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Citations de Bernard Manciet (23)


Bernard Manciet
Toi mon parcours


toi mon parcours parmi tours et tours
où tous ensemble les dieux s’inversent
en encensoir de fourmillement
là mon destin qui triste s’égrène

par-dessus les convives couronnes
volèrent et la fête des dieux
fit s’envoler flambeurs d’anémones
s’environnant de lierre et genêts
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9.


Plus j'écoutais, plus j'en étais sûr, quelqu'un passait assez
proche. Le pas avait beau se faire silencieux, je le sentais
rire. J'allais être découvert. Si je cherchais à fuir, les
froissements de branches étaient à craindre. Je respirai à
très petits coups, comme les acacias par feuilles saccadées.
Je ne reprenais souffle que lentement, sans bruit, autant
que possible, à la façon des menthes. Je me voyais
perdu. Mais à cet instant, dans la torpeur de la forêt,
un arbrisseau, tout seul, se mit à bruire, à s'agiter, sur la
gauche. Puis, au-dessus de moi, un peu contre moi, tout
un érable frémit. Les crépitements et les déchirures des
branches gagnèrent par vagues le dévalement.

p.23
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Bernard Manciet
Tu fais jaillir…


tu fais jaillir ? jambe ? floraison
de poissons sources mil et millets
d’accords obscurs plus claire et sonore
que les rayonnements qui t’abreuvent

flanc parfait comme une paume ouverte
prairie en herbe de lune neuve
un plein carré de lande splendide
lorsque la mer change de cheval
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Sont tous venus boiteux et pauvres et avares
et automobilistes
ceux qui vivent là-bas bien après les lagunes
- ah ne pas oublier de ramener un pain de quatre livres -
ceux de Peytic plus loin celles qui vont à pied
on les appelle Hoc on les appelle Caïre
ou Brins - la bouteille de gaz au retour -
et la Morte sur eux retombe en pluie épaisse
la pluie s'est ouverte sur eux
comme aux jours d'autrefois comme aux grands jours anciens...
Et voici le texte original gascon :
"Son tots vinuts los Sabres los tòrts los coarres los curans
los en autò
los delà las lagüas los Porsiuguèras
se portaràn lo pan de quate quan se'n tornin
los de Peitic mèi en avan las vielhas a pè
los dont se hèn Hòcs los dont se hèn Caires eme
los Brins - e la toca deu gas quan se'n tornin
e la Morta se los arrecaid desssús pluja de negue
se li es oberta dessús..."
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Sans murmure sans grondement sans sonnerie
sur cette terre qui parle de loin
par les nuages sans fin qui vont comme siècles des siècles
vont les oublis et passent les grandes eaux
passe le jugement et la mort et longues eaux
et la bête la terre se soulève et elle passe
avec les eaux grises et les fleuves...

p. 451
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Dune d'écume et d'haleine
j'enserre la poitrine dorée
du jour arrondi en cette rade
et l'aile frêle du ciel neuf

à fleur de peau ce grain de langue
d'ortie de poire ou pain de seigle
sable et sur ta pente subtile
ton cœur ce grain de beauté

gerbe d'ambre qu'en brûlant
je forgeai marbre et bramai arbre
te mordis chanvre et moutarde
je t'emporte belle gerbe
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tu es las d'être Dieu - mon Dieu
tu en a perdu tout face
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25.


Cet après-midi là, nous avons constaté un calme brusque.
Les insectes ne vibraient plus. Il languissait une fadeur
de temps venu des montagnes. Nos sèves avaient pris
une lenteur d'automne. Vers la mer, de longues couches
de nuages se superposaient, plus ou moins opaques.
Depuis assez longtemps, nous ne parlions plus tout
seuls. Écoutions-nous, même ? Oui, sans doute, puisque
la rumeur grégorienne des racines, toute en longueur,
montait, et inondait l'herbe. Puis, au-dessus, un blaisement
continu la haussait, sulfurisée. Au-dessus encore, mais
plus élastique, en soprano, une vigne de chant, souple
comme les lignes des dunes, toujours relancée et régressée,
éternisait des racines aériennes. Depuis longtemps, nous
ne parlions plus qu'au point mort.

p.55
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Vanilha qu’ès mon pòrt de mar
perhum de lunh mon umba lhiva
de pòrt a jaç de jaç a clar
dessus aqueth hum l'auba driva

sofla qu'ardonas tu Vanilha
prunhon lis o persec d'arrós
dotz d’auba mès d’esperlits trilha
se n'es. hruitan perligais blós

te passèjas e casau qu'ès
de nueit Vanilha oulor mainada
mès t'eslaishís : nat casau mès
doman e d'auba pas mès nada
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Vanille tu es mon port marin
mon épaule soulève ce parfum de lointain
de port en tanière puis en clarté
sur ce parfum l'aube dérive

tu arrondis souple Vanille
brugnon lisse ou pêche de rosée
ces sources d'aube mais treille d'étincelles
s'en effruitent de purs perdreaux

te promenant tu es un jardin
de nuit - Vanille - odeur enfant
mais tu flétris : jardin adieu
nul lendemain plus jamais d'aube
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Quand l’œuvre est achevée…



Quand l’œuvre est achevée mais laquelle jamais ?
il manquera toujours dans la salle chaulée sonore une parole
encore et le dernier murmure du mourant dans sa morve
quand Dieu n’en finit pas de son infinité
il manque ton regard – Pierre ! – du plus profond
de la mort élevé jusqu’aux pleurs endormis
il faut donner la vie à qui nous la devons
– mais où en suis-je ? – hauteur du nu
où mourir libre « Nul ne prendrait la vie
que je répands de moi-même
et retire comme il me plaît » Haleine
– liberté aux hommes et paix à Dieu –
je plonge mon bras dans ce souffle
comme dans une mesure d’avoine
les deux mains comme les femmes dans la couette
ou comme dans la vache on va chercher le veau
je suis descendu au fond du cœur
un Dieu dans les dessous du sable comme les piquets dans la mer
nous le tenons enfin cet homme dont le germe est le nom
dans le cinquet de ruse la main sent le père
– « je mets mon âme – Père – entre vos mains » –
dans le filet comble de poissons luisants
se trouve le vivant fuyant et glissant
et de mon âme Père vous êtes bercé comme par la cardeuse
votre source est bercée
de terre – tout est devenu terre et l’âme chair
chair du beau temps qui croule comme le froment
il croule du froment il croule de la terre
et Dieu est sauvé
comme on tire un filet des lueurs des vagues
ciel de poissons on dirait liberté d’écailles
nous tirâmes la pleine mer
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21.


Les nuits allongeaient, mais très lentement, avec des
crépuscules sans couleur. Les couleurs ralentissaient. Les
ciels s'éternisaient. Les fougères se cassaient silencieuse-
ment les unes après les autres. Le bien-être des après-midi
gagnait. Je m'habituais, indifférent à des appels d'alerte
de plus en plus espacés, de plus en plus, me semblait-il,
lointains. La lagune réchauffait, molle, ma torpeur. Je pris
la lassitude des herbes, des nénuphars, faisant la planche
au milieu de leur fatalisme. Je m'étalais sans fin avec eux,
m'éloignais, dérivais d'immobilité. Les nuages aussi, qui
ne s'en rendaient guère compte. Survie à plat.

p.47
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10.


Or je sentais nettement se répandre sur moi, non pas
des feuilles tombées de fin août, mais de lichens livides,
tout le long de mon flanc, des moisissures vaguement
lumineuses, des grumeaux comme des mûres rouges, ou
vertes. Je me reflétais sur les troncs des bouleaux ou, entre
eux, dans un vert assombri. Je me laissais inonder de cet
envers velouté des feuilles de chêne. Il me semblait brûler
doucement, frire, comme des feuilles sèches. J'appartenais
enfin à l'incendie des hautes cimes, au soleil tombant, à
la friabilité de l'herbe jaune par places entières.

p.25
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7.


À la longue, je me méfiais à mon tour de ces fougères qui
me traçaient un parcours de terre séchée, mais sortaient
d'une vase profonde. Je finis par croire que les chèvre-
feuilles se défiaient aussi de moi. Ils n'embaumaient plus
à mon approche. Puis je compris que les tiges, les racines,
et le moindre brin d’herbe crissaient de la même peur que
moi, une peur légère, assurément, mais très ancienne, et
qui ne s’apaiserait qu’au terme de longues vagues d’an-
nées. Il ne s’agissait en somme que d’une crainte presque
joyeuse. Nous nous retirerions dans la pénombre, aussi loin
que possible du beau temps, atroce, pour une attente qui
n’en finirait pas.

p.19
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« Je me rends compte que ne pas croire au bon Dieu, ce n'est qu'une tournure d'esprit, et je ne peux l'admettre. Parce que tout est, partout, pour moi, peuplé par des voix, par les longues phrases murmurées de l'eau. Mon arbre était fait de résurgences obscures, et troué de clartés liquides. Ces voix se répandaient dans le jardin tout entier, et je m'endormais en son milieu, assis sur la fourche épaisse, comme au cœur de la source jaillissante du ciel. »
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[dernières strophes de "Pluviôse"]

« tu t'éclipses et tu reviens
te secoues comme un jeune chien
te pelotonnes et t'étires
je te tiens pluie dans le creux de la main

autour de moi tu rôdes imprévisible
pluie – par poignées de sel
piqûres de machine à coudre
de tes becquetées je meurs – enfin presque

tu passes et de lierre fiévreux
me recouvre – ma Pluie – et les fougères
dansent lorsque par étrange caprice /
tu enlèves le drap

de pleurs brillante elle s'apaise
créant ce ciel qui le ciel nie
offrande sur moi cette branche
cette pluie de silence »
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Duna d'espuma e d'alenada
qu'abraci lo saure pitrau
deu jorn ardon en taua rada
e l'ala prima deu cèu nau

enter-pèth-e-carn gron de lenca
d'ortic de pera o pan de blat
sable e sus costèra eslanca
ton còr aqueth gron de bautat

garba d'ambra que te d'àrder
harguèi marme bramèi arbe
carbe t'nharrèi e mostarda
larga que te cargui garba
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Bernard Manciet
Bérénice…


Recel nacré dans la toison sombre
de cette nuit en odeur froissée
échevelée en soi Bérénice
ce pleur de sel par fourrure épaisse
lumière noire en follets et flammes
dans tel cresson mes chevaux se battent
te délivrant écume en écume
rosée accrue ils la désétoilent
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20.


Elles aussi, les plantes vivent dans l'attente. Je me recon-
naissais à leurs infra-murmures de complicité, sur le sol,
aux rétractation de leurs frissons épidermiques. Elle s'at-
tardent en averses de joie, lorsque le soleil les parcourt
de longues traces de matin. Il ne faut pas se fier alors à
leur impassibilité, non de froid, mais de tension craintive.
Le ciel gris lui aussi, uni et immobile, attend, en instance
de déchirure. Mais le sable surtout, en vagues caressantes
et friables, l'eau abandonnée des vieux fossés, façonné
par les mauvaises herbes, gardent au secret l'irritabilité
d'une joue.

p.45
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28.


Notre glaise lourde s'était soulevée en forte branche,
qui élevait maintenant les forces de l'eau. Dans cette
masse, des racines, des courants confluaient. Il se fit un
vert profond qui se confondait avec une nuit nouvelle et
terrible. Notre feuillage se recourbait sur le désert. Les
appels de mort n'étaient plus que litanies, des invocations
pour ainsi dire, et de plus en plus lointaines.

p.61
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