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Citations de Caroline Tiné (31)


On porte en soi les bonheurs que l'on a vécus. On se détache des séparations, on se détache des morts, parce qu'ils continuent de vivre en nous, impalpables, fidèles compagnons logés dans la conscience. Mais la violence gratuite nous désoriente, parce qu'elle ne sert à rien. C'est un coup de poing qui paralyse et devient un obstacle à la connaissance de soi.
Or, comment être sans se connaître ?
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Des fragments de mémoire surgissent. Yo ferme les yeux, se concentre sur l'instant présent, essaie de ne pas partir. Surtout ne pas retourner en arrière.
Être. Simplement. Ecouter le chant des oiseaux... [en italiques]
Ces mots qui dansent en elle depuis si longtemps avec la légèreté d'une plume, ce délicat mantra qui l'enveloppe à la manière d'un papier de soie, se transforment soudain en un fredonnement menaçant.

Et le passé, d'un coup, la happe comme un aimant.
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Elle ne s’intéresse pas aux intrigues, mais à ce qui se voit à peine, les regards qui se croisent, les mains qui s'effleurent, les voix qui murmurent, alors tout devient évident et mystérieux. La beauté de la vie est multiple, en perpétuel fourmillement. Il faut savoir observer les petites choses invisibles. Et Yo n'a pas le choix, elle voit tout, devine tout. Plus que l'instinct, elle possède l'illumination du bonheur. Et cela n'est pas donné à tout le monde, il suffit de regarder autour de soi.
Même quand les Fous sont assis calmement autour du cendrier, elle les "entend" souffrir en silence, c'est tout ce qu'ils sont capables de faire. Elle rêverait pour eux que leurs tempêtes intérieures se transforment en une source d'eau claire.
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Yo écoute toujours les sourires. Docteur, saviez-vous que les sourires parlent ?
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Agathe est agitée.
- Je suis passée des larmes à la colère, dit-elle. J'ai du mal avec la colère, je me suis toujours arrangée pour la traiter avec mépris, la reléguer dans une zone sombre. J'ai une peur panique de la violence qui sommeille en moi. Parfois, je l'assomme à coups d'alcool fort. Mais je déteste le goût, je m'en sers juste comme d'un médicament. J'ai toujours été rebelle, il m'est arrivé de penser que j'étais ma pire ennemie. Puisque je suis ici, en transit chez les fous, en train de parler avec une experte de cerveaux en bouillie, je devrais peut-être essayer d'explorer les méandres de cette obscure vie souterraine.
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Talitha regarde autour d’elle, ils sont seuls, il sent l’alcool. Il essaie de trouver des mots, mais aucun son ne sort, si, toujours ce grognement bestial. Le titre du film Y a-t-il un pilote dans l’avion? traverse l’esprit de Talitha, et puis elle se dit qu’il faut agir, le mettre de côté, le neutraliser sans le dénoncer, tout le monde peut craquer dans la vie. Par certains aspects il lui rappelle Ferdinand dans ses moments perdus, elle ne sait pas pourquoi elle pense qu’ils sont tous deux des hommes refusant d’être responsables de leur destin, qu’ils préfèrent déplorer le gâchis de leur existence plutôt que de réparer ce qui cloche, que c’est peut-être le lot des hommes d’être des anti-héros qui s’en remettent aux femmes, qui, elles, sont plus douées pour la vie simple, ou normale, et cætera. Sur ce couplet, la nuit, en avion, aux abords d’un cockpit délaissé par un pilote ivre mort, on peut refaire le monde, se raconter toute une histoire avant de trouver l’énergie de passer à l’action.
En l’occurrence il faut que Talitha couche ce géant intranquille qui s’accroche à elle, prêt à les entraîner tous les deux dans un sombre cauchemar. Il est inutile qu’elle lui parle, il n’est pas en état d’entendre; elle se borne à murmurer quelques mots idiots tout en essayant de l’attirer par la manche vers l’espace de repos très exigu réservé à l’équipage, dont les passagers ne connaissent pas l’existence.
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Peut-être fallait-il y voir le signe que l'ombre est nécessaire à l'appréciation de la lumière, que toute chose est métissée, que le bonheur ne peut-être statique...
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- Mon problème, dit Agathe dans un murmure, c'est que je n'ai pas le réflexe de regarder la vie de face. Je me sens agressée par la lumière zénithale, qui éclaire efficacement, c'est sûr, mais rend les choses tellement banales. Je ne me sens dans mon élément que dans un éclairage en biais, au petit matin ou au soleil couchant, quand émergent la délicatesse et le charme. J'aime les chemins de traverse, les cours cachées, les sentiers où on peut se perdre, les trouées vers le rêve.
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Aujourd'hui, j'ai trouvé ma place dans la force de la solitude, dans le silence intérieur.
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Ah j'oubliais, j'ai eu un mari. L'essai n'a pas été concluant. Je n'ai pas su construire un bonheur durable. Le mariage m'aiderait à mettre d'autres chances de mon côté, avais-je pensé; celles que je n'avais pas reçues dans mon enfance. La marginalité n'est pas un atout dans la vie, elle vous met en retrait des évènements. (p.15)
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C'est le passé, on n'y peut rien. Vous verrez, d'ici quelque temps ce sera devenu léger comme une illusion. Et vous effacerez l'histoire d'un revers de la main, comme un nuage de sable.
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Mais j'écris aussi pour me sortir des poisons de la tête. Seulement en avion. La nuit dans le ciel me chuchote les mots effacés dans l'enfance. L'écriture me répare. Et l'odeur du feutre des fauteuils imprégnés de strates d'intimité et de vies inconnues me rapproche d'une humanité dont j'essaie de pénétrer les secrets.
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Yo sait que les cicatrices, petit à petit, deviennent des lignes fines comme un fil. Elles occupent une place infime dans cette caverne mystérieuse où chacun peut puiser le silence. Et être. Simplement être.
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Derrière un bar, on voit sans être vu. (p.19)
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C'est bien la pire folie de vouloir être sage dans un monde de fous

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Mais j'écris aussi pour me sortir des poisons de la tête. Seulement en avion. La nuit dans le ciel me chuchote les mots effacés dans l'enfance. L'écriture me répare. Et l'odeur du feutre des fauteuils imprégnés de strates d'intimité et de vies inconnues me rapproche d'une humanité dont j'essaie de pénétrer les secrets.
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Saul
Il étouffe dans le cockpit. Il manque d’air. Il voudrait créer un trou de souris, l’élargir jusqu’à ce que la pression l’aspire à l’extérieur, le débarrasse de la vie. Mais il change d’avis lorsqu’il se retrouve seul dans la nuit au-dessus d’un océan troublé seulement par un bateau qui vogue, qu’il y a plus d’étoiles dans le ciel qu’il n’en verra jamais, que peut-être la lune se lève, alors que l’avion gronde doucement. Il voit un monde que les autres ne voient pas. Il ne pourrait pas ne pas être pilote.
C’était vrai jusqu’à ces derniers temps. Il s’est arrêté quelques semaines sur ordre du psychiatre. Il ne veut pas en parler, c’est un secret entre le médecin et lui. Il a invoqué une grosse fatigue et des soucis familiaux. Il souffre de baisses de moral mais pas de dépression sévère comme le prétend l’homme de l’art. Il est atterré par sa fragilité. Pendant les deux mois où il n’a pas volé, il s’est réveillé chaque nuit à trois heures du matin, avec des idées noires et cette insoutenable impression d’être au bord de l’explosion, qu’il n’y avait aucune solution à son mal-être. Sa vie de famille est un cauchemar, ses enfants le fuient, il ne les voit jamais. Sa femme ne supporte pas sa présence quotidienne, elle s’était habituée à son absence seize à dix-huit jours par mois.
Son métier, pilote de ligne, lui a toujours permis d’être un nomade de luxe, étranger à la vraie vie, coupé de la réalité sociale. Il aime déambuler dans des hôtels anonymes, comme un zombie en perpétuel décalage. Un autiste d’un certain genre. Il a tout raté, il dérange tout le monde, il ne sert à rien. Il ne manque à personne. L’angoisse le tue à petit feu, la nuit, toutes les nuits, quand il se réveille en nage et en sursaut. Et le matin quand le noir devient gris et glauque et qu’il est allongé comme un mort. S’il se lève, s’il passe à la position debout, l’oppression s’atténue légèrement, la boule du plexus se dissout en des minutes qui paraissent un siècle. Et il se dit qu’il n’en peut plus de ne pas être là-haut toute la nuit à regarder les étoiles. Chaque jour le manège recommence. Il s’affaiblit. Il lui faut une énergie folle pour supporter cet état, n’être jamais détendu, bien qu’au fil des journées le carcan parfois se soit desserré, grâce aux antidépresseurs du Dr M. Mais chut il ne faut pas en parler, il a jeté ces boîtes violettes de cachets dont on aurait sans doute pu détecter la substance dans les analyses. Est-ce déjà l’angoisse de la mort, se sentir inutile, totalement seul, au bord de l’abîme, à seulement quarante et un ans ? L’âge de son père quand il s’est balancé par la fenêtre, un matin de Noël. Il en veut encore à ce père qui n’a pensé qu’à lui, qui a laissé tomber son fils en tombant lui-même.
Depuis ce jour, il a décidé de tracer sa frontière entre le bien et le mal. Mais il manque de courage, il n’ose pas afficher ses opinions haut et fort, il se tient toujours en retrait, comme s’il se trouvait à un niveau inférieur aux autres ; il cache au fond de lui le monstre qui est en train de le ronger, de détériorer ses viscères, de pénétrer les parois de son cerveau. Le Dr M. lui a conseillé d’arrêter de voler pour une durée indéterminée, mais lui l’a convaincu que tout allait mieux au bout de deux mois, il ne veut pas risquer de repasser au simulateur, ce qui est obligatoire après trois mois sans atterrissage ou décollage. Il a un besoin vital de voler, d’être isolé dans un avion, de renouer avec son addiction. C’est le seul lieu où il se supporte, où il éprouve un semblant de quelque chose, un zeste d’enthousiasme, non, c’est un mot trop fort, disons un début d’envie d’ouvrir les yeux, d’agir, de ressentir, sans le ciel il est un mort-vivant.
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Un jour - et elle se doutait que ce jour arriverait -, elle sut qu'elle avait rangé ses morts. Elle était prête à tourner la page. A accueillir le présent.
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Elle peut se promener des heures dans une forêt, se perdre dans son silence, elle prendra naturellement le bon chemin pour en sortir.
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Avec le temps, Yo a acquis une connaissance quasi médiumnique de certains cas. En particulier ceux qui résultent de traumatismes brutaux, qui font basculer la vie en un instant et désorientent le centre de gravité du patient.
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