Le Dr Bessel van der Kolk étudie les stratégies de traitement des traumatismes sexuels. Il examine la manière dont l'agression sexuelle est vécue en permanence dans le corps des victimes et propose des approches pour les aider à redécouvrir leur corps.
Le terme d'agentivité désigne le sentiment d'avoir une certaine maîtrise sur sa vie : savoir où l'on se trouve, qu'on a son mot à dire sur ce qui nous arrive, et un certain pouvoir d'influer sur sa situation.
Mais si personne n'a porté sur nous un regard aimant, si personne ne nous a fait un grand sourire en nous voyant, ou n'est accouru à notre aide (mais nous a dit plutôt : " Cesse de chialer, ou je vais te donner des raisons de le faire"), il nous faut trouver d'autres moyens de prendre soin de nous-même. Le risque est alors d'essayer tous les expédients - drogue, alcool, automutilation ou boulimie - qui apportent un certain soulagement.
A la base de l'agentivité se trouve ce que les scientifiques nomment l'"interoception", la conscience subtile des états du corps : plus cette conscience est grande, plus on peut contrôler sa vie. Savoir ce que l'on ressent est un préalable à la compréhension de la raison de ce ressenti.
L'autorégulation repose sur l'entretien d'une relation amicale avec son corps. Sabs elle, on doit s'appuyer sur une régulation extérieure : médicament, drogue, réassurance constante ou soumission compulsive aux désirs des autres.
Dès l'instant où quelqu'un nous nourrit quand on a faim, nous couvre quand on a froid, ou nous berce quand on est effrayé ou blessé, on commence à acquérir ces stratégies de régulation émotionnelle.
Voilà pourquoi la pratique de la pleine conscience, qui renforce cette structure, est essentielle à la guérison du traumatisme.
Les alexithymiques remplacent le langage des émotions par celui de l'action.
Nous ne voulons pas vraiment savoir ce que les soldats endurent au combat. Nous ne voulons pas vraiment savoir combien d'enfants sont maltraités dans notre société, ni combien de couples - près d'un tiers - sombrent un jour dans la violence. Nous préférons penser que la famille est un havre protecteur dans un monde sans coeur et que notre pays est peuplé de gens éclairés et civilisés.
La conscience physique est le premier pas pour se libérer de la tyrannie du passé.
Nous étions confrontés à deux grands défis : le premier consistait à découvrir si la vision du monde des enfants non traumatisés pouvait expliquer leur résilience et, plus profondément, à apprendre comment chaque enfant crée sa carte du monde. L'autre, tout aussi crucial, tenait en une question : peut-on agir sur le cerveau et sur l'esprit des enfants brutalisés pour les aider à redresser leur carte intérieure et à y intégrer une confiance dans l'avenir ?