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Critiques de Aurélie Lévy (43)
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Queenie, la marraine de Harlem

J'ai lu Queenie, la marraine de Harlem, pour compléter le tableau après avoir lu Papa courait les paris et les deux tomes de la BD Harlem. Chaque pièce apporte son éclairage même si les œuvres dessinées n'abordent quasi pas la vie quotidienne des petites gens qui se trouve au cœur du roman.

J'ai fort apprécié dans Queenie le texte d'introduction qui situe le cadre historique et sociologique. De même, les auteurs ont placé en fin de volumes des éléments biographiques concernant les acteurs les plus importants, ainsi que des notes explicatives sur des expressions, des faits ou des personnes qui seraient restées incompréhensibles sans cela. L'ouvrage peut ainsi se caractériser par son aspect documentaire développé au moyen de plusieurs outils pédagogiques.

Les dessins en noir et blanc sont superbes. L'enfance et la jeunesse de Stéphanie Saint-Clair sont contées de façon plus précise et plus claire. En revanche, j'ai eu davantage de difficultés à identifier chacun de ses adversaires.
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Queenie, la marraine de Harlem

J’avoue, je ne connaissais absolument pas Stéphanie St. Clair qui fut cependant un chef de gang respecté et redouté dans le Harlem des années folles, ce qui pour une femme et de surcroit noire relevait de l’impossible.

La petite Stéphanie est arrivée depuis son île natale de la Martinique en 1911.

Elle va peu à peu grimper les marches qui la conduiront aux plus hauts sommets du crime.

Et c’est cette histoire hors du commun que noue relate ce bel album tout en noir et blanc.

Un joli graphisme pour une belle découverte qui nous plonge dans les heures sombres de la mafia au cours desquelles nous rencontrons tous ces noms restés dans les mémoires tels que Lucky Luciano ou encore Dutch Schultz, mais qui nous fait aussi croiser d’autres grands noms tel que Duke Ellington.

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Queenie, la marraine de Harlem

J’ai vraiment aimé ce roman graphique qui nous plonge dans la vie de Stéphanie St Clair, la reine d'Harlem, fondatrice d'un empire criminel. L'ouvrage alterne des périodes racontant le passé de Queenie, sa vie en Martinique, son arrivée à New York et la construction de son empire, à des planches de sa vie dans les années 30 où on la voit lutter contre la police et des mafieux. L'histoire nous fait côtoyer de nombreux personnages historiques qui nous montrent l'effervescence artistique qu'il y avait à cette époque dans le quartier d'Harlem. Les illustrations sont très belles, en noir et blanc, telles des gravures.

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Queenie, la marraine de Harlem

Queenie c’est l’histoire de Stéphanie St Clair née à Fort de France en Martinique en 1897. Elle a été cheffe de gang et a dirigé de nombreuses entreprises criminelles à Harlem. On sait peu de chose sur sa jeunesse, et certaines sources diffèrent. Après avoir quitté la Guadeloupe, elle arrivera à Harlem. En pleine ségrégation raciale aux Etats-Unis, elle va se retrouver arrêtée par le Ku Klux Klan et subir des viols répétés.

Bien décidé à se faire une situation, elle lance le business du jeu et de la loterie clandestine durant la prohibition. Les banques refusent de prêter à des clients noirs. Ne pouvant investir légalement, ils investissent à travers le jeu et l’économie souterraine de Harlem. Stéphanie St Clair devient riche très rapidement. C’est la mafia américaine qui la surnomme Queenie. Rarement une femme sera hissée à niveau aussi haut de la pègre. Malgré des méthodes dures, elle crée beaucoup d’emplois dans Harlem, on l’admire et on la craint.

Elle défend à sa manière les droits de la communauté noire en dénonçant les violences policières, les corruptions et pot de vins au sein de la police. Elle se fera arrêter pour cela même si une douzaine de policiers seront démis de leurs fonctions.



Le roman graphique retrace sa vie avec des flashbacks sur sa jeunesse. Elle se présente comme un film (un storyboard peut être ?) en noir et blanc. Le trait est précis et vif ne ressemble pas forcément à la peinture de l'illustratrice Elisabeth Colomba, les visages sont marqués et expressifs. Un très beau travail graphique avec une couverture originale un peu art-déco. Une femme charismatique tombée dans l’oublie qu’on (re)-découvre grâce à ce roman.



La globalité est un peu «sage », les moyens brutaux sont parfois passés sous silence. Même si le noir et blanc est parfait pour cette œuvre des années 30, il peut également nous faire confondre quelques personnages secondaires.

Le roman graphique s’adresse à un public habitué aux structures complexes, entrecoupées de flash-back et de personnages nombreux.

J’ai pour ma part passé un bon moment et découvert Stéphanie Saint Clair que je ne connaissais pas.
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Queenie, la marraine de Harlem

J'ai lu cette BD, mais j'ai l'impression d'avoir survolé le sujet. Ca va très vite, je n'ai pas bien compris les liens entre les différents chefs de mafia, réunis dans la "commission". D'ailleurs, c'est dommage que le glossaire de certains mots ou personnages se trouve à la fin de la BD, j'aurais aimé avoir les définitions en note de bas de page, pour éviter de couper la lecture pour aller lire la définition, traduction ou explication sur tel ou tel personnage historique.

Le dessin en noir et blanc est magnifique, c'est une très belle bande dessinée avec des grands aplats noirs et blancs. Mais j'ai parfois eu du mal à distinguer les différents personnages (les chefs de mafias, les policiers, les politiques...)

Stéphanie St Clair est assurément un personnage passionnant, une vraie héroïne de l'Histoire avec un grand H, une femme qui s'est battue pour se faire une place dans un monde d'homme. Et cette BD lui rend un bel hommage. Mais je suis un peu passée à côté de la complexité de l'univers mafieux de l'époque, je pense.
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Queenie, la marraine de Harlem

Un très beau roman graphique sur le destin de Stéphanie St Clair reine de Harlem où elle gère son business mafieux au nez et la barbe des autres mafias gérée par des hommes ! Quelle histoire, cette enfant aurait pu s’apitoyer sur son sort, rester dans sa misère à la merci des riches blancs coloniaux en Martinique, mais elle en a décidé autrement. Les dessins en noir et blanc sont très agréables. Au delà du texte certaines images sont pudiques mais révèlent des atrocités vécues par Stéphanie. Je ne connaissais pas du tout cette femme et je suis ravie de ma découverte !
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Queenie, la marraine de Harlem

Ce roman graphique d'une élégance très années 30 retrace le parcours de Stéphanie Saint Clair, reine de la pègre de Harlem où elle a la mainmise sur les paris clandestins. Alors que la Prohibition touche à sa fin, les acteurs du crime organisé cherchent d'autres sources de revenus. La confrontation entre les mafieux italiens, les politiciens foireux, les policiers véreux et la sagace Queenie tourne presque au film de gangsters grâce à un trait de crayon habile. Un fascinant destin de femme en noir et blanc.





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Queenie, la marraine de Harlem

Dans l'histoire de cette « Marraine » du « milieu » de Harlem de l'entre deux guerres, c'est la retenue qui prédomine  pour le texte ET les illustrations : sobriété efficace des dialogues, formules lourdes de sens accompagnent des vignettes qui canalisent la violence des conflits et la rapidité des actions.

Deux lignes directrices : en Noir et Blanc > La conquête en cours de Harlem par une femme-gangster noire qui doit s'imposer et se défendre contre des « Parrains » impitoyables et sans scrupules. En arrière plan (Grisé) la formation vécue dans la misère d' une jeune fille : les épreuves feront d'elle une « badass » (dure à cuire) avide de pouvoir.

On traverse le monde des alcools frelatés de la Prohibition puis de la drogue, les trafics de l'argent corrupteur au temps de la Grande Dépression, les emprises des milieux suprémacistes blancs, des financiers juifs, des clans italiens.

Richesse des prises de vue : zooms avant, images verticales, plans exprimant l'attente, le suspens, la menace, la violence, la maîtrise ou la (très rare) sérénité.

Richesse des univers : Créations culturelles, musicales, poétiques dans ces bas-fonds où coexistent et s'interpénètrent la boxe, les fraudes et la religion (très commerciale ! De grandes figures historiques émergent sur lesquelles un glossaire instruira les moins informés.

Deux remarques : Beaucoup d'indulgence pour certains caïds de la drogue, de la pègre et du Crime Organisé qui gangrène la police et les édiles de New York. Le mythe n'excuse pas tout !

Aucune référence dans cet album de 2021 au livre de Raphaël Confiant, « Madame Saint Clair, reine de Harlem »,(2015 Mercure de France)
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Queenie, la marraine de Harlem

Queenie,  quel personnage !

De sa Martinique natale aux quartiers de Harlem, l'ascension d'une femme que rien ne semblait conduire vers un tel destin.

Née Stéphanie St Clair, elle va devenir l'une des principales rivales des plus grands gangsters que l'Amérique ait connu, dans la première moitié du vingtième siècle.

Elle aura tout vécu.

Géré et construit sa fortune grâce à une loterie clandestine.

Frôlé la mort, fait de la prison, se sera alliée avec la mafia, aura distribué quelques pots-de-vin à des juges ou des policiers peu scrupuleux. Elle aura aussi côtoyé quelques artistes célèbres, Monk, Ellington.

Ce pouvait être une héroïne de roman, de cinéma ou... de bande dessinée, un personnage de fiction créé de toutes pièces, mais elle a bel et bien existé.

Elle était femme.

Elle était noire.

On était dans les années 30.

Et pourtant, tel un parrain, elle a réussi à s'imposer, à faire sa loi.

Elle ne pouvait être qu'intéressante à mettre en scène dans ce magnifique album qu'Elizabeth Colomba et Aurélie Lévy nous offrent aujourd'hui pour la découvrir.

Un excellent travail récompensé par le Prix BD Quais du polar

Album en noir et blanc,  mais pouvait-il en être autrement, qui se dévore littéralement.
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Queenie, la marraine de Harlem

J'ai fait l'acquisition de Queenie, cette BD en "Noir et Blanc" qui parle des Harlémites des années de galère de l'entre-deux guerre, parce que j'ai achevé, il n'y a pas si longtemps, le roman de Raphaël Confiant sur le même sujet : Stéphanie Sainte-Claire (plus tard, Saint-Claire), Martiniquaise devenue cheffe de gang à Harlem dans les années 30.



Cette BD se propose de réparer les oublis de l'histoire, fréquents quand il s'agit des femmes. Elle est intéressante à un autre titre, comme Raph. Confiant, Elisabeth Colomba est aussi une artiste martiniquaise ; elle travaille à NY. Elle est talentueuse et avec Aurélie Lévy, elles ont produit toutes les deux un très bel album.



Pat
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Queenie, la marraine de Harlem

Eh bien, en voilà une belle découverte empruntée dans ma petite médiathèque. Oui, oui, je vais en ravir certains en disant que cet ouvrage, cette fois-ci n'est pas destiné au pilon mais au contraire, à venir enrichir le fonds de la médiathèque, chose qui sera faite dès demain matin, une fois que je l'aurai catalogué et indexé - oui, je reconnais que c'est très agréable de travailler dans un tel lieu car, y travaillant seule, j'ai aussi le loisir de constituer ma propre politique d'achat et de choisir des ouvrages (certes pour tous les goûts et ô bonheur, lorsque ces derniers correspondent aux miens -ce qui n'est pas toujours le cas, sinon, cela ne serait pas du tout professionnel.



Ici, nous découvrons la vie de Stéphanie St Clair surnommée Queenie, la première femme noire à intégrer non seulement un monde d'hommes mais qui plus est, jusqu'à présent réservé aux blancs. J'avoue que si j'avais bien entendu parler d'Al Capone et d'autres et d'autres grands noms de la Mafia américaine qui sévissait dans les années '30, ce nom-là m'était totalement inconnu jusqu'à présent. Travaillant main dans la main avec Bumpy Johnson (j'ai longtemps cru qu'ils étaient en couple mois aussi...heureusement qu'il y a une brève biograpĥie des personnages réels en fin d'ouvrage qui m'a démontré le contraire mais il faut dire que je e suis pas la seule à être tombée dans le panneau car beaucoup, à l'époque, croyaient la même chose -c e qui arrangeait bien leurs affaires d'ailleurs -), je me suis bien volontiers séduire par cette femme qui n'avait peur de rien et qui savait se faire respecter (pas toujours de la manière la plus légale qui soit soit dit en passant). Différents trafics (je vous passe les détails), elle été crainte de tous mais aussi admirée et respectée !

Une femme aux poignes de fer, qui n'a pas eu une enfance facile mais qui a su prendre sa revanche sur la vie en devenant la femme la plus influente de tout Harlem !



Des images en noir et blanc (cela renforce le côté gangster) extrêmement bien travaillés) et un scénario historique / documentaire, romancé certes mais qui m'a réellement enthousiasmée ! Une lecture que je ne peux que fortement vous recommander et je n'hésiterai pas à faire de même auprès de mes lecteurs les plus curieux !
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Queenie, la marraine de Harlem

Queenie c’est le surnom de Stéphanie Saint-Clair. Née dans la misère à la Martinique, cette femme noire douée en affaire deviendra dans les années 30 une célébre gangster de Harlem.

Depuis quelques années, mon frère a pris l’habitude de m’offrir des livres ou BD aux héroïnes badass et Queenie règne sans aucun doute dans cette catégorie des dures à cuire. Luttant à la fois pour les droits civiques et sa place de marraine de Harlem (petite référence au parrain j’imagine), le destin de Queenie est très impressionnant. Le style de l’album, tout en noir et blanc, m’a paru un peu froid au premier abord mais m’a finalement conquise car je trouve qu’il restranscrit une ambiance “film noir” qui colle bien à l’époque de l’histoire.

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Queenie, la marraine de Harlem

J’ai découvert cette bande dessinée par hasard, sur les étagères de ma bibliothèque municipale, intriguée par l’histoire cette femme qu’on ne connaît pas ou très peu. Une plongée dans le cœur du Harlem des années 30, soulignée par le dessin en noir et blanc et très expressif de l’illustratrice. Seul petit bémol, les différents flash-backs rendent parfois l’ordre de la narration un peu confus.
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Queenie, la marraine de Harlem

Une femme vient de sortir de la prison de Bedford Hills et une voiture l’attend. Le confort de la cellule était satisfaisant grâce aux bons soins du juge Wallace, qu’elle paie grassement. Il s’agit de Stéphanie Saint Clair, la marraine de Harlem.

Le soir venu elle se joint à la fête donnée par le peintre Charles Alston, elle y rencontre un pianiste à qui elle a rendu un service et un de ses hommes a qui elle annonce un ultimatum. Ce ne sera pas son seul problème, pendant son absence d’autres gros bonnets commencent à grignoter son terrain: Schultz et Luciano.



J’ai aimé de prime abord cette couverture qui présente Queenie comme une reine, le plein pouvoir personnifié. Le récit s’oriente sur la vie de cette femme noire qui a fui la Martinique pour le rêve américain. Des épisodes de son passé alternent avec son présent, la douleur de ce qu’elle a subi rivalisent avec le faste dans lequel elle vit aujourd’hui grâce à la loterie clandestine. Quennie en aura fait du chemin, elle a su faire une force de ses faiblesses et des pions de ses ennemis. Cet album ne montre pas seulement la charismatique Madame Saint Clair mais dévoile aussi le bien qu’elle a pu faire et les torts qu’elle a redressé.



Le noir et blanc des dessins sied à merveille avec ces années 30 tumultueuses, qui ont créés, aux Etats-Unis, les grands noms du crime organisé.
Lien : https://stemiloubooks.wordpr..
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Queenie, la marraine de Harlem

Enfin une très belle "biographique" romancée d'une femme inconnue ! C'est une véritable plongée dans les grandes heures d'Harlem que nous proposent les autrices, une immersion authentique et édifiante, aux références nombreuses mais amenées sans lourdeur.



La vie de la martiniquaise Stephanie St. Clair est passionnante et terrible. le trait d'Elizabeth Colomba est efficace et sensuel, badass, précis et fort, comme l'est finalement son héroïne "Queenie" dont la mère lui laissera ses quelques mots, sublimes, qui m'ont frappée au coeur:



"Ma vie n'a jamais été un grand soleil. Il y a eu des éclaircies. Des jours de soleil, mais si peu. Je peux dire que cela a été un hiver pas trop froid. J'espère qu'à l'automne de ma vie, ce sera un soleil si éclatant qu'il fera même chaud dans mon passé."
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Queenie, la marraine de Harlem

J’ai découvert cette bande dessinée à l’occasion de mon Club de lecture car elle fait partie de la sélection du Printemps du livre 2022 qui aura lieu à Grenoble du 30 Mars au 6 Avril prochain. J’ai été très intriguée par le sujet car je ne connaissais absolument pas cette femme noire Stéphanie St Clair qui a dirigé la loterie clandestine de Harlem dans les années 20-30 au moment de la Prohibition. Pour en revenir à Queenie, j’ai beaucoup apprécié les dessins en noir et blanc qui sont très expressifs. En revanche, j’ai eu un peu plus de mal à suivre l’intrigue ; je l’ai trouvée un peu confuse avec ses allers et retours dans le passé de Queenie. Après ma lecture, j’ai donc dû me renseigner pour replacer dans l’ordre les éléments de sa biographie.
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Queenie, la marraine de Harlem

BD en noir et blanc qui nous raconte la vie de Stéphanie St Clair, la marraine de Harlem. Une femme noire qui a su s'imposer dans un monde d'hommes à l'époque de la ségrégation aux États-unis.

J'avais fait sa connaissance dans un roman jeunesse "Le petit prince de Harlem" de M. Thevenot.

J'ai adoré découvrir cette vie incroyable.

Si vous aimez les vieux films avec des mafiosos et cette époque de la prohibition, alors cette BD vous plaira. Un fabuleux portrait.
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Queenie, la marraine de Harlem

Vibrez au rythme du jazz avec "Queenie, la marraine de Harlem" ! Cette histoire complète en un tome nous plonge dans le Harlem des années 30, melting pot bouillonnant à la veille de l'abolition de la prohibition. C'est là que s'est installée Stéphanie St Clair, surnommée Queenie, une femme noire qui a réussi à se hisser à la tête de la lucrative loterie clandestine de Harlem, les Numbers. Alors que la mafia italienne est déterminée à mettre la main sur ce juteux marché, Queenie va devoir utiliser tous les moyens à sa disposition pour sauver son business, mais aussi sa propre vie.



En plus de l'incroyable histoire de Stéphanie St Clair, de son enfance en Martinique jusqu'à ses déboires au sein de la pègre new-yorkaise, cet album biographique dresse également un très beau portrait du Harlem des années 30 : ses rivalités, ses artistes, son ambiance vibrante. On y retrouve d'ailleurs de nombreux noms connus, des gangsters bien sûr, mais aussi des auteurs et des musiciens, autant de clins d'œil qui émaillent agréablement le récit. La narration s'inscrit aussi dans la modernité, avec une réflexion - hélas - toujours très actuelle sur la condition des femmes et des personnes racisées.



Graphiquement, "Queenie, la marraine de Harlem" est une réussite. La couverture art déco est superbe. Les pages, traitées uniquement en noir et blanc dans un style très cinématographique, contribuent à créer une ambiance immersive et à renforcer le récit. Bref, un bel objet et surtout une lecture étonnante, permettant de découvrir une femme qui n'a rien à envier à Al Capone ou à Lucky Luciano !
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Queenie, la marraine de Harlem

Elizabeth Colomba et Aurélie Levy proposent un magnifique roman graphique en noir et blanc qui met en lumière la vie fascinante et méconnue de Stéphanie Sainte-Clair. Cheffe de gang, elle dirige une loterie clandestine à Harlem pendant la prohibition qui suscite beaucoup de convoitise…

Les superbes planches de cette bande-dessinée abordent avec talent la ségrégation, la pègre, la condition féminine dans le New York des année 20 et rendent un hommage vibrant à une femme au destin hors du commun.

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Queenie, la marraine de Harlem

Quand on évoque la pègre au temps de la prohibition aux Etats-Unis, tout le monde pense à Al Capone ou à Lucky Luciano qui apparaissent dans maints romans, films ou bandes dessinées mais qui citerait Stéphanie Saint-Clair ? Or, cette dernière d’origine martiniquaise émigra aux USA et s’imposa à Harlem comme la reine des Numbers, la loterie clandestine. Elle fut « la banquière » : elle prenait les paris, rémunérait les éventuels gagnants et surtout empochait les bénéfices et, tandis que les bandes mafieuses rivales s’entretuaient, elle réussit toujours à sortir son épingle du jeu et amassa une immense fortune. Les autrices Elisabeth Colomba et Aurelie Levy réparent cet oubli et redonnent sa place à « la marraine de Harlem » surnommée Queenie dans un somptueux roman graphique de 176 pages paru aux Éditions Anne Carrière.

*

Elles choisissent de se concentrer sur l’année charnière 1933. Pourquoi ? Parce que cela marque la fin de la Prohibition quand les mafieux notoires doivent se reconvertir car l’argent de l’alcool se tarit. Alors, l’affaire florissante de « numbers » de Stéphanie suscite la convoitise des malfrats et en particulier de Dutch Schultz qui lui déclare la guerre. Elle va devoir ruser pour survivre dans ce milieu d’hommes violents où l’on tire d’abord et on discute ensuite ! Cette concentration donne un rythme et de la tension puisque l’héroïne est pressée par le temps et évite ainsi l’écueil d’une biographie linéaire. L’album ressemble à une grande saga de gangsters et oscille entre polar et biopic.

*

On trouve ce côté polar dans l’utilisation du noir et du blanc qui donne à l’album la « patte » d’un film mythique hollywoodien façon Howard Hawks ou Preminger avec une élégance racée dans son utilisation de la ligne claire et d’un trait réaliste. On retrouve aussi un peu du Miller de « Sin City » dans son jeu d’ombres et de lumières. Certaines doubles pages sont également des clins d’œil au 7 e art et se présentent comme une séquence de film muet (« comment faire tourner un business de paris illégaux ») ou font preuve d’inventivité en prenant la forme d’un plateau de Monopoly. (« la manière Schultz »). On reconnaît l’art de la story-boardeuse qu’est Elisabeth Colomba dans cette grande maîtrise du découpage et du cadrage. Les autrices confessent sans façon que, profitant des nombreux « flous » dans la biographie de leur héroïne, elles ont inventé des personnages pour donner également du piment à l’histoire tel ce flic ripou fasciné par Stéphanie.

*

Mais au noir et blanc s’ajoutent également des nuances de gris utilisées pour approfondir l’aspect biographique. Grâce au tramé on reconnaît d’emblée les séquences de flash-backs sur son enfance qui vont expliquer son parcours. Le « gris » qui est ainsi introduit, récuse tout manichéisme : le personnage n’apparait plus ni noir, ni blanc mais tout simplement d’une complexe humanité. L’ensemble est très documenté. On découvre alors des pages passionnantes sur le mouvement de la « Harlem Renaissance » et l’on croise le patron du Cotton Club, l’ancien boxeur Jack Johnson, Thélonious Monk, Duke Ellington, le militant W.E.B Dubois ou encore le photographe James Van Der Zee. La scénariste est également documentariste et ça se voit dans son sens du détail et de la précision historique. Mais en même temps, elle choisit de mythologiser son personnage. Stéphanie St Clair est ainsi présentée comme une super héroïne car elle en a toutes les caractéristiques : elle est orpheline, a un mentor (son patron juif), un costume (elle porte fourrures, vison, chapeau et rang de perles été comme hiver), un don : celui des chiffres et elle choisit de défendre les humbles en œuvrant pour les droits civiques des noirs et en publiant des tribunes dans la presse afin de dénoncer – déjà- les violences policières perpétrées à leur encontre. Mais Aurélie Levy en fait également un personnage retors, vénal et manipulateur qui a tout compris de la force de l’image et du pouvoir des médias et a soif de revanche sociale…

*

On n’a donc pas de victimisation ni d’hagiographie dans cet ouvrage même s’il s’inscrit dans la continuité logique de la démarche de l’artiste peintre Elisabeth Colomba (Martiniquaise exilée à New York comme son héroïne) qui s’attache à restaurer les corps noirs oubliés de l’Histoire et en particulier les figures féminines dans de grands tableaux figuratifs et colorés. Elle avait au départ choisi de représenter Stéphanie Saint Clair sur l’une de ses toiles mais a rapidement jugé que cela ne lui rendrait pas suffisamment justice et décidé d’utiliser la bande dessinée pour pouvoir raconter sa vie au plus grand nombre. Avec son amie Aurélie Lévy, elles ont brillamment relevé ce défi pour leur entrée dans le 9e art (tout comme leur éditeur qui ne publie habituellement pas d’albums). Toutes deux ont choisi également de transcender parfois l’époque en dressant des parallélismes. Elles montrent ainsi combien la situation de Stéphanie St Clair et des Harlemites est semblable à celle des Afro américains du temps de James Baldwin (dont on trouve les propos dans certains dialogues des personnages dans un anachronisme voulu) ou créent des échos lors la scène glaçante de l’attaque du bus par le Klan avec les circonstances de la mort de George Floyd.

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Sélectionné dans de nombreux prix Bds (Fnac-France Inter, Landerneau …), cet album est à la fois une biographie, un thriller, un documentaire sur un mouvement culturel et artistique, un récit d’émancipation et un manifeste antiracisme. Il devrait également être porté à l’écran puisqu’ un grand studio américain en a déjà acheté les droits. On a hâte de découvrir qui va incarner cette femme hors norme à qui Raphaël Confiant consacra naguère un récit passionnant et foisonnant et que le bédéaste Mikael a choisi également de mettre en scène dans le 3e volet de sa trilogie newyorkaise à paraître en janvier prochain.

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