Citations de Art Spiegelman (239)
Des amis ? Tes amis ? Enfermez-vous une semaine dans une seule pièce, sans rien à manger, alors tu verras ce que c’est, les amis !
Quand on a faim, on fait n’importe quoi...
- À propos, avec les allumettes, il est encore plus dingue que tu croyais... Comme le gaz est compris dans le loyer, il laisse un brûleur allumé toute la journée pour économiser des allumettes.
- Mon Dieu, si ce n'était pas si pathétique, ça pourrait presque être drôle.
Préface de Marek Halter : "Qu'y a-t-il de commun entre une bande dessinée et la Shoah ? "Zahkor" ! souviens-toi en hébreu. cette injonction apparaît quelques 169 fois dans le texte biblique, comme si les sages réunis à Yavné, vers la fin du premier siècle, pour compiler les textes et les chroniques qui allaient composer le Livre des livres, avaient pressentis le rôle primordial dévolu à la mémoire dans le destin d'un peuple appelé à la dispersion et à l'exil. Art Spiegelman est le fils d'un des survivants des ghettos polonais. Né à Stockholm en 1948, il vit à New York et dessine des B. D. Maus, son livre, est l'histoire d'une souris dont le chat a décidé d'avoir la peau. La souris est le juif, le chat le nazi. Le destin de Maus est de fuir, de fuir sans espoir l'obsession du chat qui lui donne la chasse et lui trace le chemin de la chambre à gaz. Mais Maus est également le récit d'une autre traque, celle d'un père par son fils pour lui arracher l'histoire de sa vie de juif entre 1939 et 1945 et en nourrir sa propre mémoire, se conformant ainsi à l'obligation de se souvenir. De transmettre aussi. Et avec quelle énergie ! Car de la rencontre peu naturelle de la B. D. et de la Shoah naît un choc. Le choc d'une forme réputée mineure pour un événement majeur. Tout comme Woody Allen a su, avec ses images en noir et blanc, nous désintoxiquer du cinéma pour mieux nous le faire voir, Art Spiegelman parvient à effacer de notre souvenir les récits un peu fatigués de la Shoah pour leur substituer un montage neuf, contemporain et fort. D'où la réussite de Maus, cette oeuvre de la première génération "d'après". Grâce à l'art de Spiegelman, le destin de Maus ne cessera de nous hanter."
- Qu'est-ce qu'ils font là-bas, ils creusent des tranchées au cas où les Russes attaquent ?
- Des tranchées – aah ! Ce sont des fosses géantes qu'ils remplissent !... Ça a commencé en mai et cela a continué tout l'été. Ils ont amenés des Juifs de Hongrie – trop pour leurs fours, alors ils ont creusé ces grandes fosses crématoires.
C'étaient des très grands trous, comme la piscine de l'hôtel des pins ici. Et des trains et des trains de Hongrois sont venus. Et ceux qui finissaient dans les chambres à gaz avant d'être jetés dans les fossés, c'étaient eux qui avaient de la chance. Les autres, dans les fossés, ils devaient sauter quand ils étaient encore vivants. Les prisonniers qui travaillaient là, sur les vivants et les morts, ils versaient de l'essence. La graisse des corps brûlés, ils la recueillaient, et la versaient à nouveau pour que tout le monde brûle bien.
-- Je veux toujours faire ce livre sur toi... celui dont je t'ai parlé...
sur ta vie en Pologne et sur la guerre...
-- Ma vie, il faudrait beaucoup de livres. Et qui veut entendre des histoires pareilles ?
- Je crois que je vois : si vivre c’est gagner, alors mourir c’est perdre.
- Oui. La vie est toujours du côté de la vie, et d’une certaine manière, on en veut aux victimes. Mais ce ne sont pas les meilleurs qui ont survécu, ni qui sont morts. C’était le hasard !
"_Alors comment on s'en sort ?
_J'ai fait des dons pour la Gemeinde, l'Organisation de la Communauté Juive, et Wolfe y travaille...alors on a un peu plus.
_Et puis, il y a le marché noir. Avec de l'argent on a toujours ce qu'on veut !"
- Alors tu ne sais pas ce qui est arrivé à Mandelbaum ?
- Ils l'ont tué ou il mort. Je sais qu'ils l'ont achevé. Peut-être sur le chemin du travail, un garde lui a jeté son calot. Qu'est-ce qu'il pouvait faire ? Il a couru pour le ramener et le garde lui a tirer dessus pour tentative de fuite. Le garde,il a eu les félicitations et quelques jours de permission pour avoir arrêté l'évasion. Je sais pas si c'était comme ça avec Mandelbaum, mais comme ça, ils faisaient très souvent. Ils voulaient seulement achever tout le monde. Travail très dur et très peu à manger il y a avait... Peut-être des coups de pieds dans la tête il a eu parce qu'il pouvait pas travailler assez vite... Ou peut-être, il a été très malade et ils l'ont mis d'abord à l'« hôpital » et après dans le four... Tu vois comment ils faisaient ?
Des tas d'histoires pareilles, on entendait : des synagogues brbrûlées, des juifs frappés pour rien, expulsés des villes. Chaque histoire pire que l'autre.
[Vladek] Qu'est-ce qui t'a pris, Françoise ? Tu es folle ou quoi ?! Il a fallu que je surveille sans arrêt que ce schwartze allait pas prendre nos courses derrière !
[Françoise] Quoi ?! C'est SCANDALEUX ! Comment pouvez-vous, surtout vous, être si raciste ! Vous parlez des noirs comme les nazis parlaient des juifs !...
[Vladek] Ach !... Je croyais vraiment Françoise que tu étais plus intelligente... Il y a même pas de comparaison entre les schwartze et les juifs !
Ce printemps-là, en un seul jour, les Allemands ont déporté plus de 1000 personnes de Srodula à Auschwitz. Surtout des enfants, ils ont pris; certains avaient que 2 ou 3 ans.
Quelques-uns criaient et criaient. Ils pouvaient pas s'arrêter.
Alors les Allemands les ont pris par les jambes et les ont balancés contre le mur...
Et plus jamais, ils ont crié.
Je sais que c’est dément, mais d’une certaine manière je voudrais avoir été à Auschwitz AVEC mes parents ; comme ça je pourrais vraiment savoir ce qu’ils ont vécu !… Je dois me sentir coupable quelque part d’avoir eu une vie plus facile qu’aux
La vie est toujours du côté de la vie, et d'une certaine manière, on en veut aux victimes. Mais ce ne sont pas les MEILLEURS qui ont survécu, ni qui sont morts? C'était le HASARD ! [...] Je ne parle pas du VOTRE, mais combien de livres ont déjà été écrits sur l'Holocauste. A quoi bon ? Les gens n'ont pas changé... Peut-être leur faut-il un nouvel holocauste, plus important. (p.205)
Pour nous tous, il n’y a qu’un seul moyen de sortir… par ces cheminées.
Abraham, plus jamais je l’ai revu… je crois, il est sorti par la cheminée.
"Si tu veux vivre, c'est bien de te faire des amis."
Et là, dans le camp de concentration Auschwitz, on est arrivés. Et on savait que de là, on sortirait plus jamais...
- Je peux rien laisser… Depuis Hitler, même une miette, j’aime pas jeter, jamais.
- Alors GARDE bien ces foutues céréales au cas où Hitler reviendrait un jour !
Mon Dieu, je vous en PRIE... Aidez-moi à trouver une ficelle et un soulier à ma taille !
Mais ici, Dieu, il venait pas, tout seuls, on était tous.
Non chérie, mourir c'est facile mais il faut lutter pour rester en vie.