Le groupe Magma sur la scène du Théâtre de l'Empire à Paris www.ina.fr
Sur la scène du Théâtre de l'Empire, à Paris, le groupe MAGMA interprète "Hhai" et "On a dit que Magma était mort". Ces deux morceaux sont entrecoupés d'une interview, menée par Antoine de CAUNES, de Christian VANDER, batteur et leader du groupe.
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« Contrairement à l'immense majorité des intellectuels, le riz, pour être cultivé, exige une certaine chaleur. »
A cheval sur deux générations, j'observe avec amusement-et parfois consternation-que la tendance s'est littéralement inversée entre la mienne et celle qui a suivi. Nos pères détestaient le rock-ce qui nous donnait une raison supplémentaire pour l'aimer-tandis que nos fils l'adorent. Pour la première fois depuis longtemps, et je laisse le soin aux spécialistes de dater ça au carbone 14, nous aimons la même musique. Est-ce une bonne nouvelle, ou au contraire le signe que c'est la fin des haricots ?
En ce matin de novembre, alors que la pluie balaie le jardin des Tuileries sous un ciel de plomb, comme pour pleurer les morts récentes de Francis Girod , Philippe Noiret et Robert Altman, je maraude en librairie, rue de Rivoli, fidèle au précepte de Philippe Djian selon lequel lorsqu'on va mal, c'est le libraire qu'il faut préférer au pharmacien.
C'est du reste en causant peine de cœur que je repensais à cette balade figurant sur "Noise" {...} : "Fuck U", au moment où c'est Craig Walker qui tenait le micro. De tous les textes d'Archive, majoritairement guillerets comme une procession de la Toussaint, celui-ci, en particulier, a toujours fait ma joie. On appellera ça une ballade déchirante dans tous les sens du terme, puisque le narrateur, le cœur brisé, explique à la responsable de ses tourments l'estime qu'il lui porte avec une crudité peu commune dans les chansons d'amour - même malheureuses - et le plaisir qu'il prendrait à la déchirer en confettis en lui présentant l'addition.

Une douche glacée contribua à me remettre les idées en place, et un petit quart d'heure plus tard, je confiais mon existence au volant d'un chauffeur de taxi surexcité, d'origine portoricaine et qui compensait sa frustration de n'être pas encore reconnu comme l'un des plus surs espoirs de la salsa en hurlant avec conviction le refrain de Mi chiquita quiere guarachar que diffusait plein pot un poste radio manifestement arraché au tableau de bord d'une voiture de collection, probablement avant la révolution cubaine.
L'intérieur de sa poubelle était constellé de stickers enjoignant impérativement les passagers à ne pas fumer, mais je les ignorai et m'allumai ma première Winston de la journée, considérée à juste titre par les connaisseurs comme la meilleure, surtout dans un taxi non-fumeur.
En découvrant dans le rétroviseur l'activité sacrilège à laquelle j'étais en train de me livrer, Chico Benitez - tel était son nom, ou du moins celui écrit sur la plaque d'identité - se mit à rouler des gros yeux d'inquisiteur sur le point d'excommunier.
- No fumar! No fumar, senor!
Je parle très mal l'espagnol, je le comprends encore moins bien.
Je fis comme si je n'avais rien entendu, et tirai goulument sur mon foin virginien.
- No fumar! Prohibido! No bueno! insista-t-il, en haussant le ton au lieu de baisser la musique.
Je crus saisir l'essentiel de son message. Je lui exprimai alors mon point de vue dans un espagnol qui eut fait dresser les cheveux sur la tête de Picasso lui-même.
- Pas fumar si musica de merda moins brisare las portugaisas, lui expliquai-je en exhalant dans sa direction le contenu délicatement parfumé
de mes poumons.
Cette espèce d'espéranto se révéla pourtant suffisamment clair, et Chico Benitez, l'air pas content du tout, éteignit carrément sa radio. Homme de parole, je fis de même avec ma cigarette, mais sur le plancher de son antiquité, en lui lançant :
- Mucho bono, el silencio, uh?
J'attaque donc l'interview par cette question cruciale, à laquelle la France entiere attend une réponse :
- Alors, tu fais du rock ou de la variété ?
Johnny me fixe quelques instants, Va-t-il me répondre ? Et si oui, quand ? Il se décide :
- Humm... il faut remettre les pendules en place.
J'attends la fin de la phrase. Rien ne vient. Il me fixe. Un loup un peu las, et un peu là. Je l'encourage.
- Tu veux dire à l'heure ?
Il hausse les epaules et fait la moue pour bien montrer qu'il trouve que je chipote et dit :
- Oui, OK, si tu veux : à leur place.

Et l'occasion arrive. Début 1969. Laurent Thibault, bassiste et chef d'orchestre, contacte Christian pour une tournée de casinos, avec, entre autres, Francis Moze à l'orgue et Zabu au chant. Il s'agit de jouer, dans des casinos français, une musique douce qui aide à digérer les multiples bulles de champagne. Comme on peut s'en douter, la tournée vire rapidement au délire. Aucun musicien ne supporte de jouer devant les faces emplâtrées qui s'offrent des rêves pétillants, avec, pour fond sonore et exotique, un ensemble de musiciens polis et réservés.
Pris d'une folie commune, ils se mettent à jouer des morceaux de Pharoah Sanders, et Christian improvise sur les mélodies en hurlant sa rage, ce qui a pour effet de le mettre littéralement en transes. Zabu déclare devant la
galerie de momies qu'ils jouent en mémoire des musiciens tués par l'incompréhension, et insulte l'assistance chamarrée en des termes admirablement bolcheviques. Comme une femme prise de douleurs avant d'accoucher, Christian hurle des imprécations jusqu'à ce qu'un mot le délivre. Ce mot, c'est "Kobaïa", qui lui inspire immédiatement une composition dont les premières moutures sont jouées dans un autre casino. "On ne crée pas
une musique, on la retrouve", dira plus tard Klaus. De "Kobaïa" naît l'idée d'un groupe qu'il décide de monter avec Laurent Thibault, sitôt rentré à Paris. Le premier Magma (inspiré de Nogma) est créé. Vander choisit ce mot pour le sentiment de puissance irrésistible qu'il évoque. En réalité, le nom original, "Uniweria Zekt Magma Composedra Arguezdra", témoigne mieux, dès le départ, du souci d'un langage autre, non usé, et prêt à exprimer dans sa pureté nouvelle des concepts depuis longtemps abîmés (sombrés) dans le langage habituel.
[à propos du Grand Journal] Passer, dans la même émission de Claude Guéant à Metallica avait – sur le papier – quelque chose de réjouissant. Comme essayer de mélanger de l’eau et de l’huile. Si j’avais été plus attentif en classe de physique-chimie, j’aurais compris plus tôt que l’improbable est souvent synonyme d’impossible.
On peut rationaliser tant qu'on veut, souligner la cohérence du projet, la qualité des morceaux, l'excellence de la production, l'atout majeur de "London Calling ", d'autant plus évident avec le recul, c'est que, comme tous les disques phares qui balisent l'océan rock, il résume à lui seul un moment capital de l'histoire. Soit l'Angleterre de Margaret Tatcher, brutale, cynique, injuste, glacialement libérale.
(The Clash)
Richard dit qu'une musique doit faire pleurer , danser, boire,baiser, pu importe ,qu'elle doit déclencher quelque chose.Sinon, elle ne sert à rien, c'est de la merde , et elle se dilue dans le bruit de fond de l'époque , cette espèce de tout-à-l'égout sonore que déversent radios,magasins , restaurants, parkings et ascenseur,pour faire du bruit , pour empêcher le silence.