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Citations de Anthony Doerr (478)


Les étoiles se présentèrent au-dessus de sa tête dans leurs myriades d'éclats. Sa vie avait accompli sa spirale finale, fouillant au fond de sa volute la plus profonde, là où le fuselé du coquillage se fondait dans l'obscurité.
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Qu'est-ce qu'un rêve? Une mouche plongée dans un chaudron, un seau descendu dans un puit. L'eau froide et profonde sour la surface luisante: l'ombre couchée sous les arbres. Les rêves étaient la réplique de tous les lieux traversés, de toutes les heures passées à l'état de veille. Chaque instant du présent avait un miroir dans l'avenir et un autre dans le passé. La mémoire et l'action, l'objet et l'ombre, la veille et le sommeil. Mettez un soleil sur notre tête et nous aurons tous un double attaché à nos pas.
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Partout en ville, les derniers habitants non évacués se réveillent, gémissent, soupirent. Vieilles demoiselles, prostituées, hommes de plus de soixante ans. Indécis, collaborateurs, incrédules, ivrognes. Religieuses de tous ordres. Les pauvres. Les entêtés. Les aveugles.
Certains se précipitent vers les abris antiaériens. D’autres se disent que c'est juste un exercice. D’autres encore s'attardent pour rafler une couverture, un missel, ou un jeu de cartes.
Le Jour J, c'était il y a deux mois. Cherbourg a été libéré, Caen aussi, puis Rennes. La moitié de l'ouest de la France est libre. À l'est, les Soviétiques ont repris Minsk. Les forces de l'Armée de l'intérieur polonaise mènent l'insurrection dans Varsovie, quelques journaux se sont enhardis jusqu'à suggérer que le vent a tourné. (p. 20)
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Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers où aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort.
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Quelque part dans la ville, un rougeoiement éclot : un soleil qui se lève au mauvais endroit et au mauvais moment. C’est étrange, comme la souffrance peut paraître belle quand on la regarde d’assez loin.
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Les choses qui paraissent les plus solides en ce monde – les montagnes, la fortune, les empires : leur stabilité n’est qu’illusoire. Nous les croyons destinées à durer, mais cela vient seulement de la brièveté de notre propre existence.
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... ce dont je désire te parler aujourd’hui, c’est de la mer. Elle a tant de couleurs. Argent à l’aube, verte à midi, bleu foncé le soir. Parfois, elle est presque rouge, ou bien elle prend la nuance des vieilles pièces de monnaie. En ce moment, les nuages passent au-dessus d’elle, et des carrés de lumière se posent un peu partout. Des ribambelles de mouettes y font comme des colliers de perles. De tout ce que j’ai vu, c’est ce que je préfère. Parfois, je me surprends à la regarder en oubliant mes obligations. Elle semble assez vaste pour contenir tout ce que l’être humain pourra jamais ressentir.
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À présent, chaque partie du chemin lui est familière, il reconnaît dans toutes ses nuances la sonorité des flots. Quand ils atteignent le chemin qui mène au ravin, Omeir se tourne vers la fille : frêle et crasseuse, la peau striée d'éraflures, elle traîne les pieds dans sa robe en loque. Depuis le commencement, songe-t-il, je ne parle pas la même langue que mes compagnons préférés.
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Si seulement Clair-de-Lune était à leurs côtés. Lui, il saurait comment s'orienter. On lui a répété que l'homme a été créé supérieur à la bête, pourtant combien de fois ont-ils perdu un chien dans les hauteurs pour le retrouver à la maison en rentrant, le poil couvert de bardane? Est-ce leur flair qui les guide, la position du soleil dans le ciel, ou bien une faculté secrète et plus profonde, que les animaux possèdent mais dont les hommes ont été privés?
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Sous l'éclairage cru de l'ampoule de la cuisine, les joues de Bunny ont un aspect crayeux. La peau de son cou devient flasque; on voit les racines blanches de ses cheveux; son dos a commencé a se voûter. Combien de toilettes a-t-elle récurées aujourd'hui? Combien de draps a-t-elle changés? Regarder les années emporter la jeunesse de Bunny, c'est comme assister une deuxième fois à l'anéantissement de la forêt.
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« Tu avais du talent, tu sais. Plus que ça, même. »
Zeno secoue la tête.
Des coups de klaxon retentissent, Rex jette un coup d'œil derrière lui.
« Évite de te dénigrer aussi facilement. Parfois, les choses que nous croyons perdues sont seulement cachées, attendant d'être redécouvertes. »
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... depuis ces hauteurs icariennes, les ailes poudrées de poussière d'étoiles, je voyais, très loin au-dessous de moi, la Terre sous son jour véritable : un petit monticule de boue perdu dans l'immensité, ses royaumes pas plus grands que des toiles d'araignées, ses armées pareilles à des miettes de pain.
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C'est étrange comme la souffrance peut paraître belle quand on la regarde d'assez loin.
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Omeir ferme les yeux. Comme tout cela semblait grandiose à l'époque où les curieux s'extasiaient sur taille de ses bœufs: quand les hommes accouraient en masse pour avoir une chance d'effleurer le canon reluisant. Une petite chose pourra en détruire une plus grande. Mais qu'auront-ils détruit, finalement?
Assis près de lui, Maher dégaine son couteau et gratte du bout de l'ongle les traces de rouille sur sa lame.
«ll parait qu on nous enverra là-bas dès demain. Au coucher du soleil.»
Lui aussi a perdu ses bœufs depuis longtemps, et ses yeux caves ont une expression tourmentée. «Ce sera formidable, dit-il sans réelle conviction. Nous allons frapper leurs cœurs d'épouvante.»
Tout autour d'eux, des fils de paysans munis de boucliers, de gourdins, de javelines, de haches, de marteaux d'armes ou même de simples pierres. Omeir n'en peut plus. La mort sera un soulagement. Songeant aux chrétiens assis sur les murailles, à tous ces gens qui prient dans les maisons et les églises de la ville, il s'étonne qu'un dieu unique puisse maîtriser les pensées et les terreurs d'une telle multitude.
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Kalapathes avait peut-être raison, dans le fond: il se peut bien qu'une obscure magie vive entre les pages des vieux livres. Tant qu'il lui restera des phrases à lire à sa sœur, tant qu'Aethon s'obstinera dans son périple insensé, poursuivant à tire-d'aile son rêve dans les nuages, les remparts de la ville résisteront peut-être; il est possible que la mort demeure un jour de plus à la porte.
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Tant qu'Anna poursuit sa lecture, Maria semble apaisée, le visage serein, comme si, au lieu d'écouter un conte absurde dans une cellule humide au cœur d'une ville assiégée, elle se trouvait déjà dans les jardins de l'au-delà, bercée par les cantiques des anges; Anna se rappelle alors ce que lui disait Licinius : raconter une histoire est une façon d'étirer le temps.
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Il dessine un tsunami prenant une ville d'assaut. Des bonshommes en bâtons s'échappent des maisons ou sautent par les fenêtres. Au-dessus, il écrit : CLUB DE SENSIBILISATION À L'ENVIRONNEMENT, LE MARDI ENTRE MIDI ET DEUX, SALLE 114. Et il ajoute sous le dessin : TROP TARD POUR RÉAGIR, BANDE DE CONS ? Mrs Tweedy l'oblige à supprimer « BANDE DE CONS » avant d'imprimer des copies sur la machine du personnel enseignant.
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– Voici votre uniforme de parade, votre uniforme d’exercice, votre tenue de gymnastique. Bretelles croisées dans le dos, parallèles devant. Manches retroussées aux coudes. Chacun de vous devra porter un poignard dans son fourreau, à sa ceinture, du côté droit. Levez le bras droit pour vous signaler. Alignez-vous toujours par rang de dix. Ni livre ni cigarettes ni aliments ni effets personnels – rien dans les casiers à part les uniformes, brodequins, couteau, cirage. Plus un mot après l’extinction des feux. Les lettres aux familles seront postées le mercredi. Vous vous dépouillerez de votre faiblesse, de votre lâcheté, de vos hésitations. Vous deviendrez comme une chute d’eau, une rafale de balles – vous vous précipiterez tous dans la même direction, au même pas, vers la même cause. Vous oublierez votre confort, vous ne penserez qu’à votre devoir. La nation sera votre seule et unique raison de vivre. Compris ?

- Oui, hurlent-ils.

Ils sont quatre cents, en plus des trente instructeurs et des cinquante membres du personnel, sous-officiers et cuistots, palefreniers et gardiens. Certains cadets ont tout juste neuf ans. Les plus âgés, dix-sept. Visages juvéniles, nez pointu, menton pointu. Yeux bleus – forcément bleus.

[...]

Chacun est une motte de glaise et le potier qu’est le corpulent et rougeaud commandant façonne quatre cents pots identiques.
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Dans son imagination, ses rêves, tout a une couleur. Les bâtiments du musée sont beiges, châtains, noisette. Les savants qui y travaillent sont lilas, jaune citron, et brun-rouge. Des accords de piano restent suspendus dans le haut-parleur du petit poste TSF chez les gardiens, projetant leurs superbes noirs et leurs bleus compliqués dans le couloir, en direction du dépôt des clés. Les cloches d’église envoient des arcs bronze qui se répercutent contre les fenêtres. Les abeilles sont argentées. Les pigeons, roux, auburn, voire dorés. Les immenses cyprès devant lesquels ils passent tous les matins sont de chatoyants kaléidoscopes – chaque aiguille est un polygone de lumière.
Elle n’a pas de souvenirs de sa mère, mais l’imagine comme une brillance blanche, silencieuse. De son père irradient mille couleurs, opale, rouge fraise, feuille-morte, vert sauvage ; une odeur d’huile et de métal, la sensation d’un pêne qui s’enclenche dans sa gâchette, le bruit de son trousseau de clés qui tinte pendant qu’il marche. Il est vert olive quand il parle à un chef de service, un crescendo d’orange quand il s’adresse à Mlle Fleury qui travaille aux grandes serres, un rouge vif quand il tente de cuisiner. Il est d’un incandescent bleu saphir quand il se met à son établi, le soir, et fredonne tout bas en travaillant – le bout de sa cigarette est d’un bleu prismatique.
Les sourds, ils entendent battre leur cœur, Frau Elena ? Pourquoi la colle ne se colle pas à la paroi du flacon ?
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