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Citations de Benjamin Legrand (77)


Depuis, j’ai compris pas mal de choses. L’entraînement sur ce putain de plateau pelé en Haute-Provence, la hiérarchie, l’effort physique et mental à fournir si on ne veut pas passer pour un navet complet. Quelle fatigue !
Et puis le voyage. Le bateau. Énorme. Putain, j’avais jamais pris le bateau, même pas pour retourner en Algérie. Et là, en plus, c’était un bateau de guerre. Comme dans les films. Avec des canons et des mitrailleuses, deux hélicos, et tout un tas de bordels d’antennes et de radars. Et une escorte de frégates avec des missiles dessus. Des fois que les terroristes, ou ce qu’il en reste, envoient leur aviation nous attaquer… La crise de rire de ouf !
En fait, on n’a pas rigolé longtemps. À cause du secret. Pas le droit de dire où on allait. On aurait eu du mal, vu qu’on n’en savait rien.
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Bon, le tout premier entretien, c’était pas comme j’avais imaginé. Y avait une fille habillée comme un para. Avec des galons que je savais pas encore reconnaître. Pas cool du tout. Me prenait pour un petit connard des cités. Ce que j’étais peut-être. Mais quand je lui ai dit que j’avais flashé sur la pub, elle a bien voulu m’ouvrir un dossier.
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Bref, tout ça m’a fait réfléchir. Et quand Ahmed s’est fait serrer par les stups, même si j’savais qu’il me balancerait pas, j’ai juste pas eu envie de finir comme lui. Alors j’ai noté l’adresse Internet sur l’affiche du métro et puis, comme on dit, j’ai suivi les instructions sur le site de l’Armée française et je me suis engagé.
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Hiérarchie de merde, putain. Jamais ce gros con vicelard d’Ali m’aurait laissé devenir son second. J’avais compris ça depuis longtemps. Depuis que j’avais refusé de buter le pauvre Blackos ravagé de crack qui racontait des conneries à la gare du RER. Si j’avais pas voulu le flinguer, c’est juste parce je savais qu’il allait crever dans pas longtemps. D’ailleurs, ça a pas traîné. Il est tombé sous une rame un soir où il dansait comme un derviche sur le quai, raide au cristal. Mais s’il avait fallu, je l’aurais buté. C’est pas grand-chose de buter un mec. Enfin, c’est ce qu’on dit. J’ai déjà vu des morts. C’était pas marrant, mais en fait, ça m’a rien fait. Rien qu’un corps étalé au pied de la cité, et qu’on emballe dans une ambulance. Que personne caillasse, pour une fois…
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Mes frangins, je les sentais mal. Quinze et treize ans, et déjà embringués sur le même toboggan que moi. Complètement à la masse. Dealers troisième génération… J’avais beau essayer de leur expliquer, ils me prenaient pour un trouillard. Une merde. Pour eux, si je quittais la cité, c’est que j’avais les couilles à zéro. En plus, je lâchais tout juste avant de grimper dans la hiérarchie. Ils pigeaient queude.
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Le pire, c’est que mon père était enfin fier de moi. Il m’a même serré dans ses bras quand je lui ai dit que j’allais m’engager. Ma petite sœur, elle pleurait. Elle voulait pas que j’aille à la guerre. Ma mère non plus. Et j’arrivais pas à leur faire comprendre. Comprendre qu’en ce moment, justement, y avait pas la guerre.
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Laisser tomber les guerres de gangs, les planques à képas, les biftons de vingt et de cinquante, les rodéos, les galères, les virées ratées en boîte, les bastons et tout le bordel, et me casser vite fait avant de finir au ballon comme Ahmed et les autres. Parce que la situation, ces derniers temps, ça puait vraiment.
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Quand je me suis engagé, je ne savais pas que j’allais me retrouver là. J’avais vu l’affiche dans le métro. Ça ressemblait à une pub pour un jeu vidéo à la portée du premier débile venu. Moitié gros bras surarmé, moitié haute technologie, avec des filles en plus, devant des écrans ou déguisées en espèces d’hôtesses de l’air. Et comme dans ma cité ça déconnait grave, je me suis dit que j’allais faire un break, mon frère.
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Je suis debout, là, sous une chaleur à crever, et je sais même pas pourquoi. Bon, OK, on nous dit que c’est une mission de la plus haute importance, que c’est de la reconstruction, de l’interposition (qu’est-ce que ça veut dire ?), mais moi j’ai rien demandé.
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Edgar se rendit subitement compte que, malgré ses sarcasmes, cette fille était effectivement au bord de la crise de nerfs. Elle avait peur. Ce qu’il avait pris pour une force verbale, une assurance, n’était qu’un fragile vernis. La poitrine de la fille était couverte de chair de poule et il avait du mal à détacher les yeux de ses seins, pas trop gros, pointes dressées un peu vers le haut. Elle avait les cheveux auburn assez courts, emmêlés, comme si elle venait de les sécher sans les avoir coiffés. Ses mains étaient exsangues, crispées sur la crosse du revolver. Apparemment, elle avait autant de mal que lui à gérer la situation.
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L' "humanité" allait continuer à tourner pendant l'éternité.
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On l'appelle le crève glace
Il passe et il repasse
Avalant l'espace
On l'appelle le crève-glace
Toujours la mort en face
Jamais il ne se lasse
Le crève-glace...
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Je sais, je n'aurais pas dû traverser la route, mais j'aime bien traverser la route. Il y a du soleil de l'autre côté. Bien sûr, les maîtres n'apprécient pas qu'on se vautre au soleil à ne rien faire au lieu de garder le château, mais c'est une de mes rares compensations.
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Rêve-le, rêve que tu n'es pas assis là, écrasé par le décollage sur ce siège de plastique gris et dur, dans ta combinaison renforcée qui ressemble à une armure...
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Quand j'y repense ... jamais je n'aurais dû appuyer sur le bouton du 13ème. Il n'y a pas de 13ème étage à New York !
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Le SDF risquait de le reconnaître si on retrouvait la carte et qu’on remontait jusqu’à lui. Ne t’affole pas, Marcel. Réfléchis. Ne rien laisser au hasard. Penser à tous les détails. Il faudrait fracturer la porte de l’extérieur. Non. On risquait de le voir de la rue ou d’une maison voisine. Il n’avait qu’à laisser une fenêtre entrouverte. Avec la douceur de l’air, cela paraîtrait naturel. Et puis, rien dans leur habitat ne laissait supposer leur méfiance frisant la folie.
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Il avait toujours eu l’impression que les fabricants de séries policières exagéraient le bruit des armes. Murielle viendrait vers le cellier, inquiète, peut-être même affolée, et, quand elle ouvrirait la porte, il l’abattrait. Il ne regarderait pas son cadavre. Très vite, il mettrait la maison sens dessus dessous, volerait le sac à main de Murielle, le chéquier et la Carte bleue, puis irait au casino passer quelques heures, se faisant voir, remarquer.
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Sa préférée était sans nul doute Columbo. Peut-être parce que la voiture de Peter Falk lui rappelait sa vieille 403, qu’il avait toujours regrettée quand Murielle avait voulu lui faire acheter une DS. Ce qu’il aimait dans les intrigues de Columbo, c’était la foison de détails et surtout le fait que le personnage principal était l’assassin, établissant un plan machiavélique à chaque épisode, plan que Columbo remontait peu à peu, l’air de rien. Mais Marcel savait, par une lecture assidue de Nice-Matin, qu’il y avait peu d’inspecteurs Columbo dans la police. D’aucun pays.
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Je n’aime pas trop les armes, mais on ne sait jamais. S’il y avait la révolution, hein ? Si la populace déferlait sur notre chez-nous pour tout nous prendre ? Marcel avait accepté cet achat incongru et, depuis trente ans, il se contentait de graisser ce petit revolver luisant, espérant ne jamais avoir à s’en servir.
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Malgré la déliquescence progressive de ce qui lui servait d’univers, Marcel avait encore des rêves. Il se sentait encore capable de changer de vie d’un seul coup, de décrocher le jackpot un jour. Car Marcel était joueur. Murielle détestait ça. Elle ne jouait qu’aux mots fléchés et était une fanatique des Chiffres et des lettres à la télé. Elle avait la conviction que son prénom lui donnait une espèce de caution intellectuelle. Comme si elle avait été une sorte de Delphine Seyrig par exemple. Cela faisait bien rire Marcel, mais sous cape seulement. Murielle n’avait absolument rien de Delphine Seyrig. Elle ressemblait plutôt à la Mère Denis. Et elle l’empêchait de jouer. Même au tiercé.
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