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Citations de Caroline Eriksson (85)


Parfois, elle distinguait la rumeur de la ville et de la circulation à l’autre bout du fil et en déduisait qu’il venait juste de quitter le travail. Elle l’imaginait marchant sur le trottoir, le portable à l’oreille. « Où tu vas ? » s’enquérait-elle. Avait-il jamais répondu ?
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La dernière pelletée de terre était à peine tombée sur le cercueil de maman que papa rencontrait une autre femme et emménageait avec elle dans le Nord. Depuis, il n’a pas fait beaucoup d’efforts pour nous voir, ma sœur et moi. Quand il daigne se manifester, c’est par le biais d’une carte postale témoignant de ses innombrables activités en plein air. Des rêves qu’il n’avait jamais pu réaliser avec maman. Elle aimait sa tranquillité au milieu de ses livres tandis que lui supporte mal de rester inactif plus de quelques heures d’affilée.
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Je lui demande le plus calmement possible de penser à moi si jamais un manuscrit se présentait dans l’intervalle mais lorsque je raccroche, je ne peux réprimer une grimace. Lundi prochain ? Autant dire des siècles. Que vais-je faire pendant tout ce temps ?
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La femme aux cheveux blond miel apparaît, en chemisier blanc, pantalon taille haute et queue-de-cheval stricte. Elle a l’air aussi soignée qu’à l’accoutumée. Je ne l’ai vue autrement qu’une seule fois, la nuit où elle épiait son mari, derrière un rideau à l’étage. Elle s’approche de la table, où trône un vase rempli d’une brassée de roses à longues tiges. Le rouge profond des fleurs tranche avec le blanc éclatant de la table, des placards et de la lampe. La femme effleure leurs pétales, se penche pour humer leur parfum, réarrange les tiges. De temps en temps, elle recule pour contempler l’effet avant de reprendre tranquillement sa tâche.
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Ces moments de lecture se sont doucement espacés, mais j’ai continué à lire seule. Les romans ne parlaient plus de héros et d’héroïnes luttant contre des menaces extérieures, mais de personnes normales et imparfaites confrontées à leurs démons.
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Les nuits blanches se suivent. Quand je ne supporte plus le drap humide et froissé, je reprends nerveusement le fil de mes déambulations au rez-de-chaussée. Je bois un verre d’eau dans la cuisine, étudie mon reflet dans le miroir de la salle de bains et tôt ou tard, j’échoue devant la bibliothèque du séjour. Je classe. Déconstruisant l’organisation par titre, je trie les livres par auteur, par couleur de dos, puis par genre.
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Les écrivains en herbe peuvent envoyer leurs textes afin d’obtenir un avis. Leur qualité varie, certains sont passionnants et bien rédigés, d’autres sont incohérents et convenus. Cette fois, j’en ai reçu un de chaque. Dans un cas comme dans l’autre, ma mission consiste à expliquer en termes concrets et clairs ce qui fonctionne ou pas, raisonnement et exemples à l’appui. La tâche est difficile, elle exige de la concentration et du temps, ce qui m’épargne de penser à ma situation. Même si ma sœur semble trouver cela insuffisant. Un écrivain écrit, pas vrai ? Il ne fait pas que décortiquer les textes des autres.Parfois, mon attention se relâche, et je me surprends à regarder par la fenêtre, le menton au creux de la main. La cour devant la maison est charmante, avec ses petites allées dallées qui serpentent entre des massifs et son banc peint en bleu. Pourtant, jamais personne ne s’y attarde. En dehors de la famille d’en face, dont la cuisine se situe en vis-à-vis de la mienne, il est rare que j’aperçoive des voisins.« Ne t’attends pas à ce qu’on frappe à la porte pour te souhaiter la bienvenue », m’a avertie ma sœur quand elle m’a aidée à m’installer.« Ce n’est pas un endroit pour ceux qui recherchent de la compagnie, avait-elle poursuivi.
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Les jours se suivent et se ressemblent, comme des perles enfilées sur un collier. Leurs nuances ont beau varier, ils restent gris. Pas de soleil, pas de feuilles vertes. Je ne franchis la porte que quand c’est nécessaire – pour sortir la poubelle, ou aller acheter du pain et du lait. Le reste du temps, j’observe la lumière changer depuis ma place à la table de la cuisine. C’est là que je travaille, là que je pose mon ordinateur et étale mes notes. La pièce adjacente sert de bureau, mais l’amie de ma sœur y a rangé ses affaires et a verrouillé la porte. Cela n’a aucune importance. Ma vie ne prend pas beaucoup de place.
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« Je t’aimerai jusqu’à la fin des temps. Je ne te quitterai jamais. » De belles paroles, rien de plus. « De te rester fidèle. Jusqu’à ce que la mort nous sépare. » De belles paroles, rien de plus. Je vais tuer ce porc. Les pensées d’une femme, rien de plus. À moins que ? Un vendredi, elle avait pris la décision de tuer son mari. Mais il s’écoulerait quelque temps avant qu’elle passe à l’action. En outre, ce n’était pas cela qu’il importait de raconter. C’était tout le reste.
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La scène dans laquelle je soulage ma conscience est extrêmement réaliste. Mais ensuite, chaque fois, le songe vole en éclats. Je ne vois pas le visage de mon épouse, je ne découvre jamais l’effet qu’ont mes paroles sur elle.
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Je ne vais pas mentir. Le sexe est absolument fantastique. De nouvelles courbes, de nouvelles odeurs. Cette peau inconnue sous mes mains. L’attirance entre nous est forte, brute. Pourtant, l’essence de notre relation a peu à voir avec nos ébats, dont je pourrais me passer. Ça peut paraître bizarre, mais c’est la vérité.En réalité, lorsque la porte se ferme derrière nous, j’ai l’impression de pouvoir me couper du monde pour un moment. Elle me touche, et tout le reste disparaît.
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Le jour de notre mariage, nous étions tellement sûrs de vivre une histoire sans pareille. Jamais nous n’entacherions notre amour, jamais nous ne nous trahirions comme les autres le font sans cesse. Nous étions différents, notre passion, hors du commun. C’était avant que j’apprenne le secret de ma femme. Avant que je la trompe avec une autre.
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Il m’est déjà arrivé de me faufiler dans la salle de bains pour me rincer, mais la plupart du temps, avant de revenir, je prends une douche. Chez elle, ma maîtresse. Oui, je couche avec une autre. Je n’en suis pas fier, mais voilà, c’est ainsi. On pourrait dire que les raisons sont multiples, ou qu’il n’en existe qu’une.La porte de la chambre est entrebâillée. Je la pousse doucement et demeure sur le seuil le temps de m’accoutumer à la pénombre. Je discerne les contours d’un corps, la couette qui se soulève et s’abaisse au rythme d’une respiration régulière.
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J’aurai beau multiplier les leurres pour masquer le vide, cela ne changera rien : il n’y a personne pour semer des petits mots. Sur la table de la cuisine, dans le placard de la salle de bains, sous l’oreiller. Un puzzle de deux pièces.
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On peut vivre heureux sans enfants. Tu vas vraiment le quitter pour cette raison ?Ma sœur ne comprend pas. Parce qu’elle-même n’a jamais désiré d’enfant, mais pas que. Quand nous étions petites, les frontières entre nous deux semblaient fluctuantes, comme si ma sœur faisait partie de moi et inversement. La vie était simple alors, nous étions innocentes, pleines d’espérance. Comme le sont les enfants. Puis nous avons grandi, ma sœur a quitté la maison et tout a changé.
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J’ai toujours pensé que le mariage de ma sœur se portait bien, mais tout à coup, je n’en suis plus si sûre. Des époux qui font bande à part tous les vendredis soir, n’est-ce pas curieux ? Et pourquoi ont-ils arrêté de partir ensemble en week-end et en vacances ?
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Le travail est le meilleur des remèdes. La devise de maman. Celle avec laquelle elle balayait en souriant tous nos efforts pour la convaincre d’économiser ses forces. Celle qu’elle répétait inlassablement tel un mantra, jusqu’au moment où la douleur l’avait empêchée de parler, encore plus de s’asseoir dans son lit pour lire ou écrire.
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L’avenir ? Il est déjà derrière moi, mais je me garde bien de le dire tout haut. Je hausse les épaules, cependant elle ne s’avoue pas vaincue. Quoi de neuf côté boulot ? Est-ce que je me suis lancée dans un nouveau projet ? Je passe la langue sur mes lèvres et réponds avec sincérité que non.
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Je vide mon verre, que ma sœur remplit à nouveau. L’alcool fait effet, il m’émousse, tamise la lumière et panse les blessures. J’ai presque l’impression d’être normale.
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Je m’approche à pas lents de la bibliothèque et passe prudemment la paume sur les rayons remplis de livres. Entre leurs pages se cachent d’innombrables récits, une infinité de destins. Ces ouvrages décrivent les joies et les peines inhérentes à la condition humaine, les cruautés que nous nous infligeons les uns aux autres. Comme n’importe quelle vie, ces récits foisonnent de thèmes communs et je sais que mon histoire n’a rien d’unique. Pourtant, c’est mon sentiment. Ô maman, si tu me voyais.Mes mains opèrent un choix, se mouvant comme si elles appartenaient à une autre personne, comme si elles étaient vivantes. Tour à tour, les livres sont tirés et rangés à un nouvel emplacement, parfois sur la même étagère, généralement plus loin. Lentement d’abord, presque au hasard, puis un but se dessine. Un à un, les livres finissent plus haut, plus bas, plus au centre ou plus au bord. Cette nuit, je classe par titre, mais ça importe peu, ce qui compte, c’est l’action. Refouler ce qui gronde sous la surface.Certaines étagères sont pleines à craquer et je garde sous le bras les livres en attente d’être relogés, poursuivant ma tâche de l’autre main. Les vides se créent et se comblent. Une logique est déconstruite, un nouvel ensemble émerge peu à peu. Pourtant, il ne m’apporte aucun soulagement ; rien ne peut m’apaiser.
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