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Critiques de Caroline Broué (25)
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De ce pas

Un premier roman tout en grâce et en légèreté, où transparaît la passion de l'auteure pour la danse. Une plume fine au service de tableaux qui se succèdent comme sur la scène d'un théâtre pour dessiner le portrait vibrant d'une femme décidée à avancer. De solos en pas de deux, de chutes en pirouettes, l'auteure nous offre le merveilleux spectacle de ceux qui décident d'affronter la vie en la regardant en face.



A 40 ans, Marjorie a déjà connu nombre de ruptures. L'exil à 5 ans lorsqu'il a fallu fuir le Cambodge aux mains des Khmers rouges ; la petite Tin (son vrai prénom) et sa mère n'ont plus jamais revu Chim leur père et mari resté sur place et donné pour mort. Le coup d'arrêt de sa carrière de danseuse étoile, neuf ans avant la date limite à cause d'un corps trop fragile. Jusque-là, la danse lui avait permis d'exprimer les sensations et les sentiments enfouis bien profondément en elle, comme elle avait tenté de l'expliquer à Paul, son mari.



"La danse comme espace et temps. En elle, le mouvement naît, meurt puis renaît, chute et va de l'avant, tombe et se relève. La danse comme tour et retour. Un déclin prélude au rebond. Une potentialité de vie. La danse enfin comme livre d'images pour la pensée, une métaphore même du mouvement de la pensée. Une pirouette des idées. Un rond de jambe de l'esprit. Une révoltade des émotions".



C'est à ce moment que Tin choisit de devenir Marjorie et de demander la nationalité française. Une rupture pour en cacher une autre. Source d'autres tourments comme le pressent Paul lorsqu'il lui affirme "On ne change pas impunément d'identité sans que le passé vous rappelle à lui". Paul qui est bien placé pour le savoir, lui qui a construit sa vie sur une rupture familiale, lui qui doit sa rencontre avec Tin à l'évanouissement de celle-ci dans le métro où elle a cru reconnaître le visage de son père sur une affiche. Tous deux vont devoir apprendre à se libérer du poids du passé qui leste leurs mouvements, chacun en suivant son propre cheminement, pour mieux se retrouver.



Il y a de jolis moments de grâce dans l'écriture de Caroline Broué qui parvient à donner à son propos la légèreté et la souplesse d'une ballerine. Et puis il y a le magnifique personnage de Justine, la sage voisine de Marjorie et Paul dont la compréhension du difficile défi qu'est la vie va donner quelques clés à la jeune femme afin qu'elle parvienne à laisser cohabiter en paix Tin et Marjorie, ainsi que la fille, la femme et la mère qu'elle est devenue.



"Ma chère, apprenez que la destruction n'est en rien dommageable si elle s'accompagne d'une pensée malicieuse, voyez-vous. Si Pénélope détruit son ouvrage chaque nuit, c'est pour mieux le reconstruire le lendemain, et si elle le construit chaque jour, c'est pour mieux le défaire chaque nuit, comprenez-vous. Autrement dit elle gagne du temps. Elle construit sur la destruction. Vous comprenez ? Cassez, démolissez s'il le faut, mais ne perdez pas de vue que c'est pour redresser et parfaire l'ouvrage."



Une bien jolie découverte, un ouvrage plaisant à lire qui mérite le détour.
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De ce pas

La rencontre de Tin et Paul est belle et pleine de grâce, une de ces rencontres qui foudroient, vous laissent sans voix. Fous amoureux l'un de l'autre, ils grandissent et se construisent ensemble sans jamais parler de leur vie d'avant. Tout semble commencer au jour de leur premier tête-à-tête. Ils avancent pas à pas. Elle est danseuse étoile à l'Opéra de Paris, il est photographe, amateur de peinture. Passionnés par leur art respectif, ils y évoluent avec exaltation en portant un regard bienveillant l'un sur l'autre. Un enfant viendra sceller leur amour. Une grave blessure oblige la danseuse à mettre un terme à sa carrière. Une fêlure qui va alors bouleverser sa vie, insidueusement. Tin devient Marjorie. Avec Paul, ils voyagent à travers le monde avec leur ami Jérôme, un aventurier, ils regardent leur fille grandir, Marjorie discute souvent avec Coralie – une copine dont le flot de paroles ne se tarit jamais – les années passent...

Aujourd'hui, Marjorie a quarante ans, et son passé remonte à la surface. Elle s'interroge sur son existence, sa relation avec Paul, la danse – sa respiration –, sa mère avec qui elle a fui le Cambodge durant le génocide en 1975, son père resté là-bas – la douleur de cette séparation se fait lancinante désormais –. Et Paul, par rebond, voit lui aussi d'anciens ennuis familiaux ressurgir violemment. Ils avaient marché main dans la main tout ce temps sans se dire un mot sur leurs maux. Désormais, tout éclate. Ils assistent à un déferlement d'émotions et de non-dits. Le refuge qu'ils s'étaient fabriqués vole en éclats. Le silence enveloppant se trouble. Et puis, il y a Justine, une vieille voisine qui sème des bribes de sa vie marquée à jamais par la seconde guerre mondiale. Une parole sage et généreuse...

Un roman sur le franchissement, le dépassement. Oser avancer, lever le voile du passé qui obscurcit l'avenir, rompre le silence et s'alléger enfin. Une histoire et une écriture sensible avec la danse pour toile de fond. Cependant, le va-et-vient spatio-temporel m'a gênée parfois dans ma lecture – un rythme saccadé sûrement voulu par l'auteure –. Un premier roman prometteur.
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L'identique et le différent

Françoise Héritier est une anthropologue et ethnologue française. Née en 1933, elle est récemment décédée en novembre 2017. Elève de Claude Lévi-Strauss, elle lui a succédé au collège de France. Ce petit livre d'entretiens aborde divers sujets comme son enfance en Auvergne, ses études universitaires, ses premiers travaux sur la parenté en Afrique et surtout son sujet préféré : la différence homme-femme. A travers deux concepts qu'elle a beaucoup travaillés, "l'identique et le différent" et "la valence différentielle des sexes", elle s'interroge sur la hiérarchie entre les deux sexes, ses fondements, ses conséquences.

Un petit livre passionnant.
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De ce pas

Tin la cambodgienne est devenue Marjorie, ancienne danseuse étoile, jeune maman d'une petit Elena, épouse accomplie et apparemment heureuse. Aujourd'hui, elle se pose des questions sur son passé, son enfance, ces blessures qu'elle a cachées dans un coin de sa conscience pour ne pas trop en souffrir. Arrivées en France en 1975, à 5 ans à peine, alors qu'elle fuyaient le Cambodge des khmers rouges avec sa mère, elles sont restées pendant de nombreuses années sans nouvelles de Chim, le père resté à Phnom Penh.

Paul, son mari, photographe, est issu d'une lignée de protestants ardéchois. Il a depuis longtemps coupé les ponts avec ses parents sans que l'on comprenne vraiment ce qui a causé cette séparation, il revoit à peine sa soeur. Et l'on s'interroge pour savoir d'où vient cette faille dans sa généalogie familiale et qui aujourd'hui lui cause tant de bleus à l'âme

Justine, la vieille voisine sage et aimante, se prend d'amitié pour Marjorie la courageuse, la flamboyante danseuse étoile, la petite fille qui souffre de son passé et doute de son avenir. Justine, rescapée des camps, sait bien que lorsqu'on souffre trop, on se tait car on ne peut pas dire l'horreur et la douleur, mais qui sait aussi que pour vivre, il faut avancer, ne pas oublier, mais continuer, passer à l'âge adulte, puis passer le flambeau à la jeunesse.

De ce pas de danse, de ce pas de deux, Caroline Broué écrit un premier roman aérien et léger, profond parfois. Il est comme ces figures de ballet qui s'envolent et nous font rêver, auréolées de mystère, images du bonheur donnant une impression de légèreté qui font oublier aux spectateurs la souffrance qui est cachée derrière, au plus profond, et surtout la ténacité, la pugnacité qu'il a fallu pour en arriver là. le livre, construits en flashback qui passent d'une époque à l'autre, ou changement de personnages en peu de phrases est parfois compliqué à suivre, mais au final, voilà un questionnement intéressant sur les origines, ce que l'on cache, ce que l'on imagine, ces secrets ou ces non-dits qui peuvent détruire des familles. Sur les interrogations d'un couple également, quand chacun atteint cette quarantaine fatidique où il est de bon ton d'avoir réussi sa vie… ah, mais réussi comment ? A ses propres yeux ou mesuré à l'aune des autres ?


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De ce pas

J'ai emboîté le pas à Caroline Broué sur les conseils de ma libraire indépendante préférée (Entre les Lignes à Clamart). En effet, elle l'avait invitée à venir nous présenter son premier roman intitulé De ce pas.



Je connaissais l'émission La Grande Table uniquement via la revue Page des Libraires qui la mentionne régulièrement. Depuis lors, je suis abonnée au podcast et j'apprécie de l'écouter régulièrement.



L'idée de ce livre a commencé a germé dans la tête de Catherine Broué au moment d'un voyage qu'elle a effectué au Cambodge il y a une vingtaine d'années. L'écriture a démarré en 2013. Le personnage de Marjorie lui ressemble : âge similaire, moment de vie, danse notamment. En effet, Caroline Broué a fait de la danse durant près de 20 ans et, si j'ai bien compris ses propos, si son corps le lui avait permis, elle serait devenue danseuse professionnelle. Par ailleurs, elle a reçu lors d'une émission de La grande table, le chorégraphe dont il est question dans le roman.



Le thème du roman porte sur la crise de la quarantaine d'une femme, danseuse étoile à l'opéra de Paris et dont la vie doit prendre un autre tournant puisqu'elle ne peut plus danser suite à des problèmes de santé. Ce temps inconnu qui s'ouvre à elle l'amène à se replonger (malgré elle ?) dans son passé au Cambodge. Pourquoi ce retour en arrière ? Parce que Caroline Broué pense que c'est un travail nécessaire pour aller de l'avant et se construire.



Marjorie et son compagnon Paul se posent tous deux des questions sur leurs origines respectives. Elle a fui le Cambodge à l'époque des Khmers rouges tandis qu'il vient de l'Ardèche huguenote. Elle l'entraîne dans son questionnement. Tous deux se sentent impuissants face au monde qui les entoure.

Le roman compte deux autres personnages : Justine, une voisine âgée de 75 ans et Coralie, l'amie de de Marjorie. Coralie a peur de tout. Elle appelle souvent Marjorie en pleine nuit, la réveillant par la même occasion, pour lui débiter (le flot est rapide, il n'y a plus de ponctuation, le style est décousu, haché) tout ce qui lui passe par la tête. C'est la petite voix de Marjorie.

Les nombreux lieux évoqués dans le roman n'ont pas été choisis au hasard, ils correspondent à des lieux qui ont marqué Caroline Broué.



Quand je me replonge dans ces notes prises lors de la rencontre, je mesure la richesse de nos échanges. Et en même temps, je ne peux pas m'empêcher d'être légèrement déçue par ce livre dont je n'ai pas tellement apprécié le style. Il ne s'agit pas de l'écriture qui m'a bien plu. J'aime ce style que j'ai trouvé très littéraire. Je préfère les narrations plus linéaires.



Quant au choix de la maison d'édition (Sabine Wespieser éditeur), il est conscient et motivé par l'envie de bénéficier d'un soutien personnalisé compte tenu du fait qu'il s'agit d'une maison d'édition à taille humaine car publiant peu de livres par an afin justement de privilégier la qualité à la quantité. Caroline Broué a beaucoup apprécié les conseils prodigués par Sabine Wespieser. Elle semble s'être sentie à la fois suffisamment libre et guidée.

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L'identique et le différent

C'est un petit livre, un essai, sous forme d'entretiens qui permet aussi de comprendre les recherches qu'a menées cette très grande anthropologue.

A lire .
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De ce pas

Un récit aussi léger que le pas d'une danseuse...

C'est dommage car la plume de Caroline Brouée est habile et sensible, mais l'absence d'intrigue entraîne l'ennui.

Un roman léger, trop léger, qui risque d'être vite oublié...
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De ce pas

Voici un premier roman à la construction originale, qui par toutes petites scènes, saisies au fil des ans, nous fait entrer dans l'univers de Marjorie, danseuse étoile qui vient de prendre sa retraite.

Des retours en arrière, son enfance, le Cambodge, l'arrivée en France, la danse, la rencontre avec Paul, l'amour, les aléas du couple, les amis...

J'aurais parfois aimé entrer plus profondément dans certains épisodes, il y a un foisonnement de thèmes et certains (comme certains personnages secondaires ) mériteraient un roman à eux seuls...



La jeune femme est un tournant de sa vie, et revient sur les périodes charnières qui l'ont conduites jusque là, autant d'interrogations sur les choix, les drames, les secrets de famille, les non-dits... la nécessité de renouer avec le passé pour mieux aller de l'avant...



Mais au delà de ces thèmes, c'est la danse qui tient la part belle, solo, pas de pas, chute... la danse, la vie... de très belles pages pour une nouvelle auteure à noter!




Lien : http://lecture-spectacle.blo..
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De ce pas

En lisant ce premier roman, il m'a semblé voir une chorégraphie contemporaine tant la construction et la narration jouent avec les composantes essentielles de la danse.



L'histoire peut en sembler banale si l'on s'en tient à son squelette : un couple, Marjorie et Paul, elle danseuse-étoile, lui photographe, qui après s'être aimés passionnément laissent les douleurs refoulées de l'enfance envahir leur "potentialité de vie". Mais à ce squelette, Caroline Broué vient délicatement ajouter la chair, le coeur, les muscles et le sang pour offrir au lecteur un roman d'une grâce aérienne qui combine ce que la danse met en jeu : espace - temps - mouvement - corps



Espaces géographique et intérieur dans lesquels s'inscrivent les déplacements des personnages, de Phnom Penh à Montaren, petit village d'Ardèche, de l'Afrique du Sud à New-York, mais aussi l'évolution de leurs relations et de leur présence au monde. Tin à Phnom Penh avec ses parents devient Marjorie à Paris avec Paul. Jérôme s'approprie les mots et donc la vie de quelqu'un d'autre. Paul délaisse son meilleur ami avant de revenir vers lui. Rapprochement-éloignement, fusion-séparation, isolement-attachement dessinent des courbes et des trajectoires où chacun "naît, meurt, puis renaît, chute, va de l'avant, tombe et se relève".



Les rebonds temporels ajoutent encore à "l'électricité des échanges et des existences qui se croisent". Ce temps qui n'a pas fait tomber dans l'oubli la disparition d'un père ou sa déchéance et qui, brutalement, ramène à la conscience tous les dénis, tous les compromis, ceux que Marjorie et Paul ont voulu oublier mais qui reviennent en force au moment où ils deviennent parents à leur tour. Que vont-ils transmettre à Eléna leur fille si eux-mêmes ne sont pas en paix avec leur propre histoire, avec leur propre famille ? De ce "sans", de ce "pas", Justine, la vieille amie de Marjorie a su faire une pleine existence, une existence sans peur et qui ne craint pas de détruire pour mieux construire.



Un très, très joli roman qui mérite que l'on s'y attarde et qui apporte "la douceur dans la violence du monde".









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De ce pas

GRACIEUX, c’est le mot qui m’est venu à la lecture de ce premier roman de Caroline BROUE « De ce pas », dégusté rapidement, non, non, ce n’est pas un oxymore… je l’ai lu très vite, certes, mais avec délectation.

En effet, avec un art consommé des entrechats, telle Marjorie, son héroïne, l’auteur nous entraîne dans la danse mêlant, entremêlant les personnages avec grâce, légèreté et souplesse.

Pourtant leur histoire n’est pas simple. Marjorie, Tin de son vrai prénom, a fui le Cambodge avec sa maman à l’arrivée des Khmers rouges, Justine, sa voisine septuagénaire toute en sagesse, a fui les nazis quand elle était petite et Paul, le compagnon de Marjorie… sa famille… Comment vivre avec tout ça, comment faire d’un passé lourd et pesant un présent heureux, joyeux et vaporeux ? Lever le voile, dire et raconter, dépasser le silence pour enfin s’alléger et s’envoler dans un dernier porté.

J’ai beaucoup aimé ce très beau récit sur le temps qui passe, le questionnement de l’âge adulte, le retour vers le passé. J’ai aimé l’écriture de Caroline Broué, alerte, élégante, captivante. J’ai aussi aimé son côté parfois saccadé, tels des pas de ballet, l’absence de ponctuation des conversations téléphoniques qui les rend si vivantes, les va-et-vient dans l’espace et dans le temps. J’ai apprécié l’émotion, la sensibilité présentes tout au long du récit. Chacun porte en soi un besoin de résilience, et Caroline Broué analyse ces sentiments à la perfection.

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De ce pas

Des premières pages riches en émotions, une fin sensible, la thématique perceptible du pas de deux, du couple de danseurs dont les protagonistes ne parviennent plus à quitter le sol pour tournoyer avec légèreté dans les airs parce que leurs racines volontairement oubliées, occultées les retiennent au sol…



La présentation de l’éditeur est attirante mais entre le début et la fin, je me suis ennuyée (je me suis un peu obligée à finir ce court premier roman de 169 pages), je ne suis pas parvenue à m’attacher à Marjorie et à Paul. L’histoire de leur couple et de leurs difficultés conjugales est émaillée de rencontres, d’amitiés, de souvenirs, qui sont souvent l’objet de dialogues proches du documentaire (sur la passion des requins, la philosophie de la danse par exemple), donc assez lourds, et les personnages secondaires m’ont paru assez caricaturaux (trop d’ellipses dans leur portrait, peut-être ?) et antipathiques. J’ai trouvé qu’ils n’avaient pas tous l’intérêt suffisant pour faire avancer l’histoire et les personnages principaux.



Bref, la rencontre ne m’a pas séduite. Ca arrive.
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De ce pas

Marjorie a quarante ans. Danseuse étoile, elle doit mettre un terme brutal à sa carrière : son corps ne suit plus, il est devenu trop fragile. Cette épouse et mère de famille se retrouve ainsi en « reconversion ». Pour rebondir, elle va vite se rendre compte qu’elle doit affronter et accepter son lourd passé. Marjorie, en effet, s’appelle en réalité Tin. Elle est arrivée du Cambodge avec ma mère en 1975 pour fuir le régime des Khmers. Mais, son père lui est resté et en est mort et cette souffrance de l’absence ressurgit.



Au même moment, son mari Paul doit faire face à des problèmes familiaux qu’il a trop longtemps tenté d’éviter. Le couple arrivera-t-il à faire le pas de deux dans ce ballet compliqué et enfin se libérer ?



Caroline Broué nous offre un premier roman qui a la grâce et la légèreté d’une danseuse. L’écriture est plutôt fluide. La construction en revanche peut décontenancer au départ car on a des changements d’espace-temps assez nombreux. Sans être un coup de cœur j’ai été touchée par la beauté des mots et du style de l’auteure.
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De ce pas

Quand le destin stoppe une vie riche d’émotions, de succès, d’une passion qui jusque là prenait toute la place, il est difficile de faire le point, surtout lorsque dans le couple, les fondations de chacun sont très différentes de celles de l’autre.

Tin avait 5 ans quand sa mère a fui son Cambodge natal à cause des Khmers rouges. Comme beaucoup de migrants ayant échappé à l’horreur, la mère a tenté d’occulter son histoire et son pays d’origine pour commencer une vie nouvelle.

Paul, enfant d’Ardéchois protestants, a grandi dans la tradition, la transmission des générations, mais aussi sous le poids de sa famille et de ses secrets.

Les différences qui unissent ce couple leur ont permis de se construire jusqu’à un certain point. Chacun s’est exprimé, voire enfermé, dans un art : Tin la danse, Paul la photographie. Mais cela ne suffit plus, surtout quand la passion d’un des deux s’arrête brusquement.

Elle change de prénom pour devenir Marjorie la Française, sans abandonner Tin la Cambodgienne, en essayant de faire la paix avec elle, avec son passé. Paul, qui a également des comptes à régler avec le sien, va l’aider.

Ils ont la quarantaine, âge charnière, âge bascule : quand on a l’impression d’avoir tout vécu, il reste tant à découvrir. Mais continuer vivre, Paul et Tin doivent se (re)trouver.



De ce pas, c’est aussi l’expérience de tous ces couples qui s’unissent dans l’urgence et qui parviennent à se créer une histoire sans vraiment se connaître. Il suffit qu’un des deux quitte la course pour que tout soit à refaire, au risque de devoir tout défaire…

Ce roman est une quête de personnalité, un arrêt sur image pour comprendre, savoir ce qui s’est déjà passé, afin de mieux se préparer à ce qui va venir, une quête éternelle.



L’auteur, qui aime la danse pour son expression corporelle sans artifice, pour son langage direct, pour son ancrage dans la terre et son pouvoir d’élévation, nous fait ressentir par les mots ce qui ne s’exprime pas, ce qui vibre au plus profond lorsqu’on est touché par un art. L’auteure passe de la description visuelle aux sentiments expérimentés par celui qui reçoit. Tout est dans l’art d’écrire… et Caroline Broué y arrive avec talent !
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De ce pas

Un 1er roman de cette auteure..

Un couple, lui Ardéchois, elle Vietnamienne qui s'exprime au fil des pages, nous raconte sa fin de carrière de danseuse professionnelle, sa vie de couple.. Au travers de sa voisine, Justine,rescapée des camps, surgit son passé et celui de Paul son mari.. Tous 3 sont des écorchés de la vie, aux parcours et histoires différents..

De la grâce, de la légèreté virevoltent tout au long des pages, tels des pas de danse afin de permettre à Marjorie d'avancer sur son chemin de vie, de retrouver sa place, de vaincre ses démons afin de clore son " dédoublement" de personnalité...

Une belle histoire pleine de poésie, de doutes, de victoires sur soi et libératrice à la fin...

A découvrir
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De ce pas

je n'ai vraiment pas accroché à ce premier roman que je trouve trop superficiel avec des personnages sans profondeur.

En 160 petites pages l'auteur survole plusieurs histoires avec la danse omniprésente, le Cambodge au temps des Khmers rouges, le racisme, les juifs pendant la seconde guerre mondiale, les non-dits et les secrets de famille, l'inceste, les requins.... On passe par tous les lieux magnifiques qu'elle doit aimer. J'ai eu parfois l'impression de lire des articles sortis de Wikipédia qui n'apportent rien au texte.
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De ce pas

Lever le voile du passé qui obscurcit l'avenir, rompre le silence pour s’alléger



Tin, danseuse étoile à l'Opéra de Paris à la grâce orientale rencontre Paul, photographe passionné de peinture. Ils tombent amoureux et construisent leur vie sans se parler de leur vie d'avant.

Tim a fui le Cambodge à l'âge de 5 ans avec sa mère durant le génocide en 1975, elle n'a rien voulu savoir de son pays depuis son départ. Paul est un idéaliste qui a fui sa famille disloquée



Tin et Paul sont réunis par le silence de l'art, ils se comprennent d'un regard."Ils n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. L'entente entre eux était tacite. Ils s'accordaient d'un regard furtif. D'un geste de la main."



Des blessures et la fatigue générale de son corps contraignent Tim à arrêter sa carrière de danseuse étoile, elle décide alors de changer de nom et de demander la nationalité française. Tim devient Marjorie. Mais "on ne change pas impunément d'identité sans que le passé vous rappelle à lui"



Mais un jour leur passé va devenir trop lourd à porter et leur fille Elena ne peut se construire sereinement dans le silence de ses origines. Marjorie et Paul vont devoir affronter leur passé bâti sur l'image idéalisée d'un père pour elle et l'image dégradée d'un père pour lui.



Quelques personnages secondaires gravitent autour d'eux : Lucien, l'ami de Franck, son contraire extraverti et Coralie, l'amie de Marjorie, une angoissée chronique.

Il y a aussi Justine, une vieille voisine, aux paroles empreintes de sagesse, qui raconte à Marjorie des épisodes de sa vie marquée à jamais par la Shoah et Jérôme, un aventurier au passé obscur, rencontré en voyage.

J'ai regretté que l'histoire de ces personnages annexes ne soient pas suffisamment fouillée.



Un joli roman sur la résilience écrit avec des va-et-vient entre les différentes époques de la vie de ce couple qui m'ont parfois gênée car j'ai trouvé la construction de ce roman parfois déroutante.

Un roman sur les non-dits, sur le poids des histoires familiales, sur la parole qui libère enfin du passé trop pesant. Une jolie écriture sensible au rythme parfois saccadé qui pose la question : peut-on être heureux en vivant sans passé?




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De ce pas

Marjorie et Paul sont en couple depuis plus de 10 ans, ils ont ensemble une petite fille. Ils sont tous deux artistes. Il est photographe, elle est danseuse étoile. On rencontre ce couple alors que le corps de Marjorie ne tient plus, elle doit quitter l’Opéra de Paris et arrêter de danser. Ce changement brutal va être précurseur d’une remise en question, d’une acception de soi et de son passé pour Marjorie d’abord et ensuite pour Paul.



Caroline Broué a eu la bonne idée de créer deux personnages diamétralement différents, part leur origine, part leur histoire, pour former le couple de son roman. Cela lui permet de peindre deux paysages en contradiction et d’offrir de belles images au lecteur. Elle crée, en mêlant leur deux histoires, un puzzle (peut être un confus) que j’ai aimé reconstitué.



Je suis souvent très enthousiaste devant ce schéma littéraire. Ce n’est pourtant pas le cas ici, j’ai eu du mal à rentrer dans ce couple et je m’en suis rapidement lassée. J’ai trouvé que l’exploration des personnages, de leurs âmes, n’est qu’effleurée. On les survole et cela m’a empêché de ressentir un quelconque sentiment à leur égard.



Un première rencontre avec Caroline Broué un peu ratée mais de jolies réflexions sur le temps qui passe, sur la force de l’expérience…
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De ce pas

De ce pas, c'est le titre du 1er roman de Caroline BROUÉ.



Autant vous le dire tout de suite, je vais passer 2h30 en apnée totale et ce n'est pas peu dire à la lecture des 1ères lignes :



"Afrique du Sud, au large de Gansbaaï, juin 2005, Marjorie est enceinte de six mois. Elle nage avec masque, palmes et tuba, à quelques dizaines de mètres du bateau quand, tout d'un coup, il lui semble voir une masse qui se rapproche. Tout va très vite dans sa tête, la Shark Alley, ce couloir marin connu dans le monde entier pour sa concentration de grands requins blancs [...]."



Marjorie est une jeune femme. Sa mère est décédée l'année dernière d'un cancer foudroyant. Son père est disparu depuis longtemps. Elle vit avec Paul et porte son enfant. Elle se souvient de son parcours, son exil, sa migration. Elle a quitté le Cambodge avec sa mère en 1975. Son père a organisé ce départ dans la précipitation alors que les victimes du génocide ne se comptent déjà plus. Elle arrive en France et intègre l'Ecole de Danse de l'Opéra.



Ce roman est construit comme un puzzle. Il apparaît dans sa version achevée dans les premières pages et puis progressivement, chaque pièce va se détacher pour devenir une entité à part entière que Caroline BROUÉ va nous faire explorer dans les moindres détails.



"Prodigieux" comme le dit elle-même l'écrivaine P. 93.



J'ai été subjuguée par la grâce, le raffinement de la danse. Il y a des paragraphes entiers dédiés à ces pas qui, guidés par des danseurs étoiles, deviennent des oeuvres artistiques à part entière et d'une beauté extraordinaire.



"C'est un balloté. Un saut d'un pied sur l'autre, d'avant en arrière. Ou plutôt, un dérivé de ballotté. Deux mouvements lancinants s'affrontaient et se répondaient en même temps : d'un côté l'hésitation, de l'autre la stabilité. L'homme et la femme commençaient par balancer les bras, poignets joints, paumes ouvertes vers le sol, genoux fléchis, en quatrième position, tête droite, avant de se relever en développé." P. 18



La danse ne serait rien sans le corps bien sûr, mais plus subtil, il ne serait rien sans la pensée, les 2 intimement liés dans la réalisation d'une chorégraphie :



"Qu'est-ce qui fait bouger le squelette ? Les muscles. Et qu'est-ce qui active les muscles ? La pensée. Vous n'arriverez à rien en danse sans la pensée." P. 19



Caroline BROUÉ ne va pas se contenter d'aborder l'art par la seule voie de la danse, elle va aussi emprunter celle de la peinture et là, c'est encore tout un spectacle !



J'ai été profondément émue par l'itinéraire de cette jeune femme sur le chemin de la résilience, une jeune femme marquée par son propre déracinement, l'absence de son père, la souffrance liée à la mort de sa mère, et puis sa douleur devant un corps qu'elle ne maîtrise plus.



J'ai été frappée par la manière de Caroline BROUÉ de ponctuer ce roman par un terme de façon récurrente : "construire". Tantôt décliné seul...



"Construire, c'est aller des fondations au dernier étage de la maison. C'est à la fois bâtir en partant de rien, fixer ensemble les différentes parties d'un objet, élaborer quelque chose, et disposer dans un certain ordre." P. 29



Tantôt pronominal : "se construire" P. 74, il s'offre parfois une 2ème chance : "se reconstruire" P. 72.



Mais il arrive qu'il soit aussi plongé dans le chaos et là, il devient nom : "destruction" P. 118 !



J'ai mesuré le poids et l'énergie des souvenirs dans cette façon qu'à l'être humain d'avancer :



"Les souvenirs ne sont pas prophètes. Ils disent l'époque révolue, celle qui s'est pour toujours éteinte, et qu'une mélodie ou la sérénité d'un feu de cheminée ravivent un bref instant." P. 57



Pour moi, un roman est complet lorsqu'il flirte avec l'Histoire. Et là, avec le personnage de Justine, je suis comblée.



En fait, à bien y regarder : l'art, la psychologie et l'Histoire s'y retrouvent mêlés sous une plume parfaitement maîtrisée. Ce roman porte très bien le costume d'un coup de coeur !
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De ce pas

J’ai lu ce livre dans le cadre du challenge « 68premièresfois ». Un texte que j’ai lu d’une traite. D’une belle écriture, nous suivons la vie de Marjorie-Tin et de Paul, son époux. Tin est une petite fille quand elle fuit le Cambodge avec sa mère en 1975. Elles ont laissé leur père et celui-ci va être exécuté par les Khmers rouges. Installée en France, elle va à force de volonté et de travail intégrer le corps de Ballet de l’Opéra de Paris. Mais un jour, le corps ne suit plus et elle doit se reconvertir. Elle a rencontré, de façon très romantique, Paul, un jeune ardéchois, en rupture avec sa famille. Une petite fille va naître et nous allons au fils des pages suivre la vie de ce jeune couple, leurs amitiés, leur questionnement, leurs rapports aux autres. Caroline Broué a réussi à nous faire un beau portrait de jeunes gens, bousculés par leur passé et qui essaie de vivre avec de lourds passés. Jamais avec pathos, l’auteure arrive à nous parler du deuil, de l’exil, des secrets de famille. Quelques références littéraires, culturelles jalonnent ce beau texte. J’ai retrouvé dans ce texte le même plaisir de lecture, sur ma génération et nos doutes face à l’avenir et nos questionnements face au passé et à l’Histoire avec un grand H ou à l’histoire avec un petit h de nos proches que dans le livre de Christophe Ono-Dit-Biot, « plonger ». Et pas seulement par de belles descriptions de plongée sous marine et des références à l’art contemporain. L’un de mes coups de cœur de ce challenge des 68premièresfois. « La seule façon que vous avez de vous retrouver est de vivre avec votre passé, non plus de le fuir, de le mettre de côté, mais bien de le dépasser, comprenez-vous, de vous construire, l’un et l’autre avec vos origines et non plus contre elles. Vous n’avez pas le choix. Le passé doit être repassé pour être dépassé. » « Toi qui marches, il n’existe pas de chemin, Le chemin se fait en marchant En marchant on fait le chemin » Poème de Machado
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De ce pas

Ma 4ème découverte pour l'aventure des 68 premières fois et j'ai trouvé ici un livre plutôt agréable, qui se lit vite et qui décrit la vie d'un couple.

On découvre Marjorie et Paul qui sont ensemble depuis quelques temps et qui franchissent bientôt un cap important de la vie : la quarantaine.

Effectivement, je n'y suis pas rendue donc peut-être que certains questionnements ne m'ont pas touchés de prime abord. Mais j'ai aimé découvrir l'univers de la danse et voir les métaphores avec la vie "réelle".

Finalement, chaque vie va suit son propre rythme comme chaque musique mérite une danse unique et singulière.

L'auteur nous fait donc passer plein de petits messages au travers de Marjorie. C'est un joli texte car la danse est avant tout un moment de volupté et de douceur. Cependant, il m'a manqué quelque chose pour entrer totalement dans la danse !
Lien : http://leslecturesdelailai.b..
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