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Citations de Blaise Ndala (54)


Les lois de Bula Matari [l'état colonial] n'étaient que toquades, mais dire que nous avions attendu le Blanc pour inventer l'ignoble serait pisser sur cent vingt et une générations de passeurs de mémoire.
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« Tant qu'il me reste un souffle, enseignant, tant que la tombe à mon égard continue de prendre son mal en patience, laissez-moi venir à l'Essentiel : depuis que la terre est notre demeure commune, des peuples se rencontrent, tantôt dans la joie, tantôt dans la douleur, tantôt sous l'étreinte de l'allégresse, tantôt sous le joug de la barbarie. Ce ne sont pas les blessures qu'ils s'infligent les uns aux autres qui comptent le plus lorsque le temps éclaire enfin nos vacillantes illusions de discernement. Ce qui l'emporte, fils, c'est ce que leurs enfants après eux en retiennent afin de bâtir un monde moins répugnant que celui qui les a accueillis. »
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Et un après-midi, au moment de me laisser retourner à l'école, il soutint mon regard et me dit qu'il m'aimait. De toute ma vie, c'était la première et la dernière fois qu'un homme m'adresserait ces mots qu'aucun homme ne devrait prononcer devant une femme à moins d'être convaincu qu'il sacrifierait son âme pour en assumer les conséquences.
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-Ce ne sont pas des fadaises, tante Mengi. Tu devrais prêter ne serait-ce qu'une oreille aux Saintes-Ecritures.
-Ne manquait plus que ça: voilà donc une fille de Nyimi conseillant à l'abeille de prêter oreille à la mouche pour se faire expliquer que le caca est meilleur que le nectar. Fadaises ou pas, mon devoir n'est pas de me mêler de ce que pensent ces femmes qui n'ont jamais écarté les cuisses pour honorer la vie.
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Je m'étais souvenue des paroles qu'avait prononcées un sage nigérian avant que le prix Nobel de littérature ne fasse de lui une icône mondiale : « Plutôt que de proclamer sa tigritude, le tigre bondit, attrape sa proie et la dévore, un point c'est tout. »
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Nuit et jour, le fleuve poursuit son voyage vers l'embouchure.
Quiconque se tient sur la berge en espérant surprendre les torrents rebroussant chemin vers la source, n'a rien compris aux murmures des montagnes.

(Page 57)
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Celui qui mange la bouche ouverte avalera une mouche;

Celui qui la ferme ne court qu’un seul risque : vivre en santé.

(Interligne, p.236)
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Sans crier gare, un nuage sombre avait commencé à se former au-dessus du Heysel. Dans l'un des pavillons les plus courus où les visiteurs pouvaient s'émerveiller devant un « village de Bantous congolais avec leur invité Pygmée, en pleine jungle équatoriale, comme si vous y étiez », et ainsi, toucher du doigt « le long chemin que la Belgique a fait prendre à ses indigènes depuis les ténèbres de l'époque de Kurtz jusqu'à l'ère contemporaine », le tout en vue de comprendre « pourquoi notre mission chrétienne et civilisatrice en Afrique centrale restera l'un des plus grands apports du roi bâtisseur Léopold II d'abord, et de l'ensemble de notre peuple ensuite, à l'universel », dans ce pavillon, donc, le projet cher au ministère de Colonies avait pris du plomb dans l'aile.
[...]
Il y avait eu ces "Défense de nourrir les Noirs — Verboden Negers te voeden — Do not feed the niggers" attachés contre les parpaings, que le sous-commissaire fit enlever sans se référer à son supérieur.
[...] Vint l'incident qui mit le feu aux poudres.
Au cours d'une visite scolaire, des adolescents d'un athénée du Brabant flamand jetèrent derrière l'enclos qui délimitait le village des bananes au cri de « Dégustez les bananes, petits Nègres, sinon nous allons vous couper les mains ! » Dans la foulée, des visiteurs se mirent à pousser des cris de singe, à mimer des gestes qui laissaient peu de place à l'imagination.
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Parce qu'il n'y a que le pouvoir de la parole pour recoudre la camisole de l'honneur perdu sous le regard scrutateur des gardiens de la mémoire.
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Le pardon était, dans son entendement, un couteau à double tranchant dont devait se méfier un chef digne de son rang. La patience, la pierre contre laquelle le même patriarche devait aiguiser jour après jour la lance dont il se servirait pour harponner quiconque l’avait défié au vu et au su de ses sujets.
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Il était beau. Divin. Sulfureux.
Le jour, il sentait la mort. La nuit, il était tourbillon des essences les plus euphoriques qui puissent se trouver en forêt kuba.
L'amour de ma vie. L'homme de ma perte.

(Page 31)
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Cela le temps m'a permis de le découvrir. Car il en est de la "kinoiserie" comme de la révolution de l'authenticité africaine que prône le Parti: si on vous l'explique et que vous avez l'impression d'avoir compris, c'est qu'on vous a mal expliqué. Vous devez aller au feu et y revenir pour savoir, sans l'ombre d'un doute, de quoi cette religion est le nom.
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Le coq a deux genoux, certes, mais personne ne l'a jamais vu les plier à la manière du chien pour quémander une graine de maïs.
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Où aimer, c’est ouvrir les portes de l’enfer pour y embrasser avec le sourire les flammes réservées à ceux qui troquent leurs neurones contre un cœur frappé de surdité.
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Blaise Ndala
Un soir, dans le maquis, je me suis approché d’un petit groupe de soldats qui déconnaient autour d’un feu qu’ils avaient allumé pour faire rôtir un sanglier. Le petit, le même, avait lancé à ses compagnons cette phrase, que j’aurais bien aimé prononcer avant lui et de préférence face à un journaliste : « Un jour, les riches auront tellement baisé les pauvres que ces derniers, affamés et diminués, n’auront d’autre choix que de manger leurs bourreaux. »
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Pense donc aux petits Africains qui crèvent de faim. Trop facile. L'esquive n'a que trop duré, elle est usée jusqu'à la corde et ne tient plus qu'à un fil, que j'invite l'Afrique à couper sans délai. Il leur faudra mettre la main au portefeuille pour acquérir le droit de consommer cette misère que les néocapitalistes apprêtent à toutes les sauces d'une égocharité qui ne dit pas son nom. Mais cela n'arrivera pas par la magie de la génération spontanée. Le braconnage de la misère, madame, n'est pas un fléau qui partira tout seul, je me dois de le souligner. Son éradication passera par une vraie politique de l'image à l'échelle de toute l'Afrique, avec des cibles bien ideintifiées. Car si à l'horizon 2000, pour ses quarante ans d'indépendance, le continent ne parvient pas à réduire l'extrême pauvreté avec les recettes générées par le chaos dont il est le théâtre privilégié, alors il aura raté le train du futur. Laissez-moi vous dire que c'est un honneur pour moi, hommes et femmes de Cocagnie, que d'être, dans ce beau pays qui me fait l'insigne honneur de le servir, celui qui échafaudera les prémices de cette stratégie innovante appelée à révolutionner la relation exploitants-exploités...
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Or les diamants, chacun le sait, ne sont pas éternels. Pareil pour le pétrole, le cuivre ou même le coltan. Ils s'épuiseront beaucoup plus rapidement qu'on ne le croit, tandis que les pauvres seront toujours parmi nous, faisant de la misère une ressource éternelle, un produit sûr, une valeur refuge, l'or noir réinventé, pour tout dire. Cette pauvreté extrême, ces tragédies humaines que d'aucuns vous envient sans le dire au point de les piller pour cumuler les distinctions honorifiques, au nom de la philantropie, et les gains en Bourse, au nom du libre-échange, il est temps qu'elles vous profitent. Il est grand temps que les pays comme le vôtre, qui abritent l'extrême pauvreté à profusion, puissent vivre des ventres ballonés qu'on montre sur les écrans du monde entier. Sur chaque enfant cocagnard squelettique montré là-bas nu comme un ver, le corps couvert de mouches, entre deux spots publicitaires vantant le hamburger sans gluten et l'implant mammaire sans douleur, votre pays devra percevoir un pourcentage déterminé au titre des droits liés à l'image, en dollars américains de préférence, tant et aussi longtemps que l'ère du yuan se fera attendre.
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(...) dans cette ville, tu le sais autant que moi, quand le politicien t'a raté, c'est Dieu qui te scie les jambes.
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L'honneur ne se lave que dans le sang. De quelle couillonnade es-tu le visage, toi qui crois que c'est en tendant la peau du ventre, après avoir été flagellé sur le dos, que tu gagneras le respect de toi-même?
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Ainsi en avait décidé la nature à la racine du monde : l'huile flottait au-dessus de l'eau dormante. Le Blanc était destiné à la Blanche, la Négresse au Nègre.
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