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Critiques de Catalin Mihuleac (44)
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Les Oxenberg & les Bernstein

Le roman débute en Roumanie, le 29 juin 2001, à Iași, avec un coup de fil que reçoit Sânziana Stipiuc, 33 ans. Son patron lui demande d'aller accueillir une mère et son fils, Dora et Ben Bernstein, deux Juifs américains, à leur hôtel, pour les conduire au musée, puis au restaurant. Elle devra s'en occuper pendant deux jours, car " Ils ont l'intention de démarrer une affaire chez nous." Après discussion, Ben fait à Suzy, diminutif donné à Sânziana par Dora, une proposition de travail à Washington DC, dans l'entreprise Bernstein Vintage Ltd. dont Dora et Joe son mari sont les patrons. C'est Suzy elle-même, la narratrice.

Quelques 60 ans plus tôt, toujours à Iași, la famille Oxenberg, malgré un antisémitisme de plus en plus présent, est en train de faire sa place dans la bonne société de la ville. Jacques, le père, est devenu le meilleur obstétricien de la région et sa femme Roza veille à élever et éduquer leurs deux enfants Lev et Golda, la littérature restant pour elle un hobby. Il vient d'offrir une voiture à son épouse et ils mènent une vie très agréable et confortable dans leur jolie maison.

L'écrivain Cătălin Mihuleac, né lui-même à Iași, fait alterner la vie de ces deux familles. Si les Bernstein ont fait venir Suzy en Amérique, c'est pour exporter des fringues Vintage en Roumanie. Sa mission consiste à choisir les vêtements qui sont susceptibles de plaire aux Roumains. Bientôt, Ben demande la main de Suzy et celle-ci apprend peu après que la famille Bernstein a des racines roumaines.

Ce n'est qu'à la fin du roman que les deux histoires se rejoindront.

L'auteur a su magnifiquement mener cette œuvre de fiction basée sur un fait historique plus qu'horrible. Il s'agit du pogrom de Iași en Roumanie qui a eu lieu en 27 juin 1941. Ce grand tabou de l'histoire roumaine contemporaine est un crime perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale par le régime fasciste roumain dans la ville de Iași contre sa population juive. Cela s'est soldé, selon les autorités roumaines, par la mort d'un dixième de la population totale de la ville à l'époque, soit au moins 13 226 victimes sur les 34 662 Juifs iassiotes recensés.

Cătălin Mihuleac raconte avec un humour très caustique, très particulier, fait d'autodérision, les années 1930 qui ont précédé le pogrom, avec la montée du nazisme et de l’antisémitisme. le contraste est d'autant plus saisissant avec cette famille Oxenberg qui aime la vie et fait tout pour s'intégrer dans la vie de la bonne société. Ses membres ne croient pas en la méchanceté de leurs concitoyens. Ils sont suffisamment naïfs pour ne pas voir les signes frappants de cette peste brune qui va les broyer.

L'auteur raconte également magnifiquement, de façon tellement satirique mais tellement vraie, la manière dont ces Juifs américains, les Bernstein ont su profiter de la société américaine qui, en ces années 1990, donne sans compter aux œuvres caritatives qui ont besoin d'argent pour leurs programmes sociaux, pour les alcooliques, les homeless, les anciens détenus, les victimes de guerre... et ces organisations, depuis 2000, collaborent avec la société Bernstein Vintage Ltd qui elle, fait de fructueux bénéfices en exploitant le goût immodéré de gens friands de vêtements Vintage ou Second hand. Leurs clients sont en Amérique centrale, en Afrique, en Asie, en Europe de l'Ouest, de l'Est...

En lisant ce livre de Cătălin Mihuleac, je n'ai pu m'empêcher de penser aux écrits de Egar Hilsenrath qui, d'une manière un peu semblable, par la satire, parfois le grotesque a tenté d'écrire contre l'oubli.

Les Oxenberg & les Bernstein est une fiction d'un réalisme cruel qui m'a fait découvrir un épisode de la Shoah en Roumanie que, à ma grande honte, je ne connaissais pas. Je me demande encore comment des humains ont pu participer à de telles exactions et continuer à vivre.

Dans le roman, l'auteur raconte avec une certaine jouissance comment Suzy vend ces vêtements, ces objets Vintage et d'occasion aux habitants qui ont souvent été acteurs ou spectateurs de cette tuerie et avaient pillé les maisons, récupérant les vêtements directement sur les victimes.

Fabuleux bouquin d'une sensibilité extrême où l'ironie et l'humour permettent de décrire l'indicible. La poésie est aussi présente, il suffit de revoir cette gamine Golda, "la princesse des petits canards en caoutchouc", sans oublier ce coup de théâtre final qui apporte une lueur d'espoir.

Un grand merci à Masse critique de Babelio et aux éditions Noir sur blanc pour la découverte de ce roman inoubliable qui me hantera longtemps !

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Les Oxenberg & les Bernstein

« On ne peut pas emporter son pays à la semelle de ses souliers », („Nu poţi duce ţara pe talpa pantofului“) cette phrase apparaît 5 fois, voilà ce que j'apprends grâce à la magie du kindle. La « morale » est en quelque sorte cet ajout de Joe : « mais il reste toujours quelques chose dans le talon » („dar în toc se păstrează întotdeauna ceva“ ; 3 occurrences).



Le moins qu'on puisse dire c'est que ce livre ne peut laisser indifférent. Je suis régulièrement les traductions du roumain qui apparaissent et j'apprécie beaucoup le travail de Marily le Nir en général. Dans le cas présent j'ai néanmoins attendu les premiers avis des lecteurs avant de me lancer dans la lecture de ce roman historique dont un des sujets est le pogrom de Iași de 1941. Je ne le regrette absolument pas.



Commençons par le commencement. le titre original est „America de peste pogrom“ (L'Amérique par dessus le pogrom). Comme l'indique l'auteur lui-même dans une interview en ligne, il peut signifiait « l'Amérique qui habille le pogrom », comme un habit qu'on enfile sur les atrocités commises en 1941. le titre de la traduction met l'accent sur les deux principales familles dont les histoires s'entremêlent.



Beaucoup de personnages sont réels (cités pêle-mêle : Antonescu, Chirilovici, Corneliu Zelea Codreanu, Mihail Sebastian, mais aussi Carol Drimmer) même si pour certains l'évocation est souvent rapide comme une sorte d'in memoriam salutaire. Je retiens ainsi Iosif Sava (« La voix de Iosif Sava, que l'on ne pouvait confondre avec aucune autre, faisait résonner mon coeur de gongs barytons. ») tellement célèbre en Roumanie.



Certains passages sont insoutenables, mais la littérature est bien là pour nous déciller les yeux sur notre passé.

J'ai, à cette occasion relu, l'excellent article de Jean Ancel sur le pogrom de Iași, dans Revue Histoire de la shoah N 194- L'horreur oubliée La shoah roumaine (p. 143-171).



Un roman où l'humour trouve sa place, parfois péniblement, et qui nous parle aussi de l'Amérique ne l'oublions pas.



Je m'en vais écouter, en prolongement de cette lecture, le Kaddish de Maurice Ravel, que le romancier cite également.
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Les Oxenberg & les Bernstein

Les Bernstein ont fui l’Europe dans les années trente : oublieux du passé, ils vivent aujourd’hui en Amérique, où ils ont fait fortune dans le commerce international de la fripe. Malgré la montée des persécutions antisémites pendant l’Entre-deux-guerres, les Oxenberg ont eux toujours préféré croire en leur avenir en Roumanie : ils se sont retrouvés en plein coeur de l’effroyable pogrom de Iasi, en Juin 1941. Lorsque, de nos jours, leurs affaires conduisent Dora Bernstein et son fils Ben dans cette ville, le passé finit par refaire surface, tandis que le récit nous révèle peu à peu les liens secrets entre les Oxenberg et les Bernstein.





Ce roman soigneusement fidèle à l’Histoire met d’abord en lumière un pan méconnu du génocide des Juifs en Europe pendant la seconde guerre mondiale, avec le pogrom de Iasi orchestré par le régime fasciste roumain. Sa remarquable construction, par l’alternance entre deux époques et le rapprochement progressif de deux récits, fait aussi ressortir les incommensurables difficultés des rescapés à continuer à vivre, ainsi que leurs stratégies de résilience au travers d’un mélange chaque fois très personnel de mémoire et d’occultation plus ou moins volontaire.





Avec des passages insoutenables et terribles, le texte ne se contente pas d’évoquer les évènements : il les fait ressentir au plus près en soulignant les détails les plus intimes et les plus avilissants, ceux qui vous plongent sans pudeur dans la réalité brute et vécue. En même temps, le ton est imprégné d’un humour noir et grinçant, d’une ironie mordante et d’une dérision très particulière, qui facilitent la lecture tout en achevant de déconcerter, tant ce style persifleur n’épargne ni les Juifs, ni les autres.





Au final, ni le réalisme cru, ni la lucidité amère, ne parviennent à masquer la délicatesse et la sensibilité de ce roman, à la très belle écriture et aux personnages attachants et émouvants. Dans cet océan de noirceur, Catalin Mihuleac réussit à ménager des instants de pure humanité et de poésie, comme la lettre du touchant Rabbi ou le fil rouge des petits canards en caoutchouc, jaunes avec un bec orange…





Un grand merci à Babelio et aux Editions Noir sur Blanc de m’avoir fait découvrir ce livre coup de coeur.


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Les Oxenberg & les Bernstein

Parfois, en littérature, le ton est donné dès les premières lignes. Mais la règle n’est pas universelle. Ne pas se fier au ton léger et à l’humour juif new-yorkais pratiqué par la narratrice lorsqu’elle dresse un bilan de sa situation présente. Cet humour-là cache bien des blessures profondes.





Suzy Bernstein vit à New-york et travaille dans l’entreprise familiale dont la vocation est le commerce des fripes, collectées grâce à la générosité des américains qui achètent beaucoup, donc jettent beaucoup, et destinées à faire le bonheur d’acheteurs en Europe ou ou Japon, et d’autant plus recherchées qu’elles sont proposées avec une « histoire ».

Suzy est la belle-fille, la pièce rapportée, et personne dans son entourage proche n’est curieux de connaître son histoire familiale. La Roumanie, ça se range dans la poche avec un mouchoir par dessus. Et on s’accommode de la vie de couple à l’américaine et des relations plutôt fraîches avec belle-maman.



Ça, c’est la story Bernstein. Les Oxenberg sont en Roumanie, juste avant qu’un oiseau de malheur, végétarien pétomane à petites moustaches, n’étende ses ailes sur une grande partie de l’Europe. Bonne élève, la Roumanie non seulement n’est pas en reste pour mettre en pratique les élucubrations mortifères du nabot mégalo, mais elle précède parfois les consignes : ainsi les juifs roumains ont été parmi les premiers à vivre l’enfer pour être assassinés sur place s’ils n’étaient pas entassés dans les wagons de la mort.



Quand les deux familles se retrouveront-elles ? Quel est le point de jonction entre les deux histoires ? C’est la question mystère qui donne encore un peu plus de piquant à la narration.



On admire la virtuosité de la prose (et donc de la traduction) la capacité de mêler légèreté et drame, avec un crescendo terrible, qui malgré l’abondance du thème en littérature ne peut manquer de bousculer le lecteur, dans un récit qui prend aux tripes.



C’est aussi une prouesse d’associer dans le même roman une bonne dose de critique de la société de consommation, de la malbouffe à la boulimie d’acquisitions d’objet, et l’évocation de cette part ignoble de notre histoire contemporaine que fut la Shoah.



Une lecture coup de poing , qui devrait laisser des traces.
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Les Oxenberg & les Bernstein

Dès les premières pages tournées, j’ai su que j’allais être emporté par le tourbillon de l’Histoire mais je ne me doutais pas de la verve et de l’esprit avec lesquels l’auteur m’y entraînerait.

Le pogrom de Lasi, un des furoncles de la guerre s’est percé en 1941. Il s’est gonflé mûrement du pus de la haine, de la jalousie et de la répugnance.

« Ce qui est certain, c’est que la ville semble plus que jamais décidée à se bagarrer avec elle-même ». Les Oxenberg vont le vivre et le mourir, Les Bernstein vont en attester et en témoigner.

De Lasi, il y a ceux qui sont partis, humant l’abominable. Il y a ceux qui sont restés, n’imaginant pas un seul instant l’effroyable. Et il y a ceux qui sont venus poussés des villages reculés pour tomber, insouciants dans le piège.



Sur le sujet, j’avais déjà lu Eugénia de Lionel Duroy que j’avais dévoré, le point de vue journalistico-amoureux de l’héroïne m’avait envoûté.

Dans le roman de Catalin Mihuleac, il y a dans les faits un surcroit de spontanéité, d’authenticité et de précision où chacune des lignes est baignée d’un humour caustique ajoutant un côté monstrueux aux actes de barbarie les plus violents.



Et puis, il y a les Bernstein qui nous étalent leur fortune vite faite dans les années 90 à New-York à inventer des histoires aussi truculentes qu’émouvantes pour des objets Vintage de seconde main qu’ils vendent comme des petits pains sans concession jusqu’au japon.



C’est Suzy la roumaine native d’Onesti qui relate ses épisodes de vie, ses épreuves, son cœur chevillé à Lasi.

C’est elle qui va secouer l’indifférence Bernsteinniènne de Ben son mari pour ne pas qu’il oublie ce passé qui, comme une grenade, a fragmenté la Roumanie jadis.

« Dans les fêtes, tu te saoules et tu danses comme un imbécile le kazatchok, sans rien savoir des cosaques qui étaient célèbres pour la cruauté de leurs raids antisémites. Tu crois que Yom Kippour, c’est une marque de jeans… »

C’est elle aussi qui offre ce relief indispensable aux existences de Dora et Joe, ses beaux-parents, véritable ossature de ce roman à la délicatesse masquée jusqu’à la dernière ligne.

« Jamais je n’ai trouvé autant de tendresse dans la manipulation. »



J’ai ri, j’ai grincé, je me suis ému, j’ai constaté encore une fois que la cruauté des hommes n’a pas de limite mais que leur bonté parfois peut faire des merveilles. J’ai pris beaucoup de plaisir, incapable de rester insensible à ce remarquable moment de lecture d’un douloureux passage de l’Histoire rendu léger par l’écriture allègre et superbement corrosive de ce roumain de maître.



Merci infiniment aux éditions Noir sur Blanc qui permettent la diffusion d’un roman aussi puissant que l’excellent « Une si petite extermination » d’Anna Janko.

Egalement un grand merci à l’équipe de Babelio qui toujours me régale.

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Les Oxenberg & les Bernstein



Ce roman nous propose de suivre le destin de deux familles les Bernstein, Juifs américains, spécialisés dans la vente vintage, en devenant les rois du « seconde main » à Washington DC et la famille Oxenberg, soixante ans plus tôt à Iaşi, en Roumanie, où Jacques, le chef de famille est un obstétricien reconnu que l'on surnomme le médecin aux doigts beethovéniens.



Le patriarche Joe Bernstein a épousé Dora, au caractère bien trempé avec laquelle il a fondé une famille. Ils sont richissimes et tentent de s'implanter dans le monde entier et pourquoi pas commencer la Roumanie dont ils ont émigré il y a longtemps. C'est en se rendant sur place que Dora et son fils Ben font la connaissance d'une jeune femme Sanziana Stipuc, rebaptisée Suzy par Dora, qui leur a servi de guide dans la ville et qui deviendra l'épouse de Ben.



La société Bernstein Vintage Ltd prospère sur la vague du « seconde main », et tente de se donner bonne conscience en évoquant des oeuvres caritatives. En fait, ils sont capables de vendre de n'importe quoi, un blouson porté par un personnage connu, que des collectionneurs n'hésitent pas à payer pour des sommes exorbitantes.



On récupère des vêtements, chaussures, vieux vinyles, sacs à main par containers entiers, puis on recoupe, on reconditionne, on fait du neuf avec du vieux… On a recours à des employés hispaniques qu'on exploite allègrement, un sou et un sou, et on se donne bonne conscience en se targuant de secourir les sans-abris (homeless) et c'est bien connu, les pauvres sont prêts à acheter même s'ils n'en ont pas les moyens.



« Soyez bons pour les drogués, les vétérans et les clochards. Ce sont eux qui nous entretiennent. Ils nous acheté nos limousines. le drogué et le clochard nous payent notre Jaguar. Ce n'est pas pour rien que ça rime. Ils nous payent nos vacances en Europe. Ils assumeront vos frais d'études à l'Université. Sans eux, nous aurions la vie dure. Comme la leur. »



Jacques Oxenberg de son côté a épousé Roza qui est licenciée en lettres et travaille avec un ami Carol Drimmer à la traduction en allemand d'une « anthologie de la littérature roumaine ». ils ont deux enfants Lev et la petite Golda. Jacques est devenu le spécialiste de la césarienne pour que ces dames ne voient pas leurs corps abîmés par les accouchements et puissent garder le ventre plat et le périnée en pleine action, car il s'agit alors de ne pas laisser un époux partir avec une maîtresse plus jeune.



Tout va pour le mieux pour la famille Oxenberg, les gens de la haute société payent à Jacques des honoraires rondelets, mais l'antisémitisme s'avance sournoisement et tous ces gens ne vont tarder à le mépriser, le haïr car il est riche, à commencer par la bonne et son amant…



On découvre la trajectoire des deux familles, en alternance, et on constate que toutes les deux deviennent de plus en plus prospères. Suzy va tout faire pour s'intégrer sans la famille Bernstein (le mot veut dire Ambre), se plongeant dans la religion, les coutumes du Judaïsme, mais aussi l'Histoire de ce peuple, les persécutions, les pogroms, la Shoah…



Peu à peu, les Juifs vont être exclus de l'université, les nationalistes bons chrétiens vont monter en puissance à l'instar de l'Allemagne. On pousse les Juifs hors des trains, on frappe à la moindre occasion…



Le contraste s'accentue peu à peu entre les deux familles, l'une de plus en plus riche, l'autre de plus en plus en danger. On sent très vite qu'il y a forcément un lien entre elles. J'ai éprouvé beaucoup plus de sympathie pour la famille Oxenberg, malgré leur optimisme et leur naïveté parfois, refusant de croire à la réalité du danger. Par contre, le côté obsédé par l'argent des Bernstein, m'a souvent exaspéré, tellement américain, et j'ai souvent eu vraiment envie de leur mettre des paires de claques monstrueuses…



Catalin Mihuleac nous fait visiter la Roumanie, ses musées, ses artistes : musiciens, écrivains, les hommes politiques qui ont compté, les pourris et ceux qui ont fait preuve de courage, et surtout le pogrom de Iaşi . J'ai adoré son humour féroce dans la manière d'aborder aussi bien les Américains que les Roumains, sans concession aucune.



Un lien très fort se tisse entre Suzy et Joe Bernstein, une complicité bien plus forte que sa relation avec son époux. Ils discutent pendant des heures, lui racontant comment il a rencontré Dora, et finit par lui dire un jour que la famille a une ascendance roumaine. Tout au long du récit, une phrase revient souvent dans la bouche de Joe, phrase qu'il attribue à Danton et qu'il s'approprie en la modifiant un peu :



Sais-tu ce que disait Danton Suzy ? « on n'emporte pas son pays à la semelle de ses souliers. »



Sache-le Suzy, on n'emporte pas son pays à la semelle de ses souliers, mais on garde toujours un petit quelque chose dans le talon.



Un immense merci à NetGalley et aux éditions Noir sur blanc qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteur dont j'ai beaucoup apprécié la plume, la verve devrais-je dire et sa manière si particulière de raconter l'irracontable, car il y a des scènes très dures mais Catalin Mihuleac ne tombe jamais dans le pathos.



Je ne peux que vous inciter à lire ce roman magistral que j'ai pris le temps de déguster : il est des livres qu'on dévore, tenu par le suspense, et d'autres qu'on lit lentement, pour le faire durer comme une friandise.



#LesOxenberglesBernstein #NetGalleyFrance


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Les Oxenberg & les Bernstein

Je remercie chaleureusement les Éditions Noir Sur Blanc ainsi que Babelio pour cette lecture et leur confiance !



Je dois reconnaître qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’immerger dans cette histoire. Catalin Mihuleac, écrivain et journaliste roumain, signe avec « Les Oxenberg & les Bernstein », un récit où en funambule il nous tient toujours sur le fil ténu entre deux émotions : le rire et les larmes. Ce mélange de gravité et de légèreté avec un humour noir et grinçant m’a déstabilisé au début. « Les Oxenberg & les Bernstein » adopte une trame narrative qui mêle habilement le passé et le présent qui s’alternent en quatre parties. On y suit tout d’abord les Bernstein, juifs américains qui firent fortune dans les années 1990 grâce au commerce de vêtements vintage. Il y a Joseph ou Joe, son épouse Dora Bernstein et leurs enfants. Parmi eux Ben, leur fils. Lors d’un voyage en Roumanie de Dora et Ben Bernstein, ce dernier tombe amoureux de Suzy qui est une jeune femme roumaine qui doit leur présenter les mérites de son pays pour que les Bernstein investissent une partie de leur fortune en Roumanie. Mais très vite Suzy s’éprend de Ben et elle l’épouse suite à sa conversion au judaïsme. Elle devient Suzy Bernstein et elle a un sens inné des affaires. La relation avec sa belle-mère Dora Bernstein est plus que difficile et pourtant les deux femmes vont apprendre à se connaître. Mais cette famille a ses secrets qui ne seront dévoilés qu’à la toute fin de ce roman addictif. Suzy pressent que Dora cache un lourd secret. Qui était elle vraiment ? Un roman troublant de vérité, original de par son style de narration mais surtout un roman qui monte en puissance dans les deux dernières parties de cette histoire bouleversante. Le récit de l’horreur, de l’innommable, celui de la bête immonde du fascisme roumain. En Roumanie et en Allemagne, à sa parution, ce roman a créé l’évènement car pour la première fois, un auteur roumain parlait librement et sans tabou du pogrom de Iași dans le nord-est de la Roumanie. La gravité, l’horreur absolue de ce que vécurent la population juive de Iași le 29 juin 1941, soit quelque jours seulement après le début de l’opération Barbarossa, l’attaque de l’Allemagne et de ses alliés dont la Roumanie de Antonescu contre l’URSS de Staline, c’est de cela dont parle surtout ce roman. On y aborde le poids de la culpabilité des survivants, la douleur de la perte de ces proches dans des conditions abominables, la capacité de résilience, l’instinct de survie et tant d’autres choses encore que je vous laisse le soin de découvrir. Plus de 13000 Juifs furent tués sur place à Iași ou durant leur déportation. Pour Antonescu et son régime fasciste les Juifs étaient membres du complot judéo-bolchévique et il fallait donc les éliminer sans autre forme de procès. C’est ce second récit qui s’entremêle au premier qui est de loin le plus touchant. Il s’agit de l’histoire des Oxenberg jusqu’au tristement célèbre pogrom de Iași fin juin 1941. Les Oxenberg font partie de la bonne société de la ville de Iași et le père de famille, Jacques est obstétricien (le meilleur de la région), son épouse Roza et leurs deux enfants Lev et Golda sont brillants. Mais les nuages s’amoncellent et les menaces pleuvent sur leur famille car on jalouse leur réussite et surtout on éprouve cette haine parce qu’ils sont juifs. On voit de mois en mois monter l’horreur dans cette ville roumaine, la seconde du pays. Si je porte quelque réserve sur le récit des Bernstein, j’avoue que le récit de la vie des Oxenberg m’a totalement emporté. Un roman étonnant sur un sujet grave mais traité avec un art accompli de la narration évident. C’est signé Catalin Mihuleac, « Les Oxenberg & les Bernstein » et c’est publié aux Éditions Noir Sur Blanc. Un roman à découvrir en cette rentrée.
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Les Oxenberg & les Bernstein

Les Oxenberg et les Bernstein est un excellent roman historique même si à l'instar de sa couverture, ce roman est en noir et blanc. Apparences et réalités, sourire et tristesse, culture et guerre.

Blanc comme la superficialité des Bernstein, fripiers richissimes, qui semblent courir après l'argent et une vie de plaisir aux États-Unis.

Noir comme va le devenir la vie des Oxenberg lors de la seconde guerre mondiale avec le pogrom de Iasi.

Si j'ai eu du mal avec les histoires et la vie des Bernstein malgré beaucoup d'humour et de dérision de la part de l'auteur. La partie historique de ce roman m'a passionnée car je ne connais que peu de choses de la Roumanie. L'histoire de cette famille aisée dont le père se passionne pour son métier et la mère pour l'art et la littérature.Famille qui ne réalise pas à quel point le mal est partout et l'apprendra à ses dépens m'a profondément bouleversée. C'est une histoire ordinaire d'envie, de jalousie, de désir d'humilier et de faire du mal,qui mène les hommes au chaos, a la bestialité, le tout sous couvert de seconde guerre mondiale qui justifiera beaucoup d'atrocités.

La seule couleur du livre vient de Golda et ses canards jaunes, sacrée petite fille, bouffée d'espoir de ce livre qui montre à quel point une bonne action peu en entraîner une autre.

Catalin Mihuleac fait preuve d'un grand talent de conteur doté d'une très belle plume, le lire est un plaisir.

Merci aux éditions NOIR sur BLANC.

#Les Oxenberg & les Bernstein # NetGalleyFrance
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Les Oxenberg & les Bernstein

« 29 juin 1941. Une journée sans la moindre excuse. Si au moins elle n’avait pas été chaude et ensoleillée. Si au moins ça n’avait pas été la fête chrétienne des saints Pierre et Paul. Si au moins. »

Un livre étonnant, puissant et très bien écrit. Un style vif, ironique, grinçant et plein de trouvailles qui doivent beaucoup à cet humour juif correspondant si bien à l’expression bien connue « L’humour, c’est la politesse du désespoir ».

A soixante ans de distance, les destins de deux familles juives vont se croiser. Les Bernstein sont des américains de l’an 2000 dont la grande prospérité doit tout au commerce des vêtements et objets d’occasion tandis que les Oxenberg sont roumains, éduqués et appréciés à la fin des années trente. Tandis que les premiers surfent sur la société de consommation, les seconds ont à connaître des horreurs de la seconde guerre mondiale. Qu’ont-ils en commun ? Presque rien. Pour les Bernstein, le passé ne sert qu’à mieux vendre les objets de seconde main. L’histoire, ce sont des histoires (et donc des mensonges) destinés à faciliter le business. Ce « story telling » qui sévit aujourd’hui dans tous les domaines n’a rien de commun avec l’Histoire, surtout celle qui concerne des événements aussi tragiques que celui décrit ici. Si le mot pogrom n’évoquait pour vous que quelques vitres brisées, quelques coups de poing ou de pied ou quelques meurtres plus ou moins survenus « dans le feu de l’action », vous allez vite changer d’avis.

L’auteur « charge la barque » en dotant ses personnages de tous les tristes stéréotypes dont les Juifs ont, au fil des siècles, été affublés par ceux qui voulaient leur perte. Ainsi le chef de la famille Oxenberg est un médecin obstétricien qui, parce qu’il est brillant et efficace, pratique des césariennes aux femmes de la bonne société chrétienne qui les lui demandent. Les maris sont contents du résultat mais ne peuvent s’empêcher de tordre le nez. Son fils Lev est un commerçant avisé qui, bien qu’âgé d’à peine neuf ans, devient le banquier de sa cour d’école. La parabole devient complète et limpide lorsqu’à la fin du roman, le lecteur découvre pourquoi la famille Bernstein a choisi de se livrer au commerce des vêtements d’occasion.

Voilà un livre puissant qu’on ne peut que recommander autant pour son style que sa substance sans oublier les interpellations qu’il adresse à tous ses lecteurs comme celle que la narratrice jette à la figure de son mari : « Tu n’as pas la moindre idée d’où tu viens, tu ne sais rien des tiens, d’où ils viennent, ce qu’ils ont enduré pour que toi, tu puisses conduire une Jaguar et décharger dans la bouche de n’importe quelle greluche de ton choix »



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Les Oxenberg & les Bernstein

Roman de l’auteur roumain Catalin Mihuleac qui se déroule sur deux périodes , dans deux lieux différents .

La famille Oxenberg vit à Iasi en Roumanie , Jacques , gynécologue réputé , spécialiste des césariennes , son épouse Rosa , moderne , audacieuse , la vie ressemble à la vie de beaucoup de familles d’intellectuels aisés , et leurs enfants Lev et Golda semblent promis à un avenir radieux , sauf qu’ils sont juifs et que l’histoire se passe dans les années 30 jusqu’à l’année 1941 , l’année du pogrom de Iasi .

La haine est présente , aux aguets , n’attendant qu’une occasion pour se manifester , une haine qui va prendre des proportions incroyables , une haine nourrie de ressentiments , d’une jalousie féroce contre cette famille brillante , heureuse .

La famille Berstein , vit à New- York et a une particularité amusante , elle s’est spécialisée dans la vente de produits vintange .

Les deux familles sont liées , aucun doute bien entendu , l’auteur va nous le faire découvrir à la fin du roman .

Ce n’est pas le premier roman que je lis sur le sujet mais celui ci rejoint le cercle très restreint des très très bons romans , il est du niveau du roman ´ Les disparus ´ de Daniel Mendelsohn que j’avais beaucoup apprécié .

L’auteur a utilisé un ingrédient un peu étonnant en nous racontant l’histoire de la famille Berstein , il s’agit de l’humour , un humour légèrement cynique mais parfaitement dosé , l’humour indispensable pour surmonter les épreuves , pour rester digne quand l’indicible vous rattrape .

Un coup de cœur pour moi , une très grande qualité d’écriture .

Merci aux Éditions Noir sur Blanc dont je suis une inconditionnelle et à NetGalley.

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Les Oxenberg & les Bernstein

"Quand on a choisi la haine comme secteur d'activité, les pages de la Constitution ne servent qu'aux lieux d'aisances. (p51)"



Deux familles, deux pays, deux époques et pourtant un lien que Suzie va découvrir. La première vit en Roumanie, à Iasi en 1937, les Oxenberg, composée de Roza et Jacques, obstétriciens spécialiste des césariennes et leurs enfants Lev et Golda. Ils ont une vie confortable, Roza envisageant l'édition d'une anthologie de la littérature roumaine et se voyant offrir par son mari une automobile, symbole de la réussite et de l'aisance en partie due aux doigts professionnels beethoveniens du chef de famille. La deuxième, les Bernstein, vit à Washington DC en Amérique en 1990 et s'articule autour de Joseph, Dora et Ben leur fils, qui ont fait du commerce en gros de vêtements de seconde main un business florissant. Voulant étendre celui-ci, Dora et Ben se rendent en Roumanie et repèrent Suzy, la narratrice, car ils détectent en elle celle qui mettra à profit ses talents de recyclage et sa connaissance de son pays et de ses besoins au service de leur entreprise. En acceptant elle va non seulement développer le commerce des Bernstein mais également épouser Ben. En entrant dans cette famille, elle va devenir la cheville indispensable grâce à sa facilité d'adaptation aux circonstances et aux objets, donnant parfois à chacun un glorieux passé leur donnant ainsi plus de valeur ou de renommée que ce qu'ils ont réellement.



Ce qui pourrait être que deux histoires de réussite familiale dans deux pays économiquement opposés, les fils de l'histoire et du temps vont les relier à travers un drame méconnu (tout du moins de moi) : le pogrom de Iasi, le 27 Juin 1941 orchestré par les fascistes roumains vis-à-vis des juifs, arguant que ceux-ci étaient sous la coupe des communistes russes ou même des espions et se solda par le massacre de près d'un tiers de la population juive de la ville (plus de 13 000 victimes).



Ce roman est à double détente  : dans un premier temps la narration par la voix de Suzy est faite d'une manière directe avec ce qu'il faut d'humour, de dérision pour retracer tout son parcours qui l'a menée à Washington où elle va faire preuve d'aplomb et d'ingéniosité dans un domaine que l'on nomme maintenant : vintage. Elle retrace son intégration dans cette Amérique de l'opulence, de la démesure, ses relations avec son mari, qui la trompera souvent mais dont elle finira par s'accommoder, et sa belle-famille faites de tensions avec Dora et de tendresse avec Joseph. L'autre détente est celle qui retrace la grandeur et la décadence de la famille Oxenberg qui ne va pas voir le vent tourné à l'arrivée du fascisme dans leur pays et surtout la haine des juifs qui s'installe, trop sûrs qu'ils sont de leurs talents respectifs et de leur position dans la société roumaine. On le pressent très vite, ils vont peu à peu faire les frais d'une chasse aux juifs roumains d'une violence inouïe.



Suzy Bernstein se confie à l'auteur, Cătălin Mihuleac, comme elle l'indique dans le prologue, parce qu'il l'a assurée de ne pas "bigorner" son histoire, lui garder son phraser authentique et d'entrelacer les deux histoires afin de garder tout le mystère du récit. Et oui Suzy est une bonne vendeuse et on le découvre tout au long de la narration, elle connaît les ficelles du marketing. Mais peut-être aussi parce que ce dont elle veut nous parler est tellement terrifiant qu'elle le garde pour la fin, parce qu'on ne peut pas raconter certaines monstruosités sans préparer le terrain auparavant, mettre en condition, mettre en opposition ces deux familles, sa propre intégration aux Etats-Unis et sa prospérité face à son pays d'origine où règnent la misère et la débrouille et qui sombrent dans l'obscurantisme.



Alors je mets en garde : c'est un roman pour lequel il faut être préparée car la dernière partie révèle des exactions particulièrement difficiles à lire mais dont il est vain d'ignorer, l'histoire prouvant qu'elles sont toujours d'actualité, quelque soit le lieu, l'époque, parce que la haine est barbare et que l'on ne peut jouer l'ignorance et le caractère reproductible.  Mais je ne connaissais personnellement rien de cette période de l'histoire roumaine et même, je l'avoue, de la position de la Roumanie pendant la guerre et j'ai trouvé finalement "originale" la forme prise par l'auteur pour la mettre à jour même si la bascule est brutale. Ce roman se veut, sous une forme originale, une mise au jour d'un drame méconnu, celui d'un génocide antisémite utilisant la peur de l'invasion bolchévique comme argument (parfois grotesque) pour perpétrer toutes les bassesses dont l'humanité se croit en droit d'appliquer : viols, trains de la mort, exécutions sommaires (et j'en passe).



Alors tout cela commence de façon légère, on sourit parfois par le ton usité, puis on peine à tenir le livre entre ses mains tellement l'écriture "colle" aux scènes par leur cruauté et la restitution qui en est faite, même si l'on devine partiellement le lien entre les Oxenberg et les Bernstein, ce roman tient sa force dans sa construction et dans la manière dont l'auteur (et sa narratrice) lève le voile sur un tabou de l'histoire roumaine.



S'il n'y avait eu que la première partie j'aurai dit que j'avais aimé mais le roman prend tout son poids, sa force dans la révélation insoutenable d'un pogrom, dans ce qu'il peut avoir de plus abjecte, de plus monstrueux mais un roman nécessaire pour ne jamais oublier, pour la porter à la connaissance de tous, il ne s'agit pas d'un roman noir mais d'un roman qui retrace une réalité d'il y a un peu moins d'un siècle et en Europe.



J'ai beaucoup aimé et ne suis pas prête de l'oublier.



"On ne peut pas emporter son pays à la semelle de ses souliers, mais il reste toujours quelques chose dans le talon."
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Les Oxenberg & les Bernstein

Les Oxenberg & les Bernstein Catalin Mihuleac publié chez Noir sur Blanc.

L'occasion de découvrir la littérature roumaine n'est pas fréquente, c'est donc sans hésitation que j'ai sollicité via Netgalley le dernier ouvrage de Catalin Mihuleac , je remercie les éditions Noir sur Blanc pour leur générosité.

Si Catalin Mihuleac signe ce roman , l'auteure , l'inspiratrice est Suzy Bernstein. C'est elle qui lui a confié ses écrits , il a du respecter ses instructions point barre! Parce que Suzy sait se faire respecter, elle n'est pas fille d'Iasi pour rien..

Le lecteur découvre donc le parcours de cette femme hors du commun qui a laissé derrière elle la Roumanie, a saisi l'occasion qui lui était offerte par la famille Bernstein , a épousé le fils ainé et est devenue la cheville ouvrière de l'entreprise de "recyclage" des Bernstein.

Une remontée dans le temps et nous voilà juste avant la seconde guerre mondiale à Iasi justement en compagnie de la famille Oxenberg. Nous allons vivre avec eux les derniers soubresauts de l'histoire roumaine qui conduira plusieurs dizaines de milliers de juifs à la mort ..

Il nous faudra attendre les dernières pages pour compléter le puzzle.

Lecture difficile, lecture éprouvante .Découvrir le progrom d'Iasi, les tenants et aboutissants qui ont conduit à cette abomination, est bien sûr éprouvant. L'écriture directe, sans fioritures de Catalin Mihuleac en accroit la violence descriptive. Pour cela , l'auteur se doit de donner force détails sur les hommes, les idées de cette période. Beaucoup d'informations émaillent les pages du récit, profitables aux initiés un rien trop abondantes pour la néophyte que je suis. Autre difficulté que j'ai du surmonter celle de ne pas appartenir à la communauté juive, je suis donc certainement passée à côté de nombreux évènements mineurs ou majeurs et n'est pas été à même d'apprécier à sa juste valeur l'humour de certaines de ces pages

Un roman nécessaire.

Merci aux éditions Noir sur Blanc

#LesOxenberglesBernstein #NetGalleyFrance
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Les Oxenberg & les Bernstein

Surprise vraiment par ce roman d'un auteur roumain,C.Mihuleac, paru en 2014 et traduit récemment . Et traduit de quelle manière! ce roman est bourré d'humour , de dérision , d'auto-dérision, il faut du talent à M.Le Nir pour traduire le texte mais en particulier le sous-jacent.

Deux parties qui s'entremêlent façonnent sur une soixante d'années ce récit.

Au départ est la Roumanie, et j'avoue avoir appris beaucoup de choses sur ce pays martyrisé en 1941 par un pogrom contre la communauté juive qui fera des milliers de victimes et d'exilés et ce dans la ville d'Iasi.

Les deux familles juives, les Oxenberg et les Bernstein issues de cette région ont un destin différent, l'une s'exile à Washington et y fait fortune dans la frippe, les Bernstein ,Les Oxenberg , le père est un gynécologue réputé, la mère pense pouvoir s'abstraire d'une destinée tragique par des poèmes reconnus à l'étranger, rien n'y fait, après le drame ne subsistera qu'une petite fille, son petit frère disparaîtra également.

Mais il arrive à l'Histoire de faire des clins d'oeil, fort heureusement.

L'écriture est vive, dynamique, le pogrom et ses atrocités ne sont en rien escamotés , les mots sont crus , ils claquent , une lecture qu'on ne risque pas d'oublier.

Mais dans le même temps et dans presque toutes les pages , un humour ravageur, une dérision que me semble t-il un auteur étranger à la communauté juive ne pourrait se permettre(quoique...); C'est cette auto-dérision qui permet de lire ce texte avec un sourire , et même parfois aussi dans les situations les plus outrageantes.

Je suis heureuse d'avoir pu lire ce livre grâce aus Edts NOIR sur BLANC et à Babelio que je remercie.

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Les Oxenberg & les Bernstein

Ma pépite cinq étoiles de la rentrée littéraire!

Il y a tout ce que j'aime dans ce roman: une histoire, celle croisée de deux familles juives, l'une américaine aujourd'hui, l'autre roumaine pendant la guerre, qui se rejoignent par-delà le temps pour transcender le récit en épopée; de l'Histoire avec l'évocation d'un drame méconnu, le pogrom de Iasi en Roumanie en 1941; des personnages forts, puissamment incarnés qui notamment redonnent vie à la culture juive européenne massacrée pendant la guerre, sujet auquel je suis très sensible.

Et une plume unique, brillante, enlevée, imagée, dont l'humour désopilant de la première partie relève d'autant plus les aspects tragiques de la deuxième. J'ai relu deux fois le chapitre du train, bouleversée et fascinée.

Je recommande vivement ce roman riche pour apprendre, rire, compatir, découvrir un auteur roumain malicieux en même temps qu'habité par son sujet, et ressentir avec force la puissance littéraire d'un récit bouleversant.
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Les Oxenberg & les Bernstein

Nous suivons dans ce roman les destinées parallèles de deux familles juives originaires de Roumanie, les Oxenberg qui ont fait le choix de rester dans leur pays d’origine pendant les années de la seconde guerre mondiale et les Bernstein, dont une partie de la famille a émigré, et qui possèdent dans les années 90 du siècle dernier une prospère affaire de vêtements et d’objets de « seconde main ». Le récit est effectué par Suzy, une jeune roumaine, qui rencontre Ben Bernstein et sa mère, lors d’un séjour en Roumanie, où ils sont venus pour ouvrir une succursale à leur florissant commerce. Suzy va les suivre aux USA, épouser Ben, et mener d’une main de fer le commerce familial. Elle va se convertir au judaïsme et s’intéresser à l’histoire, ce qui va l’amener à approfondir la question du pogrom de Iași de 1941, dans lequel plus de 13 000 juifs sur la cinquantaine de milliers qui y habitaient ont trouvé la mort. Ce qui la ramera à croiser le chemin des Oxenberg, et découvrir les liens qui les unissent aux Bernstein.



J’aurais voulu plus aimer ce livre. Il traite d’un sujet important, et le rend accessible et sensible à un public plus large qu’un livre historique, ce qui est sans doute un grand mérite. Les descriptions du pogrom lui-même sont sans conteste vraiment réussies, et rendent compte d’une manière touchante mais en même temps qui fait comprendre tout ce qui est en jeu, les mécanismes, les culpabilité, les réactions des victimes etc. C’est par moments un peu didactique, mais incontestablement efficace et nécessaire.



Ce qui m’a moins convaincue, voire par moments ennuyée, c’est ce qui est autour. Je n’ai pas trouvé grand intérêt au personnage de Suzy, un peu artificiel à mon goût, par exemple dans sa soudaine passion pour l’histoire du pogrom, pour l’histoire du judaïsme etc. Il fallait donner des explications aux lecteurs, donc elle s’en charge. Ben quand à lui n’a pas de réel consistance, et les relations du couple, restent pour moi un total mystère. La psychologie des autres personnages m’a paru souvent caricaturale. J’ai par exemple été très gênée par la description de deux jeunes garçons juifs, que de leur plus jeune âge montrent un intérêt et des disposition pour gagner de l’argent par n’importe quel moyen : en les extorquant à leurs sœurs, camarades de classes etc, aptitude encouragée et valorisée par leurs parents. Et la fin dans laquelle la terrible belle-mère révèle son passé douloureux et son humanité, m’a paru un brin artificiel, ainsi que la lettre trouvée in extremis par Suzy et qui explique ce qui reste à expliquer.



Le livre a sans conteste une visée pédagogique, et rend bien compte des terribles événements, en n’essayant pas de diluer les culpabilités, mais en les regardant bien en face. Il est incontestablement très utile. Mais à mon sens sa première qualité est d’expliciter, de garder à la mémoire, ce qui s’est passé. Au détriment de qualités à proprement parlé littéraires, ce qui me gêne toujours dans la lecture d’une œuvre de fiction, où je recherche aussi la voix d’un artiste, que je n’ai pas trouvée ici, ayant eu plus la sensation d’être devant une prose journalistique.



Mais le roman est à lire pour découvrir un épisode douloureux et pas forcément mis en avant de l’histoire de cette époque trouble et terrible.
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Les Oxenberg & les Bernstein

Deux salles, deux ambiances ; deux familles, deux époques ; deux styles mais une même horreur : Les Oxenberg et les Bernstein de Catalin Mihuleac – traduit par Marily Le Nir – est un livre qui m’aura à la fois agacé, mais surtout marqué par la puissance et l’insoutenable actualité de son récit évoquant, pour mieux les dénoncer, les conditions du pogrom de Iasi en Roumanie. Un massacre qui fit plus de 13 000 morts juifs à l’époque, soit près de 10% de la population locale en quelques heures.



Le parti pris narratif est classique, déroulant en parallèle les histoires des Oxenberg, juifs roumains dont le chef de famille, Jacques, est un gynécologue reconnu et apprécié alors que la guerre gronde ; et celle des Bernstein, juifs immigrés américains ayant fait fortune dans le second-hand & vintage clothing, qu’ils exportent avec succès dans le monde entier. On comprend vite que les deux histoires vont se rejoindre, et même comment.



Le style m’a souvent agacé, simple et parfois simpliste, avec ces répétitions un peu trop régulières, ces tournures familières et ces personnages caricaturaux. Et puis d’un seul coup, le choc ! Et une lecture qui bascule dans l’horreur. Celle de ces journées génocidaires de juin 1941 où la haine de l’autre se prépare, minutieusement, abominablement, puis se déchaîne dans tout ce que l’homme peut avoir d’inhumain. Rien d’autre à dire. Lisez ce livre.



Ah si ! Une dernière chose. D’aucuns pensent parfois qu’on a tout dit sur la shoah ; certains mêmes qu’on en a trop dit. Le débat n’est pas là : redire, redire et redire, l’important est de redire ce qu’il s’est passé ; et donc aussi de le réécrire sous des formes différentes et romancées s’il le faut. Et s’il n’en fallait qu’un exemple, l’acharnement récent de quelques lâches libérant la meute des réseaux sociaux contre une jeune miss en quête de son heure de gloire, doit suffire à ne jamais oublier que la bête n’est pas morte : elle dort et se réveille encore, malheureusement…
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Les Oxenberg & les Bernstein

Deux familles juives, à deux époques différentes et à deux endroits différents de la Terre. Celle qui vit dans un pays libre s’amuse de ce que les préjugés nomment caractéristiques de la judéité, en caricaturant les comportements qu’on leur prête. L’autre est brimée et risque la mort en raison de cette même judéité.





29 juin 2001. Roumanie. Le patron de Sânziana lui demande de servir de guide à deux Juifs américains : Dora Bernstein et son fils, Ben. Lorsque ce dernier découvre que la jeune fille est douée pour transformer les vêtements, il lui propose un contrat de trois mois, dans l’entreprise familiale, Bernstein Vintage Ltd, dont la spécialité est la vente de produits de seconde main. Elle accepte et le suit à Washington. Sa tâche, qui devient définitive lorsqu’elle épouse Ben, est de gérer les relations avec la Roumanie.





Celle qui est appelée Suzy par sa belle-famille indique avoir confié à Cătălin Mihulea, l’auteur de ce roman (car c’est une fiction), la mission de raconter son vécu, ainsi que l’histoire des Oxenberg, qui lui a été offerte. Cette famille vivait en Roumanie et ce livre relate leur existence pendant les années 1930/1940.





Alors que les persécutions antisémites se multipliaient, que les brimades s’intensifiaient et que les droits des Juifs diminuaient, Jacques et Roza Oxenberg n’ont pas anticipé le danger. Lui était un gynécologue réputé : il pratiquait des césariennes que les riches de Iași payaient généreusement. Son épouse se pensait, elle aussi, à l’abri des exactions, en raison des textes roumains qu’elle traduisait en allemand. Ce couple avait deux enfants : un petit garçon débrouillard, Lev, et une petite fille, très sensible, Golda. Mais, le 27 juin 1941, ils ont été confrontés à l’horreur absolue : le pogrom de Iași. L’auteur décrit des scènes insoutenables de barbarie. 13 266 Juifs sur près de 50 000 trouvent la mort. « Presque tous les adultes juifs sont massacrés au cours de ce pogrom. » Suzy a été étudiante dans cette ville et n’en a jamais entendu parler.





Ce massacre est peu connu, car l’Etat roumain a œuvré pour qu’il tombe dans l’oubli. Il a fallu attendre 2004 pour qu’il reconnaisse sa responsabilité. Pour décrire les évènements, Cătălin Mihuleac alterne des passages vibrants avec d’autres qui donnent une impression de volonté de retirer le tragique à l’atrocité. Cela a pour effet de nous faire ressentir l’humanité des victimes. La souffrance que j’ai éprouvée en a été encore plus violente, plus brute et a été exacerbée par ce qui n’est pas exprimé.





L’auteur manie à la perfection le changement de ton. Lorsque les faits sont horribles, le caustique et la dérision succèdent à l’émotion, pour permettre au lecteur de ne pas sombrer. A d’autres moments, c’est le poétique et la sensibilité qui surgissent. Les petits canards en caoutchouc qui apparaissent, régulièrement, en sont une illustration émouvante. Puis, c’est le rire qui prend le relais. En effet, Suzy et Dora sont des femmes de caractère, au franc-parler, qui maîtrisent l’ironie. Elles sont à l’origine de scènes savoureuses. L’humour est, également, présent lors des tragédies.





Les Oxenberg & les Bernstein est un magnifique roman écrit sur ton original. Il m’a bouleversée.





Je remercie sincèrement Babelio et les Éditions Noir sur Blanc pour cette masse Critique.






Lien : https://valmyvoyoulit.com/
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Les Oxenberg & les Bernstein

Il y a des romans dont la lecture est particulièrement éprouvante, de par leur contenu, de par les secousses que vous imposent les changements de ton de l'auteur. Pour ce qu'ils mettent en évidence de la noirceur de la nature humaine, de la violence qui peut conduire des individus aux pires extrémités. Mais ces romans sont aussi nécessaires que salutaires. Par la connaissance qu'ils apportent. Par la matière qu'ils exploitent, analysent, remettent en forme. Par ce qu'ils montrent de la capacité de l'homme à dépasser l'horreur, par son intelligence, par son attachement à la vie, par son ingéniosité, par sa confiance en l'autre.



La première fois que j'ai entendu parler du pogrom de Iasi (Roumanie - 29 juin 1941), c'était dans le formidable roman de Lionel Duroy, Eugenia. Si cet événement est très peu connu, c'est aussi parce que les autorités roumaines l'ont très bien et très longtemps caché, tout simplement rayé des livres d'histoire. La ville et l'événement sont au centre de ce roman qui multiplie les allers-retours entre la Roumanie des années 1940 et les Etats-Unis des années 2000 à travers les destins de deux familles. Les Bernstein ont bâti un petit empire autour du commerce des vêtements de seconde main dont ils arrosent le monde entier à partir de leur siège à Washington DC ; Suzy Bernstein, la narratrice a épousé Ben, le fils aîné de Dora et Joe, les créateurs de l'entreprise. Suzy est originaire de Roumanie, de Iasi plus précisément. C'est là quelle a rencontré Dora et Ben, venus prospecter et chercher de nouveaux intermédiaires. Reine de la débrouille - la seconde main, la récup' en Roumanie, on connaît bien - Suzy devient bientôt une pièce maîtresse de l'entreprise et de la famille, se convertissant même au judaïsme et développant au fil du temps un très fort intérêt pour l'Histoire récente, la culture juive et le destin de ses compatriotes juifs roumains. Iasi est la ville où réside la famille Oxenberg en 1940. Jacques Oxenberg est un gynécologue obstétricien réputé et recherché pour sa méthode qui préserve l'intimité des femmes, son épouse Roza travaille à une anthologie de la nouvelle roumaine traduite en allemand et leurs deux enfants, Lev et Golda grandissent tranquillement au sein de ce foyer aisé et aimant. Pourtant, autour d'eux, le climat se fait de plus en plus pesant, l'antisémitisme ne se cache plus, encouragé par la présence des troupes allemandes, alimenté par des décennies de jalousies et d'envie.



"Les événements tragiques ont leurs signes avant-coureurs, venus de l'ordre dérangé du système planétaire. L'Histoire nous apprend qu'en décembre 1664 et en avril 1665, deux sinistres comètes survolèrent Londres, annonçant la peste qui allait signer cent mille actes de décès. En novembre 1940, un tremblement de terre agite les esprits de Iasi, déjà agités sans cela. Le médecin sourit tristement : ce sont certainement encore les "youpins" qui se sont rendus coupables de ce tremblement de terre. Qui d'autre pourrait graisser la patte à la Terre pour la faire trembler ?"



Le 29 juin 1941, la vie de la famille Oxenberg va voler en éclats, tout comme celles de milliers de juifs massacrés non par des armées étrangères mais bien par la population roumaine. L'auteur ne nous épargne rien des horreurs, nous obligeant à les regarder bien en face. Mais le ton qu'il trouve, ce mélange d'absurde et de cynisme, entrecoupé d'images plus douces, presque poétiques rend sa prose fascinante. Et terrible. Comme l'est la mise à distance, le parallèle entre les époques qui regarde l'évolution de la Roumanie au 21ème siècle tellement inspirée par les Etats-Unis, comme nombre de régions du monde. L'auteur triture la complexité, sonde les tréfonds d'une nation, interroge la façon dont se racontent les histoires (se transmet l'Histoire ?), s'autorise toutes les libertés de ton et de verbe. Et laisse son lecteur K.O. mais debout et ébloui.
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Les Oxenberg & les Bernstein

"Les Oxenberg et les Bernstein" de Cătălin Mihuleac est un livre captivant et troublant. Un récit qui laisse des traces dans l'esprit du lecteur et qui hante sa mémoire longtemps après la fin de la lecture. J' ai déjà lu le livre en roumain sous le titre "America de peste pogrom" et il m' a fort plu. Tout d' abord on se sent attiré par le style de cet auteur, il a une voix unique, qui marque un vrai talent pour la création artistique. Un ton original facilement reconnaissable entre autres, une écriture qui n'écoute que son propre rythme et qui ne craint pas de nous surprendre. Il mélange souvent et toujours de façon harmonieuse un language familier et direct, par moments vraiment cru et "vert" à un ton méditatif, réflexif, métaphorique, riche de signification en profondeur. La voix du récit est très dynamique et facile à la lecture mais tout le temps submergée par une musique souterraine et une poésie ineffable créées par des figures de style d' une plasticité qui donnent du relief et met en perspective les images qu' il met sous nos yeux. Les pages de ce livre regorgent d' humour, on le retrouve même là où l'on s'attend le moins, c'est- à- dire quand il parle d'un sujet très grave, mais il le fait expressément pour justement soulager le poids de la tristesse et du déchirement intérieur. L'écriture de Cătălin Mihuleac est empreinte de fine ironie, il prend constamment un ton de dérision et d'auto- dérision, d' humour mordant et persifleur qui cache une grande sensibilité.

Tout est intéressant et attachant dans ce livre: le sujet, les personnages analysés avec minutie de fin psychologue, le déroulement narratif de la fiction construite sur des événements historiques réels, le mystère qui nous enveloppe tout au long de la lecture et se prolonge jusqu'au dénouement révélateur. Le récit nous présente l' histoire de deux familles juives, séparées dans le temps et dans l'espace mais on sent bien que quelque chose de fort les unit sans que l'on puisse deviner exactement leur secret avant la fin inoubliable et qui constitue aussi un message touchant car c' est une invitation à la paix, à la tolérance et à plus d'acceptation entre les humains.
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Les Oxenberg & les Bernstein

La traduction en français de America de peste pogrom, de Catalin Mihuleac, s'est faite attendre pendant 6 ans. Cela peut se comprendre, le travail a dû être difficile pour rendre toutes les subtilités de ce roman tragi-comique, qui transcende l'humour juif à des hauteurs invraisemblables, et le nom de Marily Le Nir, traductrice émérite, mérite d'être cité, plutôt cent fois qu'une. Le livre conte deux histoires parallèles, à plus de soixante de distance, entre la ville de Iasi, en Roumanie, et les États-Unis du début du XXIe siècle. Ou comment être juif dans un pays devenu fasciste, d'une part, et dans une économie capitaliste, d'autre part. Les liens, ténus au début du roman, se font de plus étroits à mesure que les intrigues se précisent et que les souvenirs de seconde main, ou vintage, tournent autour d'un des épisodes les plus atroces de la seconde guerre mondiale, le pogrom de Iasi. Celui-ci est conté en cours de récit, avec un mélange de grotesque et réalisme qui en constitue l'acmé. Jamais l'auteur n'abandonne son ton sarcastique, qui pourrait être pris pour du cynisme, s'il n'avait pas cette puissance d'évocation et d'auto-dérision. La construction de Les Oxenberg & les Bernstein demande une véritable attention mais il est absolument impossible de ne pas être remué par le maelström d'événements et de sensations qui envahissent devant le destin cabossé ou effroyable des personnages de ce livre ébouriffant qui traverse les époques les plus inhumaines avec une vitalité et un esprit de raillerie stupéfiants.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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