AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Catherine Jajolet (27)


Pierre Desproges
C'est par hasard que Bokassette est une persane. J'aime tout aussi bien les chats de gouttières. J'aime surtout qu'un chat soit beau. Ils ne sont pas tous beaux. Dans ce quartier populaire, il y a des chats d'une vulgarité ! Il y en a même qui ont l'air de militants CGT. Par ici, il y a des chats sans queue, des chats borgnes, de vrais loubards qui viennent du quartier du Père-Lachaise pour se farcir une persane. Vraiment, je ne leur donnerais pas ma fille. Ils sont épouvantables. Un chat laid, ça existe. Pas seulement en montagne.
Un chien laid, lui, a toujours quelque chose de drôle. Un chat hideux, sans queue, borgne, avec un œil vitreux, c'est réellement effrayant. Non, tous les chats ne sont pas beaux ! Ils ont leur félinité pour eux, c'est tout de même ça. Le faciès du chat est énigmatique. Son regard. C'est ce qui fait le charme du chat. Le charme, c'est aussi le trouble et le mystère.
Je comprends qu'à cause de sa beauté, les Égyptiens aient pu prendre le chat comme symbole divin. Mais de là à croire que les chats ont des perceptions extraordinaires ! Ils doivent sentir venir l'orage. Les percherons aussi.
Commenter  J’apprécie          247
Bernard Pivot
Ce qui me plaît surtout dans le chat, c'est qu'il est un très bel animal souple, avec des yeux magnifiques et une remarquable personnalité. Les personnes qui préfèrent les tortues m'expliqueront qu'elles aussi, les tortues, ont une personnalité, et que je ne sais pas la percevoir. Il est exact que je suis sourd et aveugle à la personnalité des tortues. Avec le chat au contraire je me sens tout de suite en amitié. Nous sommes de connivence, sur la même longueur d'ondes. J'ai l'impression que je le comprends et, à tort ou à raison, que lui aussi me comprend. C'est pourquoi je pense que le chat a une place un peu à part dans le monde animal.
Mais je ne vais pas me mettre à délirer sur le mystère du chat ! Le mystère du chat est un lieu commun. Il y a aussi le mystère de l'homme, le mystère de la tortue, le mystère du dromadaire... Peut-être que le "mystère" du chat me plaît et m'intrigue infiniment plus que celui des canaris.
Commenter  J’apprécie          230
Remo Forlani
J'ai bien observé les chats. Il n'y a aucun mystère en eux. Je me méfie des explications poétiques. Il n'y a pas plus de mystère dans mon chat que dans mon voisin de palier. Simplement, mon voisin de palier ne ronronne pas. C'est un monsieur chauve, avec de grosses moustaches, il peut me paraître très mystérieux. Je m'en fous de son mystère. Moi, je n'ai pas de sphinx à pattes, j'ai un chat de gouttières parisien sans mystère. Il comprend mon langage. Il y a un côté branlette dans les gens qui en font des wagons sur le mystère du chat.
[...] Que les gens n'aiment pas les chats, c'est leur problème. Ce qui est chiant, c'est les gens qui les tuent. Le plus con, c'est Giono. Il a expliqué ça dans un bouquin. Souvent, il prenait sa petite carabine et il allait tuer des chats. Giono est un enculé !
[...] Encore des sales cons, ceux qui ne font pas couper leurs chats. On a eu un voisin comme ça, qui ne voulait pas faire opérer sa chatte. Tous les deux ou trois mois, on butait sur des cadavres de petits chats. C'était dégueulasse ! Je suis pour la régulation des naissances.
Commenter  J’apprécie          202
Un jour, j'ai su tout de suite que nous n'étions plus fâchées. J'arrive et je vois la chatte assise sur le clavier, avec la patte elle faisait pif sur les touches. Et elle regardait, ce qui est tout à fait étonnant, car les chats n'ont pas le même cortex que nous, ils ne peuvent faire la relation entre un geste et la conséquence du geste, ils n'ont pas le sens de la déduction.
[...]
Une autre fois, j'écrivais alors Les seigneurs du Ponant, un mal dingue à le faire, une histoire tragique, l'impression de mourir, je suis d'ailleurs devenue spasmophile, la chatte a senti à quel point c'était dur pour moi. J'arrivais, je voyais ma machine, j'avais un mouvement de répulsion tant le livre était noir, tous ces personnages à faire bouger ! Pourtant une tragédie peut toujours être illuminée par un espoir et, là, il n'y en avait pas. Mon éditeur me pressait, ne comprenait pas. Ma chatte a compris, elle. Incroyable. Elle venait et se tenait droite comme un gardien de temple, elle était là pour me dire de ne pas écrire, elle envoyait valser les feuilles. J'avais les nerfs à vif. Je ne pouvais plus voir ces feuilles. Pouchnine devinait tout. Elle s'est mise à les foutre en boules, à les lacérer, à les jeter à terre. J'ai bien essayé de la raisonner, je lui ai dit : c'est mon éditeur, il faut bien que je gagne ma vie, la tienne est celle d'une princesse entretenue... Jusqu'au bout de l'écriture, elle ne m'a pas fichu la paix.
En 1982, elle avait quatorze ans, j'étais en plein dans une histoire passionnelle très douloureuse qui ne pouvait déboucher que sur quelque chose de tragique. Pouchnine est tombée malade. Du système digestif. Impossible de la garder au lit, il a fallu la reléguer dans la salle de bains. (…) Moi, j'étais morte de fatigue et je sentais qu'elle m'avertissait, elle me disait qu'elle n'en avait plus pour longtemps, que c'étaient nos dernières conversations.
[…]
C'est alors qu'il y a eu la nuit de l'accident où un fils à papa m'a écrasée avec sa belle voiture. Coma. Cinq mois d'hôpital. Tout cassé. Ce qu'était devenue Pouchnine, on me le cachait. Elle était morte, quelques jours après mon coma. Alors qu'on venait de me transporter dans une troisième clinique, avec mes vingt-sept kilos de plâtre, j'ai demandé à ma grand-mère : comment va ma chatte ?
[…]
Il y a plein de chats dans mes livres... Dans le dernier, Une pâle beauté, des persans et des chats de gouttières. Le livre où ils sont le plus nombreux. Dans Une passion, il y en a trois. Il n'y a plus de chat ici. Mais il va y en avoir un. Un jour. Je le sais. Je le sens. En rêve. Et même physiquement. On m'en propose régulièrement. Je suis en manque. En manque de la présence du chat. À moins qu'un chat de gouttières ne me tombe dans les bras, je choisirai peut-être un sacré de Birmanie. Parce qu'il y a derrière toute une légende et que j'en connais un sublime qui va avoir des petits. Mais je ne suis pas raciste avec les chats. Je les aime tous. À cause de leur beauté et de tout ce qui va avec. Il y a, dans tout chat, un plus de beauté, de dignité, d'élégance. Une majesté extraordinaire. (Muriel Cerf)
Commenter  J’apprécie          70
La toute fraîche arrivée du nouveau propriétaire n'efface pas le souvenir, la cruauté du dernier jour d'Isidore. J'étais alors chez Albin Michel. Il y avait une réunion dans mon bureau. J'avais demandé qu'on ne me passât aucun coup de fil et voilà qu'on m'en passe un ! J'étais entouré de messieurs très sérieux, on discutait de problèmes très graves. On me dit : "C'est madame Sabatier" ; je dis : "Ah ! bon ! qu'est-ce qu'il y a ? " Elle me dit : "Tu ne reverras plus ton chat, il vient de mourir ! " J'ai éclaté en sanglots. Très embêtant ! Au milieu de tous ces messieurs sérieux et cravatés, j'éclatais en sanglots ! Ils m'ont dit : "Mais qu'est-ce qu'il y a ? " Je n'osais pas leur dire : "Mais le petit chat est mort ! " Alors j'ai dit : "Ce n'est rien, messieurs, continuons." Je voyais bien qu'ils me lançaient des regards inquiets en pensant que j'avais un deuil dans ma famille. En fait, j'avais un deuil dans ma famille.
Commenter  J’apprécie          60
C'était donc ça, la mort ? Ce silence, cette immobilité d'un petit être qui avait été une partie de ma vie ? Ce regard fixe et sans fond (je devrais peut-être lui fermer les yeux ?). Mais j'ai peur, Minette, j'ai peur de ce que tu es devenue, j'ai peur de tomber dans le vide de tes prunelles éteintes. Je n'ose pas te toucher... Rosalie dit : - Elle est encore tiède, et cela me fait frissonner parce que je comprends. C'est fini. On ne jouera plus jamais ensemble, il n'y aura plus de papier au bout d'un ruban, il n'y aura plus de câlins et de ronrons dans mon lit du dimanche matin, il n'y aura plus de mariage avec des Russes bleus, plus de petits dans la corbeille, plus de vol d'hirondelles dans l'écran de la fenêtre au printemps. Je pleure pour mes premiers adieux... Ce n'est pas qu'un chat, c'est un chat. C'est Le Chat.

La citoyenne de Frédérique Hébrard
Commenter  J’apprécie          60
On est prêt à tout sacrifier à nos chats. Ce sont des amis, des copains, des amoureux. Ils peuvent faire n'importe quelle connerie, on pardonne tout. Le chat, c'est une compagnie. Pendant notre année sans chat, quand on rentrait le soir et qu'il n'y avait pas un chat à nous attendre derrière la porte, c'était triste. La maison était triste. Plus de chat pour dormir avec nous. Aujourd'hui, lorsque j'ai une insomnie, et que je tends la main, et que je sens un petit chat qui ronronne, l'insomnie se passe mieux. Le chat, c'est une gâterie que Dieu nous a faites au milieu de tous nos malheurs.
Commenter  J’apprécie          60
Dans ce quartier populaire, il y a des chats d'une vulgarité ! Il y en a même qui ont l'air de militants CGT. Par ici, il y a des chats sans queue, des chats borgnes, de vrais loubards qui viennent du quartier du Père-Lachaise pour se farcir une persane. Vraiment, je ne leur donnerais pas ma fille. Ils sont épouvantables. Un chat laid, ça existe.
Commenter  J’apprécie          40
Après la mort d'un chat, c'est très dur. On le cherche partout. Cela fait partie de la tristesse inhérente à l'existence. Dans mon enfance, on disait que les chats, les chiens, les chevaux étaient des "bêtes à chagrin". Les bêtes les plus aimées. C'est vrai, quelle bile on se fait quand un chat est malade ou ne rentre pas !
Commenter  J’apprécie          30
Il lui arrive de regarder fixement devant lui et ce regard nous fait soudain peur : il est là, bien tranquille, la tête dans la main, le coude sur le genou et, brusquement, son regard se pose sur un coin de la pièce où il n'y a rien. Enfin, rien pour nous ! Il se soulève un peu, la queue gonfle, le poil se hérisse et il continue à regarder fixement le vide ! On n'a pas envie de rester dans la pièce ! Car là, visiblement, il y a quelque chose que nous ne voyons pas.
Commenter  J’apprécie          20
Le chat, c'est la liberté. Les chats sont des animaux anarchistes.
Commenter  J’apprécie          20
Par sa beauté, le chat est une quintessence de l'animalité. Par son naturel. Tellement au-dessus du règne animal. Sans banaliser l'humanité, on peut penser que la Nature avait voulu le chat plutôt que l'homme. Une erreur d'aiguillage a fait prendre à l'homme plus d'importance. Les véritables voies du développement des espèces étaient d'aboutir au chat, chose parfaite. L'être humain est véritablement trop mal fagoté pour être le destin.
Commenter  J’apprécie          20
Le chat n'a pas le sentiment d'être cruel. Quand il attrape un mulot, c'est infiniment moins terrible que la chasse à courre, que l'amusement des chasseurs à poursuivre un sanglier. Ça, oui ! Je suis de ceux qui se réjouissent lorsqu'un coup de fusil malheureux blesse un chasseur, je suis ravi lorsque le sanglier parvient à défoncer un ventre. Et si l'on parle de cruauté, parlons corrida ! Personne ne se réjouit plus que moi lorsqu'un toréador est éventré. Tant mieux ! C'est trop rare ! Le chat, lui, n'a pas conscience d'être cruel ni de faire mal.
Commenter  J’apprécie          20
Ce n'est pas une petite chose ! Si j'essaie de lui envoyer une claque, il me la rend. Nous sommes presque à égalité. Quand le créateur a fait le chat, il a réussi quelque chose ! Quand il a fait l'homme, c'était beaucoup moins bien.
Commenter  J’apprécie          10
Voir un chat rêvasser ou dormir à côté de moi, ça me rassure, une compagnie un peu secrète, un peu occulte, qui me rend heureux.
Commenter  J’apprécie          10
Si l'Église catholique a maudit le chat au Moyen Age, cela pourrait bien être parce qu'il devait être un sacré concurrent pour elle ! Parce que cette possibilité, pour l'homme, de relation directe à l'énigme et au sacré, n'avait rien à voir avec ce que la religion proposait de son côté. Aimer les chats, c'était faire preuve d'une adoration païenne.
Commenter  J’apprécie          10
Son parrain, Malraux, parlait beaucoup de chats. Et de beaucoup de choses. Quand une question l'ennuyait, il faisait répondre par son chat. Il disait : "Vous n'avez qu'à demander au chat."
Commenter  J’apprécie          10
Une de mes amies m'a dit : "Ni ! ni ! ni ! le petit chat !" Et elle a ajouté : "Je ne peux pas le prendre parce que mon mari ne veut pas qu'il abîme les meubles." Alors j'ai dit : "Tu ne sais rien de la vie ! " Ne pas arriver à faire admettre à un mari que le chat peut gratter un meuble et que ce n'est pas la fin du monde ! Liquidée ! Il y a un sens qui manque ! Et puis, si j'avais un mari - monstruosité irréelle ! - autant aller au volcan pour y manger une glace ! ...
Commenter  J’apprécie          10
Tendre, la nuit. Mais dans la journée, pas question de sentiment. On pouvait la caresser, elle ne bronchait pas. Elle méprisait toute démonstration d'affectivité.
Commenter  J’apprécie          10
Proche du poème ? Je crois que le chat va au-delà du poème. C'est le poème qui est une approche du chat. On peut dire que le chat est poésie. Baudelaire, dans ses poèmes, a fait l'effort de s'identifier au chat. Le spleen baudelairien, c'est une vie de chat.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Catherine Jajolet (39)Voir plus

Quiz Voir plus

Candide

Où se situe le château du baron au début de l'histoire ?

En Normandie
En Angleterre
Aux Pays-Bas
En Westphalie

12 questions
3459 lecteurs ont répondu
Thème : Candide de VoltaireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}