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Citations de Bret Easton Ellis (356)


Barbra Streisand avait déclaré aux médias qu’elle prenait du poids à cause de Trump. Lena Dunham avait déclaré aux médias qu’elle perdait du poids à cause de Trump. Partout, des gens blâmaient le président pour leurs problèmes et leurs névroses. Cela s’était produit de nouveau lorsque Meryl Streep avait accepté, en janvier 2017, son « lifetime achievement » aux Golden Globes, et plutôt que de rendre hommage à tous les réalisateurs avec qui elle avait travaillé et qui étaient morts au cours de ces dernières années (Michael Cimino, Mike Nichols, Nora Ephron) ou – particulièrement – d’évoquer ce qu’avait été le travail avec Carrie Fisher dans Postcards From the Edge, puisque Fisher était morte deux semaines auparavant, elle avait saisi cette opportunité pour tempêter contre Trump pendant dix minutes. Plutôt que de faire le panégyrique de son amie, elle avait réaffirmé la nouvelle moralité supérieure d’entreprise et ignoré l’esthétique pour promouvoir sa propre idéologie.
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Durant l’été 2015 quelque chose a commencé à me distraire, quelque chose de curieux se produisait, quelque chose qui n’avait pas l’air juste : les journaux grand public que j’avais lus et en qui j’avais eu en grande partie confiance pendant toute ma vie d’adulte, des institutions traditionnelles comme le New York Times et CNN, ne couvraient plus ce qui me faisait l’effet d’être une réalité mouvante. La disparité entre ce que je voyais sur le terrain – à travers les réseaux sociaux et d’autres sources d’information, et tout simplement grâce à mes yeux et mes oreilles – et ce que les organisations grand public couvraient est devenue une évidence absolue, comme jamais auparavant. Soudain, j’ai prêté attention à une campagne présidentielle, ce qui était – historiquement – quelque chose que je n’avais jamais fait. Et c’est à cause de la façon dont les médias, avec une ignorance extrême, avaient décidé de couvrir Trump. Un farceur venait de faire son apparition – un perturbateur bien réel – et la presse était déconcertée. Le perturbateur ne suivait aucune règle, il n’obéissait pas au moindre protocole, il n’était pas un homme politique, il n’en avait rien à foutre. Il était comme le Joker dans The Dark Knight : Le Chevalier noir, ce qui le rendait si effrayant pour certains était le fait qu’il n’avait pas besoin (du moins apparemment) de l’argent de qui que ce soit et n’en demandait pas. Il insultait tout le monde et ses insultes les plus radicales s’adressaient à des hommes blancs, figures de l’establishment – pas seulement aux musulmans, aux femmes et aux Mexicains. La machine à insultes de Trump était dirigée contre tous ceux avec qui il avait des problèmes, et les Blancs y ont eu droit en premier et plus radicalement que les autres, toutefois les journalistes accrédités ont expliqué que ce n’était pas le cas. Trump incarnait l’antithèse emblématique de la fière supériorité morale de la gauche, définie à jamais par le commentaire de Clinton sur le « panier de gens lamentables », ainsi que par la remarque haletante et condescendante de Michelle Obama sur le fait que « lorsqu’ils s’abaissent, nous nous élevons » – toutes les deux approuvées par les médias traditionnels.
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On a touché le creux de la vague de la vie culturelle en 2015 avec l’effort concerté de deux cents membres au moins de PEN America, une organisation littéraire éminente dont font partie la plupart des écrivains, de ne pas accorder aux survivants du massacre de Charlie Hebdo à Paris la récompense nouvellement créée, le Freedom of Expression Courage Award. Tout le monde n’admire pas les dessins lubriques et les descentes en flammes du catholicisme, du judaïsme et de l’islam de cet hebdomadaire satirique (incluant des dessins obscènes sur Mahomet), mais il y a des gens qui aiment vraiment, d’autres qui sont offensés, et avant le massacre, il ne se vendait pas si bien que ça. Lorsque deux tueurs islamistes offensés sont entrés dans les bureaux de Charlie Hebdo en janvier et ont assassiné douze personnes aux cris de « Dieu est grand ! » et « Le prophète est vengé ! », les gens dans le monde entier ont été choqués, mais peut-être pas surpris – nous en étions là depuis un certain temps. Et il semblait approprié que PEN salue cette perte en décernant à Charlie Hebdo le prix de la liberté d’expression en mai, lors de son gala annuel à New York. Et cependant, il s’est trouvé un certain nombre d’écrivains américains pour minimiser cette tragédie par un récit sentimental, afin d’encourager le boycott de cette reconnaissance. Leur argument était que Charlie Hebdo se moquait de personnes déjà marginalisées et, en accordant cette récompense, PEN « valoriserait de façon sélective un contenu inapproprié : un contenu qui intensifie les sentiments anti-islamiques et anti-arabes, déjà répandus dans le monde occidental ». Ma réaction a été la même que celle que j’avais eue face à des sentiments semblables exprimés au cours des dernières années, si ce n’est qu’elle a été plus rapide et plus dure : qu’est-ce que ça peut foutre ? N’importe quel meurtre devrait-il être rationalisé sous prétexte que quelqu’un avait été offensé par la façon dont une opinion avait été exprimée ?
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Et cela a créé une anxiété supplémentaire et incessante : les gens qui se montraient sarcastiques envers cette génération étaient tout simplement dépréciés et considérés comme des connards – affaire classée. Aucune négativité tolérée : nous demandons seulement à être admirés dans la culture de l’étalage dans laquelle nous avons été élevés. Mais cette allégation est problématique puisqu’elle limite le débat. Si nous sommes tous réduits au silence en aimant tout – le rêve millénial –, n’allons-nous pas voir nos conversations (ennuyeuses) limitées au fait que tout est génial et au nombre de fois où nous avons été « likés » sur Instagram ? Au printemps 2014, leur site emblématique, Buzzfed, a annoncé qu’il ne laisserait plus circuler quoi que soit qui puisse être interprété comme « négatif » – et si cette idée ne cesse de s’étendre, que va devenir la conversation ? Cessera-t-elle d’exister ?
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[Aziz] Ansari explorait une histoire particulière – l’idée qu’il vaudrait peut-être mieux éviter à un groupe marginalisé d’être la cible de plaisanteries – et c’était pour moi problématique : était-ce vraiment un progrès que de marginaliser plus encore les gays en ne faisant aucune plaisanterie à leur sujet, en ne les mentionnant pas pendant qu’on charriait quelqu’un dans une émission censée se moquer de la personne honorée ? Mais, dans ce fantasme « inclusif », tout le monde doit être pareil, doit partager les mêmes valeurs, la même allure et le même sens de l’humour. La culture dominante ne cesse de le proposer encore et encore – jusqu’à quand ? Une idée réellement inclusive de la comédie devrait permettre à des types gay de se moquer d’autres gays et de qui bon leur semble, et à des types hétéros de se moquer des gays et de qui que ce soit d’autre. Si les plaisanteries gay sont exclues de l’équation, qu’est-ce qui sera exclu ensuite ? Et c’est la pente glissante, le labyrinthe dont personne ne sort, la chambre sombre dont la porte se referme rapidement derrière vous. Les types gay ont-ils besoin qu’un hétéro comme Ansari les défende ? Et que peut bien défendre Ansari dans une émission où on charrie les gens ? Y a-t-il désormais une nouvelle réglementation pour la comédie et la liberté d’expression ? Toutes les idées, opinions, tous les contenus et paroles devraient-ils être policés à présent ? Parfois, la comédie la plus drôle, la plus dangereuse, ne vous garantit pas que tout va bien se passer. L’exclusion et la marginalisation sont souvent ce qui fait que la plaisanterie est drôle. Parfois, l’identité de quelqu’un est le mot de la fin. Riez de tout ou vous finirez par ne plus rire de rien. Jeune écrivain en Irlande, James Joyce l’avait compris : « J’en suis venu à la conclusion que je ne peux pas écrire sans offenser des gens. »
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Ceux d’entre nous qui révèlent des failles et des inconsistances ou formulent des idées impopulaires deviennent terrifiants pour ceux qui sont pris dans le monde du conformisme d’entreprise et de censure qui rejette celui qui s’entête, celui qui est réfractaire, afin de mettre tous et chacun au diapason d’une harmonie inspirée par un idéal qui appartient à un autre.
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En effet, une entreprise décidait de ce qui serait ou ne serait pas permis, de ce qui serait ou ne serait pas lu, de ce qui pourrait ou ne pourrait pas être dit. La différence entre alors (1990) et maintenant étant qu’il y avait eu des discussions et des protestations retentissantes à ce sujet de chaque côté de la fracture : des gens avaient des opinions qui divergeaient, mais ils en débattaient de manière rationnelle, poussés par la passion et la logique. L’idée d’une censure d’entreprise n’était pas tout à fait acceptable à l’époque. Vous ne pouviez pas soutenir qu’une certaine émission de HBO n’aurait pas dû être écrite, au motif de son racisme supposé (mais non prouvé). Il n’y avait pas encore une chose comme le crime de pensée – qui est aujourd’hui une accusation quotidienne. Les gens s’écoutaient les uns les autres, et je me souviens d’un temps où vous pouviez avoir des vues très arrêtées et remettre en question les choses ouvertement, sans être considéré comme un « troll » et un ennemi à bannir du monde « civilisé », si vos conclusions s’avéraient différentes.
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Les films ont toujours décrit la souffrance, bien entendu, mais un nouveau type de souffrance fascine les publics contemporains qui s’y identifient complètement, et c’est celle qui est provoquée par la victimisation.
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[À propos du film Moonlight] : La presse de l’industrie du spectacle l’a porté aux nues non parce que c’était un grand film, mais parce qu’il avait coché toutes les cases de notre obsession du moment concernant la politique identitaire. Le personnage principal était gay, noir, pauvre, martyrisé et victime.
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C’est seulement au cours des dernières années, en commençant la tournée mondiale de mon livre, que j’ai faite à contrecœur en 2010, que j’ai admis être, à tant de niveaux différents, Patrick Bateman, du moins pendant que je travaillais sur le livre. Nous partagions une relation illusoire et distante au monde qui nous épouvantait, auquel nous voulions cependant tous les deux être connectés. Nous ressentions du dégoût pour la société qui nous avait créés, de même qu’une résistance à ce qu’on attendait de nous, et nous étions enragés à l’idée qu’il n’y avait nulle part où aller.
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Ni la culture populaire ni notre société ne fonctionnent plus comme ça, en permettant à un individu d'échouer de façon répétitive et de se remettre en selle, d'agir effrontément et parfois coupablement, sans présenter des excuses.
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S'il m'arrivait souvent de souhaiter que le monde soit différent, je savais aussi - et les films d'horreur aidaient à renforcer ce point - qu'il ne le serait jamais, compréhension qui, à son tour, m'a conduit à une sorte d'acceptation. Les films d'horreur facilitaient la transition d'une prétendue innocence de l'enfance vers la désillusion sans surprise de l'âge adulte, et ils servaient aussi à affiner mon sens de l'ironie.
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« Nous vivons absolument, en particulier si nous sommes écrivains, grâce à l’imposition d’une ligne narrative sur des images disparates, grâce aux « idées » avec lesquelles nous avons appris à figer la fantasmagorie changeante qu’est notre expérience réelle ».
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[...] tandis que le soleil, une planète incendiée, se lève peu à peu sur Manhattan, l'aube, une fois de plus, et bientôt la nuit se transforme en jour, si bien que l'on dirait une espèce d'illusion optique.
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C’est quelqu’un qui essaie de rester jeune parce qu’elle sait que ce qui compte le plus, c’est l’apparence juvénile. C’est censé faire partie de la séduction : tout maintenir jeune et lisse, tout maintenir à la surface, même si l’on sait qu’elle va craqueler et ne pourra être maintenue à jamais – en tirer avantage avant que la date de péremption ne se rapproche.
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C’est juste une fille qui s’en est toujours sortie grâce à sa beauté – sa monnaie d’échange dans ce monde – et ce ne sera pas drôle de la voir vieillir.
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Comment pourrait-elle donc comprendre que rien ne pourrait jamais me décevoir, puisque je n'attends plus rien ?
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Il existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire et, bien que je puisse dissimuler mon regard glacé, mon regard fixe, bien que vous puissiez me serrer la main et sentir une chair qui étreint la votre, et peut-être même considérer que nous avons des styles de vie comparables, je ne suis tout simplement pas là.
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Mon père m'avait crée, critiqué, détruit et puis, après que je m'étais réinventé, que j'étais revenu à la vie, il s'était mis à jouer le papa fier, vantard et avait tenté de réintégrer ma vie, tout ça en l'espace de quelques jours, me semblait- il
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…. où était la nature et la terre,l'eau et la vie, je vis un désert sans fin, semblable à quelque cratère, si dépourvu de raison, d'âme et de lumière que l'esprit ne pouvait le concevoir, à quelque niveau de conscience que ce fût et que, si l'on s'en approchait, l'esprit reculait, pris de vertige. C'était là une vision si claire, si réelle, si essentielle, qu'elle en était presque abstraite dans sa pureté. C'était là une chose que je comprenais, c'était ainsi que je menais ma vie, ce que je bâtissais avec mes moindres gestes, c'était ma façon d'aborder le tangible. C'était la géographie autour de laquelle gravitait ma réalité : il ne m'était jamais, jamais venu à l'esprit que les gens pussent être bons, ou qu'un homme pût changer, ou que le monde pût être meilleur au travers de ce plaisir que l'on prend à tel sentiment, telle apparence ou tel geste, à recevoir l'amour ou l'amitié de son prochain. Rien n'était affirmatif, le terme de « bonté d'âme » ne correspondait à rien, c'était un cliché vide de sens, une sorte de mauvaise plaisanterie. Le sexe, c'est la mathématique. L'individualité n'a plus lieu d'être. Que signifie l'intelligence ? Définissez ce qu'est la raison. Le désir... un non-sens. L'intellect n'est pas un remède. La justice, morte. La peur, le reproche, l'innocence, la compassion, le remords, le gaspillage, plus personne ne ressent vraiment. La pensée est vaine, le monde dépourvu de sens. Dieu ne vit pas. On ne peut croire en l'amour. La surface, la surface, la surface, voilà ce dans quoi on trouve une signification... C'est ainsi que vis la civilisation, un colosse déchiqueté...
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