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Citations de Antonin Artaud (994)


Je ne suis pas un politicien, je ne fais pas de politique et je ne crois pas qu'il faille en faire, pas plus que de la philosophie, de la médecine, de la biologie, de la sociologie, de l'arithmétique, de la géographie, de l'astronomie, de la science, de la physiologie, de la métaphysique, de l'ontologie, de l'astrologie et de l'anatomie, toutes ces sciences sont des singes qui n'ont jamais contenu une vérité, les choses n'ont jamais eut besoin de faire nôtre connaissance pour vivre, les malades se passent fort bien des médecins, la vie de biologie, la sagesse de ses petits amis, les société de sociologues comme les hommes de société.
Quant au chiffre du nombre des choses, il n'a jamais su être compté, et qu'il soit une, 2 ou 3 heures, qu'importe à la perpétuité si cela importe beaucoup au ternaire, sans quoi la kabbale n'aurait jamais existé.
Pour la géographie, que je sois au Thibet ou en Egypte, c'est à peu près la même saleté, un identique tarot érotique par quoi l'homme trouvera la route de forniquer en sécurité dans la conscience de l'autre homme, son voisin non initié.
Je pourrais ainsi continuer à accuser aussi arbitrairement, sommairement, cursivement, et grossièrement l'arbitraire de toutes les techniques par quoi on a cessé d'encager et d'enganguer, de faire passer sous la gangue et le carcan de la conscience que nous avons ou l'ignorance que nous aimerions avoir de ce qui compose la réalité, mais je préfère en venir enfin et tout de suite au sujet qui me tient à cœur et l'innommable saleté que j'accuse et qui est tout entière contenue dans le mot qui depuis 50 ans me manque et qui ne me sera pas révélé, à moins que je ne le déterre à la force du poignet?
J'ai donc à dire à la société qu'elle est une pute, et une pute salement armée.

P 55
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13

La littérature des modernes ne dépasse pas
le niveau de ce que peut donner une certaine
intelligence alliée à une heureuse culture. Il est
même piquant de voir à quel point une certaine faculté d’assimilation jointe à cette espèce de rouerie, de précocité propre aux âges
pourris, peut tenir lieu de talent. L’aigu désir
d’avoir du talent, et l’approfondissement par
leur intelligence propre de ce que renferme
l’idée de talent, confère à MM. Raval, Fierens,
Crémieux, Morand, une existence littéraire de
contrebande. En matière de style, notre
époque possède un seul inventeur : Jean Giraudoux. Les autres ne sont que piraterie, sur-
impression, mimétisme. Ces autres, une élégance identique les marque, une même uniforme bonne tenue, un même air d’être à la
page, et de savoir de quoi il retourne. Ce qui
fait le poète c’est, à la fois, la nouveauté (mais
une nouveauté authentique, dense, spontanée), et la substance de l’image, l’échelle du
sentiment, le courant souterrain, – car le sentiment a certainement une échelle dont le degré marque la beauté. Il serait faux de croire
que l’exaltation (je ne dis pas la qualité du sentiment, mais la classe, le rang, mais son ampleur) ne puisse avoir des degrés.
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HORRIPILATION

C’était comme si l’irrémédiable s’était accompli
L’horreur était à son comble
En même temps que le désespoir
Et la navrance.
Et cela s’étendait
À toute la vie de mon âme dans l’avenir.
Dieu alors s’était fait introuvable.
Il y avait un point noir
Où avait conflué ma destinée.
Et elle demeurait là
Figée
Jusqu’à ce que les temps
Se soient résorbés dans l’absolu.
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LE POÈME DE SAINT FRANÇOIS
D’ASSISE

Je suis le saint, je suis celui qui fut
Un homme, très petit parmi les autres
hommes ;
Et j’ai seulement quelques pensées qui me couronnent
Et s’exhalent de moi avec un son confus.
Je suis cet éternel absent de soi-même
Marchant toujours auprès de son propre chemin.
Et mes âmes un jour s’en allèrent, demain
Je me réveillerai dans une ville ancienne.
Je vous le dis, je suis l’errant qui suis venu
Pour vous offrir l’image d’un humble exemple.
C’est ainsi que je me quittai un vieux dimanche
Suivant le vol évangélique des angélus.
Et voici que j’advins au cercle des esprits,
Ils dévalaient un cirque de petites collines ;
Et les herbes psalmodiaient toutes en sourdine
Au pied des ânes porteurs d’esprits qui me sourient.
Je n’ai plus honte de ma robe ni de mes mains
Qui m’appartiennent et vous appartiennent,
mes frères ;
Et ce jour-là je me déliai de la terre
Et des ondes passaient dans mon corps cristallin.
Autour de moi s’étend une ville d’agrès
Dont les remparts sont comme l’eau des mers
immenses,
Et voici que je retrouvai ce qui commence
Et le mot qui finit, et la terre d’après.
Je n’ai qu’un visage de cire et je suis orphelin
Et cependant là où je vais il vient des Anges
Qui me découvrent le chemin du Père étrange
Dont le cœur est plus doux qu’un cœur de père
humain.
Recherchez-moi, je viens du royaume de paix,
De cette paix qui pénètre même les pierres,
Et j’ai pitié de cette incessante poussière
D’os humains retournant à la terre brûlée.
Je suis celui qui peut dissoudre l’épouvante
D’être un homme et de s’en aller parmi les
morts
Car mon corps n’est-il pas la merveilleuse
cendre
Dont la terre est la voix par où parle la mort.
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MADRIGAUX
FLORENT FELS

Quand l’Évêque mourut, le Diable apparut,
Un vieux diable qui fréquentait les bordels
minces,
Où les accordéons évoquent des provinces
Dont la couleur s’étale aux almanachs perdus.
Ce bon diable-là, dites, l’avez-vous vu
Comme un bonze qui s’est dévêtu de la Chine,
Et puis a consumé sa vieille pacotille
Dans les braises du calumet de l’absolu.
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PREMIÈRE NEIGE

Vois toute douce, toute belle, toute pâle
Le jour qui vient mourir sur les mystères
blancs ;
Et le silence bruit doucement dans la salle
Dans l’occulte magie du soir agonisant.
Nous nous sentons heureux de savoir que les
choses
Boivent ainsi que nous ce lambeau de clarté
Et s’enfuient avec nous vers les nuages roses…
Et le jour sur la vitre est devenu violet ;
Dans la douceur du soir se lamentent les
branches
Parfois dans les chemins agonise un oiseau ;
Et voici que le ciel prend une couleur d’eau…
Ma sœur c’est notre amour qui neige dans les
branches.
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Car si l'on devait toujours penser à sa pensée, n'est-ce pas, pas moyen de penser, de se livrer à une opération mentale, supérieure à ce qui est proprement la pensée. Et non pas l'exsudat, la sécrétion de l'esprit, mais le mécanisme de cet exsudat.
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Chaque fois que la vie est touchée, elle réagit par le
rêve et par les larves. Cela veut dire que l'Inconscient général a été sondé
par quelque chose. Il donne ce qu'il conservait. Quand une femme a conçu, elle rêve sans savoir qu'elle a conçu. Quand un homme a été blessé ou qu'il
va être malade, ou qu'il entre en agonie, il rêve. A côté des rêves de l'homme, il y a des rêves de groupes et des rêves de pays. Je ne sais pas combien nous sommes de surréalistes à avoir senti que nous dégagions par nos rêves une sorte de blessure de groupe, une blessure de la vie.
A côté de l'obsession du rêve, en face de la haine de la réalité, le Surréalisme a eu une obsession de noblesse, une hantise de la pureté.
Le plus pur, le plus désespéré d'entre nous, disait-on communément de tel ou tel surréaliste. Car pour nous n'était vraiment pur que ce qui était désespéré. Qu'importe que ce feu pur se soit borné à brûler sur lui-même. Il a voulu sincèrement être pur. Et cette pureté il l'a cherchée sur tous les plans possibles amour, esprit, sexualité.
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Le 10 décembre 1926 à 9 heures du soir, au café du « Prophète » à Paris, les surréalistes se réunissent en congrès.
Il s'agit de savoir ce que, en face de la révolution sociale qui gronde, le Surréalisme va faire de son propre mouvement. Pour moi, étant donné ce que nous savons du
communisme marxiste auquel il s'agissait de se rallier, la question ne pouvait même pas se poser. Est-ce qu'Artaud se fout de la révolution ? me fut-il demandé. Je me fous de la vôtre, pas de la mienne, répondis-je en quittant le Surréalisme, puisque le Surréalisme était lui aussi devenu un parti . Cette révolte pour la connaissance, que la révolution surréaliste voulait être, n'avait rien à voir avec une révolution qui prétend déjà connaître l'homme, et le fait prisonnier dans le cadre de ses plus grossières nécessités. Le point de vue du Surréalisme et celui du marxisme
étaient inconciliables. Et l'on ne tarda pas à s'en apercevoir quand quelques-uns des surréalistes notoires décidèrent de s'affilier au parti. C'est-à-dire à la succursale française de la Troisième Internationale de Moscou. Êtes-vous surréaliste ou marxiste? demanda-t-on à André Breton, et si vous êtes marxiste qu'avez-vous
besoin d'être surréaliste? Il s'agissait en somme pour le Surréalisme de
descendre jusqu'au marxisme, mais il aurait fait beau voir le marxisme chercher à s'élever jusqu'au Surréalisme. En 1926, l'antagonisme ne pouvait pas se résoudre
car l'Histoire n'avait pas marché. Aujourd'hui, je pense que l'Histoire a marché et qu'il y a un fait nouveau en France. Ce fait est l'apparition d'une idée historique dans la conscience de la jeunesse, et cette idée que je veux développer je l'appelle la réconciliation de la Culture et du Destin. Dans la conscience désespérée de la jeunesse une nouvelle idée de la culture est née. Et cette culture qui veut connaître
l'homme se fait une haute idée de l'homme. Elle n'accepte pas qu'on sépare la vie de l'homme de celle des événements. Elle veut qu'on entre dans la sensibilité intérieure de l'Homme qui joue, aussi, avec les Événements. La jeunesse nouvelle est anti-capitaliste-bourgeoise et, comme Karl Marx lui-même, elle a senti le déséquilibre des temps où monte la personnalité monstrueuse des Pères basée sur la terre et sur
l'argent. Quand on accuse Marx de vouloir supprimer a famille « La famille, mais vous l'avez détruite, répond-il, vos antiques vertus où sont-elles? Hors de toute vertu, je ne vois plus que de la matière, et moi, Marx, j'organise la matière, je l'organise techniquement et coercitivement.» On peut dire que des antiques valeurs de l'Homme Marx organise ce que la Bourgeoisie a laissé.
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On peut parler de la bonne santé mentale de Van Gogh qui, dans toute sa vie, ne s’est fait cuire qu’une main et n’a pas fait plus, pour le reste, que de se trancher une fois l’oreille gauche, dans un monde où on mange chaque jour du vagin cuit à la sauce verte ou du sexe de nouveau-né flagellé et mis en rage, tel que cueilli à sa sortie du sexe maternel.
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“Un aliéné est un homme que la société n’a pas voulu entendre et qu’elle a voulu empêcher d’émettre d’insupportables vérités.”
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« Toutes les revues sont les esclaves d'une manière de penser et, par le fait, elles méprisent la pensée. […] Nous paraîtrons quand nous aurons quelque chose à dire. »
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Je ne veux pas être le poète de mon poète, de ce moi qui a voulu me choisir poète, mais le poète créateur, en rébellion contre le moi et le soi.
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Ce n’est pas un certain conformisme de mœurs que la peinture de van Gogh attaque, mais celui même des institutions.

Introduction
Van Gogh le Suicidé de la Société, Gallimard, 2001
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Je ne suis né que de ma douleur.
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Dépasser le nécessaire c'est saccager l'action.
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Antonin Artaud

Bardo crée des larves, il fait de tous les

états pulvérisés du patient, de tous les faits de son passé des
larves inutilisables pour le présent et qui ne cessent plus
d’assiéger le présent.


Or, je le répète, le Bardo c’est la mort, et la mort n’est qu’un
état de magie noire qui n’existait pas il n’y pas si longtemps.


Créer ainsi artificiellement la mort comme la médecine actuelle
l’entreprend c’est favoriser un reflux du néant qui n’a jamais
profité à personne,

mais dont certains profiteurs prédestinés de l’homme se repaissent
depuis longtemps.


En fait, depuis un certain point du temps.


Lequel?


Celui où il fallut choisir entre renoncer à être homme ou devenir
un aliéné évident.

Mais quelle garantie les aliénés évidents de ce monde ont-ils
d’être soignés par d’authentiques vivants?


farfadi
ta azor
tau ela
auela
a
tara
ila

tu t’en vas, dit l’immonde tutoiement du Bardo, et tu es toujours



tu n’es plus là
mais rien ne te quitte
tu as tout conservé
sauf toi-même
et que t’importe puisque le monde est là.

Le monde, mais ce n’est plus moi.
Et que t’importe, dit le Bardo
C’est moi.

Artaud -Artaud le Mômo, 1947.djvu

P. S. -J’ai à me plaindre d’avoir dans l’électro-choc rencontré
des morts que je n’aurai pas voulu voir.


Les mêmes,

que ce livre imbécile appelé

Bardo Todol

draine et propose depuis un peu plus de quatre mille ans.


Pourquoi?


Je demande simplement

Pourquoi?
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Antonin Artaud
La poésie, c'est la multiplicité broyée et qui rend des flammes.
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Les états mystiques du poète ne sont pas du délire Dr Ferdière. Ils sont à la base de sa poésie.
Me traiter en délirant c'est nier la valeur poétique de la souffrance qui depuis l'âge de quinze ans bout en moi devant les merveilles du monde de l'esprit que l'être de la vie réelle ne peut jamais réaliser ; et c'est de cette souffrance admirable de l'être que j'ai tiré mes poèmes et mes chants.
(...)
Si je ne croyais pas dans les images mystiques de mon cœur je ne pourrais pas arriver à leur donner la vie.
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A l'heure où un drame sans nom a lieu par-dessus toute la terre et où les hommes se battent sans savoir pourquoi parce que qu'ils n'ont jamais eu le courage de descendre au fond du drame de leur conscience ce n'est pas le moment d'annihiler un esprit qui n'a jamais eu d'autre pensée que de percer à jour le drame de sa conscience, afin d'apprendre aux autres à distinguer pour les détruire tous leurs ennemis intérieurs.
L'inimité entre les patries est fonction de cette inimité que chaque homme porte en lui, lui-même pour lui même.
Mais aucun homme vivant n'a jusqu'ici voulu faire les sacrifices nécessaires pour la solution de ce problème, et si cette solution n'est pas acquise il n'y aura plus jamais de paix.
Mon seul but présentement sur la terre est d'aider les hommes mes amis à accepter les sacrifices nécessaires pour obtenir la véritable paix.
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