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Citations de Carl Schmitt (11)


La question mérite donc d'être posée : quel est notre élément ? Sommes-nous fils de la terre ou de la mer ? La réponse ne peut être tranchée : nous ne sommes ni l'un ni l'autre totalement. Des mythes immémoriaux, les hypothèses des sciences naturelles modernes et les résultats de la recherche préhistorique autorisent les deux réponses.
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La justice de la guerre, lorsqu’elle est rapportée à la justa causa, comporte toujours à l’état latent une amorce de discrimination de l’adversaire injuste […] l’ennemi devient simple criminel, et le reste, à savoir la privation des droits de l’adversaire et le pillage de ses biens, c’est-à-dire la destruction du concept d’ennemi qui formellement présuppose toujours un justis holis, s’ensuit pratiquement tout seul.
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Lénine (…) a discerné que le recours à la force et les guerres révolutionnaires sanglantes, civiles et interétatiques, étaient inévitables et pourquoi il a aussi approuvé la guerre de comme un ingrédient nécessaire du processus révolutionnaire global. Lénine fut le premier à avoir conscience que le partisan était une figure importante de la guerre civile nationale et internationale, le premier aussi à chercher à le transformer en un instrument efficace aux mains de la direction centrale parti communiste.
(…)
L'article de Lénine sur le partisan porte sur la tactique de la guerre civile socialiste et est contre l'opinion répandue à l'époque parmi les socio-démocrates, selon laquelle la révolution allait, en tant que mouvement de masses, atteindre son but d'elle-même dans les pays parlementaires, rendant périmées les méthodes de recours direct à violence. Aux yeux de Lénine, la guerre de partisans entre dans les méthodes de la guerre civile et intéresse, comme le reste, la question purement tactique ou stratégique de la situation concrète. La guerre de est, au dire de Lénine, « une forme de combat inévitable » dont on se servira sans dogmatisme ni préconçus, tout comme il faudra se servir selon circonstances d'autres méthodes et moyens légaux (…) le but est la révolution communiste dans tous les pays du monde ; tout ce qui sert ce but est bon et juste. Il s'ensuit que le problème du partisan est également très facile à résoudre : les partisans sous direction de la centrale communiste sont des combattants de la paix et de glorieux héro s; les partisans qui se dérobent à cette direction sont de la racaille anarchiste et des ennemis du genre humain.

Lénine était un grand familier et admirateur de Clausewitz. Il s'est adonné à une étude intensive de son livre De la guerre durant la Première Guerre mondiale, en 1915, et il en a transcrit des extraits en langue allemande, avec des notes marginales en russe, des mots soulignés et des points d'interrogation dans son cahier de notes, la Tetradka. Il a créé de la sorte un des documents les plus grandioses de l'histoire universelle et de l'histoire des idées. Un examen approfondi de ces extraits, notes et signes divers permet d'en déduire la nouvelle théorie de la guerre absolue et de l'hostilité absolue qui commande l'ère de la guerre révolutionnaire et les méthodes de la guerre froide moderne.
(…)
Ce que Lénine a pu apprendre de Clausewitz, et il l'a appris à fond, ce n'est pas seulement la célèbre formule de la guerre, continuation de la poli¬tique. C'est aussi cette conviction que la distinction de l’ami et de l'ennemi est, à l'ère révolutionnaire, la démarche primaire et qu'elle commande aussi bien la guerre que la politique. Seule la guerre révolutionnaire est une guerre véritable aux yeux de Lénine, parce qu'elle naît de l'hostilité absolue. Tout le reste n'est qu'un jeu conventionnel. (pp. 255-257)
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C’est aux pacifiques que la terre est promise. L’idée d’un nouveau nomos de la terre ne se révèlera qu’à eux.
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En premier lieu, la terre féconde porte en elle-même, au sein de sa fécondité, une mesure intérieure. Car la fatigue et le labeur, les semailles et le labour que l’homme consacre à la terre féconde sont rétribués équitablement par la terre sous la forme d’une pousse et d’une récolte. Tout paysan connaît la mesure intérieure de cette justice. 
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[...] le problème du fondement d’une entité politique en tant qu’institution ; n’est-il
question que d’une norme, exclusivement dépendante du positivisme qui l’aurait instituée, ou est-il possible de trouver un fondement plus substantiel, moins contingent peut-être, que cet arbitraire positiviste instituant la norme ?
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Suis-je sur terre pour travailler à ce que la technique nous transforme en rayonnement ? Si oui, à quel commando dois-je me rendre pour entreprendre mon travail ? Car il y a longtemps que je n'existe plus pour moi seul et isolé, il y a longtemps que je suis encaissé dans l'organisation.

p167
sagesse de la cellule
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Les combats de partisans de la Seconde Guerre mondiale et ceux des années qui la suivirent en Indochine et dans d'autres pays, et que les noms de Mao Tsé-toung, Ho Chi-minh et Fidel Castro désignent assez nettement, font apparaître, eux aussi, que le lien avec le sol, avec la population autochtone et avec la configuration géographique du pays, montagnes, forêts, jungle ou désert, n'a rien perdu de son actualité. Le partisan est et demeure distinct non seulement du pirate mais encore du corsaire, tout comme la terre et la mer demeurent distinctes en tant qu'espaces élémentaires différents où se situent l’activité humaine et les affrontements belliqueux entre nations. La terre et la mer ont développée non seulement des véhicules stratégiques différents, non seulement des théâtres d'opérations de types différents, mais encore des concepts différents de guerre, d'ennemi et de prise de guerre.

Le partisan va continuer à représenter un type spécifiquement terrien du combattant actif du moins tant que subsistera la possibilité, sur notre planète, de guerres anticolonialistes. (pp. 223-224)
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Le monde contemporain, enfin, apparaît aux yeux de Carl Schmitt comme celui qui procède à un double mouvement : d’abord, c’est un monde qui fait de la guerre le crime lui-même. « La guerre elle-même devient un crime dans l’acception pénale du mot. » [11] Ensuite, puisque la guerre devient le
crime en tant que tel, alors celui qui est à l’origine n’est plus précisément ce semblable que l’on combat
dans le cadre de rapports juridiquement réglés, mais il est au contraire la crapule à anéantir ; il y a dans
la guerre contemporaine une inhumanité de l’agresseur, à qui il convient de faire rendre gorge pour sa
laideur morale. « L’action menée contre lui n’est donc pas davantage une guerre que ne l’est l’action de
la police étatique contre un gangster : c’est une simple exécution et, en fin de compte, du fait de la
transformation moderne du droit pénal en lutte contre les nuisances sociales, ce n’est qu’une mesure
contre un agent qui nuit ou qui dérange, contre un perturbateur qui est mis hors d’état de nuire avec
tous les moyens de la technique moderne – par exemple une police bombing. La guerre est abolie, mais
seulement parce que les ennemis ne se reconnaissent plus mutuellement comme égaux sur le plan moral
et juridique. » [12] Pour le dire crûment, la guerre contemporaine désigne moins un ennemi qu’elle ne
désigne un salaud.
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le
refus schmittien de ne pas traduire nomos par « loi » et d’en revenir à ce sens spatial originel permet
certes de ne pas sombrer dans le positivisme, mais c’est en réalité l’idée même de « loi » qui apparaît
positiviste : toute loi, quel qu’en soit le fondement, est nécessairement positiviste lorsque l’on raisonne
dans un cadre politique ; par conséquent, lutter contre le positivisme juridique, c’est aller jusqu’à refuser
[...] la prééminence du concept même de « loi », et chercher à y substituer des termes plus substantiels,
témoignant d’un arbitraire moindre que celui que véhicule l’idée de loi. Ce terme substantiel, Schmitt
pense paradoxalement le trouver dans ce nomos, que nous traduisons souvent par loi, mais dont il
restitue toute la saveur spatiale et terrestre, de sorte que ce dernier soit un « acte constituant originel qui
ordonne l’espace. »
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