Citations de Antoine de Saint-Exupéry (3240)
Ce qui est vivant bouscule tout pour vivre et crée, pour vivre, ses propres lois. C’est irrésistible.
La terre était tendue d’appels lumineux, chaque maison allumant son étoile, face à l’immense nuit, ainsi qu’on tourne un phare vers la mer. Tout ce qui couvrait une vie humaine déjà scintillait. Fabien admirait que l’entrée dans la nuit se fît cette fois, comme une entrée en rade, lente et belle.
Il pense au pilote : « Je le sauve de la peur. Ce n’est pas lui que j’attaquais, c’est, à travers lui, cette résistance qui paralyse les hommes devant l’inconnu. Si je l’écoute, si je le plains, si je prends au sérieux son aventure, il croira revenir d’un pays de mystère, et c’est du mystère seul que l’on a peur. Il faut que les hommes soient descendus dans ce puits sombre, et en remontent, et disent qu’ils n’ont rien rencontré. Il faut que cet homme descende au cœur le plus intime de la nuit, dans son épaisseur, et sans même cette petite lampe de mineur, qui n’éclaire que les mains ou l’aile, mais écarte d’une largeur d’épaule l’inconnu.
Il pensa encore pour se rassurer : « Tous ces hommes, je les aime, mais ce n’est pas eux que je combats. C’est ce qui se passe en eux … »
Le disparu, si l'on vénère sa mémoire, est plus précieux et plus puissant que le vivant.
La nuit, et tout ce qu’elle portait de rocs, d’épaves, de collines, coulait aussi contre l’avion avec la même étonnante fatalité.
Fabien pensait à l’aube comme à une plage de sable doré où l’on se serait échoué après cette nuit dure.
Et je compris que je ne supporterais pas l'idée de ne plus jamais entendre ce rire. C'était pour moi comme une fontaine dans le désert.
Leurs yeux [des gazelles] ne s'étaient pas ouverts encore quand on vous les a capturées. Elles ignorent tout de la liberté (...), comme de l'odeur du mâle. Mais vous êtes bien plus intelligents qu'elles. Ce qu'elles cherchent, vous le savez, c'est l'étendue qui les accomplira. Elles veulent devenir gazelles et danser leur danse. À 130 km/h, elles veulent connaître la fuite rectiligne (...). Peu importent les chacals, si la vérité des gazelles est de goûter la peur, qui les contraint seule à se surpasser et tire d'elles les plus hautes voltiges ! Qu'importe le lion si la vérité des gazelles est d'être ouvertes d'un coup de griffe (...) ! Vous les regardez et vous songez : les voilà prises en nostalgie. La nostalgie, c'est le désir d'on ne sait quoi... Il existe, l'objet du désir, mais il n'est point de mots pour le dire. Et à nous, que nous manque-t-il ?
Mes demi-évanouissements m'ont ajouté des siècles: je baigne dans la sérénité des vieillards.
Une administration n'est pas conçue pour résoudre des problèmes neufs.
J'ai vécu ainsi seul, sans personne à qui parler véritablement, jusqu'à une panne dans le désert du Sahara, il y a 6ans.
Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de coté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire.
Rien encore n´avait été dit. Cependant tout était résolu.
Pourquoi nous haïr? Nous sommes solidaires, emportés par la même planète, équipage d’un même navire. Et s’il est bon que des civilisations s’opposent pour favoriser des synthèses nouvelles, il est monstrueux qu’elles s’entre-dévorent. Puisqu’il suffit, pour nous délivrer, de nous aider à prendre conscience d’un but qui nous relie les uns aux autres, autant le chercher là où il nous unit tous. […]
Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre en paix et mourir en paix, car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort.
Les grandes personnes m'ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m'intéresser plutôt à la géographie, à l'histoire, au calcul et à la grammaire.
Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde.
Puis il se dit encore : « Je me croyais riche d’une fleur unique, et je ne possède qu’une rose ordinaire. Ça et mes trois volcans qui m’arrivent au genou, et dont l’un, peut-être, est éteint pour toujours, ça ne fait pas de moi un bien grand prince… » Et, couché dans l’herbe, il pleura.
Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages.
Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit ‘‘Ma fleur est là quelque part…’’ Mais, si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça !