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AUTOUR DE L'ENFANT NOIR DE CAMARA LAYE
Un monde à découvrir
Elsie Augustave, Irène Assiba d'Almeida
Harmattan Guinée
Guinée Conakry
Ce livre a été conçu pour accompagner la lecture de ce chef-d'oeuvre de la littérature africaine. Il met l'accent sur la langue, la culture et l'analyse littéraire et contient divers travaux dirigés pour améliorer et enrichir l'expression écrite. L'expression orale permettra l'organisation des idées et le développement du sens critique. Des questions d'analyse stimulent la compréhension lexicale, syntaxique, stylistique et culturelle, et encouragent une lecture active et attentive de l'autobiographie de Camara Laye.
Née en Haïti, Elsie AUGUSTAVE, diplômée en études de littérature et en langues étrangères aux Etats-Unis, a travaillé en tant que chorégraphe et professeure de danse à Kinshasa. Après une longue carrière de professeure de français et d'espagnol aux Etats-Unis, elle se consacre désormais à l'écriture.
D'origine béninoise, Irène ASSIBA D'ALMEIDA est professeure émérite de lettres africaines et d'études féminines à l'université d'Arizona.
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm
ISBN : 978-2-343-14745-1 ? 20 avril 2018 ? 220 pages
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Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère, je pense à toi...
Ô Daman, ô ma Mère,
Toi qui me portas sur le dos,
Toi qui m'allaitas, toi que gouvernas mes premiers pas,
Toi qui la première m'ouvris les yeux aux prodiges de la terre,
Je pense à toi.
Ô toi Daman, Ô ma mère,
Toi qui essuyas mes larmes,
Toi qui me réjouissais le cœur,
Toi qui, patiemment, supportais mes caprices,
Comme j'aimerais encore être près de toi,
Etre enfant près de toi !
Femme simple, femme de la résignation,
Ô toi ma mère, je pense à toi.
Ô Daman, Daman de la grande famille des forgerons,
Ma pensée toujours se tourne vers toi,
La tienne à chaque pas m'accompagne,
Ô Daman, ma mère,
Comme j'aimerais encore être dans ta chaleur,
Etre enfant près de toi...
Femme noire, femme africaine,
Ô toi ma mère,
Merci, merci pour tout ce que tu fis pour moi,
Ton fils si loin, si près de toi.
En décembre, tout est en fleur et tout sent bon; tout est jeune; le printemps semble s'unir à l'été, et la campagne, longtemps gorgée d'eau, longtemps accablée de nuées maussades, partout prend sa revanche, éclate; jamais le ciel n'est plus clair, plus resplendissant; les oiseaux chantent, ils sont ivres; la joie est partout, partout elle explose et dans chaque coeur retentit.
A la nuit tombante, mon oncle Lansana rentrait des champs. Il m’accueillait à sa manière, qui était timide. Il parlait peu. A travailler dans les champs à la longueur de la journée, on devient facilement silencieux; on remue toutes sortes de pensées, on en fait le tour et interminablement on recommence, car les pensées ne se laissent jamais tout à fait pénétrer; ce mutisme des choses, des raisons profondes des choses, conduit au silence; mais il suffit que ces choses aient été évoquées et leur impénétrabilité reconnue, il en demeure un reflet dans les yeux: le regard de mon oncle Lansana était singulièrement perçant, lorsqu’il se posait; de fait, il se posait peu: il demeurait tout fixé sur ce rêve intérieur poursuivi sans fin sans les champs.
Nos hommes politiques d'aujourd'hui, à l'exception de quelques-uns, sont-ils de grands hommes? C'est douteux: ils font de la politique une entreprise sanglante. Ils affament nos peuples, exilent nos cadres, sèment la mort!
C'est cette année-là, cette première année-là puisque la précédente ne comptait plus, que je nouai amitié avec Marie.
Quand il m'arrive de penser à cette amitié, et j'y pense souvent, j'y rêve souvent - j'y rêve toujours ! -, il me semble qu'il n'y eu rien, dans le cours de ces années, qui la surpassât, rien, dans ces année d'exil, qui me tint le coeur plus au chaud. Et ce n'était pas, je l'ai dit, que je manquais d'affection ; mes tantes, mes oncles me portèrent alors une entière affection ; mais j'étais dans cet âge où le coeur n'est satisfait qu'il n'ait trouvé un objet à chérir et ou il ne tolère de l'inventer qu'en l'absence de toute contrainte, hormis la sienne, plus puissante, plus impérieuse que toutes. Mais n'est-on pas toujours un peu dans cet âge, n'est-on pas toujours un peu dévoré par cette fringale? Oui, a-t-on jamais le coeur vraiment paisible.
164 – [Press Pocket n° 1249, p.182]
" la coutume ressortit à une foncière indépendance, à une fierté innée ; on ne brime que celui qui veut bien se laisser brimer, et les femmes se laissent très peu brimer"
- Chaque matin, avant d'entrer en classe, tu prendras une petite gorgée de cette bouteille.
- Est-ce l'eau destinée à développer l'intelligence ? dis-je.
- Celle-là même ! Et il n'en peut exister de plus efficace : elle vient de Kankan !
J'avais déjà bu de cette eau : mon professeur m'en avait fait boire, quand j'avais passé mon certificat d'études. C'est une eau magique qui a nombre de pouvoirs et en particulier celui de développer le cerveau.
« Il fallait que le désir d’apprendre fût chevillé au corps, pour résister à semblable traitement. » (p. 85)
« Des hommes ! Oui, nous étions enfin des hommes, mais le prix en était élevé ! » (p. 142)
Dans la société où je me trouvais, société ultra-moderne, où tout repose sur le capital, si l'ambition et l'intelligence ne s'appuient pas sur lui, elles s'effritent peu à peu et tournent finalement au néant.