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Citations de Anthony Marra (52)


- Mon père dit que tes mains ont été les premières à m'avoir tenue.

Elle avait arrêté de plier et déplier les doigts de Natasha. Elle les tenait à présent serrés dans ses paumes.

- J'ai aidé ta mère à te mettre au monde. J'ai veillé à ce qu'elle soit propre et bien installée. Quand tu es sortie, j'ai fait la même chose pour toi.

- J'ai vu des bébés lapins naître, une fois, annonça la fillette toute fière. Je ressemblais à ça ?

- Pas du tout. Tu étais très belle.

Une grimace déforma son visage enfantin.
- J'aurais préféré être bizarre.
- Oh, mais tu étais bizarre, répondit Natasha un peu trop vite.
- Je ne te crois pas.
- Tes jambes te sortaient des épaules, tes bras te sortaient des genoux, et tu respirais par les fesses. J'ai dû tout réparer. J'ai raté le déjeuner, ce jour-là, à cause de toi.

La fillette rayonnait de joie.
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L’étreinte de son père était davantage un geste de précaution que d’amour, de sorte que si Ramzan ne revenait pas des montagnes, son père aurait la consolation que son dernier échange avec son fils avait été empreint de gentillesse et non d’aigreur.
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À cet instant capital du 26 décembre 1991, quand il vit tomber le drapeau rouge de l’Union soviétique — la fin d’un empire qui couvrait onze fuseaux horaires, de la mer du Japon aux côtes de la Baltique, regroupant plus de vents ethnies et deux cents langues ; la fin de cette entité collective dont la sécurité avait réclamée sacrifice de millions d’individus, avec cette stupidité slave qui exigeait la déportation de tout le peuple de Khassan, la fin de ce mirage utopique concocté par des hommes cruels qui se souciaient davantage de leur moustache que de leur intégrité, la fin de ce système cauchemardesque qui lui disait ce qu’il devait penser, dire ou être, qui croire, qui aimer, qui désirer ou haïr.

(JC Lattès, p.99)
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Ils plantent la honte en toi, et ça s'étend comme un pont sans fin, l'humiliation, cette putain d'humiliation de savoir que tu n'es plus un être humain, mais une pelote de nerfs hurlants, et que la torture dure encore même quand la douleur physique s'est apaisée
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Et ceux qui étaient présents se souviendraient comment ici, dans la Fosse B, un homme ayant perdu sa liberté et ses doigts, et bientôt sa vie, avait trouvé dans ce simple nom un bonheur vertigineux.
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P476
Comme des fermiers semant du sel dans leur champ, considéraient que la destruction était l’acte ultime de propriété.
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P407
Ils partageaient une cigarette, et quand Khassan sentait l’humidité des lèvres de Mirza sur le filtre, le monde devenait vaste et magnifique.
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P404
Le botaniste était un homme bien, mais Khassan était amoureux et donc capable d’une haine infinie.
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P398
Katya finit par lui dire que c’est comme ça qu’on appelle toutes les filles de l’Est. On est toutes des Natasha pour eux. Une journée ordinaire, c’est dix hommes, trois cheeseburgers, huit verres d’eau du robinet, et deux injections.
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P362
Combien de fois dans l’Histoire, une tristesse immense avait-elle été prise pour du courage ?
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P352
—Je suis marié. Tous les réveils sont compliqués.
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P342
C’était la première fois que le jeune homme voyait une carte de son pays, car les Soviétiques avaient interdit toute représentation de la république, dans son entier de crainte qu’un tel symbole éveille des sentiments nationalistes, ou tout au moins que les chauffeurs routiers ne se sentent pousser des ailes.
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P340
Avant la première guerre, aucun mouvement fondamentaliste n’avait encore pénétré la culture tchétchène. Le soufisme avait toujours été le courant musulman prédominant, et le wahhabisme fut une importation étrangère pendant le conflit. Deux ou trois fois l’an, des wahhabites venaient dans le village rechercher des recrues. Ils promettaient des rations, un toit, la vie éternelle au Paradis, et, dans l’attente de ce jour glorieux des martyrs, un salaire de deux cent cinquante dollars américains. Quelques jeunes adoptaient la doctrine monochrome des intégristes, mais la plupart se laissait radicaliser par la seule perspective de ce salaire mensuel qui dépassait de loin ce qu’ils auraient pu gagner en un an. La guerre d’indépendance fut rapidement associée au djihad parce que personne ne se souciait du droit à l’autodétermination d’une petite république enclavée. Les 2tats arabes étaient prêts à financer une guerre sainte, pas une révolte nationaliste. En fin de compte, peu importait qui, des Russes ou des fondamentalistes, gagnerait la guerre – dans les deux cas, le rêve d’une Tchétchénie souveraine et démocratique serait réduit en pièces.
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P293
—La guerre n’est pas une chose naturelle, répondit Akhmed. Alors ça change le comportement des gens.
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P250
Quatre-vingt-dix pour cent du kérosène de l’aviation soviétique sortait ainsi de Tchétchénie, comme une grande partie de l’essence pour automobile. Suivant l’étroitesse d’esprit d’un système politique qui, pour construire son économie, avait jugé opportun de tuer d’abord tous ses économistes, l’URSS avait installé ses infrastructures pétrolières aux confins de ses frontières. Quand l’Azerbaïdjan déclara son indépendance, Moscou perdit ses stations de forage. Quand le Kazakhstan et le Turkménistan en firent autant, les deux républiques récupérèrent les réserves immenses de gaz et de pétrole. Le trésor enfoui de la mer Caspienne, qui pouvait éclairer Moscou pendant mille ans, fut lui aussi perdu.
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P248
Tout le monde savait que Sonja était promise à un grand avenir, mais personne ne savait quoi faire d’elle en attendant.
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P248
Même l’été, elle avait un teint de troglodyte.
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P237
—Récup’ de ferraille et disparitions, lâcha Akhmed, d’une voix sans humour. Les deux fleurons de notre industrie.
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P176
A la table de la cuisine, elle examina le verre de glaçons. Chaque cube s’était arrondi avec la température de la pièce et achevait de se dissoudre dans ses propres restes. Et enfin, elle comprit… c’était ainsi que disparaissait un être cher. Malgré le choix de rentrer dans un appartement vide, l’absence n’était pas immédiate, c’était plus un estompage du présente qui s’opérait, une fonte dans le passé ; pas un effacement, mais un changement d’état, de la présence au souvenir, du solide au liquide : et la personne que l’in touchait autrefois ruisselait aujourd’hui sur votre peau, s’étalait en flaque dans le dos ; et on avait beau plonger, nager, se noyer dans les souvenirs, les doigts ne retenaient plus rien. Elle porta le verre à ses lèvres. Son ancien professeur disait vrai : l’eau était claire.
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P161
Ceux qui avaient les armes avaient aussi les pansements.
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