AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Carlo Ginzburg (25)


Carlo Ginzburg
« En histoire comme au cinéma tout gros plan implique un hors-champ »


dans lemonde.fr, le 03/10/2022
Commenter  J’apprécie          90
tout était chaos, c’est-à-dire terre, air, eau et feu tout ensemble… ce volume peu à peu fit une masse, comme se fait le fromage dans le lait, et les vers y apparurent et ce furent les anges… au nombre de ces anges, il y avait aussi Dieu, créé lui aussi de cette masse en ce même temps
Commenter  J’apprécie          40
L’erreur judiciaire, fût-elle révocable, se traduit toujours pour la justice par une perte sèche
Commenter  J’apprécie          40
l’erreur n’est pas qu’un risque : c’est une dimension où l’on est sans cesse plongé. La connaissance humaine n’est pas seulement faillible de manière intrinsèque : elle avance grâce à l’erreur, en essayant, en se trompant, en s’autocorrigeant. Erreur et vérité s’impliquent l’un l’autre comme l’ombre et la lumière.
Commenter  J’apprécie          40
Un classique, oui, assurément : Le Fromage et les Vers l’est devenu. Aussi doit-on apprendre à le lire au présent, comme l’enseignait Italo Calvino, qui fut un ami de Carlo Ginzburg, et qui écrivait dans un texte justement célèbre : « Les classiques sont des livres que la lecture rend d’autant plus neufs, inattendus, inouïs, qu’on aura cru les connaître par ouï-dire. »
Commenter  J’apprécie          30
C’est une coïncidence qui pourrait symboliser la double bataille vers le haut et vers le bas, conduite par la hiérarchie catholique » au cours de la Contre-Réforme.
Commenter  J’apprécie          30
Un complot tend presque toujours à en engendrer d’autres : complots véritables qui tendent à le majorer, complots fictifs qui tendent à le masquer, complots de signes contraires qui tendent à le contrecarrer. Mais ce qui est beaucoup plus important, c’est que toute action tendant à une fin – et par conséquent a fortiori tout complot, qui est une action visant des fins particulièrement aléatoires – participe d’un système de forces hétérogènes et imprévisibles.
Commenter  J’apprécie          30
je crois que qui ne fait pas de mal au prochain ne commet pas de péché
Commenter  J’apprécie          20
Continuité des mots n’est pas toujours continuité de leur sens. Ce que nous appelons philosophie est encore malgré tout la philosophie des Grecs. Notre économie, qu’il s’agisse de la discipline ou de son objet, et l’économie des Grecs n’ont en revanche que peu de choses en commun. Nous parlons souvent de mythe en un sens général ou en un sens spécifique : les mythes des nouvelles générations, les mythes des peuples d’Amazonie, et nous appliquons sans hésiter le terme de mythe à des phénomènes très éloignés dans le temps comme dans l’espace. Doit-on voir là une manifestation de notre superbe ethnocentrique ?
Commenter  J’apprécie          20
En comparant un à un les passages des livres cités par Menocchio avec les conclusions qu'il en a tirées (...) on rencontre invariablement un hiatus (...) toutes tentative pour considérer ces livres comme des "sources" au sens immédiat et mécanique du terme, échoue devant l'originalité agressive de la lecture de Menocchio. Pus que le texte, ce qui apparaît alors important, c'est la clé de lecture, la grille que Menocchio interposait inconsciemment entre lui et la page imprimée, une grille qui mettait en lumière certains passages et en cachait d'autres, qui exaspérait la signification d'un mot isolé de son contexte, qui agissait dans la mémoire de Menocchio en déformant la lettre même du texte. Et cette grille, cette clé de lecture, renvoient continuellement à une culture différente de celle qui s'exprimait dans la page imprimée - une culture orale.
Ce qui ne signifie pas que le livre constitue pour Menocchio un prétexte. Il déclara (...) qu'un livre au moins l'avait profondément inquiété, et l'avait incité, par ses affirmations inattendues, à avoir des pensées neuves. Ce fut le heurt entre la page imprimée et la culture orale dont Menocchio était le dépositaire qui le poussa à formuler - d'abord à lui-même puis dans son village, et enfin au juges - les "opinions" tirées de son cerveau".
Commenter  J’apprécie          20
Pour que cette culture différente puisse voir le jour, il avait fallu la Réforme et la diffusion de l’imprimerie. Grâce à la première, un simple meunier avait pu penser à prendre la parole et à dire ses propres opinions sur l’Église et sur le monde. Grâce à la seconde, il avait eu des mots à sa disposition pour exprimer la vision obscure, inarticulée, du monde qui bouillonnait en lui. Dans les phrases ou les lambeaux de phrases arrachés aux livres, il trouva les instruments pour formuler et défendre ses idées pendant des années, d’abord devant les habitants de son village, ensuite contre des juges armés de doctrine et de pouvoir.
Commenter  J’apprécie          10
L’idée de la culture comme privilège avait été atteinte très gravement (mais certainement pas tuée) par l’invention de l’imprimerie.
Commenter  J’apprécie          10
Ce n’est pas le livre en tant que tel, mais la rencontre entre la page écrite et la culture orale qui formait, dans la tête de Menocchio, un mélange explosif.
Commenter  J’apprécie          10
L’interprétation est infinie, même si ses contenus ne sont pas illimités […]
Lire les témoignages historiques à rebrousse-poil […] contre les intentions de ceux qui les ont produits, même s’il faut tenir compte de ces intentions – revient à supposer que chaque texte renferme des éléments qui échappent au contrôle de son auteur.
Commenter  J’apprécie          10
Dans un monde que nous savons dominé par le sous-développement et par la cruauté de l’impérialisme, notre indifférence morale est déjà une forme de complicité. (…) On serait tenté de dire que les deux dernières générations ont reçu en dot, contrairement à ce que pensait Benjamin, une force messianique puissante – bien que négative. La fin de l’histoire – non pas dans le sens métaphorique aujourd’hui en vogue, mais dans un sens absolument littéral – est devenue dans le dernier demi-siècle une possibilité technique effective. La destruction virtuelle du genre humain, qui représente en tant que telle un tournant historique décisif, a influé et influera sur la vie et les fragments de mémoire de toutes les générations futures et passées, y compris celles qui, comme dit Aristote, « sont venues il y a dix mille ans ou viendront dans dix mille ans ». Le domaine de ce qu’Aristote appelait la « loi générale » semble parallèlement être devenu beaucoup plus vaste. Mais l’extension de notre compassion aux êtres humains les plus lointains resterait, je le crains, pure rhétorique. Notre capacité de contamination et de destruction du présent, du passé et du futur demeure incomparablement supérieure à notre pauvre imagination morale.
Commenter  J’apprécie          10
Carlo Ginzburg
L'analyse tourne essentiellement autour des recoupements de deux langages de l'exclusion, qui tendent à s'exclure l'un de l'autre : celui de la justice et celui de la psychiatrie. La figure de l'assassin, Pierre Rivière, finit par passer au second plan, juste au moment où on publie un mémoire écrit par lui à la demande de ses juges pour expliquer comment il en était arrivé à commettre son triple assassinat. La possibilité d'interpréter ce texte est explicitement exclue, car cela équivaudrait à lui faire violence, en le réduisant à une "raison" qui lui étrangère. Restent seulement la "stupéfaction" et le "silence", uniques réactions légitimes.
C'est sur un irrationalisme esthétisant que débouche donc cette orientation de recherche. Le rapport, obscur et contradictoire, de Pierre Rivière avec la culture dominante, est à peine abordé; ses lectures (almanach, livres de piété, mais aussi "le bon sens du curé Meslier") sont totalement ignorées. On préfère le décrire, errant dans les bois après le crime, comme "un homme sans culture et un animal sans instinct... un être mythique, un être monstrueux dont la définition est impossible parce qu'il ne relève d'aucun énonçable". On s'extasie devant une extranéité absolue qui, en réalité, est le fruit du refus d'analyser et d'interpréter.
Commenter  J’apprécie          10
Mais les termes du problème changent radicalement dès que l'on se propose d'étudier non plus la "culture produite par les classes populaires" mais "la culture imposée aux classes populaires"
Commenter  J’apprécie          10
aux inquisiteurs qui lui demandaient : « Croyez-vous qu’il y ait un paradis terrestre  ? », il répondit par un aigre sarcasme : « Je crois que le paradis terrestre est là où il y a des gentilshommes qui ont pas mal de fortune et qui vivent sans se fatiguer. »
Commenter  J’apprécie          00
L'idée de la culture comme privilège avait été atteinte très gravement (mais certainement pas tuée) par l'invention de l'imprimerie.
Commenter  J’apprécie          00
J'ai dit que, selon ce que je pensais et croyais, tout était un chaos... et ce volume peu à peu fit une masse, comme se fait le fromage dans le lait, et des vers y apparurent, qui devinrent les anges; et la très sainte majesté voulut que ce fussent Dieu et les anges; au nombre de ces anges il y avait aussi Dieu créé lui aussi de cette masse en même temps.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Carlo Ginzburg (142)Voir plus

Quiz Voir plus

Une bouteille dans la mer de gaza

Ou habit Tal

Israel
Gaza
Paris
Oslo

3 questions
77 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}