Nous fûmes reçus , le 2 mars 2480, dans un palais énorme , mais lourd et laid .Tous les Ruems que je vis avaient cet aspect un peu simiesque dont j'ai déjà parlé .Après d'eux , les Ebliss , avec leurs beaux visages bleus , leurs formes élégantes , leurs ailles magnifiques, leurs regards chargés d'intelligence et de douceur , ressemblaient à des anges .
Avez - vous l'impression que ce qui s'est produit à San Francisco a été l'effet d'un tourbillon d'eau gigantesque , analogue à celui que vous aviez vu d'un avion quelques jours plutôt , tourbillon qui , en se déplaçant , serait venu lécher la côte ?
L'otarie bleue eut un sourire et reprit place dans son fauteuil .
Il me faut noter que depuis un moment le charme indéniable qu'elle exerçait sur son auditoire était parfaitement visible .
Je la contemplais. J'essayais de m'habituer à cette Blissa nouvelle manière . Je dois dire que ce ne fut pas très long .
Il sentit une sueur froide couler sur son front. Toute sa chair, hérissée de frayeur, l'incitait à faire demi-tour, à fuir. Mais Gérald était un garçon courageux. Il lança son cheval à corps perdu dans l'allée qu'il suivait.
Il faillit, dans un carrefour, se heurter à un autre cavalier qui arrivait lui aussi à toute allure. C'était Gilles.
- Tu entends ! Les chiens... Les maudits chiens ensorcelés ! Je suis sûr que c'est par là qu'est Catherine... Vite, vite... J'ai peur qu'il ne soit trop tard.
Depuis un moment, le notaire me regardait.
- C'est curieux, me dit-il. Mlle Dosseda possédait un bijou - un médaillon qu'on m'a remis au commissariat, cet après-midi, et sur lequel est peinte en miniature une tête d'homme qui vous ressemble d'une façon extraordinaire... Bien entendu, il ne peut s'agir encore que d'une coïncidence curieuse, car ce bijou date du XVe siècle.
Pourquoi, dans cet univers, toute vie ne peut-elle subsister qu'au dépens d'autres vies ?
13 juillet
C'est fait.
Je ne décrirai pas les péripéties de cette immonde corvée. La honte me tenaille. Moins j'en parlerai, mieux cela vaudra.
Rappelle-toi la crise terrible qu’il y eut sur la Terre, au début du XXe siècle, quand le pétrole et le charbon vinrent à manquer et que l’énergie atomique n’était pas encore en mesure de faire face à tous les besoins. Ce fut affreux. Les hommes avaient non seulement usé et abusé des ressources naturelles, mais les avaient gaspillées sans compter, en se disant qu’avant qu’elles ne soient épuisées, ils auraient trouvé autre chose. Le plus souvent, en effet, ils trouvaient autre chose... Mais un siècle plus tard, ce fut bien pis, quand l’uranium lui-même se raréfia. Ce fut le drame, et un drame qui eut pour dénouement l’effroyable destruction de toute la planète par le moyen des armes atomiques déchaînées...
(p.45)
L’astrogare était moins animée que ne l’étaient les gares de fusées et d’aérobus planétaires, toujours grouillantes de monde, parce que les voyageurs pour les différents points du globe étaient infiniment plus nombreux que ceux qui partaient pour la Lune, Vénus ou Mars. Néanmoins, la terrasse était pleine de monde. Sur l’esplanade de départ, les robots s’affairaient au milieu des bagages. Le grand astronef était sur sa plate-forme, la pointe braquée vers le ciel. Au loin, on apercevait d’autres vaisseaux de l’espace.
Léa, tout en buvant un nora glacé — une délicieuse boisson vénusienne — se serrait contre son mari.
(p.62)