Huysmans occupe le premier étage. Sa chambre de travail et sa chambre à coucher feront l'envie de tous le visiteurs. Le vert foncé des portes se mêle au rouge vif de l'andrinople qui tapisse les murs et les reliures rouges de Saturne, vert mousse, potiron, violet d'évêque, etc., font merveille dans les bibliothèques. Avec de tels documents choisis, venus de toutes parts, rangés avec amour, évocateurs de l'art, de la mystique, de la liturgie, du satanisme, on peut vivre en province toute une éternité. Goncourt, Flaubert, Zola, Balzac, Verlaine, Barbey d'Aurevilly ne paraissent nullement surpris d'habiter la même chambre : ils finiront pas se sanctifier, en un tel voisinage de saints et de saintes.
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"Ma mère s'est réjouie quand je suis devenu prêtre, dira-t-il à Marthe Bibesco. Elle croyait que j'aurais la paix ! Et je n'ai pas eu la paix... J'ai eu le trouble des autres !"
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8 octobre 1926. Notre époque peut se résumer ainsi : usines, banques, cinémas, dancings, palaces, enseignes lumineuses, réclames, automobiles, téléphonages, etc. C'est-à-dire matérialisme, argent, plaisir et tout le contraire de la simplicité et de la modestie.
Repris le petit catéchisme. Le mot à mot nuit certainement à l'intelligence des enfants. Quand ils savent par ceur, ils ne comprennent pas avec leur esprit. La mémoire qui prècède l'intelligence est une obstruction.
18 décembre 1917 Au point de vue social, j'ai vu, depuis que je suis prétre, toutes les manífestatíons de la haine : haine de la République, haine des curés et des congrégations, haine des juifs, haine de Dreyfus, haine des Allemands. Et jamais je n'ai entendu de grande voix s'élever au sein de l'Eglise pour éteindre ces feux.
(29 janvier 1911) : jamais prêtre ne mangea plus en ville que moi. Je dissipe mon âme à pleine assiette.
(10 avril 1902) je suis le prêtre des noces de Cana. Je ne suis pas celui du jeûne au désert.
Quelle vie que la mienne. En quelques jours, je fais un prône sur la Tentation, une conférence ecclésiastiques le panthéisme, une conférence historico-littéraire sur les salons de la Restauration, Le tout entremêlé d’instructions catéchistiques et de patronage. Dispersion absolue. Et tout cela presque bâclé ! Et les dîners en ville se succèdent, et les stations au confessionnal, et la correspondance suit son cours. On n’y tient plus.
1931: 4 janvier
La comtesse de Chevigné mère a voulu m'avoir,seul,a déjeuner avec elle,pour me causer de l"affaire Noailles.Elle m'a lu une lettre de Marie Laure ennuyé de tous ces potins et voulant etre tranquille.Mais elle annonce qu'il auront dans une petite maison ,prés d'eux,les Auric.Mme de Chevigné croit que ceux qui ont une mauvaise influence sont Jean Michel Franck,Riviére et Jean Cocteau.Marie Laure a quinze ans,a été follement amoureuse de Jean Cocteau et aurait pu l'épouser si elle avait voulu.