Citations de Bruno Humbeeck (175)
L'amour est une surprise qui nous arrache à l'insipide . L'attachement est un lien qui se tisse au quotidien .
...Boris Cyrulnik .
P 39
La nostalgie doit rester un pays que l'on visite en touriste, pas une terre où l'on s'installe définitivement ou un lieu d'exil d'où on ne reviendrait pas. S'offrir une bouffée de nostalgie comme on prend un bol d'air, pour s'oxygéner les idées, pourquoi pas ? Mais ne plus respirer que par elle, ne plus soupirer que pour elle, c'est le meilleur moyen d'en faire, comme le suggère l'écrivain chinois Xingjian, un véritable poison qui se glisserait alors dans tout ce qui est vécu et dans tout ce qui reste à vivre pour le ternir et le rendre invivable.
De nos jours , les mamans ne semblent plus donner naissance à des enfants : elles accouchent d'enfants heureux et destinés à le demeurer jusqu'à la fin des jours .
Un chagrin d'amour - passion , c'est chaque fois l'histoire d'une passion qui tourne court.
Souvent assimilé à un état de folie passager ,l'état amoureux plonge en réalité celui qui l'éprouve dans une sorte de chaos . C'est évidemment exaltant , mais aussi profondément bouleversant .
On doit toujours être attentif à ce que nous dicte notre petit cinéma intérieur et, si possible, choisir un partenaire qui en partage les traits essentiels. Ainsi, si votre petit cinéma intérieur fait la part belle au romantisme, évitez dans la mesure du possible de choisir un ours des Pyrénées pour jouer le premier rôle. Il sera probablement un piètre acteur et vous donnera alors l'impression de jouer avec vous dans un mauvais film. Il ne vous restera plus alors qu'à faire le deuil de votre scénario initial et à tourner avec lui un reportage animalier...
C'est faire injure au comique que de le réduire à un exutoire pour vagues obsédés tout juste bons à laisser échapper quelques désirs refoulés.
... Nicolas Grimaldi (2012) [...] affirme que la femme (ou l'homme) que nous aimons, c'est l'actrice (ou l'acteur) que nous rêvons d'enrôler pour nous donner la réplique dans ce qui pourrait être le film de notre vie. La seule chose que nous puissions imaginer de ce film, ajoute-t-il, c'est le rythme et la tonalité que nous voudrions lui donner. Tel aspire à la douceur et à la tendresse, tel autre à la violence et à la fureur, quelque autre encore à la fièvre d'incessants appareillages. Il suffit qu'une femme - ou un homme - nous les suggère ou paraisse y correspondre pour que nous imaginions lui donner le rôle. Ce que nous aimons en elle - en lui -, c'est l'atmosphère, l'intensité ou la musicalité qu'il ou elle pourrait donner à notre vie.
Écrire permet à ce titre de reconstruire du sens lorsqu'on est désorienté .
La peur ressentie face à l'impression de vide à perpétuité que laisse toute pensée liée à l'avenir constitue le substrat essentiel sur lequel se fonde le désespoir associé au chagrin d'amour. La peur porte en effet sur un objet précis. Elle est, en outre, intimement liée au présent : "j'ai peur des araignées", et cette peur se manifeste de manière aiguë à la seule vue d'un arachnide ou de l'un de ses proches cousins. L'anxiété, elle, se pose sur un objet de substitution et engage plus manifestement l'avenir : "Je suis arachnophobe" et, à la seule pensée que je pourrais à un moment ou à un autre rencontrer une araignée, je défaille... Or cette peur de l'araignée ne résulte en réalité que d'une autre peur, diffuse celle-là, plus ou moins vaguement liée à la mort et à ses vicissitudes. Cette peur diffuse, c'est précisément l'angoisse ; elle est en quelque sorte enrôlée par l'anxiété qui, en déposant la peur sur un objet dicible, permet d'en faire quelque chose de communicable.
L'angoisse est donc essentiellement dirigée vers un futur perçu comme incertain, comme une peur de l'avenir qui ne se poserait sur rien de dicible, comme une anxiété majeure qui tournerait à vide.
La perte de l'être aimé est évidemment par nature une source majeure de ce type d'inquiétude fondamentale dans la mesure où elle met essentiellement en jeu les trois fondements de l'angoisse humaine : l'incertitude, la finitude et la solitude. L'incertitude, dans la mesure où, pour ce qui relève de l'amour, tout ne dépend jamais exclusivement de nous ; la finitude, parce que rien, pas plus en amour qu'ailleurs, ne résiste à la mort, et la solitude, puisque l'épreuve d'une rupture non consentie nous laissera, semble-t-il, toujours, au bout du compte, totalement seul face à nous-même pour l'affronter.
En jouant sur ces trois affects, l'angoisse prend en otage l'avenir pour en faire un lieu de désespérance. Incertain, le futur sans l'autre est envisagé comme un temps nécessairement mort et foncièrement inhabité. C'est à partir de ce vertige ressenti face au vide à perpétuité suscité par l'angoisse que le désespoir se projette dans le temps pour prendre toute son ampleur.
"Raconte-moi ton chagrin, si tu le veux..." En voilà une belle invitation à parler, plus utile sans doute qu'un "ne pleure pas" ou un "ne sois pas triste" qui interdit l'émotion ou son substrat somatique, moins impérative également qu'un "dis-moi ce que tu as sur le coeur" qui sonne comme une injonction, elle permet au parent de se mêler du chagrin de l'enfant sans s'emmêler dedans.
Je vous donne un chagrin d'amour. C'est
très intéressant un chagrin d'amour. Pen-
dant que vous souffrirez, vous ne vous
ennuierez pas...
Henri JEANSON
Il n'y a pas qu'une sorte de moquerie Le terme "moquerie" est un terme générique dont les nuances supposent le recours à un vocabulaire plus précis. Le cynisme favorise ainsi une prise de hauteur par rapport à l'autre, là où l'ironie permet sa mise à distance. La dérision suppose pour sa part d'abaisser celui dont on se moque tandis que le sarcasme cherche plus directement à le briser.
Le rire, comme le sourire, se décline donc en trois versions une version naturelle, dérivée de la mimique relaxée qui se produit essentiellement dans un climat sécurisé pour inviter au jeu et encourager la convivialité : une version plus artificielle, essentiellement apprise et résultant d'un mouvement volontaire qui se développe dans les rapports sociaux mettant en jeu des conduites de soumission ou d'agressivité et, enfin, une version communicationnelle, également sensible aux apprentissages mais demeurant pour une large part inconsciente, qui rythme les échanges oraux et donne à la conversation un cadre sécurisant.
Naturellement, instinctivement, le tout petit enfant ne se moque pas. La moquerie ne lui serait d'ailleurs sur le plan ontogénétique d'aucune utilité.
Celui qui écoute et celui qui est écouté font alors , ensemble , œuvre d'humanité en devenant , tout à la fois , miroir de l'autre et révélateur de soi .
S'aimer soi-même est le début d'une his-
toire d'amour qui durera toute une vie.
Oscar WILDE
Qu'il prenne la forme d'un chagrin d'amoureux ou d'un chagrin d'attachement, le chagrin d'amour ne doit jamais être sous-estimé dans la douleur que cause le désespoir qui l'accompagne. Parce qu'il faut toujours garder à l'esprit que ce n'est pas de chagrin que l'on meurt, mais de désespoir. De la même façon que l'on ne se suicide jamais parce que l'on ne souhaite plus vivre, mais bien parce que l'on ne trouve plus aucune issue à un problème ou à une difficulté.
Le chagrin n'est pas mortifère. Il peut même être, nous l'avons vu, l'occasion d'une reconstruction de soi. Le désespoir, lui, peut être mortel.
La dysphorie qui découle du chagrin d'amour quand tout s'écroule s'apparente effectivement à une source inépuisable d'émotions. Les émois explosent alors en feux d'artifice. Tristesse, colère, peur, tout y passe. Les émotions, dans le chagrin d'amour, s'en donnent généralement à coeur joie. Elles explosent en se criant, en se hurlant ou en prenant tout le corps en otage par des pleurs soudains, des sourires incontrôlés et tout ce que la nature met à la disposition de nos corps pour s'exprimer. Ce sont pourtant les états d'âme qui en découlent qui permettront à ces manifestations émotives de perdurer, de subsister suffisamment longtemps pour se métaboliser en constructions mentales subjectives susceptibles d'être dites, écrites ou racontées. Ce sont les états d'âmes qui deviendront progressivement le véritable objet de la narration.
Combien de larmes faut-il pour noyer un chagrin d'amour ?
Victor Hugo