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Critiques de Antoinette Peské (27)
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La boîte en os

Voilà un roman aussi beau que troublant. L’intrigue se déroule au 19ème siècle et ne manque pas de romantisme, de mélancolie et de mystère. L’écriture est poétique et raffinée. L’atmosphère surnaturelle rappelle celle des romans gothiques avec ses âmes tourmentées, ses visions hallucinatoires, ses revenants, ses errances en des lieux obscurs dans des cimetières hantés, des bois ensorcelés où s’érige un château ancestral « Morton Castle » flouté par la brume et noirci par les ténèbres. Une tension insondable est omniprésente accentuée par une atmosphère inquiétante dans laquelle la frontière entre réel et fantastique est difficile à cerner. Il y est aussi question d’amour fou, de possession de l’être aimé voire de volonté d’incorporation de l’autre à soi et surtout d’un basculement progressif vers la folie. La boîte en os est ici la métaphore du crâne humain. Dans l’Écosse des Highlands « lieu du rêve et lieu du diable » avec ses montagnes aux sommets laiteux et ses « lacs de plomb fondu ...dont les eaux sont si profondes qu’elles semblent être les ouvertures de l’enfer » Norbert rejoint un ancien ami l’énigmatique John Mac Corjeag après que ce dernier avec qui il entretenait une relation épistolaire, s’est fait interner. Semblant guéri il lui raconte son étrange mésaventure et comment son obsession pour sa bien-aimée lui fit perdre la tête et l’agresser violemment prétextant être mû par une force invisible et maléfique. Un combat mystique entre John et le Créateur se fait jour. Il a connu Margaret très jeune alors qu’ils n’étaient que deux enfants impétueux, intelligents, artistes et amoureux de la nature. Une alchimie amoureuse puissante les liera jusqu’à l’agression qui scellera la rupture. Le hasard les remettra sur le même chemin et ouvrira un second passage vers un funeste destin dans lequel le malheur et la démence vont régner en maître et dont les conséquences tragiques n’épargneront pas la descendance frappée par une sorte de malédiction. Il faut dire que sur ces terres de brouillard entre lande et forêt où flotte une certaine magie les spectres, les secrets et leur impact sur la boîte en os sont légion. Très beau, atypique et déroutant.
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La boîte en os

Avez-vous déjà aimé au point de ne vouloir faire vraiment qu'un avec l'être aimé ? Pas simplement par l'acte d'amour, mais au point que les chairs fusionnent, ne fassent qu'une seule ? Avez-vous déjà été amoureux au point d'être à la fois certes très heureux mais aussi désespéré car ne vous sentant jamais assez près de l'élu.e, vous avez beau serrer, enlacer presque en l'écrasant ce corps vénéré, malgré ces élans, « son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son coeur, un coeur à côté de mon coeur » ?

Avez-vous déjà aimé au point de devenir fou et de ne voir comme ultime solution à ces indépendances de corps et d'âme la mort, la mort du couple pour une union totale dans l'au-delà, libérant les âmes de la prison de la chair ?



Vous est-il déjà arrivé de vous demander ce qu'il y a derrière ce front adoré, quelles sont les pensées réelles qui se trament derrière, notamment la nuit ? Ces pensées sont-elles loin de vous, voire contre vous ? Cette boite en os qu'est le crâne vous séparant de la connaissance ultime de l'autre…au point de vouloir la faire voler en éclat cette boite, dernière rempart à la fusion des âmes ?



Voir au matin

L'aube se poser sur tes cils

Tout en filigrane –

Fait trembloter tes paupières

Un rêve érotique, sans moi



Est-ce aimer de penser ainsi ? Devrais-je le réveiller ou sourire de ma bêtise et admirer tendrement ces tremblements ? Les ignorer ? Lui soulever les paupières afin de voir ce que laissent transparaitre ces yeux, fenêtres de l'âme ? Lui faire un petit trou sur les paupières afin de toujours voir ce que je ne vois pas quand il a les yeux fermés ? Ou lui percer les yeux pour faire cesser cela ? Quand commence la folie, la folie d'amour ?



Sans doute dès le départ, lorsque l'amour se fait passion dévorante… « Tant de flamboiement autour de la naissance d'un amour est mauvais présage » nous dit Antoinette Peské, la chute ne pouvant être que terrible…Jalousie, enfermement, violence sont parfois les fruits futurs d'un amour absolu qui éclot.



Voilà le thème de ce livre « La boite en os » d'Antoinette Peské, court livre qui s'apparente à une nouvelle, écrit en 1931, considéré par Jean Cocteau comme l'une des productions les plus inouïes de ce siècle. Un livre gothique dans lequel les thèmes de la folie, de la mort et de la réincarnation se déploient avec noirceur dans un décor tout trouvé : dans les Highlands, en Écosse, où « ces monts, dont les sommets presque toujours perdus dans la brume font croire qu'ils touchent le ciel, ces lacs de plomb fondu, dont les eaux sont si profondes qu'elles semblent être les ouvertures de l'enfer, font subir tour à tour aux passions humaines des envolées et des descentes incroyables ».

Et c'est bien de ces envolées vertigineuses dont il s'agit ici. L'ambiance est surnaturelle, âmes tourmentées, hallucinations, cimetières brumeux hantés, fantômes, réincarnation, les ingrédients du roman gothique sont réunis et agencés avec élégance.



Si j'ai apprécié cette lecture, je suis restée un peu observatrice, n'arrivant pas à être touchée complètement par l'histoire. Pourtant, les multiples questionnements qu'il permet de développer sont passionnants. Aimer quelqu'un est-ce se l'assimiler, l'approprier à sa propre substance ? Jusqu'à quel point ? Comment ? (Ah ce comment me fait penser à tant de livres et de faits divers, n'en citons qu'en : Lune de fiel de Pascal Bruckner dans lequel la passion et l'appropriation de l'autre se fait davantage par peur de la routine et de l'ennui…). Est-ce être extrême de penser cela alors qu'on est juste épris d'idéaux, de grandeur et d'absolu ?



L'écriture est très belle, certaines descriptions m'ont fait penser à des tableaux de Münch, ceux avec ce soleil à la trace oblongue sur l'eau, si symbolique : « le soleil couchant, ce jour-là, laissait traîner sur l'eau d'autant plus sombre qu'elle languissait au pied d'une montagne un rayon d'une couleur indéfinissable qui, dans ce pays de brumes, semblait tenir de la magie ». D'ailleurs la peinture est présente dans ce roman, et ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait qu'Antoinette Peské était fille de peintre.



Une lecture étonnante, atypique et troublante sur l'amour jusqu'à la folie absolue, une lecture dans laquelle j'aurais aimé pouvoir me plonger plus complètement, moi qui aime tous les ingrédients offerts : le gothique et le fantastique, les turpitudes de l'âme, les gouffres insondables et flous des sentiments. Et celui-ci n'en manque pas ! Merci à @mcd30 à qui je dois cette étrange et belle lecture !







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La boîte en os

« Un livre étrange qui ne ressemble à aucun autre » tel est le commentaire de Jean Cocteau . Ma curiosité attisée, je me suis lancée dans cette lecture

Antoinette Peské, par le biais subtil de la narration nous conte une histoire d'amour fou par delà la mort.

Avec une atmosphère qui rappelle « Les hauts de Hurlevent » et qui pourrait avoir inspiré « L'éternel retour » . La boîte en os se passe dans les Higlands à Goldloch, dans un petit village entre landes, lacs et ciels changeants. Toute la magie de l'Écosse.

Deux adolescents s'étaient liés d'amitié, bien des années plus tard, le narrateur, Norbert, apprenant que son ami est interné ; il va lui rendre visite et tentera de l'aider, sa vie en sera bouleversée pour toujours.

John Mac Corjeac aime sa femme Margaret O'Don d'un amour fou. Cette dernière est fascinée par lui depuis qu'ils étaient camarades de jeux.

John l'aime d'un amour obsessionnel, voudrait connaître ses moindres pensées, ressentir ses émotions, la posséder pour l'éternité. de l'amour fou à la folie, il n'y a qu'un pas.

C'est une histoire singulière écrite d'une très jolie plume, tout à la fois gothique, c'est la fin du dix-neuvième siècle, romantique et pourtant… ! Nous sommes loin de toute morale car cette passion conduit John et Margaret à d'incroyables extrémités où la mort semble abolie.

Une histoire qui fait se demander pourquoi nous l'aimons car peut-être serait-il plus normal d'être horrifié mais ce roman fait ressortir toute la complexité de l'être humain.

Un petit bijou à lire absolument.

Merci aux éditions Libretto

#La boîte en os#NetGalleyFrance

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La boîte en os

Norbert, le narrateur, retrouve par hasard son vieil ami John Mac Corjeac. L’Écossais lui raconte l’étrange récit de son existence. John était un jeune artiste exalté. Son amour pour Margaret O’Don est exclusif et dévorant, voire dangereux pour l’objet de sa passion. « Je souffrais de ce que je ne me sentais jamais assez près de ma femme. J’avais beau la tenir dans mes bras, la serrer sur ma poitrine à l’écraser, son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son cœur, un cœur à côté de mon cœur. Et cela ne laissait pas de m’étonner. Ne pas pouvoir être avec ce qu’on aime ! » (p. 90) Après avoir commis un acte odieux, John perd la raison. Des années plus tard, sorti de l’institution où il était interné, il n’a de cesse de poursuivre l’objet de son amour.



Norbert souhaite tout d’abord sauver son ami. Le jeune Écossais est plein d’aspirations nobles et de considérations sublimes. « Amitié, amour, pour celui qui donne tout et qui entend tout recevoir en échange, la différence n’est pas telle. L’amitié est alors l’amour à l’état de sainteté. » (p. 73) Mais John Mac Corjeac est un personnage inquiétant dont le désir de fusionner avec ce qu’il aime est parfaitement macabre. « Y a-t-il moyen plus sûr de posséder ce qu’on aime que se l’assimiler : l’approprier à sa substance ? » (p. 27) Le mythe platonicien de l’androgyne est décliné de façon lugubre, voire gothique, entre cimetière et sombres bâtisses. Les Highlands se prêtent merveilleusement aux fantasmagories angoissantes qui naissent de la folie de John et des observations de Norbert. « L’Écosse du Nord est, je crois, par excellence le lieu du rêve, de la contemplation intérieure et de l’amour. Est-ce pour cette raison qu’elle est aussi le lieu du diable ? » (p. 21)



Ce roman du 20e siècle rappelle les chefs-d’œuvre gothiques du 19° siècle, comme ceux d’Ann Radcliffe, mais également les romans de Wilkie Collins, pleins de sombres mystères et de fatalité macabre. « J’ai vu le diable là-bas, et il m’a séduit. » (p. 21) Entre horreur et surnaturel, La boîte en os est un roman étonnant et très réussi, parfait pour se frémir dans la pénombre.

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La boîte en os

Situé en Ecosse à la fin du XIXème siècle, La boite en os, entendez par là, la boite crânienne qui accueille notre cerveau et donc aussi notre folie, est un double récit de type très classique pour les récits fantastiques : récit cadre- récit encadré. Il raconte jusqu’où peut mener la folie amoureuse, à prendre au sens strict.

Un narrateur principal retrouve un bon ami perdu de vue depuis longtemps.

John Mac Corjeag s’est marié mais a été enfermé pendant 10 ans dans un institut suite à une crise de folie furieuse. Le second récit pris en charge par John lui-même nous raconte la rencontre avec Margaret O’Don sa future épouse, les premiers mois de bonheur, puis les obsessions de plus en plus violentes de John à propos de la possession de sa chère femme. Car il ne veut pas seulement la posséder charnellement. Il la veut tout entière, connaitre toutes ses pensées, sa vérité.

Voilà nos deux amis en train de concocter un stratagème pour que Margaret, qui aime toujours son époux mais dont la santé est devenue fragile, accepte de le revoir.

Et bien sûr le destin tragique les rattrape.

La fin du récit est confiée à nouveau à Norbert qui revient des années plus tard sur les lieux du drame et les conséquences en seront funestes aussi.

Je n’ai pas été charmée par ce récit. Il a pourtant des ingrédients qui auraient dû me plaire : l’Ecosse pour cadre, la fin du XIXème, l’amour passion, le fantastique et le gothique pour la dernière partie. Pourtant la fin consacrée au retour de Norbert sur les lieux ayant accueilli le drame est plutôt réussie.

J’ai été rebutée par la violence de John, ses excès de langage et l’extrémisme de son amour.

Ecrit en 1931, paru seulement en 1941 de façon assez confidentielle alors qu’encensé par Cocteau, Mac Orlan… ce texte n’a été republié qu’en 1984. Je trouve que son style déjà un peu désuet au moment de sa parution initiale a encore bien vieilli.

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La boîte en os

Il est peu de dire que j’ai été troublée et bouleversée par ce court roman.

Il fait partie de ces rares livres que je n’avais pas envie de lâcher, j’ai lu pendant quelques heures un texte mystérieux, envoutant, perturbant et merveilleux.

Pourtant, il est particulièrement glauque et angoissant, ce qui en général me fait fuir, mais le talent d’Antoinette Peské a fait la différence.

Elle nous propose l’histoire d’un amour fou, dans tous les sens du terme, puisque le narrateur s’immisce dans la « boîte en os » de sa propre épouse pour en décortiquer la moindre pensée, jusqu’à en perdre la raison.

Il tente par tous les moyens de pénétrer dans sa tête afin de créer entre eux une parfaite harmonie de vie et de pensées, sans jamais y parvenir.



« Je souffrais de ce que je ne me sentais jamais assez près de ma femme. J’avais beau la tenir dans mes bras, la serrer sur ma poitrine à l’écraser, son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son cœur, un cœur à côté de mon cœur. Et cela ne laissait pas de m’étonner. Ne pas pouvoir être avec ce qu’on aime ! »



Il est très difficile de résumer ce livre fleurtant avec le surnaturel, je ne prétends d’ailleurs pas y être parvenu.

Cette lecture pourra choquer, mais si vous n’avez pas peur d’être chamboulé et de vivre une étrange expérience littéraire, n’hésitez pas !



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La boîte en os

Avec un titre, une quatrième, et une illustration de couverture pareils, je m'attendais à lire un roman dans la plus pure lignée des romans fantastiques du XIXème siècle comme je les apprécie particulièrement, bien qu'il ait été écrit en 1941.



Et je ne me suis pas trompée : entre la présence d'un récit enchâssé - Norbert, le narrateur, raconte l'histoire qu'un de ses amis, John Mac Corjeag, lui a transmise, histoire dans laquelle il finira lui-même par faire partie - ; d'une histoire d'amour qui touche au surnaturel et qui aura des conséquences dramatiques ; d'une construction narrative et d'un style classiques mais efficaces ; de descriptions fantasmagoriques de lieux comme miroirs de l'âme des personnages, notamment d'Ecosse, où auront lieu les principaux évènements de l'histoire ; ou encore de l'importance donnée à l'épanchement des sentiments et des émotions des protagonistes, tout est réuni pour que je passe un excellent moment de lecture.



Et l'originalité, me direz-vous ? Heureusement, en effet, ce roman n'est pas une simple copie des romans dont il s'inspire, puisqu'il remet au goût du jour quelques règles du genre pour entrer, bien sûr, davantage dans l'ère de son temps. Ainsi, Antoinette Peské fait le choix d'un dénouement tranché, qui ôte à la fin du roman le caractère fantastique qui l'avait imprégné dès les premières lignes : ici, pas d'hésitation quant à l'explication de l'histoire d'amour étrange qui nous racontée, car l'intérêt de cette histoire réside ailleurs. Il réside en fait dans une exploration profonde, parfois malsaine, des tréfonds de l'âme humaine, dans ses relations avec les passions qui l'envahissent, et dans les mutations causées par celles-ci. Élément qui avait aussi son importance au XIXème siècle, mais qui n'allait à mon sens pas aussi loin dans la description minutieuse des évolutions d'un personnage et d'une intrigue quant à son basculement vers l'horreur et la folie - ce qui est somme toute logique, puisqu'entretemps auront eu lieu / auront lieu deux guerres mondiales, paroxysmes de l'horreur et de la folie que l'on n'hésite désormais plus à décrire.



La boîte en os est donc un roman que j'ai trouvé réussi, en ce qu'il parvient à rendre hommage au genre fantastique tout en le renouvelant avec beaucoup de maîtrise, sans pour autant le dénaturer. Je remercie les éditions Libretto et NetGalley de m'avoir permis de le découvrir.
Lien : http://lartetletreblog.com/2..
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La boîte en os

🖤 « Margaret O’Don (...) avait ceci de commun avec moi qu’elle sentait tout fortement et que rien ne lui était indifférent. Elle était d’avis, comme moi, que ce qu’on détestait, il fallait non pas l’éloigner de soi par le geste ou la pensée, mais le supprimer radicalement, et ce qu’on aimait, afin d’être sûr de n’en pas être séparé, mieux valait le dévorer plutôt qu’essayer de l’étreindre dans ses bras ou dans sa main. »

(P.30)



🖤 L’action de cette étrange histoire se déroule en Ecosse, dans un petit village où se mêlent événements surnaturels et mystères, où règne une atmosphère fantomatique, parfois terrifiante, dans un château tout aussi gothique que romantique. L’histoire est contée par John Mac Corjeag à son vieil ami Norbert, qu’il avait connu des années auparavant ; les deux amis s’étaient perdus de vue après qu’on a diagnostiqué à John un état de folie incurable et irréversible et qu’il fut interné...



🖤 Cette histoire, c’est celle d’un amour dévorant, d’une passion si ardente qu’elle en devient dévastatrice, née d’un regard entre John et sa bien-aimée Margaret lorsqu’ils étaient enfants. Oui, le regard et tout ce qu’il laisse transparaître de l’âme joue un rôle primordial dans l’engrenage qui causera la perte de John. Les yeux de sa jeune dulcinée, si verts et profonds, il voudrait y plonger, s’y noyer, si ce ne fût un leurre créé par Dieu : pour ne pas succomber à la tentation qu’ils représentent, John tâchera l’émeraude de ce visage dans le bleu de l’encre... Si tel événement dût éloigner les deux jeunes gens à tout jamais, le destin en fit autrement : des années plus tard, Margaret, qui avait quitté le village, y revient à quelques jours de son mariage et, comme il en fut lors de leur jeunesse, les regards des deux amants s’aimantent à nouveau, plus fort encore que la première fois, et les corps s’emmêlent, s’emboîtent, ne font plus qu’un.



🖤 Naquît alors une fascination sans borne de John envers celle qui devînt sa femme. Il ne s’agissait plus seulement du regard, mais du le visage tout entier, cette « boîte à os » engendrée par la volonté du Tout-Puissant et dont John ne saurait jamais s’emparer. Possession, obsession, comment faire sien ce visage, comment le détenir pleinement, comment saisir le fond de ces yeux, l’âme qui s’en échappe, le corps qui les retient ? Détruire dit-il...



🖤 L’amour jusqu’à la folie la plus absolue, jusqu’aux torpeurs de l’âme, jusqu’au gouffre du remords et de l’espoir. Voilà un roman unique en son genre, dont il est impossible de se séparer une fois qu’on en a commencé la lecture. Cocteau a dit à son propos qu’il était l’une des productions les plus inouïes de ce siècle.
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La boîte en os

« Un livre qui ne ressemble à aucun autre », disait Cocteau de ce roman, écrit en 1931, publié seulement en 1941 et qui dut attendre 10 ans de plus pour obtenir un léger succès.



Que dire de plus que Cocteau ? Rien sur l'intrigue, qui mérite d'être découverte au fil des pages. Un peu plus sur les thèmes : amour, folie, passage de la vie à la mort, impossible communion des âmes, existence de Dieu...

Quel programme !



Sur le ton, le style, l'ambiance, il y aurait encore plus à dire. Romantique, gothique, élégant, ce texte sonne très XIXe... mais libre et direct sur le sujet de l'amour physique, il paraît bien en avance pour les années 1930. Il ne pouvait en être autrement puisque l'objectif de l'autrice était d'explorer la folie d'un homme frustré de ne pouvoir fusionner pleinement avec la femme qu'il aime, butant sur la limite infranchissable qui sépare deux êtres, même lorsqu'ils se touchent de la manière la plus intime. Cette limite, c'est celle de leurs corps, irrémédiablement distincts, et plus encore de leurs esprits, formant des pensées inaccessibles à l'autre. Cette séparation, impossible à effacer, conduit peu à peu à la folie le personnage central. Fils d'un vicaire de l'église anglicane nourri des textes sacrés, il ne peut avoir oublié cette phrase de l'Évangile de Matthieu : «L'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme. Et les deux deviendront une seule chair».

Mensonge ! conclut-il. À moins que...
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La boîte en os

Dès les premières pages, ce qui frappe tout d'abord, c'est l'admirable écriture de ce petit roman. Une écriture presque précieuse mais qui excelle à donner à l'histoire un ton gothique et romantique qui offre une intemporalité pleine de mystères.

Cette histoire d'amour (ou plutôt ces histoires d'amour) est aussi une histoire de folie vertigineuse. L'atmosphère lugubre et l'étrangeté permanente des décors forment un écrin à la fatale psychose d'un homme qui se débat dans la toile de sa propre démence.

Et puis le lecteur perd pied. La réalité n'est plus une certitude et les hallucinations dont souffre John communique au lecteur une folie contagieuse. Car ce n'est pas une histoire d'amour mais plusieurs qui se superposent tout en jetant des passerelles entre elles. Et puis avons-nous à faire à de la nécrophilie ou à une imagination perverse ?

Le roman s'enfonce vite dans une noirceur totale tout en gardant une dimension poétique indéniable. Et si l'amour ne pouvait vraiment se développer qu'après la mort?

Ce livre est tout simplement une merveille.
Lien : http://lefantasio.fr
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La boîte en os

Un roman commencé en sortant de ma librairie et lu quasiment d’une traite !

C’est un coup de cœur absolu !

Publié en 1941 après avoir circulé dans les milieux littéraire, il est l’œuvre d’Antoinette Peské, une autrice repérée par Guillaume Apollinaire et admirée par Jean Cocteau !

J’ai lu ses 209 pages comme dans une course folle portée par une écriture phénoménale et étourdissante, oubliant tout ce qui m’entourait …

Impossible à résumer de peur d’en dévoiler de trop, je peux juste vous dire qu’il parle d’un amour de jeunesse qui devint incroyablement fou et d’une sincère amitié comme il en existe peu ..

Un texte gothique, romantique, mystérieux, noir, étrange, angoissant, où presque chaque phrase pourrait être mise en exergue pour poser des questions philosophiques et existentielles.



Si comme moi, vous aimez que l’on vous raconte brillamment des histoires qui vous transportent en invoquant chez vous tous les sentiments possibles, alors ce livre est fait pour vous !
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La boîte en os

Professeur dans un collège d’Edimbourg où il enseigne le français, le narrateur de ce court roman, Norbert, rencontre John Mac Corjeag, un élève troublant et passionné, avec qui il se lie d’amitié. Ils passent tous deux de longues heures à philosopher en se promenant dans le village natal de John, dans le nord de l’Ecosse, au milieu des landes, des lacs et des brumes d’un ciel troublé.

Des années plus tard, lorsque Norbert apprend par hasard que John a été interné, il retourne le voir et apprend de sa bouche l’histoire macabre, bizarre et folle qui l’a conduit à l’asile. Celle d’un être tellement épris de passion pour une femme, obsédé par le mystère de la fusion amoureuse, qu’il glissera vers une démence inqualifiable. Une histoire horrifiante et hallucinatoire, à la lisière du fantastique, qui, sous la plume déroutante d’Antoinette Peské, subjugue pourtant par ce qu’elle révèle de troublante vérité sur la passion amoureuse et la noirceur de l’âme humaine. Un « livre qui ne ressemble à aucun autre », selon Jean Cocteau, petit bijou gothique qui se dévore entre surprise et effroi.
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La boîte en os

Trois petites heures de lecture pour lire ce roman qi va me hanter quelques temps... La folie de la possession, la vie et la mort mêlée. Une histoire qui pourrait m'empêcher de dormir ce soir...
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La boîte en os

La folie est l’essence même de ce roman, elle vit avec les personnages et meurt avec eux. Tout au long du roman, John Mac Corjeag n’a qu’un seul but : posséder complètement son aimée ce qui revient pour lui à se confronter avec Dieu lui-même afin d’accéder à ce qui à son sens ne peut-être qu’en possession de ce dernier : l’âme de Margaret. On suit donc John plonger dans la démence et on finit par comprendre ses actes et à leurs trouver une authenticité.





Le roman est très bien construit alternant les voix de différents narrateurs : John Mac Corjeag et son ami : Norbert. Malgré l’atmosphère malsaine du roman, l’écriture agréablement désuète et élégante d’Antoinette Peské nous rapporte les faits sans nous écœurer ou nous dégouter et le thème de l'amour contre la mort y est très bien traité.





En somme une écriture et un style qui m’a charmée pour une histoire originale et tellement puissante malgré les deux cents pages vite lues que comporte ce roman. C’est une œuvre marquante et je regrette que l’auteur n’ait écrit que deux romans. Un gros coup de cœur pour ce premier billet et un livre que je recommande fortement.
Lien : http://mivava.over-blog.com/..
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Ici le chemin se perd

Il faut retrouver le fil de ce chemin perdu et rééditer illico ce chef d'œuvre de taïga et neige.
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La boîte en os

Peut-on aimer jusqu’à la folie? Est ce qu’on peut aimer au point de tout partager jusqu’à ouvrir son âme à l’autre, qu’il prenne possession de nos pensées, que l’on ne soit plus qu’un, connaitre tous les recoins de son corps, de son esprit.



Pourquoi le Seigneur qui exige que nous nous aimions les uns les autres, n’enlève pas cette barrière qui isole chaque homme, chaque femme, chaque enfant, chaque être qui nait? La vie est-elle un simulacre? C’est la mort qui empêche deux êtres qui s’aiment d’avoir pleine conscience d’eux-mêmes alors qu’elle leur prête la connaissance. Cette « boite en os » c’est le crâne humain qui garde obstinément ses secrets.



Un roman sombre, une histoire d’amour qui mène à la folie. Est-il possible de connaitre pleinement ceux qu’on aime, au point de ne faire qu’un? C’est ce qui torture notre amoureux dans ce magnifique livre, au point de le tourmenter et de le conduire à la folie. Dans une atmosphère de château ancestral, de cimetière hanté, des lieux obscurs noircis par la brume, il est difficile de discerner le réel du fantastique.



Comment se fait-il qu’un si beau roman soit si méconnu? Le talent de Antoinette Peské ayant pourtant été déceler par Guillaume Apollinaire dès ses 8 ans. Son manuscrit ayant circulé parmi les milieux littéraires et artistiques parisiens, il faudra attendre 1941 pour que celui-ci soit publié.



Un magnifique roman gothique. Un récit poétique sur l’amour, l’amour tragique, malheureux qui tourmente et n’épargne personne.
Lien : https://eemmabooks.wordpress..
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La boîte en os

Les Highlands au XIXe siècle. L’histoire d’une obsession pour la beauté et la possession qui glisse peu à peu John, l’ami du narrateur, dans la folie. Nous lisons cette histoire impuissants face au drame qui ne peut qu’atteindre la pauvre Margaret.



Le roman commence quand Norbert, le narrateur, rencontre un ancien ami de jeunesse, John Mac Corjeang. À partir de là, le roman prend la forme d’un récit enchâssé et nous découvrons en même temps que Norbert l’histoire funeste de son vieil ami.



L’atmosphère est très bien rendue, j’avais vraiment l’impression d’être à Morton Castle, dans la brume ou au bord du lac avec les personnages. La boîte en os du titre fait référence au crâne et Antoinette Peské signe un roman gothique qui sonde à merveille l’âme humaine et son besoin d’absolu, de complétude que les personnages cherchent à travers l’autre, l’art ou Dieu.



Je dois dire que je pensais que l’autrice allait nous amener plus loin dans la folie de possession de John, si bien que j’attendais un glissement qui n’est finalement pas venu. Le roman se termine par une seconde partie qui joue avec le fantastique et qui m’a assez désarçonnée



La Boîte en os est un roman assez éloigné de mes lectures habituelles qui devrait plaire aux amateurs de lectures gothiques, notamment en cette saison automnale. Pour les curieux qui voudraient lire les premières pages, ça se passe ici !




Lien : https://monrockingchair.word..
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La boîte en os

Norbert, le narrateur, retrouve par hasard l'un de ses vieux camarades, John Mac Corjeag, qui une dizaine d'années auparavant, fut interné à la suite d'une crise de démence. A sa demande, John lui raconte dans quelles circonstances il en est venu à perdre la raison...



"La boîte en os" est l'histoire de la quête de l'amour absolu par un homme qui ne peut accepter que le corps et l'esprit soient des obstacles à l'osmose de deux êtres qui s'aiment. Un homme pour qui "ne faire qu'un" avec l'élue de son cœur ne doit pas se borner à une simple expression... de quoi, effectivement, devenir fou, surtout lorsque vous luttez contre Dieu lui-même, cet être maléfique qui détient l'inacceptable pouvoir de vous priver, à tout moment, de votre aimée.



D'une écriture élégante et dénuée de toute superfluité, Antoinette Peské flirte avec le fantastique et nous plonge dans une atmosphère lugubre avec un talent qui n'est pas sans évoquer certaines nouvelles de Poe.



Un récit troublant et vertigineux, dont la dernière phrase mériterait à elle toute seule qu'on le lise jusqu'à la fin, si l'ensemble de ce roman n'était pas déjà plus que prenant!
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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La boîte en os

Ecrit en 1941 par une poétesse admirée d'Apollinaire, La Boîte en os laissa Cocteau pantois, tout comme Félix Fénéon.

Le lâcher de noms étant accompli, entrons plus avant dans la ténèbre de ce court roman gothique aux narrations multiples étalées sur plusieurs générations, imbriquées en un vertige romantique maniant lacs écossais, malédiction, fantômes, autopsie et mélancolie avec la fausse légèreté des surdoués.

Alors qu'il est tout aspiré à la contemplation des chaussures des clients d'un restaurant de Londres, au début des années 1890, le narrateur se remémore subitement son ami disparu, au destin tragique. Un destin que nous remonterons sinueusement de narrateur en narrateur jusqu'à la malédiction finale, qu'il convient de ne pas dévoiler, même si tout, dès le départ, menace, étreint.

Nourri d'une obsession pour les yeux, les eaux noires et poisseuses, ces abîmes diverses qui entraînent par le fond nos malheureux protagonistes promis à des tourments sans fin par leur sensibilité accrue, ce petit livre étrange aborde l'amour fou par la porte du cimetière, la scie du légiste qui pose le cerveau d'une bien-aimée dans les mains de son éploré, le mystère de la régénération, de la maternité tourmentée et du rapport meurtri à Dieu. Il angoisse et cajole pour nous quitter avec cette lancinante question plus tellement à la mode, ces temps-ci : que se passe-t-il donc, à la fin, dans cette foutue boîte en os ?

Une curiosa pour se détendre de la bêtise matérialiste ambiante en compagnie des ombres.
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La boîte en os

La folie est-elle contagieuse ? L’amour idéal est-il la fusion entre deux personnes ? Si oui, jusqu’où pousser cette fusion ? À partir de ces deux thèmes, la poétesse Antoinette Peské a écrit en 1941 un très court roman gothique (ou une novella de taille normale suivant la nomenclature actuelle). Disponible depuis peu en version numérique, il m’a accompagné dans une nuit d’insomnie.

Tout commence lorsqu’un Français de passage à Londres tombe sur un vieil ami à lui qu’il a croisé étudiant en Écosse. L’homme vient tout juste de sortir de l’asile et se met à lui raconter comment il y est arrivé.

En changeant sans cesse d’époque et de narrateur, Antoinette Peske signe avec La Boîte en os un roman qui mêle habilement le roman sociétal à la française et les romans gothiques que les écrivains anglo-saxons du 18e et du 19e siècle affectionnaient tant, la sensualité en plus. La lisière entre le fantastique et la réalité est toujours tenue. Suivant la sensibilité du lecteur, l’histoire prendra une tournure surnaturelle assez proche de certaines histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe ou sera le récit d’un malheureux concours de circonstances où la folie de l’artiste écossais contamine tout son entourage jusqu’à son ami français, devenu vieillard. En ayant eu l’explication du titre en lisant le résumé, je m’attendais à une fin assez prévisible et plutôt gore. J’ai été très agréablement surprise de voir que l’histoire était plus développée, et j’ai apprécié ce récit très macabrement poétique.
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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