Voilà un roman aussi beau que troublant. L’intrigue se déroule au 19ème siècle et ne manque pas de romantisme, de mélancolie et de mystère. L’écriture est poétique et raffinée. L’atmosphère surnaturelle rappelle celle des romans gothiques avec ses âmes tourmentées, ses visions hallucinatoires, ses revenants, ses errances en des lieux obscurs dans des cimetières hantés, des bois ensorcelés où s’érige un château ancestral « Morton Castle » flouté par la brume et noirci par les ténèbres. Une tension insondable est omniprésente accentuée par une atmosphère inquiétante dans laquelle la frontière entre réel et fantastique est difficile à cerner. Il y est aussi question d’amour fou, de possession de l’être aimé voire de volonté d’incorporation de l’autre à soi et surtout d’un basculement progressif vers la folie. La boîte en os est ici la métaphore du crâne humain. Dans l’Écosse des Highlands « lieu du rêve et lieu du diable » avec ses montagnes aux sommets laiteux et ses « lacs de plomb fondu ...dont les eaux sont si profondes qu’elles semblent être les ouvertures de l’enfer » Norbert rejoint un ancien ami l’énigmatique John Mac Corjeag après que ce dernier avec qui il entretenait une relation épistolaire, s’est fait interner. Semblant guéri il lui raconte son étrange mésaventure et comment son obsession pour sa bien-aimée lui fit perdre la tête et l’agresser violemment prétextant être mû par une force invisible et maléfique. Un combat mystique entre John et le Créateur se fait jour. Il a connu Margaret très jeune alors qu’ils n’étaient que deux enfants impétueux, intelligents, artistes et amoureux de la nature. Une alchimie amoureuse puissante les liera jusqu’à l’agression qui scellera la rupture. Le hasard les remettra sur le même chemin et ouvrira un second passage vers un funeste destin dans lequel le malheur et la démence vont régner en maître et dont les conséquences tragiques n’épargneront pas la descendance frappée par une sorte de malédiction. Il faut dire que sur ces terres de brouillard entre lande et forêt où flotte une certaine magie les spectres, les secrets et leur impact sur la boîte en os sont légion. Très beau, atypique et déroutant.
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Avez-vous déjà aimé au point de ne vouloir faire vraiment qu'un avec l'être aimé ? Pas simplement par l'acte d'amour, mais au point que les chairs fusionnent, ne fassent qu'une seule ? Avez-vous déjà été amoureux au point d'être à la fois certes très heureux mais aussi désespéré car ne vous sentant jamais assez près de l'élu.e, vous avez beau serrer, enlacer presque en l'écrasant ce corps vénéré, malgré ces élans, « son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son coeur, un coeur à côté de mon coeur » ?
Avez-vous déjà aimé au point de devenir fou et de ne voir comme ultime solution à ces indépendances de corps et d'âme la mort, la mort du couple pour une union totale dans l'au-delà, libérant les âmes de la prison de la chair ?
Vous est-il déjà arrivé de vous demander ce qu'il y a derrière ce front adoré, quelles sont les pensées réelles qui se trament derrière, notamment la nuit ? Ces pensées sont-elles loin de vous, voire contre vous ? Cette boite en os qu'est le crâne vous séparant de la connaissance ultime de l'autre…au point de vouloir la faire voler en éclat cette boite, dernière rempart à la fusion des âmes ?
Voir au matin
L'aube se poser sur tes cils
Tout en filigrane –
Fait trembloter tes paupières
Un rêve érotique, sans moi
Est-ce aimer de penser ainsi ? Devrais-je le réveiller ou sourire de ma bêtise et admirer tendrement ces tremblements ? Les ignorer ? Lui soulever les paupières afin de voir ce que laissent transparaitre ces yeux, fenêtres de l'âme ? Lui faire un petit trou sur les paupières afin de toujours voir ce que je ne vois pas quand il a les yeux fermés ? Ou lui percer les yeux pour faire cesser cela ? Quand commence la folie, la folie d'amour ?
Sans doute dès le départ, lorsque l'amour se fait passion dévorante… « Tant de flamboiement autour de la naissance d'un amour est mauvais présage » nous dit Antoinette Peské, la chute ne pouvant être que terrible…Jalousie, enfermement, violence sont parfois les fruits futurs d'un amour absolu qui éclot.
Voilà le thème de ce livre « La boite en os » d'Antoinette Peské, court livre qui s'apparente à une nouvelle, écrit en 1931, considéré par Jean Cocteau comme l'une des productions les plus inouïes de ce siècle. Un livre gothique dans lequel les thèmes de la folie, de la mort et de la réincarnation se déploient avec noirceur dans un décor tout trouvé : dans les Highlands, en Écosse, où « ces monts, dont les sommets presque toujours perdus dans la brume font croire qu'ils touchent le ciel, ces lacs de plomb fondu, dont les eaux sont si profondes qu'elles semblent être les ouvertures de l'enfer, font subir tour à tour aux passions humaines des envolées et des descentes incroyables ».
Et c'est bien de ces envolées vertigineuses dont il s'agit ici. L'ambiance est surnaturelle, âmes tourmentées, hallucinations, cimetières brumeux hantés, fantômes, réincarnation, les ingrédients du roman gothique sont réunis et agencés avec élégance.
Si j'ai apprécié cette lecture, je suis restée un peu observatrice, n'arrivant pas à être touchée complètement par l'histoire. Pourtant, les multiples questionnements qu'il permet de développer sont passionnants. Aimer quelqu'un est-ce se l'assimiler, l'approprier à sa propre substance ? Jusqu'à quel point ? Comment ? (Ah ce comment me fait penser à tant de livres et de faits divers, n'en citons qu'en : Lune de fiel de Pascal Bruckner dans lequel la passion et l'appropriation de l'autre se fait davantage par peur de la routine et de l'ennui…). Est-ce être extrême de penser cela alors qu'on est juste épris d'idéaux, de grandeur et d'absolu ?
L'écriture est très belle, certaines descriptions m'ont fait penser à des tableaux de Münch, ceux avec ce soleil à la trace oblongue sur l'eau, si symbolique : « le soleil couchant, ce jour-là, laissait traîner sur l'eau d'autant plus sombre qu'elle languissait au pied d'une montagne un rayon d'une couleur indéfinissable qui, dans ce pays de brumes, semblait tenir de la magie ». D'ailleurs la peinture est présente dans ce roman, et ce n'est pas étonnant lorsque l'on sait qu'Antoinette Peské était fille de peintre.
Une lecture étonnante, atypique et troublante sur l'amour jusqu'à la folie absolue, une lecture dans laquelle j'aurais aimé pouvoir me plonger plus complètement, moi qui aime tous les ingrédients offerts : le gothique et le fantastique, les turpitudes de l'âme, les gouffres insondables et flous des sentiments. Et celui-ci n'en manque pas ! Merci à @mcd30 à qui je dois cette étrange et belle lecture !
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« Un livre étrange qui ne ressemble à aucun autre » tel est le commentaire de Jean Cocteau . Ma curiosité attisée, je me suis lancée dans cette lecture
Antoinette Peské, par le biais subtil de la narration nous conte une histoire d'amour fou par delà la mort.
Avec une atmosphère qui rappelle « Les hauts de Hurlevent » et qui pourrait avoir inspiré « L'éternel retour » . La boîte en os se passe dans les Higlands à Goldloch, dans un petit village entre landes, lacs et ciels changeants. Toute la magie de l'Écosse.
Deux adolescents s'étaient liés d'amitié, bien des années plus tard, le narrateur, Norbert, apprenant que son ami est interné ; il va lui rendre visite et tentera de l'aider, sa vie en sera bouleversée pour toujours.
John Mac Corjeac aime sa femme Margaret O'Don d'un amour fou. Cette dernière est fascinée par lui depuis qu'ils étaient camarades de jeux.
John l'aime d'un amour obsessionnel, voudrait connaître ses moindres pensées, ressentir ses émotions, la posséder pour l'éternité. de l'amour fou à la folie, il n'y a qu'un pas.
C'est une histoire singulière écrite d'une très jolie plume, tout à la fois gothique, c'est la fin du dix-neuvième siècle, romantique et pourtant… ! Nous sommes loin de toute morale car cette passion conduit John et Margaret à d'incroyables extrémités où la mort semble abolie.
Une histoire qui fait se demander pourquoi nous l'aimons car peut-être serait-il plus normal d'être horrifié mais ce roman fait ressortir toute la complexité de l'être humain.
Un petit bijou à lire absolument.
Merci aux éditions Libretto
#La boîte en os#NetGalleyFrance
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Norbert, le narrateur, retrouve par hasard son vieil ami John Mac Corjeac. L’Écossais lui raconte l’étrange récit de son existence. John était un jeune artiste exalté. Son amour pour Margaret O’Don est exclusif et dévorant, voire dangereux pour l’objet de sa passion. « Je souffrais de ce que je ne me sentais jamais assez près de ma femme. J’avais beau la tenir dans mes bras, la serrer sur ma poitrine à l’écraser, son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son cœur, un cœur à côté de mon cœur. Et cela ne laissait pas de m’étonner. Ne pas pouvoir être avec ce qu’on aime ! » (p. 90) Après avoir commis un acte odieux, John perd la raison. Des années plus tard, sorti de l’institution où il était interné, il n’a de cesse de poursuivre l’objet de son amour.
Norbert souhaite tout d’abord sauver son ami. Le jeune Écossais est plein d’aspirations nobles et de considérations sublimes. « Amitié, amour, pour celui qui donne tout et qui entend tout recevoir en échange, la différence n’est pas telle. L’amitié est alors l’amour à l’état de sainteté. » (p. 73) Mais John Mac Corjeac est un personnage inquiétant dont le désir de fusionner avec ce qu’il aime est parfaitement macabre. « Y a-t-il moyen plus sûr de posséder ce qu’on aime que se l’assimiler : l’approprier à sa substance ? » (p. 27) Le mythe platonicien de l’androgyne est décliné de façon lugubre, voire gothique, entre cimetière et sombres bâtisses. Les Highlands se prêtent merveilleusement aux fantasmagories angoissantes qui naissent de la folie de John et des observations de Norbert. « L’Écosse du Nord est, je crois, par excellence le lieu du rêve, de la contemplation intérieure et de l’amour. Est-ce pour cette raison qu’elle est aussi le lieu du diable ? » (p. 21)
Ce roman du 20e siècle rappelle les chefs-d’œuvre gothiques du 19° siècle, comme ceux d’Ann Radcliffe, mais également les romans de Wilkie Collins, pleins de sombres mystères et de fatalité macabre. « J’ai vu le diable là-bas, et il m’a séduit. » (p. 21) Entre horreur et surnaturel, La boîte en os est un roman étonnant et très réussi, parfait pour se frémir dans la pénombre.
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Situé en Ecosse à la fin du XIXème siècle, La boite en os, entendez par là, la boite crânienne qui accueille notre cerveau et donc aussi notre folie, est un double récit de type très classique pour les récits fantastiques : récit cadre- récit encadré. Il raconte jusqu’où peut mener la folie amoureuse, à prendre au sens strict.
Un narrateur principal retrouve un bon ami perdu de vue depuis longtemps.
John Mac Corjeag s’est marié mais a été enfermé pendant 10 ans dans un institut suite à une crise de folie furieuse. Le second récit pris en charge par John lui-même nous raconte la rencontre avec Margaret O’Don sa future épouse, les premiers mois de bonheur, puis les obsessions de plus en plus violentes de John à propos de la possession de sa chère femme. Car il ne veut pas seulement la posséder charnellement. Il la veut tout entière, connaitre toutes ses pensées, sa vérité.
Voilà nos deux amis en train de concocter un stratagème pour que Margaret, qui aime toujours son époux mais dont la santé est devenue fragile, accepte de le revoir.
Et bien sûr le destin tragique les rattrape.
La fin du récit est confiée à nouveau à Norbert qui revient des années plus tard sur les lieux du drame et les conséquences en seront funestes aussi.
Je n’ai pas été charmée par ce récit. Il a pourtant des ingrédients qui auraient dû me plaire : l’Ecosse pour cadre, la fin du XIXème, l’amour passion, le fantastique et le gothique pour la dernière partie. Pourtant la fin consacrée au retour de Norbert sur les lieux ayant accueilli le drame est plutôt réussie.
J’ai été rebutée par la violence de John, ses excès de langage et l’extrémisme de son amour.
Ecrit en 1931, paru seulement en 1941 de façon assez confidentielle alors qu’encensé par Cocteau, Mac Orlan… ce texte n’a été republié qu’en 1984. Je trouve que son style déjà un peu désuet au moment de sa parution initiale a encore bien vieilli.
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Il est peu de dire que j’ai été troublée et bouleversée par ce court roman.
Il fait partie de ces rares livres que je n’avais pas envie de lâcher, j’ai lu pendant quelques heures un texte mystérieux, envoutant, perturbant et merveilleux.
Pourtant, il est particulièrement glauque et angoissant, ce qui en général me fait fuir, mais le talent d’Antoinette Peské a fait la différence.
Elle nous propose l’histoire d’un amour fou, dans tous les sens du terme, puisque le narrateur s’immisce dans la « boîte en os » de sa propre épouse pour en décortiquer la moindre pensée, jusqu’à en perdre la raison.
Il tente par tous les moyens de pénétrer dans sa tête afin de créer entre eux une parfaite harmonie de vie et de pensées, sans jamais y parvenir.
« Je souffrais de ce que je ne me sentais jamais assez près de ma femme. J’avais beau la tenir dans mes bras, la serrer sur ma poitrine à l’écraser, son corps était toujours un corps à côté de mon corps, son cerveau, un cerveau à côté de mon cerveau, son cœur, un cœur à côté de mon cœur. Et cela ne laissait pas de m’étonner. Ne pas pouvoir être avec ce qu’on aime ! »
Il est très difficile de résumer ce livre fleurtant avec le surnaturel, je ne prétends d’ailleurs pas y être parvenu.
Cette lecture pourra choquer, mais si vous n’avez pas peur d’être chamboulé et de vivre une étrange expérience littéraire, n’hésitez pas !
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🖤 « Margaret O’Don (...) avait ceci de commun avec moi qu’elle sentait tout fortement et que rien ne lui était indifférent. Elle était d’avis, comme moi, que ce qu’on détestait, il fallait non pas l’éloigner de soi par le geste ou la pensée, mais le supprimer radicalement, et ce qu’on aimait, afin d’être sûr de n’en pas être séparé, mieux valait le dévorer plutôt qu’essayer de l’étreindre dans ses bras ou dans sa main. »
(P.30)
🖤 L’action de cette étrange histoire se déroule en Ecosse, dans un petit village où se mêlent événements surnaturels et mystères, où règne une atmosphère fantomatique, parfois terrifiante, dans un château tout aussi gothique que romantique. L’histoire est contée par John Mac Corjeag à son vieil ami Norbert, qu’il avait connu des années auparavant ; les deux amis s’étaient perdus de vue après qu’on a diagnostiqué à John un état de folie incurable et irréversible et qu’il fut interné...
🖤 Cette histoire, c’est celle d’un amour dévorant, d’une passion si ardente qu’elle en devient dévastatrice, née d’un regard entre John et sa bien-aimée Margaret lorsqu’ils étaient enfants. Oui, le regard et tout ce qu’il laisse transparaître de l’âme joue un rôle primordial dans l’engrenage qui causera la perte de John. Les yeux de sa jeune dulcinée, si verts et profonds, il voudrait y plonger, s’y noyer, si ce ne fût un leurre créé par Dieu : pour ne pas succomber à la tentation qu’ils représentent, John tâchera l’émeraude de ce visage dans le bleu de l’encre... Si tel événement dût éloigner les deux jeunes gens à tout jamais, le destin en fit autrement : des années plus tard, Margaret, qui avait quitté le village, y revient à quelques jours de son mariage et, comme il en fut lors de leur jeunesse, les regards des deux amants s’aimantent à nouveau, plus fort encore que la première fois, et les corps s’emmêlent, s’emboîtent, ne font plus qu’un.
🖤 Naquît alors une fascination sans borne de John envers celle qui devînt sa femme. Il ne s’agissait plus seulement du regard, mais du le visage tout entier, cette « boîte à os » engendrée par la volonté du Tout-Puissant et dont John ne saurait jamais s’emparer. Possession, obsession, comment faire sien ce visage, comment le détenir pleinement, comment saisir le fond de ces yeux, l’âme qui s’en échappe, le corps qui les retient ? Détruire dit-il...
🖤 L’amour jusqu’à la folie la plus absolue, jusqu’aux torpeurs de l’âme, jusqu’au gouffre du remords et de l’espoir. Voilà un roman unique en son genre, dont il est impossible de se séparer une fois qu’on en a commencé la lecture. Cocteau a dit à son propos qu’il était l’une des productions les plus inouïes de ce siècle.
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« Un livre qui ne ressemble à aucun autre », disait Cocteau de ce roman, écrit en 1931, publié seulement en 1941 et qui dut attendre 10 ans de plus pour obtenir un léger succès.
Que dire de plus que Cocteau ? Rien sur l'intrigue, qui mérite d'être découverte au fil des pages. Un peu plus sur les thèmes : amour, folie, passage de la vie à la mort, impossible communion des âmes, existence de Dieu...
Quel programme !
Sur le ton, le style, l'ambiance, il y aurait encore plus à dire. Romantique, gothique, élégant, ce texte sonne très XIXe... mais libre et direct sur le sujet de l'amour physique, il paraît bien en avance pour les années 1930. Il ne pouvait en être autrement puisque l'objectif de l'autrice était d'explorer la folie d'un homme frustré de ne pouvoir fusionner pleinement avec la femme qu'il aime, butant sur la limite infranchissable qui sépare deux êtres, même lorsqu'ils se touchent de la manière la plus intime. Cette limite, c'est celle de leurs corps, irrémédiablement distincts, et plus encore de leurs esprits, formant des pensées inaccessibles à l'autre. Cette séparation, impossible à effacer, conduit peu à peu à la folie le personnage central. Fils d'un vicaire de l'église anglicane nourri des textes sacrés, il ne peut avoir oublié cette phrase de l'Évangile de Matthieu : «L'homme quittera son père et sa mère et s'attachera à sa femme. Et les deux deviendront une seule chair».
Mensonge ! conclut-il. À moins que...
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Un roman commencé en sortant de ma librairie et lu quasiment d’une traite !
C’est un coup de cœur absolu !
Publié en 1941 après avoir circulé dans les milieux littéraire, il est l’œuvre d’Antoinette Peské, une autrice repérée par Guillaume Apollinaire et admirée par Jean Cocteau !
J’ai lu ses 209 pages comme dans une course folle portée par une écriture phénoménale et étourdissante, oubliant tout ce qui m’entourait …
Impossible à résumer de peur d’en dévoiler de trop, je peux juste vous dire qu’il parle d’un amour de jeunesse qui devint incroyablement fou et d’une sincère amitié comme il en existe peu ..
Un texte gothique, romantique, mystérieux, noir, étrange, angoissant, où presque chaque phrase pourrait être mise en exergue pour poser des questions philosophiques et existentielles.
Si comme moi, vous aimez que l’on vous raconte brillamment des histoires qui vous transportent en invoquant chez vous tous les sentiments possibles, alors ce livre est fait pour vous !
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Professeur dans un collège d’Edimbourg où il enseigne le français, le narrateur de ce court roman, Norbert, rencontre John Mac Corjeag, un élève troublant et passionné, avec qui il se lie d’amitié. Ils passent tous deux de longues heures à philosopher en se promenant dans le village natal de John, dans le nord de l’Ecosse, au milieu des landes, des lacs et des brumes d’un ciel troublé.
Des années plus tard, lorsque Norbert apprend par hasard que John a été interné, il retourne le voir et apprend de sa bouche l’histoire macabre, bizarre et folle qui l’a conduit à l’asile. Celle d’un être tellement épris de passion pour une femme, obsédé par le mystère de la fusion amoureuse, qu’il glissera vers une démence inqualifiable. Une histoire horrifiante et hallucinatoire, à la lisière du fantastique, qui, sous la plume déroutante d’Antoinette Peské, subjugue pourtant par ce qu’elle révèle de troublante vérité sur la passion amoureuse et la noirceur de l’âme humaine. Un « livre qui ne ressemble à aucun autre », selon Jean Cocteau, petit bijou gothique qui se dévore entre surprise et effroi.
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Trois petites heures de lecture pour lire ce roman qi va me hanter quelques temps... La folie de la possession, la vie et la mort mêlée. Une histoire qui pourrait m'empêcher de dormir ce soir...
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Il faut retrouver le fil de ce chemin perdu et rééditer illico ce chef d'œuvre de taïga et neige.
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Ecrit en 1941 par une poétesse admirée d'Apollinaire, La Boîte en os laissa Cocteau pantois, tout comme Félix Fénéon.
Le lâcher de noms étant accompli, entrons plus avant dans la ténèbre de ce court roman gothique aux narrations multiples étalées sur plusieurs générations, imbriquées en un vertige romantique maniant lacs écossais, malédiction, fantômes, autopsie et mélancolie avec la fausse légèreté des surdoués.
Alors qu'il est tout aspiré à la contemplation des chaussures des clients d'un restaurant de Londres, au début des années 1890, le narrateur se remémore subitement son ami disparu, au destin tragique. Un destin que nous remonterons sinueusement de narrateur en narrateur jusqu'à la malédiction finale, qu'il convient de ne pas dévoiler, même si tout, dès le départ, menace, étreint.
Nourri d'une obsession pour les yeux, les eaux noires et poisseuses, ces abîmes diverses qui entraînent par le fond nos malheureux protagonistes promis à des tourments sans fin par leur sensibilité accrue, ce petit livre étrange aborde l'amour fou par la porte du cimetière, la scie du légiste qui pose le cerveau d'une bien-aimée dans les mains de son éploré, le mystère de la régénération, de la maternité tourmentée et du rapport meurtri à Dieu. Il angoisse et cajole pour nous quitter avec cette lancinante question plus tellement à la mode, ces temps-ci : que se passe-t-il donc, à la fin, dans cette foutue boîte en os ?
Une curiosa pour se détendre de la bêtise matérialiste ambiante en compagnie des ombres.
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