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Jacques Roubaud (Préfacier, etc.)Guy Latry (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070411252
528 pages
Gallimard (01/05/2010)
4.07/5   7 notes
Résumé :
Un grand poète de langue d'oc, qui revendique sa sonorité gasconne, fait son entrée en Poésie/Gallimard. Nul doute que Bernard Manciet aurait considéré cette publication comme une effraction salutaire et joyeuse.

L'Enterrement à Sabres n'est pas seulement un témoignage. C'est une preuve de la langue gasconne. Il en met en évidence tous les caractères : sa phonétique et sa syntaxe, bien sûr. Mais, plus profondément, tous les registres de la langue son... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Grand texte-monde, écrit en gascon, "une variété singulière de ce qu'on nomme aujourd'hui l'occitan" (Jacques Roubaud), il s'agit d'une suite de 131 poèmes « racontant » l'enterrement d'une vieille femme, de la levée du corps à l'ensevelissement. Bien sûr, il s'agit là d'un prétexte à célébrer une terre dans son présent et dans son histoire, dans ses noms, ses lieux, et bien sûr sa langue. Une langue rugueuse, rageuse, coupante, rocailleuse dont les mots ronflent, éclatent et s'entrechoquent. Langue difficile aussi, nourrie de culture classique et d'anecdotes quotidiennes, langue puissante et souvent hermétique : c'est dire si la lecture de Manciet est en soi une aventure, comme peuvent l'être la lecture de Joyce ou celle de Céline… A mon avis, le texte de Bernard Manciet est un des sommets de la poésie contemporaine, au même titre que certains titres de Char ou de Saint-John Perse : comme chez ces auteurs, la parole peut être obscure – elle n'est jamais gratuite ni décorative, mais toujours concrète et sous-tendue par une véritable nécessité.
Le livre, publié dans la collection Poésie Gallimard est bilingue. La traduction française, due à Manciet lui-même, paraît très en-deçà du texte original. Est-ce volontaire, comme le pense Jacques Roubaud, dans sa préface ? C'est probable. Quoi qu'il en soit, le lecteur ne peut s'en contenter et doit nécessairement passer par le texte gascon s'il veut percevoir toute la richesse de cette poésie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Sont tous venus boiteux et pauvres et avares
et automobilistes
ceux qui vivent là-bas bien après les lagunes
- ah ne pas oublier de ramener un pain de quatre livres -
ceux de Peytic plus loin celles qui vont à pied
on les appelle Hoc on les appelle Caïre
ou Brins - la bouteille de gaz au retour -
et la Morte sur eux retombe en pluie épaisse
la pluie s'est ouverte sur eux
comme aux jours d'autrefois comme aux grands jours anciens...
Et voici le texte original gascon :
"Son tots vinuts los Sabres los tòrts los coarres los curans
los en autò
los delà las lagüas los Porsiuguèras
se portaràn lo pan de quate quan se'n tornin
los de Peitic mèi en avan las vielhas a pè
los dont se hèn Hòcs los dont se hèn Caires eme
los Brins - e la toca deu gas quan se'n tornin
e la Morta se los arrecaid desssús pluja de negue
se li es oberta dessús..."
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Sans murmure sans grondement sans sonnerie
sur cette terre qui parle de loin
par les nuages sans fin qui vont comme siècles des siècles
vont les oublis et passent les grandes eaux
passe le jugement et la mort et longues eaux
et la bête la terre se soulève et elle passe
avec les eaux grises et les fleuves...

p. 451
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Quand l’œuvre est achevée…



Quand l’œuvre est achevée mais laquelle jamais ?
il manquera toujours dans la salle chaulée sonore une parole
encore et le dernier murmure du mourant dans sa morve
quand Dieu n’en finit pas de son infinité
il manque ton regard – Pierre ! – du plus profond
de la mort élevé jusqu’aux pleurs endormis
il faut donner la vie à qui nous la devons
– mais où en suis-je ? – hauteur du nu
où mourir libre « Nul ne prendrait la vie
que je répands de moi-même
et retire comme il me plaît » Haleine
– liberté aux hommes et paix à Dieu –
je plonge mon bras dans ce souffle
comme dans une mesure d’avoine
les deux mains comme les femmes dans la couette
ou comme dans la vache on va chercher le veau
je suis descendu au fond du cœur
un Dieu dans les dessous du sable comme les piquets dans la mer
nous le tenons enfin cet homme dont le germe est le nom
dans le cinquet de ruse la main sent le père
– « je mets mon âme – Père – entre vos mains » –
dans le filet comble de poissons luisants
se trouve le vivant fuyant et glissant
et de mon âme Père vous êtes bercé comme par la cardeuse
votre source est bercée
de terre – tout est devenu terre et l’âme chair
chair du beau temps qui croule comme le froment
il croule du froment il croule de la terre
et Dieu est sauvé
comme on tire un filet des lueurs des vagues
ciel de poissons on dirait liberté d’écailles
nous tirâmes la pleine mer
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tu es las d'être Dieu - mon Dieu
tu en a perdu tout face
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Videos de Bernard Manciet (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Manciet
À l'occasion du centenaire de Bernard Manciet (1923-2005), une soirée ponctuée de lectures pour célébrer le grand écrivain occitan en présence de Guy Latry, ami et spécialiste de son oeuvre. Entretien avec Katy Bernard
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