Citations de Antoine de Saint-Exupéry (3271)
"Il s'agit de les rendre éternels". Où avait-il lu cela ? "Ce que vous poursuivez en vous-même meurt". Il revit un temple au dieu du soleil des anciens Incas du Pérou. Ces pierres droites sur la montagne. Que resterait-il, sans elles, d'une civilisation puissante, qui pesait, du poids de ses pierres, sur l'homme d'aujourd'hui, comme un remords ? Au nom de quelle dureté, ou de quel étrange amour, le conducteur des peuples d'autrefois, contraignant ses foules à tirer ce temple sur la montagne, leur imposa-t-il de dresser leur éternité ? Rivière revit comme un songe les foules des petites villes, qui tournent le soir autour de leurs kiosques à musique. "Cette sorte de bonheur, ce harnais, pensa-t-il". Le conducteur de peuples d'autrefois, s'il n'eut peut-être pas pitié de la souffrance de l'homme, eut pitié, immensément, de sa mort. Non de sa mort individuelle, mais pitié de l'espace qu'efface la mer de sable. Et il menait son peuple dresser au moins des pierres que n'ensevelirait pas le désert.
On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible avec les yeux.
- Les épines, à quoi servent-elles ?
Je ne me plains plus des rafales de pluie. La magie du métier m'ouvre un monde où j'affronterai, avant deux heures, les dragons noirs et les crêtes couronnées d'une chevelure d'éclairs bleus, où, la nuit venue, délivré, je lirai mon chemin dans les astres.
Alger, 26 juillet 1944
Chérie j'ai eu bien des aventures en l'air, toutes bien terminées : le feu, la poursuite par les chasseurs, la panne très loin en France, l'évanouissement par rupture du distributeur d'oxygène… Ah ! Petite fille petite fille il faut déjouer bien des pièges pour vous revoir !
Je hais mon époque de toutes mes forces. L'homme y meurt de soif.
"Les enfants seuls savent ce qu'ils cherchent."
J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence.
Ainsi va la vie. Nous nous sommes enrichis d'abord, nous avons planté pendant des années, mais viennent les années où le temps defait ce travail et deboise. Les camarades, un à un, nous retirent leur ombre. Et à nos deuils se mêle désormais le regret secret de vieillir.
Un homme travaillait quelque part pour que la vie soit continue, pour que la volonté soit continue, et ainsi, d'escale en escale, pour que jamais, de Toulouse à Buenos Aires, ne se rompe la chaîne.
"Cet homme-là, ne sait pas sa grandeur."
La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir des hommes: il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines.
Rien n’est aussi menacé que l’espérance.
Qu'ai-je à faire d'un ami qui me juge ? Si j'accueille un ami à ma table, je le prie de s'asseoir, s'il boite, et ne lui demande pas de danser.
Vous êtes une chic petite maman. Je voudrais être un fils comme vous.
Un ciel pur comme de l'eau baignait les étoiles et les révélait .Puis c'était la nuit .
J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence…
Suis-je juste ou injuste ? Je l’ignore. Si je frappe, les pannes diminuent. Le responsable, ce n’est pas l’homme, c’est comme une puissance obscure que l’on ne touche jamais, si l’on ne touche pas tout le monde. Si j’étais très juste, un vol de nuit serait à chaque fois une chance de mort.
Voici un passage du livre pour vous donner un avant goût :
« Ça c’est la caisse, le mouton que tu veux est dedans.
Mais, je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge : c’est tout à fait comme ça que je le voulais.»
Quand nous prendrons conscience de notre rôle, même le plus effacé, alors seulement nous serons heureux. Alors seulement nous pourrons vivre et mourir en paix, car ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort.
On veut confondre de tels hommes avec les toréadors ou les joueurs. On vante leur mépris de la mort. Mais je me moque bien du mépris de la mort. S'il ne tire pas ses racines d'une responsabilité acceptée, il n'est que signe de pauvreté ou d'excès de jeunesse.