« Une bonne raison de mourir », le booktrailer. Un thriller de Arthur Caché.
Quand un ancien géologue disparaît mystérieusement près de Paris, Beryl, jeune chef de groupe à la Crim', se saisit aussitôt de l'affaire.
Assistée de Rudy, son adjoint au passé tourmenté, puis d'Ara, un ancien flic reconverti dans le trafic de contrefaçons, elle remonte la piste d'une compagnie pétrolière en Turquie.
Mais tandis que les découvertes troublantes se multiplient et que les cadavres s'accumulent, des profondeurs de la mer Noire surgit un terrible secret
Beryl comprend alors que le plus effroyable des comptes à rebours a déjà commencé
Roman disponible le 5 octobre 2023 (papier & numérique).
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Beryl remonta brusquement ses bras devant son visage pour atténuer l'effet d'aveuglement. Dans l'obscurité, les phares qui venaient de s'allumer à quelques mètres d'elle ressemblaient à deux puissants yeux jaunes. Le rugissement tonitruant qui suivit fit trembler chaque parcelle de son corps.
Mue par l'instinct de survie, elle fit un bond sur sa gauche alors que s'abattait au même moment un imposant godet en métal à l'endroit exact où elle se trouvait une seconde avant. Une grimace lui déforma le visage au contact du sol rocheux.
Elle se releva et courut machinalement vers sa voiture tandis que jaillissait dans son dos une tractopelle aux dimensions impressionnantes. Le monstre de fer avait surgi telle une murène de ses rochers, déterminé à l'écraser.
Arrivée enfin à hauteur de son véhicule, elle se jeta derrière le volant, faisant voler dans le même temps son pistolet sur le siège passager. Elle pressa alors sur le bouton de démarrage...
Mais rien.
Non, pas ça, implora-t-elle, les yeux écarquillés, pas maintenant !
Face à elle, l'engin se rapprochait ; il ne lui restait plus qu'une poignée de secondes avant de se faire pulvériser.
Chef de chantier depuis presque une décennie, elle avait dû se faire sa place dans l'environnement saturé de testostérone du bâtiment. Et des comportements sexistes, c'était peu dire qu'elle en avait rencontrés : entre ceux qui ne voulaient pas lui serrer la main pour des questions soi-disant religieuses, ceux qui pestaient parce que "une femme sur un chantier, ça porte malheur", et ceux dont les paroles dépassaient régulièrement les pensées, elle avait largement de quoi écrire un pamphlet sur la place des femmes dans le BTP. Une idée en entraînant une autre, elle se remémora ce commentaire lourd de sous-entendus qu'avait prononcé un de ses collègues à son encontre en pleine réunion de chantier : "Ma femme s'occupe de nos enfants et elle est très heureuse." Ce souvenir lui nouait encore le ventre aujourd'hui lorsqu'elle y repensait.
Avec son mètre quatre-vingts, pliée en quatre sur son rameur, voilà à quoi pouvait faire penser Beryl Schaeffer : une sauterelle ratatinée. Une silhouette musclée, sèche comme un échelas, et dont chaque mouvement de va-et-vient sur l'appareil semblait défier les lois de la biomécanique.
Bonjour... Je voudrais parler au commandant Schaeffer, s'il vous plait.
- Elle est absente. Je peux prendre un message ?
- ...
- Monsieur, est-ce que vous voulez que je lui laisse un message ?
- Je... Dites-lui simplement que Pavel Novak a appelé. Je suis un ami de son père. Qu'elle me rappelle dès que possible, c'est très important. [...]
- De quoi s'agit-il ?
- Je... J'ai des informations capitales à lui transmettre.
- Quel genre d'informations ?
- ...
- Quel genre d'informations, monsieur ?
- Le... le genre d'informations que j'aurais préféré n'avoir jamais eu en ma possession.
Elle prit une profonde inspiration, escalada à la hâte les cinq étages pour rejoindre le seuil de son appartement, tapa à plusieurs reprises sur les bords de la serrure avant de parvenir à y insérer sa clé. Un long grincement accompagna l'ouverture de la porte sur le couloir de l'entrée.
L'enveloppe crème sur le sol lui sauta aux yeux.
Elle se baissa pour la ramasser et cria le prénom de Marc d'une voix blanche.
Aucune réponse.
Elle passa en revue les pièces du couloir - d'abord leur chambre, puis l'ancien bureau reconverti en chambre d'amis - avant de débouler dans la pièce principale dans un dernier espoir d'y découvrir son compagnon assoupi dans le canapé.
Mais rien.
Sinon une oppressante tranquillité.
Elle reporta alors son attention sur l'enveloppe. L'observa. La retourna. Une boule se ficha dans sa gorge en découvrant l'inscription en lettres noires sur le dos :
« Acte I»
D'un geste nerveux, elle décacheta l'enveloppe et en tira la lettre contenue à l'intérieur. Découvrit des caractères noirs imprimés. Le souffle court, elle commença à lire.
Elle fourra son téléphone dans la poche arrière de son jean et scruta les alentours. L'absence de consignes précises l'obligeait à envisager tous les scénarios : une prise de contact avant le spectacle, une rencontre à l'intérieur du théâtre, ou, plus subtil, un message caché directement au sein de la pièce. Rien n'avait été précisé, donc tout était possible.
"Il va vous falloir du repos, commandant", annonça-t-il en rangeant son matériel. Cette simple consigne la fit éclater en sanglots.
Paula transpirait sous son gilet en arrivant devant l'entrée de son immeuble. Autour d'elle, l'automne commençait à recouvrir le bitume d'un tapis de feuilles jaunies, tandis que les rayons du soleil qui transperçaient par endroits le plafond de nuages transformaient les marronniers en kaléidoscopes géants.
Si le récit de la jeune femme l'avait profondément choquée, sa conclusion sous forme d'aphorisme lui avait fait le même effet qu'un coup de poing en pleine figure :
"Le plus difficile avec le silence, ce n'est pas d'y planter sa lame.
C'est qu'elle ressorte de l'autre côté."
La boîte est aujourd'hui cotée en bourse virgule avec une présence dans une dizaine de pays d'Afrique, d'Amérique latine et du Moyen-Orient, poursuivit Valérie avant d'illustrer son propos par des précisions sur les derniers chiffres d'affaires et résultats de l'entreprise.