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Critiques de Bob Shacochis (48)
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Au bonheur des îles

J'ai passé d'excellents moments à la lecture de ces nouvelles qui m'ont fait voyager tout en restant dans mon lit ! J'en ai apprécié l'humour et les descriptions, un écrivain-voyageur que je ne connaissais et que je vous engage à découvrir.
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Au bonheur des îles

Ces neuf nouvelles ancrées dans une moiteur tropicale sont le premier ouvrage signé Bob Shacochis, auteur depuis du remarquable roman La Femme qui avait perdu son âme. Eparpillées sur les confettis d'îles caribéennes ou sur les côtes de la Floride, les destinées des personnages blancs et noirs, trafiquants, musiciens, apprentis révolutionnaires, pêcheurs, expatriés, nous grisent comme le plus puissant des rhums.



Au bonheur des îles aurait pu s'intituler Derrière la carte postale, tant l'Américain, ancien correspondant de guerre qui a couvert l'invasion d'Haïti en 1994, et qui a beaucoup bourlingué avec les Peace Corps, fait preuve de réalisme, de cynisme, et d'un humour plus grinçant qu'une porte qui coince, comme en témoigne le titre Easy in the islands.



Car de la Barbade à Antigua, rien n'est facile, mais tous s'accrochent, entourés de musique, omniprésente, de chaleur, de beauté délabrée. Aux yeux des Américains, elles peuvent sembler interchangeables, et pourtant: « Là-bas, au loin, au-delà du Gulf Stream, invisibles, se trouvaient les îles -il y en avait qui étaient aussi parfumées que la cardamone, certaines avaient des histoires cachées comme de la graisse sous une gaine, d'autres étaient aussi détestables qu'un mal de tête, certaines recélaient des trésors si abondants qu'ils n'avaient plus aucune valeur, d'autres n'étaient que de purs fantasmes et d'autres encore avaient le pouvoir de vous engloutir, comme la baleine d'Achab. »

Au bonheur des îles, un bonheur de lecture.

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Au bonheur des îles

9 longues nouvelles pour un total de 312 p. Voyage doux-amer d'île en île des Caraïbes en compagnie de personnages déjantés ou rugueux. Des histoires poignantes (ex: le Pélican). Les deux dernières nouvelles (la faim, le signe de Mundo) pourtant contemporaines m'ont étrangement fait penser à l'étrange atmosphère du roman de J. Conrad "Heart of darkness". Toutes proportions gardées: un côté Hemingway chez Bob Shacochis ? Très bon roman, auteur à découvrir..
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Au bonheur des îles

On se promène, ou plus souvent on navigue, le long de la Floride, ou dans les Caraïbes... On boit de la bière locale, et du rhum, surtout du rhum. Un arrière fond musical, volontiers jazzy. Il fait chaud et moite et vous voilà plongé dans 9 nouvelles de 20-30 pages mettant souvent en scène un Américain blanc dans le monde bigarré des Caraïbes (Grenadines, Barbade, ...) dans les années 70. C'est violent, décapant, et souvent second degré.



Voilà une très belle découverte.



Ce recueil a reçu le National Book Award de la 1ère oeuvre de fiction en 1985. Les Américains y ont reconnu un style à la Conrad et à la Hemingway.



"Chaque jour était une petite aventure épique sans objet, un long canular qui défilait toujours à a manière d’un dessin animé, comme si la moindre activité n’avait de sens que si elle était plongée dans l’atmosphère de drame et de menace d’un mauvais opéra."













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Au bonheur des îles

Histoires intéressantes,le revers de la médaille est parfois difficile à imaginer.
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La femme qui avait perdu son âme

Je sais qu'il s'agit d'un roman qui divise. Soit on adore, soit on craque. Autour de moi, quasi tout le monde a craqué.

Moi, j'ai adoré.

La première partie est un peu rude, je l'avoue. Mais une fois qu'on se lance et qu'on la passe, tout devient intense. Parce qu'on ne lit pas un roman mais plusieurs, avec des styles différents en fonction des parties. Et là j'ai été conquise.

Malgré la tristesse et la noirceur du propos (on peut dire qu'il ne s'agit pas d'un roman très optimiste), j'ai voyagé, je me suis sentie emmenée avec les personnages. J'ai vécu avec eux.

Voilà une bonne raison de s'accrocher sur les premières pages.
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La femme qui avait perdu son âme

Haïti, 1998, le corps d’une femme est retrouvé sur l’autoroute 1 à bord de sa voiture criblée de balles. Elle est identifiée comme étant Jacqueline Scott, reporter freelance et photographe, mariée à Parmentier, trafiquant de drogue. Ce dernier est incarcéré à Miami, accusé d’avoir organisé le meurtre de son épouse. Il charge l’agent à la retraite Conrad Dolan d’enquêter pour l’innocenter. Il lui doit bien ce service car il a été son informateur. Dolan contacte alors Tom Harrington, avocat international en poste à Haïti, pour l’aider dans ses recherches qui vont mettre à jour les multiples identités de la victime, Jacqueline Scott, allias Renée Gardner, allias Dorothy Chambers, allias Dorothy Kovacevic, allias « La femme qui avait perdu son âme »….

Bob Shacochis a mis dix ans pour écrire ce roman d’espionnage à l’architecture particulière qu’il aurait pu appeler « On ne meurt que deux fois ». Il le divise non pas en cinq chapitres mais en cinq livres. L’auteur atteint de troubles cardiaques pensait qu’il allait mourir d’un jour à l’autre, aussi a-t-il rédigé les différentes parties comme des histoires indépendantes, reliées entre elles par un personnage centrale : une « Mata Hari » séduisante, moderne et mystérieuse. Il s’est avéré qu’il ne s’agissait que de fibrillation atriale parfaitement soignable.

Il mélange les styles partant d’un simple polar, le meurtre d’une jeune femme, il ouvre son histoire sur un roman d’espionnage, en y mêlant FBI, CIA et différents services secrets militaires américains, pour donner une dimension géopolitique internationale. Comme le dit l’auteur lors d’une interview : « J’étais une pute cherchant des clients. »

Son roman est écrit comme un reportage. Il y met des éléments qu’il a lui-même connu comme cette femme qui a perdu son âme réellement en Haïti, alors qu’il était reporter là- bas.

Pour cette œuvre monumentale, il sera finaliste du prix Pulitzer en 2013 mais le jury lui préférera « La vie volée de Jun Do » d’Adam Johnson.

Remarquablement bien écrit, c’est une histoire dont la lecture est parfois déroutante et où le lecteur peut se sentir perdu mais il est poussé par un besoin irrépressible de connaître la vérité, vérité qui se dévoile petit à petit comme les poupées russes, les matrioskas.

Traduction de François Happe.

Editions Gallmeister, 789 pages.

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La femme qui avait perdu son âme

Je n'ai pas accroché, je me suis enfuis avant la centaine de page... je m'ennuyai.
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La femme qui avait perdu son âme

Cette année n'est pas une année comme les autres, il s'agit des 10 ans des éditions Gallmeister et je peux vous dire que je compte bien fêter cet anniversaire sur le blog avec des articles, des challenges, etc. : un hommage sur toute l'année bien mérité pour une maison d'exception ! Et cela commence dès aujourd'hui !



La Femme qui avait perdu son âme est un pavé littéraire que l'on dévore en deux jours, une véritable merveille, une pépite, une perle : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce roman. Tous les ingrédients sont réunis pour fournir une des meilleures publications de cette maison : une belle couverture, une sublime traduction, une histoire incroyable, des personnages inoubliables. C'est un chef d'œuvre !



Le gros point fort de ce roman c'est le fait de mélanger une fiction passionnante avec l'Histoire : le lecteur va en apprendre énormément au travers d'une pluralité de protagonistes fascinants, d'une multiplicité de pays traversés et d'évènements historiques cités. Cela mélange autant l'action via l'espionnage que le pèlerinage introspectif avec des thématiques intimes et philosophiques : la question du destin, de l'identité, de ce pour quoi nous nous battons chaque jour.



Ce roman est l'œuvre de dix ans de travail et on le ressent du fait de l'accomplissement tant dans le style que dans l'intrigue : j'ai été émue, bouleversée, obsédée par cette lecture qui m'a accompagnée pour cette fin d'année. Vous savez avec quel livre commencer la vôtre !



En définitive, les éditions Gallmeister ont peut-être réussi l'exploit de publier le meilleur roman 2016 dès le 1er janvier !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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La femme qui avait perdu son âme

Racines intimes des chocs historiques, et grand roman géopolitique de l'amour volé.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/12/21/note-de-lecture-la-femme-qui-avait-perdu-son-ame-bob-shacochis/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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La femme qui avait perdu son âme

Mon vue patriotisme me laisse à déduire que Dottie la jolie demoiselle bourrée de savoir dont parle l'auteur représente Haïti même , et que les grandes puissances , constatant sa force et son génie utilisent les plus pauvres de son sein pour la faire souffrir sans même le vouloir .
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La femme qui avait perdu son âme

Un roman complet qui raconte bien plus que le meurtre d’une femme, il retrace son parcours incroyable dans le monde, au milieu de conflits impliquant des institutions secrètes des États-Unis... Ce roman est une invitation à une incroyable épopée, et pourtant ce n’est pas un roman que je conseille à tout le monde.



Le récit commence par le point de vue de Tom Harrington, qui croise son histoire de la situation catastrophique à Haïti ainsi que les circonstances dans lesquelles il a rencontré Jackie Scott, puis son histoire sur les traces de la jeune femme pour comprendre sa mort. C’est une première partie très difficile à digérer je trouve, je n’ai pas trouvé d’atome crochue, ne comprenant pas où l’auteur voulait m’emmener. J’y suis venue à bout tant bien que mal, pour retrouver une deuxième partie un peu plus légère et plus intéressante.



Cette deuxième partie ainsi que les autres à venir nous offre un point de vue différent. Un retour en arrière où l’on découvre une autre histoire, lié à l’histoire de Jackie, avant de revenir à elle dans les autres parties. On découvre un tout autre tableau, une histoire de vengeance et d’espionnage, une histoire dont va hériter Jackie pour vivre avec. C’est seulement là qu’on comprend l’ampleur et l’importance de se personnage, c’est seulement là que j’ai enfin trouvé un atome crochue qui m’a donné terriblement envie de connaître le destin de cette femme, de comprendre ce qui l’a amené à ce chemin tragique en Haïti.



C’est un beau roman, complet, on sent bien la recherche de la part de l’auteur pour nous faire voyager sur plusieurs décennies, dans plusieurs endroits du globe, à travers différents personnages ayant croisé La Femme qui avait perdu son âme. Le seul bémol est le style d’écriture, qui rend la lecture longue et parfois laborieuse, surtout au début et la fin aussi malheureusement (alors que j'avais trouvé mon rythme de croisière). Mais je pense que se heurter à ce petit problème en vaut la peine.
Lien : https://leslecturesdecristy...
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La femme qui avait perdu son âme

Fresque familiale, roman d’espionnage, thriller, histoire d’amour, réflexion romanesque sur ce qui mène le monde, La femme qui avait perdu son âme est un roman dense, sombre et troublant, extrêmement prenant. Il est paru en janvier chez Gallmeister. Dix années de travail pour l’auteur et une bien belle publication pour les dix ans de l’éditeur.



Chronique complète sur le site.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
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La femme qui avait perdu son âme

C’est un roman très difficile à classer dans une catégorie, à cause de mon métier de bibliothécaire je ne peux m’empêcher de chercher où je vais classer un livre quand je le lis et pour celui-ci ça a été très difficile ! C’est finalement un roman très complet. A la lecture de ce roman, on imagine le travail monumental de l’auteur pour écrire cette histoire qui traverse les époques et les pays, les conflits et les différentes politiques.

Ça a été une lecture très lente pour moi, j’avoue que les 800 pages de ce roman ont été dures à passer. C’est tellement riche en informations sur la géopolitique, les conflits, les pouvoirs… La première partie en Haïti où on découvre cette femme aux noms multiples qui prétend avoir perdu son âme a été la plus longue pour moi, il m’a fallu ces 200 et quelques pages pour rentrer dans le roman. Un roman très dense qui rend son écriture d’autant plus réussie. L’auteur maîtrise les sujets, les personnages, les imbrications entre eux, la géopolitique des pays dans lesquels ses personnages interagissent, etc. J’ai rarement vu un auteur maîtriser autant son roman et ses sujets.
Lien : http://frontwing.co.uk/blog/..
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La femme qui avait perdu son âme

La femme qui avait perdu son âme m'a littéralement fasciné... La femme autant que le roman !



Une femme d'une beauté renversante, dont tous les hommes sont fous… Elle porte plusieurs noms, parle dix langues, sait tout faire, a vécu au moins deux vies, s'exprime et jure crûment, utilise son corps sans vergogne – j'allais écrire sans état d'âme !... C'est parfois en perdant son âme que l'on se construit...



Revenons au roman. Il est somptueux, mais autant prévenir, la lecture n'en est pas un long fleuve tranquille. C'est long, très long, même ; et c'est plutôt un torrent impétueux aux eaux boueuses, parfois sanglantes, jonché d'obstacles invisibles. Dans la première partie, il faut s'accrocher avec patience et détermination. La femme qui avait perdu son âme relève de ces romans formidablement conçus en puzzle, difficiles d'accès, qu'on abandonne après cent pages ou qu'on ne peut plus lâcher et qu'on relit tout de suite après, au moins en diagonale, une fois qu'on a les clés pour comprendre ce qui était hermétique à première lecture.



L'histoire s'étend dans le temps comme une saga, et dans l'espace comme une fresque.



Le premier chapitre se passe en 1998 en Haïti ; quelques mots d'un poème célèbre me viennent : ... un palais flétri par la cohue / On s'y saoule, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux. Ça part dans tous les sens, là-bas. Extrême pauvreté et abus de pouvoir arrogants. Mysticisme vaudou ou chrétien. Violence crapuleuse ou démente. Qui sont les gentils, qui sont les méchants ? Qui est ami avec qui ? Les Américains viennent de se replier, après avoir essayé vainement de rétablir l'ordre, la justice et la démocratie. Incompatibilité culturelle totale. Sauf pour les gros trafiquants internationaux qui profitent de la corruption généralisée.



Ça commence comme un thriller. Une femme est tuée... Oui, c'est bien celle dont il est question !... Deux ans auparavant, en Haïti déjà, sa beauté, son attitude provocante et un comportement insensé lui avaient valu une présence remarquée. Elle s'appelait Renée, ou Jackie, peut-être Dorothy. Qui l'a tuée, et pourquoi ? Pour brouiller les pistes, l'auteur, Bob Shacochis joue avec les procédés d'écriture : des dialogues et des flash-backs insérés sans les ponctuations appropriées ; des considérations anecdotiques qui sont autant de fausses pistes ; des gros plans sur des personnages qu'on croit importants et qui ne le sont pas ; des interrogations en trompe-l'œil sur des événements étranges... Ne cherchez pas à comprendre, les dernières pièces du puzzle ne vous seront livrées qu'au cinquième chapitre.



Les trois chapitres intermédiaires, d'une lecture plus aisée, éclairent les personnalités des personnages principaux.



1945, libération de la Croatie. Epuration. Dans les Balkans, la violence est toujours sauvage, barbare, insoutenable. Stjepan, huit ans, regarde le cadavre décapité de son père, un chef Oustachi criminel de guerre, torturé et tué par un Serbe communiste et un Bosniaque musulman, pendant que sa mère est violée. Voilà déterminés clairement les ennemis contre lesquels il luttera, plus tard, quand devenu Américain sous le nom de Stephen Chambers, il fera carrière dans la diplomatie et le renseignement international.



1986, Istanbul. Chambers y est installé après avoir été en poste un peu partout sur la planète. De jeunes musulmans commencent à se rebeller contre la laïcité militaire en vigueur. D'autres turbulences les interpellent, ailleurs : en Afghanistan, les Soviétiques, espèce en voie de disparition, se heurtent à des Moudjahidins, espèce en voie d'apparition. Chambers observe ; les ennemis de ses ennemis sont ses ennemis…



Diplomate influant, Chambers dispose de fonds et de réseaux importants. Il a une fille, Dorothy – Dottie pour les intimes – qui vit seule avec lui. Père et fille s'adorent ; un peu trop, sans doute !... Dottie est éduquée comme un singe savant, comme pour devenir une machine de guerre au service de son père. A dix-sept ans, déjà sublime, elle est encore un peu midinette ; mais ça ne va pas durer.



1996. Des terrains de golf et des bases militaires aux Etats Unis. Chambers est Sous-Secrétaire au Département d'Etat. Avec ses homologues du Département de la Défense et de l'"Agency", ils font et refont le monde. A la suite d'actions équivoques en Amérique latine, Haïti est devenu un sujet de préoccupations ; trop de trafics, trop de corruption, trop de tentatives de déstabilisation, il va falloir faire quelque chose ; et si ça tourne mal, n'abandonner personne ! Le sergent-chef des Forces spéciales Eville Burnette, un grand gaillard d'une loyauté à toute épreuve, fera office d'homme-lige.



Mais lui aussi, comme les autres, sera subjugué par la femme. Il sera pourtant bien le seul à conserver son âme, à l'inverse de Tom Harrington, un avocat des droits de l'homme, qui l’aura perdue par excès de naïveté et de fascination pour une femme trop belle et trop intelligente pour lui.



La femme qui avait perdu son âme est une composition littéraire magistrale, pour un ouvrage complexe qui m'a passionné. Et quant à cette femme, à laquelle je pense encore, qui sait ? Pour retrouver son âme perdue, peut-être lui suffirait-il de mourir et renaître...
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La femme qui avait perdu son âme

Ça y est, je viens de le terminer ! Quel roman ! Autant dire tout de suite que je n’en ai pas toujours trouvé la lecture facile mais je me suis accrochée et finalement en ai été bien récompensée.

La Femme qui avait perdu son âme est une grande fresque historique, politique et religieuse sur la seconde moitié du XXe siècle qui commence en Croatie en 1944 pour se poursuivre à Istanbul en 1986 et s’achever en Haïti à la fin des années 90. C’est au lecteur de reconstituer cette chronologie volontairement mise à mal par l’auteur. Ainsi, petit à petit, le puzzle prend forme, on comprend ce que sont les personnages au vu de ce qu’ils ont vécu dans leur enfance. Cette construction a aussi le mérite de maintenir un certain suspense jusqu’à la fin de l’œuvre.

Il s’agit donc d’une œuvre totale à la fois roman d’espionnage, d’amour, d’aventure, tragédie contemporaine qui met en scène un nombre incalculable de personnages aux identités multiples dans un nombre impressionnant de lieux, de situations politiques et de croyances religieuses variées et malheureusement souvent antagonistes.

Au début du roman, Jackie Scott -celle qui a perdu son âme- (alias Renee Gardner, Dottie Chambers ou Dorothy Kovacevic) est retrouvée morte sur une route d’Haïti. Qui est-elle vraiment ? Journaliste, photographe, agent spécial travaillant pour les fédéraux, âme perdue, ensorcelée vaudou, dealeuse, séductrice ? Elle-même, si c’est encore possible, et d’autres à la fois dans ce tourbillon d’identités, de rôles à jouer et de missions à accomplir. Elle est un «caméléon professionnel…actrice d’un théâtre sans murs, ni limites, ni public».

Les hommes, tentés par sa beauté, s’interrogent sur cette femme mystérieuse, que ce soit Thomas Harrington, avocat, défenseur des droits de l’homme ou Eville Burnette, commando des forces spéciales.

Ce qui est sûr, c’est qu’elle est la fille de son père : Stjepan Kovacevic, d’origine croate, témoin dans son enfance de violences insoutenables commises par les partisans de Tito, ayant immigré aux Etats-Unis après la guerre, devenu diplomate et agent double au service du contre-terrorisme, abhorrant le communisme, élevant sa fille à la dure, de Hong Kong à Istanbul en passant par Rome au gré de ses missions, se servant d’elle si besoin est, l’aimant trop et mal.

Si ce livre est complexe, c’est parce qu’il reflète la réalité géopolitique du monde actuel. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ne sont pas simples. Les intérêts des forces en présence sont multiples, parfois opaques et fluctuants.

Par ailleurs, les personnages du roman manipulent autant qu’ils sont manipulés. Comme le dit le narrateur au sujet d’Eville : « …il n’était lui-même pas sûr de savoir ce qu’il faisait, ni pourquoi ou pour qui. » De même, Harrington est persuadé que Burnette « était occupé à orchestrer un coup d’Etat, et non pas à en empêcher un. » Tout est leurre et l’on découvre l’impasse quand on ne peut plus faire demi- tour.

Le lecteur doit donc tenter de s’orienter dans ce labyrinthe peuplé « d’agents et d’adjoints, officiels ou secrets… dans un monde souterrain peuplé de fantômes non identifiables, d’individus qui officient en pleine lumière, de travailleurs de l’ombre et d’hommes des cavernes. », ce monde du renseignement s’occupant « des affaires de l’humanité » pour lesquelles « il n’y a pas de coïncidences, chaque chose compte. »

C’est incontestablement un grand roman, touffu, ambitieux, dense, nourri par l’expérience de l’auteur, une véritable épopée moderne qui permet au lecteur d’y voir un peu plus clair sur l’origine de l’extrême complexité du monde actuel et les tensions politiques et religieuses qui sont les siennes.

On en sort un peu secoué, horrifié par la violence qui semble inhérente à notre monde, emporté par un style épique éblouissant et abandonnant finalement à regret des personnages auxquels on s’est attaché, et l’on sent que le passage à un autre livre va demander un effort d’adaptation. A moins que… l’on ne se replonge dans les premières pages avec l’œil averti de celui qui sait où il va !


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La femme qui avait perdu son âme

Si vous n'avez pas lu cet immense roman qui oscille entre espionnage, polar et histoire d'amour, précipitez-vous.
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La femme qui avait perdu son âme

Le moins que l'on puisse dire c'est que Bob Shacochis est peu prodigue dans sa production littéraire puisque sur l'espace de trois décennies l'on compte à son actif deux romans, deux recueils de nouvelles et quelques essais, tous encensés par la critique. Ecrire peu mais bien et prendre surtout son temps pour ce journaliste baroudeur, correspondant de guerre, membre du Peace Corps qui a mis une dizaine d'année pour rédiger La Femme Qui Avait Perdu Son Âme publié en 2013 et qui figura parmi les finalistes du prix Pulitzer 2014 dont la récipiendaire fut Donna Tartt pour son roman le Chardonneret ce qui confirme le fait qu'il faut davantage s'intéresser aux ouvrages qui ne sont pas parvenus fédérer un jury plutôt qu'à ceux qui ont pu générer un consensus de circonstance. Fresque historique, essai géopolitique, drame familial, aventure romanesque ou récit d'espionnage, La Femme Qui Avait Perdu Son Âme est avant tout un grand et somptueux roman qui parvient à concilier toutes ces formes de narration pour nous dépeindre le cheminement trouble qui a entraîné une nation en perpétuel conflit, tout d'abord sur le plan idéologique, à se retrouver sur le seuil d'un champ de bataille où les belligérants affichent désormais leurs antagonismes confessionnels.



Qui pouvait bien être Dorothy Chambers que l'on a retrouvée morte d'une balle dans la tête au bord d'une route en Haïti ? Avec une alternance de fougue inconsciente et de spleen, la jeune femme aux identités multiples, fascinait et envoûtait les hommes qui croisaient son chemin. On trouvera peut-être la réponse avec Tom Harrington, avocat idéaliste, intrigué par la quête de cette fille étrange qui prétend avoir perdu son âme. Il faudra également chercher du côté d'Eville Burnette, membre des forces spéciales américaines qui a côtoyé cette citoyenne américaine lors d'une échauffourée qu'elle avait déclenchée avec des rebelles autochtones. Difficile de cerner la personnalité de cette fille de diplomate qui a vécu dans l'ombre de ce père mystérieux, tout en séduction, forgeant, dans l'ombre des puissants, la destinée d'une nation.



La Femme Qui Avait Perdu son Âme est tout d'abord le portrait d'une incroyable acuité, sans concession d'une Amérique que l'on distingue au travers du prisme des zones d'influence sur lesquelles elle a déployé son combat idéologique que ce soit en Haïti bien sûr, mais du côté de la Turquie et des conflits dans les Balkans. Comme marqueur des événements qui secoueront ces différentes régions, le lecteur tente de cerner la personnalité mystérieuse de Dorothy Chambers, personnage central du roman autour de laquelle gravitent tous les autres protagonistes. de faux semblant en temporalités disloquées, la tâche n'est pas aisée et nécessitera une attention de tous les instants pour appréhender les différents enjeux qui se mettent en place au fur et à mesure de l'avancée du récit. Outre la destinée d'une nation dont les contours géopolitiques se dévoilent peu à peu sur une cinquantaine d'année, on découvrira les machinations mystérieuses qui vont hanter l'ensemble des protagonistes qui n'ont qu'une vision très tronquée de l'ensemble de la situation dans laquelle ils évoluent à l'exception d'un maître du jeu qui n'hésite pas à sacrifier les pièces le plus importantes et les plus chères à ses yeux pour influer sur l'ensemble des événements historiques qui ponctuent le récit tout en échafaudant ses funestes projets de vengeance.



Avec ce roman ambitieux qui se déploie sur cinq parties en adoptant chaque fois le point de vue d'un des protagonistes du roman, ceci sur différentes époques, Bob Shacochis tisse une intrigue complexe qui n'est pas sans rappeler les ouvrages de John le Carré auquel il rend d'ailleurs un hommage appuyé. On y retrouve bien évidemment tous les ingrédients d'un roman d'espionnage sophistiqué et subtil qui se joue dans l'intimité des personnages jusqu'au moment de la mise en oeuvre où le lecteur peut enfin distinguer les implications et conséquences de l'opération qui résonne dans l'ombre des tragédies qui ont secoué les diverses périodes et lieux que l'auteur dépeint avec force de précisions et minuties, soulignant ainsi cette capacité confondante à intégrer la fiction dans le contexte historique des faits. On partage ainsi les aléas des forces onusiennes et américaines dépassées par le chaos de la misère en Haïti avec le retour au pouvoir d'Aristide pour se retrouver en Croatie, au terme de la seconde guerre mondiale pour suivre le parcours de ces réfugiés fuyant les purges des partisans du maréchal Tito. La Turquie et plus particulièrement la ville d'Istanbul des années 80 devient l'échiquier sur lequel se déroule la guerre froide entre les deux blocs qui influençaient l'ordre mondial et quelques épisodes durant la guerre des Balkans et sur le sol américain achèveront le lecteur décontenancé par ce tourbillon de lieux atypiques que Bob Shacochis parvient à décliner dans l'ambiance et l'atmosphère du moment au gré d'un texte dense qui nécessite toute notre attention pour décortiquer ces longues phrases soignées et sophistiquées permettant également de saisir toutes les subtilités de personnages d'une incroyable intensité que l'on découvre au fil de leurs réflexions et de leurs introspections d'une richesse peu commune.



Maelström géopolitique sur fond de romance dévastatrice et de vengeance transgénérationnelle destructrice, La Femme Qui Avait Perdu Son Âme est un roman flamboyant et bouleversant qui au travers de l'émotion d'une jeune femme sacrifiée renvoie, comme le reflet d'un miroir, l'image tragique d'une nation qui a peut-être également perdu son âme dans les marasmes d'un monde bien plus complexe qu'il n'y paraît.



Bob Shacochis : La Femme Qui Avait Perdu Son Âme (The Woman Who Lost Her Soul). Editions Gallmeister 2015. Traduit de l'anglais USA par François Happe.



A lire en écoutant : Footprints de Terence Blanchard. Album : Bounce. Blue Note Records 2003.


Lien : http://monromannoiretbienser..
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La femme qui avait perdu son âme

Grandiose ! C'est un très gros livre mais on ne se perd jamais. L'intrigue est remarquablement montée, les ambiances très bien rendues. Attachant, instructif, émouvant et fluide.
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La femme qui avait perdu son âme

Si elle perdu son âme, pour ma part, je dirais que j’ai perdu un peu de mon temps, et surtout ma patience…..

Cela commence comme un thriller ; la mort d’une femme sur une route d’Haïti…

Cela continue comme un long, très long, troooooooop long roman d’espionnage. Et nous voilà confronté 800pages durant aux multiples théâtres d’opérations où l’Amérique s’est fait le gendarme du monde.

C’est extrêmement confus. La première partie exige que l’on s’accroche franchement à la barre pour ne pas s’y perdre, ou du moins ne pas trop s’y perdre ; on ne sait jamais trop à quelle période se situer.

La seconde partie est carrément indigeste, et c’est au galop qu’il faut la traverser si l’on veut se donner une chance de persévérer.

Il faudra attendre 230 pages pour atteindre une vitesse de croisière ; certes ça n’est pas si calme que cela, mais au moins c’est digeste. Et là, l’on se dit que c’est gagné, et qu’on ira au bout de l’enfer……

Pas sûr ; sauf si l’on trouve le mode turbo et qu’on l’enclenche avant d’avoir jeté le bébé qui ,800pages oblige, finit par peser sérieusement sur les poignets.



Certes on reconnaitra à l’auteur le souffle et l’endurance pour tenir ainsi. On lui reconnaitra ses qualités d’écriture (et aussi celles du traducteur), et ce malgré des phrases longues et épuisante à la fin.

On admettra qu’il s’agit là d’un grand roman américain. Mais, mais, dire qu’il y a du plaisir à le lire : NON. Je n’ai pas percé le mystère de Jackie/Dottie/René ….et il m’est apparu brutalement la certitude ne plus vouloir en savoir davantage sur elle.




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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