Citations de Auður Ava Ólafsdóttir (1287)
Nous sommes à chaque instant au centre de notre existence.
On se souvient de la souffrance l’espace d’une demi-journée ; c’est le poète qui lui confère sens et durée. Car l’homme tourmenté est en quête de beauté.
En rentrant à Reykjavik, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il est quand même étrange que l'échelle des vents de l'Institut de météorologie se base sur l'effet qu'ils produisent sur les arbres alors que notre île en est pour ainsi dire dépourvue.
Andvari (brise) : Les feuilles bruissent.
Gola (vent léger) : Les feuilles et les petites branches tremblent.
Stinningsgola (brise modérée) : Les petites branches bougent.
Kaldi (brise fraîche) : Les arbustes se courbent.
Stinningskaldi (vent glacial) : Les grosses branches ploient.
Allbvass vindur (vent violent) : Les grands arbres se courbent et sont malmenés.
Hvasviðri (grand vent) : Les branches cassent.
Stormur (tempête): Les arbres se brisent.
Rok (tempête par rafales) : Les arbres sont arrachés avec leurs racines.
Fárviðri (ouragan) : Tout ce qui n'est pas fixé s'envole.
C'est moi qui ai la baguette de chef d'orchestre. J'ai le pouvoir d'allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste.
Et celui de l'éteindre.
Le monde est mon invention.
La musique seule peut parler de la mort
Les mots m'évitent, dès qu'ils me voient, ils prennent la fuite comme un banc de nuages noir poussés par un vent propice. Il en suffit d'une quinzaine pour écrire un poème et je ne les trouve pas. Je suis au fond de l'eau, oppressé par le poids de tout un océan salé et froid, mes mots n'atteignent jamais le rivage.
À l'étranger on ne trouve pas de refuge quand la tempête se déchaîne. Nous n'avons nulle part notre place.
Nous sommes tous pareils, des baleines déboussolées et mortellement blessées.
Je trouve qu’il arrive tant de choses à la fois ; on met un enfant au monde, et puis, le lendemain, le voilà qui se met à marcher et puis il quittera la maison, il donnera peut-être un coup de fil de temps en temps et l’on n’aura plus son mot à dire.
Sur le chemin du retour, je me rappelle avoir lu récemment un entrefilet qui citait un rapport du Fonds Monétaire International : à choisir, pour limiter le réchauffement climatique, il valait mieux sauver les baleines que planter des arbres pour la simple raison qu’à elle seule une baleine absorbe au cours de sa vie autant de dioxyde de carbone que deux mille bouleaux.
L’idéal serait cependant de pouvoir conjuguer les deux, protéger les populations de cétacés et planter des arbres. (p.205)
A quoi bon planter des pommes de terre et semer des carottes alors que 400 millions de métaux lourds, de solvants et de poissons issus de la production industrielle sont déversés chaque année dans les lacs et les océans, sans compter des engrais qui contaminent les écosystèmes côtiers et ont détruit 400 zones maritimes où plus rien ne survit faute d’oxygène ?
Tu es le temps
et la poésie de la poésie
t’apporte des nouvelles incertaines.
Le temps n’existe qu’en toi
et tu es son écho.
Ton propre temps tu le relances
où que tu ailles ou n’ailles pas.
Les nuages portent ton message
et la mer le reflète.
La terre et la mer te gardent
dans leurs rêves
car le néant n’a jamais existé.
Tu es la sensibilité du vrai
et du réel
et tu triomphes sur l’illusion que tu n’es rien
dans une mondialisation
qui ne t’intéresse pas.
Tu es la culture les rêves et l’espoir.
Tout est en toi tu es tout.
(Jón frá Pálmholti)
Je rêve d'un monde où chacun aurait sa place.
Je soussignée,Hekla Gottskálksdóttir,démissionne par la présente de mon emploi de serveuse à l'hôtel Borg.Le comportement irrespectueux de la clientèle masculine perturbe à la fois mon travail et ma vie privée.
Le lendemain, je me présente à l'hôtel Borg en pantalon pour remettre ma démission.
Le monde n'est pas comme tu le voudrais, rétorque le chef de rang.Tu es une femme,il faut bien que tu l'acceptes.
...Le soleil arctique monte à la surface de l'île, orange sanguine roulant par-dessus le champ de lave.
Tu n’es pas un écrivain d’aujourd’hui Hekla , tu es un écrivain de demain . Ton père te l’as déjà dit , tu es née trop tôt .
Immobile au milieu de la pièce, elle prend une profonde inspiration avant de continuer :
- La chair humaine est si délicate, la peau se déchire si facilement, les organes sont déchiquetés par les balles d'acier, les os fracassés par les blocs de béton, les membres amputés par le verre énumère-t-elle d'une voix blanche
- Allons, allons, dis-je comme à une enfant qui a peur du noir.
Ma mère est affalée dans un fauteuil inclinable, ses pieds ne touchent pas le sol et ses pantoufles, trop grandes, se balancent au bout de ses jambes décharnées. Elle s'est ratatinée au point d'être réduite à presque rien ; elle a cessé d'être de chair ; légère comme une plume. Des os en polystyrène expansé et quelques tendons la font tenir d'une seule pièce.
La beauté est dans l'âme de celui qui regarde.
Les fleurs poussent mieux dans le vide des pensées.