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Citations de Anthony Doerr (484)


Peut-être, dit-il , qu’un lieu paraît différent quand on sait qu’on le voit pour la dernière fois. Ou bien c’est le fait de savoir que plus personne ne le verra. C’est peut-être cela qui change tout.
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- La guerre qui a tué ton grand-père a fait seize millions de morts. Un million et demi de français, la plupart plus jeune que moi. Deux millions du côté allemand. Rangés en file indienne, ils mettraient onze jours et onze nuits à défiler devant ta porte. Ce qu'on fait, Marie, ce n'est pas juste déplacer des poteaux indicateurs. Ou retenir une lettre au courrier. Ces chiffres, c'est bien plus que des chiffres... Tu comprends ?
- Mais on est dans le bon camp, n(est-ce pas ?
- Je l'espère. J'espère qu'on est dans le bon camp.
page 425.
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"Okéanos. Océan, le fils aîné de la Terre et du Ciel." Il trace un cercle autour du mot et plante sa canne au centre. "Ici : ce qui est connu." Ensuite, il la plante à l'extérieur. "Et là, l'inconnu. Le vin, maintenant."
Anna lui donne la cruche, et il boit en la serrant à deux mains. Elle s'accroupit. Ὠκεανός. Rien que sept marques dans la boue. Et pourtant, celles-ci contiennent le voyageur solitaire, le palais aux murailles de bronze avec ses chiens de garde dorés, et aussi la déesse à la brume magique ? (p. 68-69)
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Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais defaut. Cela devrait suffire, tu ne crois pas ?
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Des portes sont soufflées de leur chambranle.
Des briques, pulvérisées. De gros nuages joufflus de craie, de terre et de granit jaillissent vers le ciel. Les douze forteresses volantes ont déjà fait demi-tour, repris de l'altitude et retrouvé leur alignement au-dessus de la Manche, que les ardoises des toits n'ont pas fini de pleuvoir dans les rues.
Des flammes gambadent jusqu'en haut des murs.
Des voitures en stationnement prennent feu, tout comme les rideaux, les abat-jour, les divans, les matelas et la plupart des vingt mille volumes de la bibliothèque publique. Les incendies s'unissent, se pavanent ; ils montent contre les flancs des remparts comme la marée, éclaboussent les ruelles, recouvrent les toits, s'engouffrent à travers un parking. La fumée chasse la poussière ; la cendre chasse la fumée. Un kiosque à journaux flotte, en flammes.
Du fond des caves et des cryptes, à travers toute la ville, des Malouins implorent le ciel : Seigneur sauvez cette ville et ses habitants, ne nous abandonnez pas, amen.
Des vieillards étreignent des lampes-tempête ; des enfants pleurent ; des chiens aboient. En un instant des poutres vieilles de quatre cents ans flambent dans des maisons mitoyennes. Tout un quartier de la vieille ville, coincé contre les murailles ouest, devient un brasier où les langues de feu, à leur maximum, atteignent une hauteur de cent mètres. L'appétit d'oxygène est tel que des objets lourds que des chats sont entraînés dans les flammes. Des enseignes de boutique pivotent, attirées par la fournaise ; une plante en pot glisse à travers les décombres et se renverse. Des martinets, chassés des cheminées, s'embrasent et volètent comme des étincelles par-dessus les remparts pour s'éteindre dans la mer.
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...il se sentait parfois semblable à elles, balayé par les circonstances, nageant à contre-courant, s'efforçant de surnager dans le silence et le désespoir. La vie, ce n'était peut-être que cela : être entraîné par le courant et finir dans la mer, sans avoir le choix, n'avoir que le vaste et informe océan devant soi, l'écume des vagues, le tombeau obscur de ses profondeurs.
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Les étoiles se présentèrent au-dessus de sa tête dans leurs myriades d'éclats. Sa vie avait accompli sa spirale finale, fouillant au fond de sa volute la plus profonde, là où le fuselé du coquillage se fondait dans l'obscurité.
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Qu'est-ce qu'un rêve? Une mouche plongée dans un chaudron, un seau descendu dans un puit. L'eau froide et profonde sour la surface luisante: l'ombre couchée sous les arbres. Les rêves étaient la réplique de tous les lieux traversés, de toutes les heures passées à l'état de veille. Chaque instant du présent avait un miroir dans l'avenir et un autre dans le passé. La mémoire et l'action, l'objet et l'ombre, la veille et le sommeil. Mettez un soleil sur notre tête et nous aurons tous un double attaché à nos pas.
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Partout en ville, les derniers habitants non évacués se réveillent, gémissent, soupirent. Vieilles demoiselles, prostituées, hommes de plus de soixante ans. Indécis, collaborateurs, incrédules, ivrognes. Religieuses de tous ordres. Les pauvres. Les entêtés. Les aveugles.
Certains se précipitent vers les abris antiaériens. D’autres se disent que c'est juste un exercice. D’autres encore s'attardent pour rafler une couverture, un missel, ou un jeu de cartes.
Le Jour J, c'était il y a deux mois. Cherbourg a été libéré, Caen aussi, puis Rennes. La moitié de l'ouest de la France est libre. À l'est, les Soviétiques ont repris Minsk. Les forces de l'Armée de l'intérieur polonaise mènent l'insurrection dans Varsovie, quelques journaux se sont enhardis jusqu'à suggérer que le vent a tourné. (p. 20)
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Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers où aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort.
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Quelque part dans la ville, un rougeoiement éclot : un soleil qui se lève au mauvais endroit et au mauvais moment. C’est étrange, comme la souffrance peut paraître belle quand on la regarde d’assez loin.
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Les choses qui paraissent les plus solides en ce monde – les montagnes, la fortune, les empires : leur stabilité n’est qu’illusoire. Nous les croyons destinées à durer, mais cela vient seulement de la brièveté de notre propre existence.
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... ce dont je désire te parler aujourd’hui, c’est de la mer. Elle a tant de couleurs. Argent à l’aube, verte à midi, bleu foncé le soir. Parfois, elle est presque rouge, ou bien elle prend la nuance des vieilles pièces de monnaie. En ce moment, les nuages passent au-dessus d’elle, et des carrés de lumière se posent un peu partout. Des ribambelles de mouettes y font comme des colliers de perles. De tout ce que j’ai vu, c’est ce que je préfère. Parfois, je me surprends à la regarder en oubliant mes obligations. Elle semble assez vaste pour contenir tout ce que l’être humain pourra jamais ressentir.
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À présent, chaque partie du chemin lui est familière, il reconnaît dans toutes ses nuances la sonorité des flots. Quand ils atteignent le chemin qui mène au ravin, Omeir se tourne vers la fille : frêle et crasseuse, la peau striée d'éraflures, elle traîne les pieds dans sa robe en loque. Depuis le commencement, songe-t-il, je ne parle pas la même langue que mes compagnons préférés.
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Si seulement Clair-de-Lune était à leurs côtés. Lui, il saurait comment s'orienter. On lui a répété que l'homme a été créé supérieur à la bête, pourtant combien de fois ont-ils perdu un chien dans les hauteurs pour le retrouver à la maison en rentrant, le poil couvert de bardane? Est-ce leur flair qui les guide, la position du soleil dans le ciel, ou bien une faculté secrète et plus profonde, que les animaux possèdent mais dont les hommes ont été privés?
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Sous l'éclairage cru de l'ampoule de la cuisine, les joues de Bunny ont un aspect crayeux. La peau de son cou devient flasque; on voit les racines blanches de ses cheveux; son dos a commencé a se voûter. Combien de toilettes a-t-elle récurées aujourd'hui? Combien de draps a-t-elle changés? Regarder les années emporter la jeunesse de Bunny, c'est comme assister une deuxième fois à l'anéantissement de la forêt.
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« Tu avais du talent, tu sais. Plus que ça, même. »
Zeno secoue la tête.
Des coups de klaxon retentissent, Rex jette un coup d'œil derrière lui.
« Évite de te dénigrer aussi facilement. Parfois, les choses que nous croyons perdues sont seulement cachées, attendant d'être redécouvertes. »
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... depuis ces hauteurs icariennes, les ailes poudrées de poussière d'étoiles, je voyais, très loin au-dessous de moi, la Terre sous son jour véritable : un petit monticule de boue perdu dans l'immensité, ses royaumes pas plus grands que des toiles d'araignées, ses armées pareilles à des miettes de pain.
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C'est étrange comme la souffrance peut paraître belle quand on la regarde d'assez loin.
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Omeir ferme les yeux. Comme tout cela semblait grandiose à l'époque où les curieux s'extasiaient sur taille de ses bœufs: quand les hommes accouraient en masse pour avoir une chance d'effleurer le canon reluisant. Une petite chose pourra en détruire une plus grande. Mais qu'auront-ils détruit, finalement?
Assis près de lui, Maher dégaine son couteau et gratte du bout de l'ongle les traces de rouille sur sa lame.
«ll parait qu on nous enverra là-bas dès demain. Au coucher du soleil.»
Lui aussi a perdu ses bœufs depuis longtemps, et ses yeux caves ont une expression tourmentée. «Ce sera formidable, dit-il sans réelle conviction. Nous allons frapper leurs cœurs d'épouvante.»
Tout autour d'eux, des fils de paysans munis de boucliers, de gourdins, de javelines, de haches, de marteaux d'armes ou même de simples pierres. Omeir n'en peut plus. La mort sera un soulagement. Songeant aux chrétiens assis sur les murailles, à tous ces gens qui prient dans les maisons et les églises de la ville, il s'étonne qu'un dieu unique puisse maîtriser les pensées et les terreurs d'une telle multitude.
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