Citations de Becky Chambers (294)
Peut-être qu'elle ne veut pas. Peut-être qu'elle préfère rester ici.
- Non, répondit Sissix. C'est parce qu'elle a du mal à établir des relations sociales.
- Elle est timide ?
- C'est une rashek. Il n'y a pas de mot équivalent en klip. Elle souffre d'une maladie qui rend les interactions sociales difficiles. Elle a du mal à comprendre les intentions d'autrui. Et elle parle bizarrement, je l'ai remarqué tout de suite. J'ai proposé qu'on s'accouple, mais elle n'a pas pu s'y résoudre. Bon, oui, elle est timide, mais elle a surtout du mal à comprendre les gens. Ça la rend un peu... disons un peu bizarre, à défaut d'un meilleur terme.
- Pourquoi faire un câlin à madame Bizarre ? demanda Kizzy
- Être bizarre, ça ne veut pas dire qu'on mérite de se sentir seule.
(ed. poche, p. 191)
Omphale connaissait peut-être le concept de silence gênant, mais à l'évidence il ne le comprenait pas bien.
"C'est joli, ici, dit Dex. Je n'aurais jamais cru dire ça d'un endroit pareil, mais...
- Oui, c'est joli, dit Omphale comme s'il venait d'aboutir a
une décision. Vraiment. Les agonies, c'est souvent beau."
Dex haussa un sourcil. "Macabre, ta remarque.
- Tu trouves? Je ne suis pas d'accord." Omphale, l'esprit
ailleurs, caressa les frondes d'une fougère, comme la fourrure
d'un animal. "C'est beau, je trouve, d'avoir la chance de
contempler une chose sur le déclin. "
Omphale s'élança à sa poursuite en riant lui aussi. Rien d'autre ne pouvait être exprimé par des mots. Il n'y avait que des cris, des rires, des exclamations ravies, et tout les eux sautaient, jouaient, s'émerveillaient de ce spectacle qui aurait existé même sans personne pour l'admirer.
Elle était toute ronde, toute gaie, recouverte de cuivre et avec un hublot de chaque côté, pour qu'on voit danser les bulles.
Omphale eut un sourire fier et toucha son torse de métal. "Je suis fait de métal et de nombres ; vous, d'eau et de gènes. Mais nous sommes bien davantage. Et ce n'est pas en énumérant des matières premières que nous réussirons à nous définir. Votre perception diffère de celle d'une fourmi, tout comme la mienne diffère de celle d'un... Je ne sais pas. D'un aspirateur. Vous avez toujours des aspirateurs ?
Ashby se demandait bien pourquoi les colons s'étaient fatigués à reconstruire, mais il avait la réponse. Pour certains Humains, la promesse d'un bout de terre à soi valait tous les efforts du monde. C'était un comportement classique. Les Humains avaient passé leur histoire à s'installer de force là où ils n'avaient rien à faire.
« Nous nous cassons, et de nouveaux robots sont construits avec ce qui reste de nous. C’est la règle commune en ce monde. »
« On a du mal à concevoir que les constructions humaines sont conquises sur la nature, qu’elles s’y superposent, que les lieux humains existent dans les interstices de la nature et non l’inverse. »
« Vous étiez fiers de nous qui avions transcendé notre but, et fiers de vous qui aviez respecté notre individualité. »
« Vous et moi… sommes le premier être humain… et le premier robot… qui nous parlons depuis toujours. »
J'ai fouillé la bibliothèque et j'ai trouvé un livre qui expliquait la marche à suivre. Je n'avais jamais lu de livre. C'était fascinant. Mais ne sont-ils pas censés tomber en morceaux dès qu'on les touche ?
Quelque part dans I'univers, des archéologues poussaient des cris d'horreur (...)
Tu es un animal. Et les animaux n'ont pas de but. Rien n'a de but. Le monde existe, point final. Si tu veux accomplir des actes qui profitent à autrui, parfait ! Merveilleux ! (...) Tu n'arrêtes pas de demander pourquoi ton travail ne suffit pas, et je ne sais pas quoi te répondre, parce qu'exister dans le monde et l'admirer, ça suffit. Tu n'as pas besoin de justifier ni de mériter ton existence. Tu as le droit de te laisser vivre. C'est ce que font la plupart des animaux.
En plus, il y avait un chemin. Pas une route, mais un plan incliné qui grimpait en spirale. Après un jour et demi dans l'anarchie d'une forêt vierge, la gratitude de Dex était réelle. Ça montait toujours, oui, mais la progression était beaucoup moins pénible. Il devenait dangereusement facile de comprendre pourquoi ses ancêtres avaient décidé de bétonner le monde.
Toutes les ruines de l'ère des usines se ressemblaient. Des tours immenses faites de caisses, de boulons et de tuyaux. Brutales. Utilitaires. Un contraste violent avec les plantes exubérantes qui avaient envahi ce cadavre rouillé. Mais cadavre n'était pas le terme adapté, parce qu'un cadavre, c'était une ressource, une abondance de nutriments prêts pour une nouvelle vie.
Un sanguinore atterrit sur son épaule nue ; iel l'écrasa d'un geste irrité. « Pardon. » lel essuya le cadavre de l'insecte avec son torchon.
La scène n'avait pas échappé au robot. « Vous demandez pardon au sanguinore de l'avoir tué ?
-Oui.
- Pourquoi ?
- Il n'avait rien fait de mal. Il agissait selon sa nature.
- Est-ce typique des gens ? Vous excuser auprès des créatures que vous tuez ?
- Oui.
- Ah ! »
Le robot trouvait ça intéressant. Il regarda l'assiettée de légumes. « Quand vous avez demandé pardon à ces plantes, c'était individuellement ou collectivement ?
- Nous... nous ne demandons pas pardon aux plantes.
La route elle-même était une relique d'asphalte noir - une route à pétrole, faite pour des moteurs à pétrole, des pneus en pétrole, des tissus en pétrole, des carrosseries en pétrole.
Se montrer à la fois moralisateur et ignorant, c'était une stratégie très mauvaise pour convaincre, mais excellente pour énerver.
Dex voulait habiter un lieu qui s'étendait au lieu de s'élever.
La timidité des cimes, ça m'impressionne toujours.