Bernard Rougier

La promotion du concept d'islamophobie présente une utilité considérable pour cette mouvance idéologique, car elle permet de faire avancer un agenda islamiste au moyen d'un argumentaire libéral, habilement retourné contre lui-même. Ainsi, la possibilité pour les femmes musulmanes de se baigner en "burkini", mise mise en avant pour la première fois sur les plages françaises à l'été 2016, est défendue comme un droit relevant de la liberté individuelle. Or, son usage interne relève, en réalité, d'une logique collective autoritaire puisqu'elle vise à imposer un code vestimentaire uniforme aux femmes musulmanes, mettant implicitement en cause l'appartenance religieuse de celles qui, sur la plage ou ailleurs dans l'espace public, ne se conformeraient pas à pareilles injonctions vestimentaires ou alimentaires.

Certaines reconnaissent , en prison , l'exercice d'une taqiyya (dissimulation) visant à cacher la sincérité de leur engagement jihadiste par l'affichage , plus ou moins ostentatoire , d'un comportement extérieur trompeur ( mini-jupe , maquillage plus ou moins outrancier , goût affiché pour la musique rock , demande de plats avec du porc) . Ainsi une détenue se présente devant le juge en talons aiguilles , mais exprime en privé sa haine de l'institution judiciaire française formulée dans l'usage du terme coranique Taghût - une occurrence omniprésente dans le lexique salafo-jihadiste pour signifier une autorité tyrannique et illégitime .

Roubaix
La rapidité du changement de l'offre commerciale s'explique aussi par la pression exercée par des réseaux de délinquance sur les boutiquiers afin qu'ils cèdent leur local à bon prix. S'assurer le contrôle d'un ensemble de petits commerces - sandwicherie , bars à chichas ou salons de coiffure - facilite les capacités des réseaux de trafics à blanchir leurs profits .

La manière violente et brutale dont l’État islamique s'est présenté au monde signale cette dimension proche du gangstérisme .

Experts et observateurs ont déjà souligné que les organisations terroristes à travers l'histoire avaient pour habitude d'attirer à elles d'anciens criminels .

En outre dès les années 2000 , des chercheurs comme Edwin Bakker ont montré qu'en Europe , et particulièrement en France , les membres d'Al-Qaida provenaient de couches socio-économiques associées aux taux les plus élevés de criminalité .

Le djelbab comme symbole religieux apparaît aussi comme un moyen de défense au regard d'une délinquance masculine pouvant basculer à tout moment dans la criminalité , comme le montre l'exemple de Saïda K. Celle-ci vivait à Clichy-sous-Bois , en Seine-Saint-Denis , et fréquentait la mosquée du Raincy : "Je me baladais , j'allais partout" . Elle raconte avoir mis le djelbab après avoir été plusieurs fois violée par un ami d'enfance accompagné par les membres de sa bande à Clichy-sous-Bois .
Son témoignage fait ressortir une opposition forte entre un avant- qu'elle décrit en utilisant explicitement le terme arabe de jâhiliyya , l'ignorance religieuse de l'ère préislamique - et un après - la rentrée dans l'islam marquée par le port du djelbab .
De manière significative , cette agression traumatique est analysée à travers une grille de lecture religieuse. Elle est vue comme une sanction logique pesant sur toutes celles qui se rendent coupables d'adopter des mœurs permissives. La décision de porter le djelbab change le statut de la jeune fille dans le quartier .Dorénavant inscrite dans les frontières sacrées du haram , elle devient immunisée contre les risques d'agression en tant que croyante respectée par la collectivité religieuse .

Olivier Galland et Anne Muxel relèvent dans La Tentation radicale , Paris , Puf , 2018 , qu'une classe majoritairement composée d'élèves musulmans a plus de risques de présenter les symptômes d'un « absolutisme religieux» .

L'appropriation symbolique du territoire à Molenbeek-Saint-Jean (comme dans la commune limitrophe d'Anderlecht ) s'est matérialisée par l'apparition de plusieurs types de marqueurs ethno-islamiques : écriteaux en arabe ou en turc dans les cafés ou les snacks , commerce halal (boucheries , boutiques de pâtisseries) , noms des magasins arabisés , multiplication des mosquées et des salles de prière , et port dans la rue de vêtements islamiques (jilbab , qamis , burqa) .

Dans les cités du nord de Toulouse , la machine de prédication est étroitement associée au milieu du deal , les acteurs de l'un étant souvent confondus avec les réseaux de l'autre .
Les « salafo-délinquants» qui s'y affirment prônent un retour au dogme compatible avec l'économie parallèle qui quadrille le quartier et dont vivent plusieurs d'entre eux . La vente de stupéfiants aux mécréants (kuffar) est licite (halal) tant qu'elle affaiblit l'ennemi et , au besoin , finance la cause .

Depuis la convention du 17 février 1964 entre la Belgique et le Maroc , qui organise le recrutement des travailleurs marocains au profit de la Fédération des entreprises charbonnières de Belgique (Fédéchar) , la commune ( Molenbeek) s'est longtemps identifiée avec l'immigration marocaine , l'état belge reconnaissant , dans l'article 13 de ladite convention , le droit au regroupement familial bien avant son voisin français .

« Allah a crée la femme à partir d'une des côtes de l'homme , une côte tordue » , disait un prédicateur lors d'un bayan mixte qui réunissait hommes et femmes tablighi de Seine-Saint-Denis. La femme étant incomplète , il convient de l'éduquer , de la former , de lui faire comprendre que sa place véritable est à la maison .

La célébration des fêtes chrétiennes comme l'adoptions de noms issus du calendrier sont évidemment proscrites car l'appartenance religieuse est définie comme l'exact antonyme de l'assimilation républicaine .

Les militants islamistes les plus conservateurs , quant à eux , voient dans le mouvement décolonial un produit du gauchisme postmoderne . Selon eux , les militants islamistes de la frange « intersectionnelle » ne seraient que des individus postmodernes et désislamisés , trop proches du militantisme LGBT , du féminisme , voire , paradoxalement , des valeurs républicaines .

Pour le cheikh Abdallah :
Il est interdit de ressembler aux mécréants dans ce qui leur est spécifique , qu'il s'agisse de coutumes , d'adorations , d'allure ou de comportement , comme le fait de se raser la barbe , de se laisser pousser les moustaches , d'utiliser leur langue - sauf en cas de nécessité - de s'habiller comme ils le font , de manger ou de boire pareillement à eux , et autres actes similaires .

Pour le PIR , Bilal Hassani est un produit du système raciste qui voudrait promouvoir l'homosexualité comme modèle comportemental pour les hommes arabes .

A la RATP , les refus de serrer la main des femmes sont apparus dans les années 1990 , après que la direction eut décidé d'embaucher des agents venus des banlieues pour endiguer les caillassages de bus .