signe un portrait féminin très fort, réaliste et profondément attachant. A découvrir sans aucun doute !
Lien : https://vagabondageautourdes..
Commenter  J’apprécie          60
Au plus près

L'histoire se passe en Norvège. Jens, 17 ans, ressent pour son meilleur ami des sentiments qui vont au delà de l'amitié. Ce n'est hélas pas réciproque. Pour tenter de mettre de la distance avec cet amour à sens unique, Jens décide de d'aller passer l'été à Finnsnes, où vivent son oncle et son compagnon. Tous deux  accueillent à bras ouverts ce neveu qu'ils comprennent mieux que quiconque.



A Finnsnes, Jens fait la connaissance de jeunes gens de son âge et notamment d'Edor, qui ne lui est pas indifférent. Cette fois, c'est réciproque. Pour autant, leur relation n'est pas aisée car Edor a du mal à assumer son attirance pour un autre sexe. Il n'est pas aidé par sa famille qui ne voit pas d'un bon œil son penchant homosexuel. Pendant qu'Eldor se débat avec des sentiments contradictoires (et ne parvient pas à couper le cordon avec sa petite amie), Jens travaille la confiance en soi qui lui manque pour être un adolescent épanoui.



Cette BD traite avec beaucoup de finesse le sentiment amoureux chez les adolescents et en particulier chez ceux du même sexe. L'histoire n'est pas d'une grande originalité mais le sujet est bien traité, avec beaucoup de pudeur, notamment dans les scènes d'amour.



Le dessin est assez simple et dégage beaucoup de douceur avec ses couleurs pastel. Le choix de la  simplicité dans les croquis est tout à fait en phase avec l'histoire. Le personnage de Gens avec ses cheveux roux et ses rondeurs m'a bien plu. Il porte sur son visage la gentillesse qui le caractérise. En revanche, j'ai été un peu déçue par la représentation de la nature. On ne peut pas vraiment se faire une idée des beaux paysages norvégiens car les décors sont assez minimalistes. Ce sera mon petit bémol.



Une BD que je recommande sans hésiter !




Lien : http://www.sylire.com/2019/0..
Commenter  J’apprécie          60
Peindre sur le rivage

Les planches en aquarelle m'ont un peu rebuté au début. Puis, petit à petit, je suis rentré dans le récit auto-biographique d'une artiste finlandaise qui a grandi en Suède. Elle est à la fois peintre et auteure de bande dessinée. La plupart de ces albums ont d'ailleurs une dimension autobiographique. Son travail a été primé à deux reprises au festival de Kemi en Finlande. C'est toujours intéressant de voir le travail d'auteurs de pays scandinaves. Il y a toujours une autre approche, différente donc originale.



Hélène n'a pas un physique très séduisant car elle a un peu de poids. Cependant, cela attire toujours certains hommes. Pour autant, elle sera hésitante sur ses orientations sexuelles. Elle connaîtra également de nombreux doutes quant à sa vocation artistique, tiraillée entre les voies contradictoires de la peinture de paysage et de l'art contemporain. Bref, elle aura des difficultés à trouver son identité. Cela sera pour elle une année assez riche en enseignements.



Cette tranche de vie sera assez prenante à lire malgré l'austérité du graphisme. Cela fait penser au Journal de Fabrice Néaud dans la démarche. L'auteure dévide avec acuité le fil des interrogations d'une jeune femme moderne en quête d'elle-même.
Commenter  J’apprécie          50
Un soleil entre des planètes mortes

Murjek, Gällivare, Kiruna… le train file vers des montagnes, des précipices, des fjords, un ciel bas, blanc, qui se dépose sur un paysage enneigé, glacé, vers Narvik le terminus et Tromso. Barbro, une Suédoise de cinquante ans, a décidé de s'offrir un périple dans le nord de la Norvège, sur les traces de l'héroïne du roman qui l'accompagne depuis toujours, « Alberte » de Cora Sandel.



Complexée et confondant sa timidité avec de la lâcheté, Barbro s'identifie à Alberte, jeune fille du siècle dernier qui se sentait laide, insipide et prisonnière de sa condition de femme dans une province reculée ; une province à la bordure du monde qui s'invite par la mer, mais très à l'écart aussi. L'histoire en trois volumes, éditée dans les années 20 jusqu'à la fin des années 30, commence par la présenter dans sa famille bourgeoise et austère, envieuse de son frère Jacob qui voulait braver le courroux paternel en arrêtant ses études pour s'embarquer sur un navire marchand.



Petite souris, Barbro s'était emparé de ces livres comme si elle se saisissait d'un bouclier et avait rêvé toute sa vie d'émancipation et d'aventures, sans jamais oser entreprendre. A cinquante ans, alors que le miroir lui renvoie le portrait de sa grand-mère, elle se demande si ce n'est pas déjà trop tard…



Tour à tour, dans des tons aux dominantes vives de bleus et de rouges pour Barbro et des tons de gris, noirs et blancs pour Alberte, l'album graphique d'Anneli Furmark raconte ces deux personnalités déchirées, craintives, si embrouillées dans leurs modesties et leurs fantasmes ; si semblables.

L'auteur parvient à nous faire ressentir leurs détresses, leurs envies, leurs espérances, leurs solitudes… l'attente et l'ennui. Les dessins sont taillés, rudes, abrupts, dépouillés, et riches de cette atmosphère étrange et polaire.

Je recommanderai ce livre qui a su m'apprivoiser et m'émouvoir.
Commenter  J’apprécie          50
Peindre sur le rivage

Cet album est l’ autobiographie de jeunesse de Anneli Furmark, la dessinatrice finlandaise qui le présente ainsi dans un prologue d’une page, en noir et blanc :

(...)



En 1990, Hélène a quitté Stockholm pour une petite ville du nord de la Suède. Elle y passe une année dans une école d’art de seconde zone. Elle doute beaucoup d’elle-même, vient de rompre une liaison qu’elle s’efforce d’oublier et se fixe quelques règles :

(...)

Naturellement, toutes les promesses ne seront pas tenues et son année sera riche de relations et d’apprentissages aussi bien amoureux qu’artistiques. D’abord hésitante quant à son orientation sexuelle au début de son séjour, elle apprend à mieux se connaître et à s’affirmer davantage, elle qui doutait tant d’elle-même. Une année riche en rebondissements par conséquent !

Au début, autant l’histoire me plaisait autant les dessins me rebutaient puis je m’y suis habituée et j’ai fini par apprécier certaines planches à l’aquarelle concernant les paysages. Les portraits, eux, demeurent très rudes et toujours en noir et blanc sur fond de couleurs vives

L’ensemble cependant m’a séduite et j’ai terminé avec intérêt et sympathie l’histoire évoquée par cette jeune femme bien décidée à trouver sa voie malgré ses doutes et ses faiblesses. Rien à faire : c’est vraiment ce genre de BD que je préfère.
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anneli Furmark (205)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
200 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

{* *}