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Critiques de Anthony Marra (63)
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Une constellation de phénomènes vitaux

Une constellation de phénomènes vitaux, premier roman d’Anthony Marra salué par la critique dès sa sortie en 2013 est traduit en français pour cette rentrée littéraire 2014.



Ce texte nous emmène dans ce pays à l’histoire cruelle et sanglante, la Tchétchénie, dans lequel deux guerres ont tout détruit : les infrastructures et le peuple. Nous suivons plusieurs personnages, plusieurs destins qui s’entremêlent pour nous parler d’espoir.



Sur cinq jours ces personnages nous content l’histoire de la Tchétchénie entre 1994 et 2014.



Havaa, une enfant dont le père vient d’être emmené par les russes et la maison brûlée, Akhmed l’ami et voisin de son père qui sauvera Havaa et Sonja, médecin dans l’Hôpital n°6 délabré, à moitié détruit et vide. Khassam, ancien militaire qui toute sa vie tenta de publier un livre de plus de trois milles pages sur les origines de la civilisation tchétchène, et son fils Ramzan qui choisira la voie de la dénonciation, seul moyen de survivre pour lui dans un pays en guerre.



Pendant les deux premiers jours nous en apprenons un peu sur Akhmed, sa femme Ula qui, malade, ne quitte plus son lit, sur sa vie et son ami Dokka, sa petite fille Havaa qu’il mettra à l’abri des russes encore à sa recherche et de Ramzan. Et on rencontre Sonja, elle a quitté Londres, son travail et son petit ami pour revenir dans ce pays détruit après une première guerre afin de retrouver sa sœur Natasha, qui quitta elle-même le pays pour en revenir détruite par la drogue et par ce qu’elle a pu vivre d’ignoble.



Ces deux personnages rapportent à eux seuls la violence et le déchirement de ce pays en guerre mais aussi le chagrin et l’espoir qu’elle suscite. Le sacrifice de Sonja pour retrouver l’amour de sa sœur, le sacrifice d’Akhmed pour témoigner de sa profonde amitié au disparu Dokka.



Puis viennent les autres jours faits de révélations, de vérités cachées, qui éclairent l’histoire personnelle de chaque personnage, leur souffrance. Ramzan et sa trahison, Akhmed et son passé, Havaa et ses secrets, Sonja et ses remords. Et toutes ces vies détruites pas la cruauté de la guerre.



C’est un récit où la violence est omniprésente, une violence physique comme solution à une douleur intérieure plus terrible qui pousse à briser les autres, une torture utilisée comme un jeu, des prisonniers attendant la mort dans une fosse et un village débarrassé de toute vie. Des mots qui terrifient. Des destins qui se croisent au fur et à mesure des chapitres et c’est l’Histoire d’un pays, la Tchétchénie, qui à travers ce roman ressemble davantage à une succession de destructions que de moments de joie, où le seul espoir finalement réside dans l’autre, un voisin, un ami, un inconnu ou une enfant.



Un roman bouleversant dont la lecture m’a pris beaucoup de temps, j’ai voulu intercaler un autre roman pour ne pas laisser tomber. J’ai été touché par la vie de ses personnages, leur histoire, par le style de l’auteur allant crescendo dans ses révélations, dans la douleur et la peur, dans l’amour et la foi.



Il est évident que je vous conseille la lecture de ce roman mais il est évident aussi que sa lecture sera, pour les plus sensibles, difficile.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Une constellation de phénomènes vitaux

Si Anthony Marra était un artiste du vivant il serait un transformiste bluffant. Il a beau être un auteur américain installé sur les collines californiennes, dans Une constellation de phénomènes vivants, il se fait conteur slavo-oriental déroulant avec une formidable assurance un récit tout ensemble poétique et réaliste, sarcastique et tragique, mélancolique et profond en racontant des vies brisées par deux guerres successives en Tchétchénie.

On peut même dire que Marra s’intéresse peut-être au pire de la guerre : le chaos qui lui succède et la vulnérabilité des populations civiles soumises à la délation, les arrestations sommaires, la torture, les mines antipersonnel, la contrebande quand ce n’est pas l’exode ou le trafic d’êtres humains…autant de paramètres qui bouleversent les gestes du quotidien, broient les alliances claniques traditionnelles telles que les Teïps et ce qui reste d’humanité chez les rescapés. La guerre moderne détruit tout, le visible comme l’invisible. Ou presque.

Car malgré la désolation infinie, le roman fourmille de personnages improbables, presque farfelus à l’image d’Akhmed, médecin plus doué pour le dessin que pour soigner les habitants de son village Eldár qu’il a fui en compagnie de la petite Havaa, fillette de huit ans qui rêve de devenir "anémoniste de mer". Il y a également Sonja, chirurgienne russe qui les recueille dans ce qui reste de l’hôpital de Volchansk. Sans cesse importunée par des mouches elle guette la moindre information sur sa sœur disparue. Et enfin Khassan l’ancien instituteur qui a ramené au village ses parents morts en camp de déportation dans une valise marron.





Loin d’enfermer le récit dans une atmosphère ténébreuse et glaçante d’effroi, Anthony Marra utilise les codes littéraires de cette contrée aux lignes géographiques éclatées. De la même manière que la Tchétchénie mêle les alphabets arabe, cyrillique et latin, l’auteur entrelace humour noir et grâce bouleversante, amour transcendant et cruauté, sens de l’honneur et le pire de la nature humaine avec une plume remarquable. Le contraste est saisissant, parfois déstabilisant mais en tout cas séduisant car il donne à lire un roman puissant sur l’endurance et la résilience humaines en temps de guerre.

Un premier roman passionnant qui par sa construction refusant la linéarité invite à une lecture lente, ce sont des vies martyrisées qu’Anthony Marra tente patiemment de reconstituer.
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Une constellation de phénomènes vitaux

S'intéressant à un pays trop souvent oublié, Une constellation de phénomènes vitaux est le premier roman d'Anthony Marra et c'est un succès.

L'auteur nous conte ici une histoire d'entraide et d'espoir dans la Tchétchénie actuelle, envahie par les Russes. J'ai ri et pleuré, j'ai espéré et j'ai été déçue mais à la fin, je suis ressortie avec un gros coup de cœur pour ce roman. Après que son voisin et ami ait été enlevé par les Russes, Akhmed décide de protéger la fille de celui-ci, Havaa, toujours recherchée. Pour cela, il va demander l'aide d'une chirurgienne russe de la ville d'à côté, Sonja.

J'ai littéralement adorée ce roman, de bout en bout. N'ayant pas de résumé sur ma quatrième de couverture, j'y suis allée sans savoir le pitch. Par son écriture en puzzle, l'auteur nous raconte une histoire en morceau qui se reconstitue au fur et à mesure des chapitres. On est entraîné dans cette quête de la vérité, des secrets de ce pays martyrisé. Rien n'est laissé au hasard, au fil des pages, toutes les histoires s'emboîtent pour ne former qu'une seule. C'est magnifiquement fait, on est pris au piège dans les pages comme dans une toile d'araignée dont on ne peut se défaire avant d'avoir lu la fin.

Pleins d'histoire se mêlent dans ce roman. Akhmed qui protège Havaa, Khassan et son traître de fils, Sonja et sa sœur disparue Natasha. On suit avec plaisir leurs histoires, leurs explications, alternant entre l'espoir et le désespoir. Plus on avance dans le récit, plus on veut comprendre pourquoi. Pourquoi Akhmed aide-t-il cette enfant au péril de sa vie ? Pourquoi Natasha est-elle repartie ? Pourquoi Khassan n'a-t-il jamais fini son livre sur la Tchétchénie ? Tellement de question qui se rejoignent pour n'en former plus qu'une : Quel est le lien intangible qui lient tous ces hommes et femmes ? Quel est leur avenir ? Au fil des mots, l'histoire se construit et on comprends enfin.





Anthony Marra nous livre là une petite perle de la Rentrée Littéraire 2014 que vous ne devez louper sous aucun prétexte. Poignant et drôle, rempli d'espoir sur l'être humain, on s'attache aux personnages au fil des pages jusqu'au dénouement final qui m'a fait pleurer comme une enfant de par sa beauté.
Lien : http://leslecturesdeollie.bl..
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