Citations de Azaël Jhelil (110)
_ Comparez votre vie à l'activité de la mer, proposa-t-il en s'accoudant au bastingage auprès d'elle. Parfois c'est le calme plat. Souvent, des vagues déferlent sur la grève comme sur votre esprit. Cela crée des remous. Elles avancent, évoluent, grossissent puis s'écrasent sur le bord. Il en est de même pour toute vie : elle grandit, prend de l'importance et finit par s'écraser, morte. Et puis ça recommence encore et encore. Chaque vague qui s'écrase est une vie qui s'arrête. Une autre grandit. Il en est de même des hommes et de toutes les autres créatures. Les seules différences résident dans leur taille et dans le temps qu'elles mettent à atteindre la plage. Les fées sont des vagues qui viennent de loin. Les hommes sont des vagues qui naissent près du bord, qui grossissent vite et meurent vite. (p. 456)
Du sang ! Du sang chaud et parfumé ! Un être de chair était entré dans la grotte ! Rien qu’à son odeur, on devinait qu’il venait du « dehors ». Une victime facile, sans doute perdue dans le labyrinthe, attirée par la chaleur et la mousse tendre. Dressée sur ses pattes de derrière, elle semblait cependant hésiter, ne dépassant guère le seuil. Elle inspectait soigneusement les lieux avant de s’y aventurer. Quel genre était-ce ? Prédateur au caractère vigilant ? Proie aux instincts prudents ? Elle ne dégageait aucune phéromone effarouchée. Elle ne devait donc pas savoir qu’elle était observée.
Il reposait sur sa couche
Aux draps bleu nuit
Depuis toute une éternité.
Sans vraiment dormir.
Sans vraiment mourir.
En ce jour enfin, quinze
siècles enfuis,
Il attendait des invités.
Ainsi que vous l'avez si bien souligné, les marins sont des gens pétris de légendes et d'intuitions. Nous vibrons sur l'eau, vibrons à l'unisson des mers. L'océan nous parle. C'est pourquoi nous sentions, nous savions que vous ne nous disiez pas tout. (p. 751)
Les Ctasharres - même le duc de la Marche, qui avait pourtant épousé une Australienne - ne savaient pas comment se comporter face à une femme d'armes. De l'avis général, une chevalière c'était une bague et surtout pas un guerrier en jupons. (p. 686)
Contrôlée par un prêtre masqué portant la toge incarnate des ministres du dieu de la Vengeance, s'avançait une unité de squelettes maudits. Les non-morts étaient équipés de toutes sortes d'armes rouillées qui cliquetaient sinistrement contre leurs os. Les vivants les considéraient avec effroi et se gardaient à tout prix de les approcher. Ignobles reflets de vies passées, les tristes carcasses incarnaient la malédiction suprême, le blasphème absolu. Car malgré leur légitime aspiration à l'oubli après une longue vie d'épreuves, on leur avait interdit de reposer en paix. (p. 15)
L'honneur est une affaire de personne qui ne saurait être liée aux seuls hasards de la naissance.
-Vous me rappelez un peu ce cristal vivant qui a attiré mon attention en arrivant.
-Et pour cause ! Je suis lithomancien, madame, et pas le pire -ceci dit sans me vanter- je ne suis plus tout à fait de votre monde mais du règne minéral. Ceci est l’apparence la plus « charnelle » que je puisse prendre pour faire le beau en société.
L’homme félin écarquilla soudain les yeux et leva le nez pour humer la brise nocturne. Tandis qu’un feulement sourd roulait au fond de sa gorge, ses poils dorés se hérissaient au fur et à mesure que croissait son angoisse. Portant la main à son cimeterre, il sonda la nuit de son regard nyctalope, cherchant à identifier ce qui affolait ainsi ses instincts sauvages. Mais ce fut le moine qui le premier reconnut la nature de la menace.
-Des démons…murmura-t-il d’un ton glacé. Ils approchent.
Apprends, hérétique, qu'un pyakonite tient à sa moustache comme un nain à sa barbe ! Il faudra bien que tu t'y habitues femme.
_ Je ne crois pas, non. Et pour les dents... ?
_ De la racine noire. Ce sera parti dans quelques jours.
_ C'est pô très charmint, mais ça tint ben au corps, chevrota la petite vieille. Et c'est souv'rain cont' les rhumatiss.
_ Et j'en avions ben besoin, à min grind âge, fit l'Arbogien en imitant le ton grelottant de leur hôtesse.
_ Un peu d' respect, 'spèce eud garnemint ! le rabroua cette dernière en lui claquant les mollets de sa canne.
Tout à son triomphe, celui-ci n'avait rien vu venir. Baisser sa garde au moment critique... Quel idiot ! Sa suffisance l'avait tué.
_ Eh ben ! C'est pas long l'éternité ! persifla l'hybride.
Les légionnaires se faisaient subtils. Les résistants aussi...
Il n'était guère étonnant qu'il se fût spécialisé dans l'exploration de la voie des rêves. Ce couard devait chaque fois prier pour ne pas tomber en plein cauchemar...
Appartenant pourtant à un peuple féroce, l'orc aurait plus d'une fois aimé lui faire passer son épée au travers du corps pour lui faire payer sa cruauté. Mais il rongeait son frein et détournait le regard, comme tout le monde. Il n'avait pas le choix s'il voulait retrouver sa famille quelques jours à la fin de l'été. (p. 369)
[...] les dieux ne sauraient être blâmés de la folie des hommes.
Passant son gant sur le coffret, l’Assassin rouge essuya ce qui avait l’air d’une tache de suie.
—Et alors ? Ce n’est que de la saleté !
—Vous souvenez-vous avoir apporté de la suie sur cet écrin, Divine Majesté ? Ne trouvez-vous pas étrange qu’il n’y en ait nulle part ailleurs ? Ce n’est pas de la saleté, c’est une marque. La marque d’une incroyable arrogance. Le voleur a signé son méfait.
―Nous pourrions faire un bout de chemin ensemble ! Ce serait plus amusant, non ? Aaah ! Discuter philosophie au coin du feu… Quoi de plus oisif et inutile ?!
―Inutile ?
―Bien sûr ! Nous pouvons bien refaire le monde en paroles chaque soir, il sera toujours le même le lendemain, n’est-ce pas ?
―Point de vue intéressant. Vous ne pensez donc pas que raisonner des effets et des causes soit favorable à l’éveil des consciences ?
―Ça peut parfois aider. Mais il faut d’abord cultiver notre jardin.
―Je suis d’accord avec vous, Elperïn, acquiesça son interlocuteur : je crois que nous allons très bien nous entendre.
S’amusant de leurs fines allusions, le myrmidon et son nouvel ami trinquèrent à la philosophie.
-Chacun est enrichissant, s’il sait parler avec son âme.
-Mais les gens parlent avec leur bouche et comme elle, leurs paroles sont creuses…
Sa cécité précoce avait mis un terme à ses ambitions personnelles, contrariant ses chances d'accéder aux plus hautes fonctions de son ordre.
―Par la barbe de Gonnrk ! s’exclama le liûdëndé. On peut savoir ce qui t’a pris ?
―Je ne pouvais pas les laisser faire, Elperïn. Une innocente !
―Et alors ?! Tu comptes porter secours à toutes les innocentes de l’Alliance ? T’as pas fini !