La nuit suédoise des années 70, s'étend sur le monde ouvrier, monotone en apparence, mais dessinée et coloriée avec un style très personnel.
Un maoïste attendri est dans les bras d'une femme, mariée, 3 enfants, normale…
…si normale qu'elle va quitter son mari sans rien avoir à lui reprocher. Sauf le sexe, le ciment du couple, la jouissance qu'elle a trouvés avec son amant.
Pendant ce temps l'unité ouvrière se brise en divers mouvements politiques. le jeune maoïste est opposé aux communistes staliniens, et aux autres, aux sociaux-démocrates dont elle fait partie. Mais quel sens ont toutes ces divisions ?
Les enfants du couple, sillonnent cette nuit suédoise, observateurs sensibles et impuissants, de la vie des adultes.
Commenter  J’apprécie         80
Hélène, une femme d’une quarantaine d’années, se replonge dans le journal intime qui retrace son année 1990. La première page commence en septembre, alors qu’elle vient de quitter Stockholm pour aller étudier dans une école d’art au nord du pays, et la dernière page boucle ses confidences en juillet 1991.
Logée chez une vieille dame qui a aménagé le haut de sa maison pour des locataires, elle liste des codes de bonne conduite et se promet de rester concentrer sur son travail. Mais dès le premier jour d’école, elle fait des connaissances et se rend compte qu’il lui sera difficile de tenir ses nouvelles résolutions.
Elle raconte le paysage qui dans un premier temps ne l’enchante guère, la lumière particulière, Iris sa logeuse, Irène sa nouvelle amie, ses professeurs, Evald, un vieux peintre bohème qui parcourt les rivages en quête d’inspiration, et Lauri Stenman, un peintre reconnu qui vient passer trois semaines dans son école… Elle parle aussi d’une question qui la taraude : « Qu’est-ce que l’art ? ». Peu sûre d’elle, à la recherche d’un style, d’une œuvre à réaliser, elle admire l’impétuosité et la détermination d’Irène. Son destin semble encore incertain et rempli de doutes. En tant que femme, en tant qu’artiste, quel chemin doit-elle prendre pour s’épanouir ?
En se relisant, elle s’aperçoit que ses écrits tournent plus autour de ses amours que de ses peintures. Entre Irène et Lauri, son cœur déjà abimé par une relation malheureuse n’ose se donner pleinement.
L’année fut riche, les souvenirs reviennent et peut-être quelques regrets.
Cet album est une deuxième incursion dans l’univers d’Anneli Furmark. J’ai donc abordé l’histoire avec plus de facilité que pour la première, sensible à l’ensemble, histoire-graphisme-colorisation. J’ai beaucoup apprécié les paysages déclinés dans les différentes saisons, ainsi que la personnalité d’Hélène qui déploie ses ailes doucement. Si elle semble fragile au départ, on s’aperçoit qu’elle a aussi un tempérament terrien, bien ancré dans son monde.
Poétique, nostalgique, chargée des espoirs et des doutes de la jeunesse, cette chronique sans emphase, toute simple, éclatante de couleurs, a été une belle lecture.
Commenter  J’apprécie         20
Murjek, Gällivare, Kiruna… le train file vers des montagnes, des précipices, des fjords, un ciel bas, blanc, qui se dépose sur un paysage enneigé, glacé, vers Narvik le terminus et Tromso. Barbro, une Suédoise de cinquante ans, a décidé de s'offrir un périple dans le nord de la Norvège, sur les traces de l'héroïne du roman qui l'accompagne depuis toujours, « Alberte » de Cora Sandel.
Complexée et confondant sa timidité avec de la lâcheté, Barbro s'identifie à Alberte, jeune fille du siècle dernier qui se sentait laide, insipide et prisonnière de sa condition de femme dans une province reculée ; une province à la bordure du monde qui s'invite par la mer, mais très à l'écart aussi. L'histoire en trois volumes, éditée dans les années 20 jusqu'à la fin des années 30, commence par la présenter dans sa famille bourgeoise et austère, envieuse de son frère Jacob qui voulait braver le courroux paternel en arrêtant ses études pour s'embarquer sur un navire marchand.
Petite souris, Barbro s'était emparé de ces livres comme si elle se saisissait d'un bouclier et avait rêvé toute sa vie d'émancipation et d'aventures, sans jamais oser entreprendre. A cinquante ans, alors que le miroir lui renvoie le portrait de sa grand-mère, elle se demande si ce n'est pas déjà trop tard…
Tour à tour, dans des tons aux dominantes vives de bleus et de rouges pour Barbro et des tons de gris, noirs et blancs pour Alberte, l'album graphique d'Anneli Furmark raconte ces deux personnalités déchirées, craintives, si embrouillées dans leurs modesties et leurs fantasmes ; si semblables.
L'auteur parvient à nous faire ressentir leurs détresses, leurs envies, leurs espérances, leurs solitudes… l'attente et l'ennui. Les dessins sont taillés, rudes, abrupts, dépouillés, et riches de cette atmosphère étrange et polaire.
Je recommanderai ce livre qui a su m'apprivoiser et m'émouvoir.
Commenter  J’apprécie         50
J'ai emprunté cette BD à la bibliothèque parce que je trouvais le sujet intéressant.
J'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'une histoire sur le militantisme ouvrier en Suède dans les années 70 et sur l'engagement en général, qu'il soit politique ou amoureux.
Avec « Hiver rouge » on apprend qu'il fait très froid dans le nord de la Suède et que les syndicats ouvriers, socio-démocrates et maoïstes, étaient en désaccord. Bon.
Une histoire d'amour adultère en trame de fond qui entrechoque les deux camps et vous avez une série de stéréotypes : les enfants à la dérive, malheureux et abandonnés par la mère qui aime un homme plus jeune ou encore le « conseil » qui expédie le jeune militant dans une autre ville parce qu'il a fauté avec une femme dont le mari est social-démocrate (elle n'est même pas engagée politiquement). Même si ce genre de faits a existé, j'ai trouvé les portraits des protagonistes présentés les uns après les autres par Anneli Furmark, trop caricaturaux.
Je n'ai rien trouvé d'original dans cette BD en dehors du fait que l'histoire se déroule en Suède.
Commenter  J’apprécie         80
Point forts de cette BD ; l'originalité du graphisme et la finesse des dialogues.
Dès le prologue, et avec beaucoup de concision le lecteur est informé qu'il s'agit du journal intime d'une jeune femme l'année au cours de laquelle elle va décider de son devenir.
Elle se destine à l'Art, avec un grand "A", vient de se faire abandonnée par un homme qu'elle aimait et vient suivre un cursus d'un an pour préparer ses concours d'entrée dans les meilleurs écoles d'art d'Europe. Mais très vite, elle perd pied plus préoccupée de ses amours que de cet avenir qu'elle s'était...assigné. A la fin de l'ouvrage, elle fera son choix après mûre réflexion. Quant à l'épilogue, deux pages pour un dialogue apaisé .
Le ton sonne juste mais c'est, pour moi, cette technique mélangeant des graphismes différents (peinture et croquis semblant à première vue un peu frustes) qui fait toute l'originalité de cette auteure.
Les peintures captent la lumière, comme son absence, sans jamais inquiéter. Au fil des pages, la lumière revient jusqu'à l'éblouissement du printemps quand les anémones tapissent les sous-bois et que l'été n'est que fluidité des éléments, des animaux.
Le trait est nerveux, vif ; il retranscrit efficacement, dans un regard, dans une attitude toute une personnalité.
Et puis il est fort rare de trouver un livre qui nous fasse entrer dans ce milieu un peu mystérieux des écoles d'art.
Une BD sans faux-semblant qui permet d'accompagner ces jeunes artistes et leurs espoirs. Une sincérité qu'il est rare de rencontrer dans ce genre de littérature.
Commenter  J’apprécie         100
Merci Masse Critique pour la découverte de ce livre !
C'est l'hiver en Suède. Il fait froid, il fait sombre. L'ambiance est à la fois passionnelle, glaciale et cafardeuse. La passion s'exprime à la fois dans la relation entre un homme et une femme mariée en plein adultère, et dans le militantisme des deux personnages. Seulement, leurs divergences vont causer leur perte.
Ce roman graphique est très particulier de par l'ambiance, le graphisme un peu naïf, le style très épuré. En effet que ce soit dans les conversations entre les personnages ou dans les étapes de l'histoire, il y a beaucoup de non-dits, laissant planer une sorte de malaise et de tension constants. L'inévitable va avoir lieu.
Une oeuvre un peu déroutante qui ne finit pas sur une note optimiste. Car au moment, où les secrets sont découverts, l'histoire s'arrête, et reste suspendue, comme les personnages à leurs vies précaires.
Une auteur et un sujet à découvrir.
Commenter  J’apprécie         20
Hiver rouge nous emmène en Suède, dans les années 70 : au cœur de l'hiver, Siv et Ulrik que tout devrait séparer ont une liaison. Leur âge, leur situation familiale, leur engagement politique les éloignent diamétralement. Pourtant, ils s'aiment.
Tour à tour, les deux amants ou leurs proches prennent la parole dans cet album et nous livrent un volet de l'histoire. Chacun, selon son point de vue : l'absence de la mère à la maison pour la fille de Siv, Marita; la trahison et l'espionnage pour Ralf, camarade et chef d'Ulrik.
L'alternance des perspectives donne du relief au récit d'une histoire somme toute banale et offre au lecteur un roman graphique captivant. A chaque intervenant, une grande page en guise de titre en quelque sorte vient séparer les différents protagonistes.
De quoi profiter du dessin d'Anneli Furmark et de l'atmosphère qui se dégage de ce récit intimiste : l'hiver et le froid prédominent et imposent des couleurs froides comme le noir et le bleu. Pourtant, le rose teinté d'orange vient réchauffer les foyers et installer un climat douillet dans la maison de Siv ou la chambre d'Ulrik. Il illumine également les poèmes qu'écrit le jeune homme en pensant à celle qu'il aime.
Associés au récit, les dessins et le jeu subtil des couleurs donnent beaucoup de charme à cet album et donnent très envie de découvrir davantage le travail d'Anneli Furmark.
Commenter  J’apprécie         30
Les relations parents-enfants sont souvent faites d'incompréhensions réciproques. La communication, surtout à l'arrivée de l'adolescence, peut s'embourber sans que l'on comprenne pourquoi.
Dans cette BD, Axel, 16 ans, est parti avec sa mère et son beau père pour un périple en Islande. Dans la voiture, Axel a son casque bien calé dans ses oreilles, ses yeux divaguent et ses pensées semblent bien loin des paysages qu'il traverse. Il n'a pas d'animosité envers ces deux adultes qui l'emmènent. Il est, seulement a des années lumière de leurs préoccupations quotidiennes.
Tel volcan, tel geyser, tel précipice l'emmènent un peu plus dans ses réflexions. "Si seulement, je pouvais sortir de ma tête, ce serait trop bien. Ne pas réfléchir, juste un peu de temps en temps".
En tout cas, Axel a envie d'avancer dans la vie. Pas dans le sens que les adultes l'imaginent. Il veut goûter à des choses qu'il n'a, peut-être encore jamais testé : la bière, les nanas, les sorties seul dans une ville inconnue...
C'est une belle histoire, tout en pudeur qui nous est contée ici....ceci dans un cadre grandiose : l'Islande.
Commenter  J’apprécie         40
Belle histoire avec un très beau graphisme
Commenter  J’apprécie         20
L’Islande, ses terres de légendes, ses volcans, ses paysages atypiques à perte de vue. Fascinant dans l’absolu, beaucoup moins pour un ado de 16 ans, qui voit surtout dans ces vacances l’obligation de passer plus de temps que de coutume avec sa mère et son nouveau compagnon. Et pourtant, ce voyage va s’avérer bien plus marquant qu’il ne l’imaginait.
Au départ nous suivons le périple de cette famille en construction, encore en manque de repères, le long des sentiers islandais. Anneli Furmark donne alors beaucoup d’importance aux paysages, ce qui donne une teinte très particulière à son récit. On se laisse porter tel un touriste le long de ces cases aux allures de cartes postales, sans voir venir ce qu’elle nous prépare. On se fait surprendre par la tension montante et un revirement de situation inattendu. On referme la BD surpris, et bluffé, par un scénario subtil et bien pensé, par les illustrations, mélange de crayonné à l’encre et d’aquarelle, qui participent à l’atmosphère envoûtante et étrange qui s'en dégagent.
Une BD réellement étonnante à découvrir.
Commenter  J’apprécie         20