Citations de Biz Fréchette (216)
On n'est jamais seul avec un livre. p.28
J’étais dans la maison des fous. La folie, ce n’est pas de hurler durant un incendie, mais d’agir normalement alors que la maison brûle.
Comme la mort, la cruauté adolescente frappe aveuglément, sans morale et sans remords.
Je commençais à comprendre que le destin des Québécois était pas mal plus lié à celui des Premières Nations qu'on ne pouvait l'imaginer. D'un point de vue identitaire, on retrouvait chez eux, à une autre échelle, les mêmes combats pour la survie de la langue et de la culture. À ceci près qu'au Québec, les Autochtones sont divisés en onze nations, disséminés sur un immense territoire et représentant à peine un pour cent de la population. D'une certaine façon, les Indiens étaient des canaris dans une mine de charbon : leur avenir préfigurait le nôtre.
Cette grève, c’était mai 68. Beaucoup de bruit, une mobilisation sociale contre l’ordre établi, un déferlement de liberté et de créativité, mais que restait-il de tout ça une fois les moutons rentrés se faire tondre à la bergerie?
(Leméac, p.151)
Les économistes sont aussi des charlatans qui colportent l’idée que la croissance infinie dans un monde fini est une bonne chose. En biologie, la croissance infinie, on appelle ça un cancer.
(Leméac, p.116)
On peut vraiment devenir fou à écouter "Pinpin le lapin" ou "Mes amis les légumes". Dans la prison d'Abou Graïb, on dit que l'armée états-unienne finissait par faire craquer les prisonniers iraquiens avec Métallica. Croyez-moi, Shilvi ou Annie Brocoli fait le travail beaucoup plus rapidement.
Son cerveau butine comme un colibri chez un fleuriste. (p. 75)
Smith tire une chaise et enlève les couvre-plats, dévoilant un festin pantagruélique. Deux poulets entiers, trois T-Bones saignants empilés, un rôti de porc, un jambon et une assiette de saucisse. Que de la viande. De ses doigts, il empoigne un poulet et le dévore à pleine bouche. Il déchire la chair plus qu'il ne la mastique, avec d'insupportables bruits de succion et des grognements contentés.
Je m'en retourne sans un mot, cultivant l'illusion du meurtrier susceptible de péter un câble à tout instant.
Pour le moment, j'acceptais de croire que des gens croyaient au Wendigo. Mais je n'allais tout de même pas croire moi-même en l'existence d'un squelette cannibale. De toute façon, je n'avais rien à craindre, j'étais végétarien.
De deux ans à deux ans et demi, ce fut systématiquement "non". Peut-être par osmose paternelle, la phase fédéraliste de mon garçon n'a pas duré très longtemps, Dieu merci ! C'est quand même fascinant que la première étape du contrôle d'un humain sur son environnement soit le pouvoir du bâton dans les roues. C'est incontournable dans le développement psychologique de tout être humain : on commence sa vie en disant non. Pas surprenant que ce soit si difficile de dire oui à l'âge adulte.
Il faut être fou pour faire apparaître quelqu'un dans un monde fou. C'est vrai. Mais la folie du monde est bien relative. Qui aurait préféré naître parmi les esclaves de l'Empire romain, les paysans européens pendant les épidémies de peste noire ou les ouvriers américains lors de la crise des années 30 ? Oui, le monde est fou. Mais celui qui endort un enfant assourdit le vacarme de la barbarie humaine.
Le vertige, ce n'est pas la peur de tomber, c'est la peur d'aimer la chute.
Le rire d’un enfant, c’est le salaire des parents. Et, au plus profond du marécage de la dépression, le rire d’un enfant peut être un garde-fou contre la tentation d’en finir.
(Leméac, p.44)
À quoi bon remuer les poubelles du passé et composter les suppositions? Mieux valait ouvrir les fenêtres et humer l’horizon.
(Leméac, p.215)
Je me suis assis à l'arrière, avec les autres esseulés. Le prêtre a pris la parole pour radoter la même histoire de la nativité. Je trouvais qu'on faisait beaucoup de cas d'un charpentier cocufié par un courant d'air.
… c’est la grand-messe médiatique mondialisée, avec ses prêtres, ses liturgies et ses fidèles. Le monde communie à l’autel du commérage et du voyeurisme.
(Leméac, p.105)
La nouvelle gauche me sidérait. En exacerbant les particularismes individuels et les minorités, elle évacuait les grandes solidarités et les projets collectifs qui avaient été sa raison d'être au dernier siècle.
Sa vieille voix est si usée qu'elle bruit délicatement, comme un papyrus qu'on froisse.