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Critiques de Camila Sosa Villada (106)
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Les vilaines

"L’horreur d’avoir un enfant pédé. Et pire que ça : un pédé devenu trans. Cette horreur, la pire qui soit."  (P. 54)

Encarna est une fille, dans sa tête, née dans un corps de garçon, une fille condamnée à souffrir toute sa vie de cette différence, de ce sexe appendice, que la nature lui a donné mais qui n'est pas naturel pour elle. 

Alors il, elle devra supporter les coups,  et ne pourra que recourir à la prostitution pour vivre....prostitution qui sous-entend coups et violence de la part des flics et des clients.

Mais avant les flics et les clients, il y eu la famille, le père violent... ses poings pour tenter de faire du fils un vrai garçon.

Elle et ses copines, dans le même cas qu'elle,  découvrent un bébé abandonné dans les fourrés ! Elles décident de l'adopter....il sera Éclat des yeux. Un lien fort va unir ces femmes parias  rejetées par la société...mais avant bien souvent, presque toujours elles ont subi le père ne supportant pas que son fils soit "pédé"...

....toujours la violence pour tenter de guérir ce vice

Alors Incarna, se souvenant de son passé donnera le sein en pleurant à ce bébé...un sein gonflé par des injections d'huile d'avion.

Roman...sans doute mais auto-biographique également...Camila Sosa Villada est née dans un corps d'homme, un corps dans lequel elle ne se reconnait pas...elle dut subir et fuir l'hostilité d'un père, fuir sa violence, un père violent également avec son épouse.

Un monde qui m'est totalement étranger, non par rejet personnel, mais parce que je n'ai jamais rencontré ces situations au sein de ma famille.

J'ai reçu une belle claque avec cette lecture. On perçoit toute cette émotion, toute ce rejet de la société et des familles face à ces situations, à ces quotidiens, famille, flics et clients...tous dans le même sac !

Déviantes ces filles? Peut-être pour certains....mais ce roman pointe du doigt également d'autres comportements, d'autres déviances sexuelles de certains clients... et l'hypocrisie du monde, de ceux profitent de ces transsexuels, celle de la police, mais aussi des chirurgiens qui en font des femmes en leur créant des vagins...

Je suis passé du sourire à l'indignation....et au plaisir.

Oui, plaisir, car la lecture permet d'ouvrir les yeux sur des mondes qui nous sont étrangers, mondes géographiques ou mondes de vies que nous ne vivrons sans doute jamais.


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Les vilaines

Les Vilaines, c'est ainsi que se décrivent ce groupe de personnes, toutes différentes, toutes marquées par la vie.

On les rencontre dans le parc Sarmiento, à Córdoba, en Argentine. L'autrice Camila Sosa Villada nous raconte leur histoire et sans doute un peu la sienne en même temps.

Cette communauté trans fréquente ce parc, un territoire protégé. Cachées, coupées du reste de la ville, ces prostituées constitue une sorte de famille, qui s'agrandit bientôt lorsque la Tante Encarna découvre un nourrisson au fond d'un bosquet. Appelé Éclat des Yeux, cet enfant va rejoindre la pension aux murs roses de la tante.

Entre retour sur l'enfance difficile et malmenée, coup de foudre et cœur brisé, ce roman comporte une touche de merveilleux avec des Hommes sans Tête, des Femmes Corbeaux, une femme de 178 ans, une statuette de la Vierge qui pleure, une femme oiseau ou encore un loup-garou.

Malgré toute cette poésie, on est plongé dans la dure réalité du monde trans et de cette communauté : orphelines puisque leurs vraies familles les ont abandonnées à la rue ou bien dans des foyers insalubres, elles trouvent chez la tante Encarna un nouveau foyer, loin de la violence des mots, des regards, que ce soit des voisins, des proches, de la police.

Une citation pour vous comprendre le ton du roman : "Un an chez nous équivaut à sept chez les humains."

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Les vilaines

"La lumière nous dénonce, nous expulse

Dans le parc c’est l’hiver, le froid est si intense qu’il fait geler les larmes. Ce que la nature de te donne pas, l’enfer te le prête…"

Chaque page de ce livre contient une perle qui te crache à la figure la beauté de ses vies et tout le brio de ce roman ! On pourrait mettre absolument toutes les pages en citations tant elles sont d'une finesse d'écriture, d'une luminosité et d'une puissance folle!

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Les vilaines

Au cœur du parc Sarmiento, la tante Incarna découvre un bébé abandonné. Elle le rapporte chez elle, non sans avoir alerté les autres trans qui tapinaient dans le parc. La tante Incarna a accueilli, recueilli toutes les trans en détresse, alors, ce bébé, il sera comme son fils…



Camila Sosa Villada s’est inspirée de sa vie personnelle pour écrire ce roman, elle se met en scène, et pourtant, elle écrit bien un roman qui emprunte aussi bien au témoignage qu’au réalisme magique.



Sa manière de dépeindre la communauté trans est inégalable. On reçoit les mots comme des coups de poing, ils font mal au bide, ils atteignent le plus profond de nos entrailles, créent un chemin vers un univers qu’on ne connaît pas, qu’on ne côtoie pas. C’est glauque et lumineux, c’est trash et magnifique, c’est dur et émouvant, c’est drôle et violent. Et surtout, c’est un livre qu’on ne peut pas lâcher. L’auteure lance un cri, à la tolérance, à la vie.



Certaines phrases m’ont touchée en plein cœur, comme celle-ci :



« Elle n’a jamais été affectueuse, mais elle était charmante, elle était brisée comme un verre et t’écorchait avec les contours de ses propres blessures. »



D’autres, par leurs descriptions sèches et distantes des faits, me touchaient autrement… comme si j’assistais à une scène terrible sans qu’il me soit permis de m’épancher, de plaindre les personnages… parce que leur force, leur puissance, leur furieuse envie de vivre était mille fois plus importante que ma propre compassion. On ne juge pas, on reçoit, on ne comprend pas, on apprend.



Une vraie grande leçon de vie !
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Les vilaines

Ce récit se déroule en Argentine, il pourrait se passer dans tous les pays du monde plus ou moins violemment selon l’endroit du globe. De par mon histoire personnelle, je dois beaucoup à une transsexuelle. Ce livre m’attriste profondément quand je perçois toute l’intolérance que subissent ces êtres humains différents de la norme. Le désespoir ressenti même si elles tentent de se battre, transpire entre chaque ligne. Entre la violence infligée par la société, les hommes et celle qu’elles s’infligent à elle-même, c’est un véritable gâchis.



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Les vilaines

La triste vie des trans argentins ne doit pas être si différente que celle de toutes celles du monde entier.

Ce récit est à la fois intime, fiévreux, vulgaire, poétique et emprunte même quelques codes du conte.

La puissance de son autrice est d'être à la fois le personnage et à la fois la narratrice qui prend de la hauteur pour montrer cette faune que nul ne veut voir.

Ce parc ou sévissent les trans respire la folie d'un monde en marge, celui de la souffrance que seules les drogues et l'alcool aident à supporter la prostitution, l'humiliation, les agressions ... et il y a dans cette cour des miracles des moments de grande sororité, des histoires d'amour et même de l'amour maternel qui fait tant défaut à ces rebus de la société.

Si la littérature est capable de nous faire voir le monde avec d'autres yeux, alors "Les vilaines" nous montre la lumière de leur univers si loin de la morale.

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Les vilaines

Cette dernière lecture de l’année 2022 m’a enchantée, ou plutôt…transportée ! Depuis sa sortie chez Métailié en 2021, la blogosphère bruissait d’émotion et d’éloges pour ce roman de Camila Sosa Villada, actrice, chanteuse et, avec ce premier texte, autrice argentine. Transgenre, forte d’études en communication sociale et art dramatique, elle a connu les affres de nombreux petits boulots, entre prostitution et vente à la sauvette, offrant à ses « Vilaines » toute la force et l’épaisseur d’un réalisme puisé à la source. Roman transfrontalier, Les Vilaines nous ouvre les allées du Parc Sarmiento de Cordoba et les portes de la pension de Tante Encarna où évolue la troupe bigarrée, nocturne et solidaire de ces êtres suspendus entre douleur et flamboyance. Face à l’intransigeance de la réalité et de leurs contemporains, elles avancent en rang serré, transgressant les règles, transcendant leurs rêves, transfigurant leur vie et leur sexe à grands coups de mascara, de perruques et de talons vertigineux. Papillons de nuit, elles se brûlent à la lumière du jour qui les contraint, parfois, à retrouver leur chrysalide étroite et étouffante de garçon moqué, bousculé, inassumé et les force, souvent, à se colleter avec une réalité douloureuse et sans joie.

Camila Sosa Villada ne se contente pas de proposer avec Les Vilaines un roman original aux personnages attachants, évoluant dans un univers surprenant, offrant des anecdotes toutes plus folles et plus bouleversantes les unes que les autres, elles construit un monde d’une poésie et d’une sensibilité renversantes dans une langue d’une beauté à couper le souffle (remerciements et vénération à la traductrice, Laura Alcoba !) , s’appuyant sur une réalité crue et cruelle pour mieux s’élever vers la lumière. Je ne saurais trop remercier le Prix du Meilleur Roman Points de m’avoir fait découvrir cette merveille….et vous recommander de vous jeter dessus !


Lien : https://magali.bertrand@neuf..
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Les vilaines

Le décor est tout de suite planté : Un groupe de trans, la souffrance qui va avec cette vie de marginales, la tante Encarna qui commence à montrer des signes évidents d’Alzeimer… Et le bébé qu’elles vont trouver.



Les 5 premières pages sont un départ sur les chapeaux de roues, malheureusement le rythme s’essouffle sur la durée.



C’est la vie cruelle et difficile des filles nées dans un corps de garçon qui est au centre de ce roman. La narratrice décrit la vie entre trans, la vie la nuit, la vie de quartier, l’attente de l’amour, les expériences sexuelles souvent très violentes, le rejet de la société.



On a de l’empathie pour ce groupe de filles, et on les aime. Belle histoire tout de même.

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Les vilaines

Voyage en terres argentines pour une lecture toute en ambivalence. Un roman entre conte fantastique et témoignage bien trop réel. Les paillettes et les affres de ne pas être né dans le bon corps. Des portraits d’hommes, mais surtout de femmes, touchants, bouleversants, révoltants, percutants. Une écriture franche et sans ambages, pourtant si douce et poétique. Un roman comme un cocon, où la sororité semble porteuse de sécurité et de bien-être. Mais aussi un roman sordide où le maquillage pare une violence obscène et insoutenable. Pendant quelques pages je me suis crue aux côtés de Camila, d’Encarna, de Maria, d’Angie et de toutes les autres, les Vilaines, les trans du Parc Sarmiento, pourtant si belles. Je ressors de ma lecture chamboulée, mais étrangement apaisée par ces femmes qui s’assument et savent vivre une vie dictée par l’envie indélébile d’être elles-mêmes quoique cela puisse coûter.



Deuxième roman que je lis d’une autrice argentine et une fois de plus je suis sous le charme. L’impression de me replonger dans le film Tout sur ma mère de Pedro Almodovar, sans l’attrait des images colorées du réalisateur espagnol, mais par des mots saisissants qui touchent, qui sonnent juste et qui bouleversent car « Là, dans ce Parc qui jouxte le centre-ville, le corps des trans emprunte à l’enfer la substance de ses charmes« . Huile de moteur d’avion pour se sculpter des courbes féminines, drogues en tous genres pour tenir le coup, rapports sexuels violents et non protégés comme pour se punir, j’ai frémi des souffrances que ces femmes s’infligent pour se faire leur place dans un monde où la différence attire et effraie. Prendre soin les unes des autres, se maquiller, faire la fête ensemble, élever un enfant, j’ai aimé les moments de joie et d’apaisement qu’elle savent s’accorder avant qu’il ne soit trop tard. Elles sont pleines de bienveillance et il semble parfois qu’une bonne étoile veille sur elles : « Nous avons tenu parole, nous nous sommes occupées de ses chiennes autant que possible. […] Plus d’une fois, elles nous ont évité de nous faire tabasser, elles débarquaient comme par enchantement dès que l’ambiance devenait pesante. » Le plus souvent la violence vient de l’extérieur, d’hommes parfois pervers, souvent frustrés, qui passent leur rage sur des femmes au sexe aussi dur que leur peau est douce, mais à qui ces hommes ont retiré toute humanité. Camila Sosa Villada apporte une touche fantastique à son récit qui semble presque réconfortante : la maladie se fait animal et semble presque une délivrance alors que le sida emporte tout sur son passage. Camila suit des études, avec toutes les difficultés que cela engendre, et tout comme Encarna qui redevient homme pour être mère, j’ai trouvé très intéressant d’être confrontée à ces doubles vies. Le récit est court mais suffisamment poignant pour marquer et interroger le lecteur un long moment. J’ai quitté ce groupe de femmes magnifiques à regrets mais peut-être un peu soulagée aussi de sortir de cette terreur qui n’aura pas su les dominer.
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Les vilaines

Au coeur de ce roman se trouve la communauté de prostituées trans de Córdoba, en Argentine. Celles qui vivent sous l’aile irisée et maternelle de Tante Encarna, le jour dans sa grande maison rose, la nuit en maraude dans le Parc Sarmiento. « Dans le Parc, c’est l’hiver, le froid est si intense qu’il fait geler les larmes ». Une nuit glaciale, Tante Encarna trouve un bébé en pleurs abandonné sous un buisson de ronces. Elle le ramène clandestinement chez elle ; elles l’appelleront Éclat des yeux.



Camila, l’auteure et narratrice, est la plus jeune d’entre elles. Née Cristian dans une famille pauvre, obligée de travailler dès ses huit ans, son père alcoolique et violent n’a jamais hésité à battre et humilier son fils efféminé. La narration des Vilaines n’est pas linéaire. Camila raconte sa vie avec les trans, leur quotidien fait de télénovelas le jour et de tapinage la nuit, d’entraide et de violence. Elle les raconte toutes et revient aussi régulièrement sur son propre vécu de fille née dans un corps de garçon, qui s’éveille et grandit dans la peur et l’incompréhension ; une fleur en bouton écrasée sous la semelle méprisante et cruelle de son entourage et de la société. L’éveil de sa sexualité, les abus et les violences, toujours jongler entre être elle-même et être celui que les autres voudraient – cette « mascarade d’être un homme ». Jusqu’à ce qu’elle rencontre les trans du Parc Sarmiento et découvre la pension de Tante Encarna, qu’elle pense alors être le paradis : « Ce qui a lieu dans cette maison, c’est la complicité d’un groupe d’orphelines ».



Elles sont belles en diable, les trans, multicolores et scintillantes, perchées sur des talons vertigineux, les seins et les hanches gonflées à l’huile de moteur d’avion. Tante Encarna a cent soixante-dix huit ans et est amoureuse d’un Homme Sans Tête, Maria la Muette se transforme en oiseau, Natali est une louve-garou. Les vilaines est un texte où la violence et la brutalité du quotidien n’est en rien cachée ni minimisée. L’histoire est pourtant sublimée par une poésie contagieuse, un rapport au monde lumineux et parfois proche du conte. Aucun misérabilisme dans ce texte. Camila Sosa Villada exorcise la violence et la cruauté.



« ‘Nous sommes comme un après-midi sans lunettes de soleil’, disait Tante Encarna. ‘Notre lumière aveugle, elle offusque ceux qui nous regardent et elle leur fait peur.’ »



Les Vilaines a le mordant du vécu, l’exubérance d’un conte et la portée d’un manifeste en faveur de la transidentité. J’ai pensé à Jonny Appleseed pendant cette lecture, un récit également cash sexuellement et débordant de lumière. Les Vilaines est un premier roman touchant et unique, à découvrir absolument.



« Chaque crasse subie est comme un mal de tête qui dure plusieurs jours. Une migraine puissante que rien ne peut apaiser. Les insultes, les moqueries à longueur de journée. Le manque d’amour, le manque de respect tout le temps. Les clients qui te roulent dans la farine, les arnaques, les mecs qui t’exploitent, la soumission, cette bêtise de nous croire des objets de désir, la solitude, le sida, les talons de chaussure qui cassent, les nouvelles des filles qui meurent, de celles qu’on assassine… Les coups, surtout les coups que nous inflige le monde, dans l’obscurité au moment où on s’y attend le moins. Les coups qui arrivaient immédiatement après la baise. Nous avions toutes connu ça. »



Avec cette lecture, je participe à #juindesfiertes et au mois argentin @autricesdumonde
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Les vilaines

Camila est née dans le petit village de Mina Clavero au sein d’une famille plutôt pauvre. Son père, alcoolique et violent, lui a peut-être donné le dégoût d’être un homme. Chez les Villada, les femmes deviennent épouses, mères et femmes de ménage. Inutile d’envisager des études. A treize ans, Camila est rassurée de voir pour la première fois à la télé argentine une star trans. A quinze ans, elle se métamorphose dans les baraques de chantier et à dix-huit ans, danse dans les bars de Cordoba. Puis se prostitue pour la première fois.



Nous la découvrons dans la zone trouble du parc Sarmiento de Cordoba en compagnie d’autres trans sous la protection de la vieille Encarna, non loin de la statue de Dante. Un enfer que l’auteur nous décrit avec une réalité crue et violente.



« Il est impossible d’être cette prostituée-là sans procéder auparavant à une anesthésie totale de soi. »



Encarna, « une déesse aux pieds de boue et aux mains de boxeur », cent-soixante-dix huit ans, les seins gonflés d’huile de moteur, héberge de nombreuses réfugiées de la communauté trans. Certaines si proches de l’animalité à laquelle on les cantonne qu’elle se transforme en oiseau ou loup-garou. Elle est leur mère, celle qui leur a appris à ne pas souffrir. Une mère qui se révèle avec l’adoption d’un bébé trouvé dans le parc, un petit ange qu’elle nomme Eclat des yeux.



« Les trans se pendent, les trans s’ouvrent les veines. Les trans souffrent des regards curieux, des interrogations de la police, des ragots des voisins, couchées sur le sang tiède et crémeux qui tapisse leur lit. »



Dans ce monde violent, sous la rage contenue d’inoffensives que la société rejette, j’ai aimé découvrir les moments de grâce et de magie de cette sororité. Camila, Anna la muette, Nadina l’accoucheuse, Maria qui se transforme en oiseau ou Natali, la louve-garou, Sandra, la mélancolique, Machi et sa magie noire, Angie, la plus belle trans du parc…Elles sont belles et touchantes. On les découvre au fil du récit du parcours de Camila, un récit empreint d’évocations parfois surréalistes, seul moyen de s’évader de ce monde de douleur.



Ce premier roman, autobiographique, reflète la violence d’un milieu sous la plume âpre et sans concession de celle qui a souffert d’être la honte de sa famille et de la société mais possède aussi la beauté, la fantaisie d’une communauté soudée dans la fureur et la fête.
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Les vilaines

Il me reste une trentaine de pages à finir mais je vais quand même émettre ma critique :). J'ai trouvé le livre très touchant mais déroutant à la fois , l'autrice nous parle de sa vie en tant que transgenre en Argentine et mon dieu quelle violence ! J'ai cru qu'un moment donné elle ne connaitrait pas ce qu'est le bonheur , elle décrit qu'être transgenre en Argentine est un pêché , une honte de la nature et la prostitution était devenu son "quotidien" son "échappatoire" . Par ce livre elle nous décrit aussi sa vie avec d'autres transgenres au sein de leur maison commune , j'avoue avoir ressenti une forme de respect pour Tante Encarna qui est leur socle , leur ange gardien à ces femmes . Le passé de certaines m'a aussi troublé , car la plupart n'ont connu que la violence au sein de leurs familles ou mari , la pauvreté , la misère sociale du quartier . Mais je dois dire que j'ai ralenti voir même décroché un moment donné , il faut que je termine les dernières pages mais sinon ce livre est plutôt agréable à lire
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Les vilaines

L’autrice raconte son expérience quand elle fréquentait le Parc Sarmiento avec d’autres collègues transgenres pour se prostituer et comment elles avaient constitué presque une famille autour de la Tia Encarna.

Je voulais lire ce livre depuis longtemps et j’avais beaucoup d’attentes en lui. Il ne les a pas seulement comblées, mais aussi dépassé de loin. Si l’histoire de ces personnes transgenres est très dure et cela nous oblige à faire des pauses dans la lecture, le style de l’autrice est plein d’un lyrisme et d’une beauté qui nous submergent dans un monde presque onirique où la joie de vivre des personnages l’emporte sur leurs conditions de vie. J’ai hâte de découvrir d’autres livres de Camila Sosa Villada.
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Les vilaines

Camila Sosa Villada nous offre ici sa vie, sa jeunesse, son enfance, sa force. La mythologie se mêle à la réalité pour la rendre plus poétique et moins horrible.

On lit ici l'indicible, le quotidien banal de cette famille de coeur, ces prostituées trans. La sororité contre la transphobie banale.



Un récit puissant, haut en couleurs, féerique et terrible, universel et intemporel.
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Les vilaines

J'ai beaucoup aimé ce récit de l'écrivaine Camila Sosa Villada qui fut prostituée en Argentine.



En effet celle-ci s'inspirant surement de ses souvenirs propose aux lecteurs un regard cruel ,tendre, déchirant et émouvant sur la condition des femmes trans notamment prostituées en Argentine subissant de pleins fouets la transphobie, l'homophobie, la misère sociale qu'elles subissent aux quotidiens dans un récit qui touche au cœur.





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Les vilaines

N°1621 - Janvier 2022



Les vilaines – Camilla Sosa Villada - Métailié

Traduit de l'espagnol par Laura Alcoba



Dans le Parc Sarmiento de la petite ville de Cordoba (Argentine) où travaillent les trans, on vient de trouver un nourrisson. Aussitôt adopté par la communauté il sera donc arraché à une mort certaine et vivra dans ce milieu d'hommes devenus femmes. C'est l'occasion de faire connaissance avec un membres de ce groupe à la fois solidaires et agressifs dont Tante Encarna, un femme authentique et malheureuse, qui en est la figure tutélaire et une véritable mère pour elles. C'est elle qui prend cet enfant sous son aile, le défend, le protège pour qu’il conserve le plus longtemps possible sa joie de vivre dans un univers qui se veut festif mais qui est pourtant est fait de douleur et de rejet. Le but sera de l'en mettre à l’abri. C'est d'abord Camilla qui raconte sa vie quand elle s'appelait encore Cristian, un garçon efféminé qui vivait dans un petit village entre une mère soumise et un père alcoolique et violent. C'était alors un garçon qui voulait devenir une fille et en adoptait toutes les apparences, surtout en cachette de ses parents. Il était la honte de cette famille, stigmatisé par son père. Les circonstances de sa vie l'amènent à la prostitution qui lui permet une indépendance financière, une nouvelle vie par rapport à la pauvreté de ses parents et donc à plus de liberté, mais aussi qui lui fait connaître la pire facette de la société respectable de ses contemporains. Suivent une galerie de portraits plus désespérés et dévastés les uns que les autres, entre fantasmes et exubérances, tendresse et folies, des parcours d'êtres mal dans leur peau, qui aspirent à être autre chose que ce que la nature a fait d'eux, que la société en apparence honorable rejette, moque, bannit et éventuellement détruit tout en s'en servant pour assouvir des pulsions sexuelles les plus secrètes et violentes. Ceux qu'on appelle les "trans" sont cantonnés pour survivre dans la clandestinité et la solitude, dans cette frange sociale qui ressemble à un esclavage qui ne dit pas son nom. Ici plus qu'ailleurs la misère, la souffrance, le sida, l’alcool, la drogue et la mort font partie du décor, du quotidien et guettent leurs proies faciles. Cette volonté d'humiliation, c'est un peu comme si leur présence réveillait ce qu'il y a de pire dans l'être humain ordinaire, un peu comme si les trans étaient le catalyseur des refoulements et des peurs que les autres portent en eux.

J'avoue que je suis assez partagé face à ce premier livre de Camilla Sosa Villada qu'on présente comme un roman alors qu'il s'agit d'un témoignage. Il a la fougue d'une première œuvre, la volonté de dire les choses crûment, sans fard littéraire, avec des mots aussi bruts que les nombreuses anecdotes dont est fait ce livre mais cette lecture m’a paru un peu fastidieuse. Il montre une facette peu glorieuse de la société évoquée, faite surtout d’hypocrisies et de tabous mal assumés, mais qui est. Toutes choses égales par ailleurs, parfaitement transposable à la nôtre. Cette communauté qui est sans doute la plus mal connue, sert d'exutoire à la société officielle et respectable, tolérée par un morale officielle et une religion bien pensantes mais qui en profite en secret.

J'ai lu cet ouvrage jusqu'au bout à cause de sa sélection à un prix littéraire pour lequel il est en lice mais ces propos ont tissé un malaise qui met en exergue des tranches de vie partagées entre tendresse et terreur, peur et humiliation, rires et larmes, ivresse et culpabilité pour cacher, une autobiographie poignante qui bouscule l'univers ordinaire de l’écriture souvent inscrit dans l'imaginaire ou le merveilleux.
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Les vilaines

Dans ce premier roman, Camila Sosa Villada décrit de l'intérieur la vie et les sentiments d'une communauté trans de Cordoba en Argentine. Cette communauté est, sinon dirigée, en tous cas sous l'aura d'une « mère » de 178 ans qui, tout naturellement, lorsqu'un bébé est trouvé dans le parc où les trans se prostituent, va devenir sa mère adoptive et lui consacrera toute son énergie au détriment de sa vie précédente. On suit l'histoire du point de vue de Carmila – ex Christian -, narrateur et pendant de l'auteure bien sur. L'ensemble est, dans la plus pure tradition latino-américaine, parsemé d'éléments du fantastique-symboliste qui s'intègre au récit et surtout de scènes de genre attendues – relations avec les clients, langage cru de la sexualité vécue comme revanche sur la misère, la pauvreté et l'enfance détruite par un père alcoolique et violent.

La réussite du livre est indéniable au sens où on y trouve tout ce à quoi on pourrait s'attendre d'un tel récit romancé écrit par un trans qui est passé par là – en tous cas, on peut le supposer. L'équilibre entre scènes de sexe, humanité exacerbée autour d'une «tribu» de miséreux exclus de la société normale et normative qu'ils rejettent, tranches de vie dramatiques et présence de la violence des hommes, de la société, de la maladie (sida), amours impossibles avec un homme – impossible mais recherché,etc. La chute finale conclue logiquement l'impossibilité d'une reconnaissance et le rejet obligatoire dans la marge de ceux qui assument leur différence/rebellion.

Un des intérets majeurs est la transformation de Tante Encarna, la gourou de cette communauté, au moment où elle va se transformer en mère et élever un enfant. Mère possessive, mère exclusive, mère courage aussi bien sur, son passage de gourou à mère provoque la destruction et la dissolution de la communauté – avec d'autres événements.



Bon, quand on lit La vierge des tueurs de Fernando Vallejo, on est sous le choc, on a besoin d'air pour s'en remettre. Là, j'ai la sensation d'avoir lu un bon livre sur le milieu des trans écrit par une trans mais dont le decorum a pris le pas sur l'étude psychologique - qui sera sûrement plus présente dans la production future de Camila Sosa Villada, une auteure à suivre sans aucun doute.



Malgré ces (petits) bémols, la rareté de ce genre de récit et son écriture fluide m'invite à recommander sa lecture.
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Les vilaines

Les Vilaines, ce sont des bribes de vies, des moments volés, de grandes anecdotes, qui racontent, au jour le jour, la genèse et le quotidien des trans : le rejet et l’incompréhension de la famille, le choix décisif de cesser d’être un homme, la prostitution inévitable, la sororité puissante de celles qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes, l’abus d’alcool et de drogues pour faire passer la nuit, le sida qui les guette, et les quelques moments de fête, de rires et de plaisir qui les rendent fières d’être ce qu’elles sont. Au milieu de tout ça, Tante Encarna, leur mère à toutes, celle qui les as accueillies dans sa pension aux murs roses, trouve un enfant dans le Parc, qu’elle décide de garder et d’élever elle-même, quelles qu’en soient les conséquences.



Réaliste souvent, autobiographique parfois, mais aussi fantastique de temps en temps, ce roman oscille avec dextérité entre plusieurs styles, questionnant tour à tour notre capacité d’empathie, notre imagination plus ou moins débordante et l’inévitable admiration que nous ressentons à la lecture pour ces femmes qui ont le courage d’être elles-mêmes. D’un grand lyrisme, ce texte est une ode à la vie des trans, cette fête perpétuelle si cher payée, une plongée dans leur intimité et leurs pensées, une mise à un de leurs faiblesses et de leur incroyable urgence de vivre selon leurs propres règles.



Avec Les Vilaines, Camila Sosa Villada raconte des femmes qui choisissent de voir toujours la vie du bon côté, et de se battre pour montrer leur corps tel qu’elles le voient elles-mêmes, dans faire de compromis face au regard des autres. Ce superbe premier roman est un livre d’une intensité rare, flamboyant, noir et joyeux à la fois – un coup de maître.
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Les vilaines

Dur dur la vie de personnes transgenre en Argentine, la prostitution semblant être leur avenir inexorable, avec le paradoxe qu'elles sont à la fois irrésistibles et attirent beaucoup d'hommes, et sont en même temps rejetées et persécutées.

Il y a beaucoup d'humanité et de sororité dans ce récit qui pourtant ne fait aucune concession et qui ne nous fait pas la grâce d'une fin optimiste.

C'est pourtant un hymne à la tolérance et au respect des différences, et le destin de l'auteure qui s'en sort par l'écriture montre peut-être qu'elles ont toute leur place dans le monde.

Un récit âpre et difficile mais très prenant avec des caractères très forts et attachants.

A lire et à faire lire pour défendre le droit de ne pas être comme tout le monde.
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Les vilaines

A Cordoba, en Argentine, la tante Encarna a ouvert une pension dans laquelle elle accueille des prostituées transsexuelles. La narratrice, elle même transsexuelle, nous raconte son quotidien: l’attente du client, la nuit, dans le parc, la drogue pour tenir, les poursuites avec la police, les tabassages mais aussi la solidarité, l’amitié et l’amour.



Les « vilaines » désignent ces prostituées qui se cachent, que personne ne veut voir au grand jour et qui pourtant existent. Alors, cachées au fond de ce parc, à la merci d’hommes souvent violents, Les « vilaines » s’organisent et tentent de survivre. Ce roman est inspiré du propre parcours de l’autrice qui s’est elle-même prostituée. C’est un récit sans concession, souvent très dur. J’ai parfois dû reposer le livre après avoir lu certaines scènes difficiles.



Mais l’autrice n’est pas dans le voyeurisme ni dans le misérabilisme. Ces « vilaines » existent et trouvent parfois un peu de bonheur. La fête les anime, les fous rire, la tendresse et la protection qu’elles se portent l’une à l’autre sont touchantes. Sans plaintes, sans cris, l’autrice expose la vie de ces hommes devenus femmes, leurs parcours bien souvent teintés de rejet, de violence, de malaise.



Le résultat donne un roman fort, parfois trash mais jamais vulgaire, une ouverture sur un monde méprisé et désiré par des hommes qui y cherchent pourtant leur plaisir.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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