Dans le pacte de réunion de ces quelques centaines d'individus, il fut convenu que les enfants, les vieillards et les infirmes sans pour cela été distrait de leur famille, seraient à la charge de la société ; qu'on ne possèderait à aucun titre plus de terre qu'on n'en pourrait cultiver ; en un mot, qu'on ne saurait avoir entre les mains une valeur devenue impossible à gérer ou à faire fructifier par soi-même. On en était tenu sur l'honneur et de par la loi de dépenser sur le fruit de son travail et de son industrie.
C'est aux jours printaniers,
Quand un vent frais dans les halliers
Des étamines d'or à la fibre amoureuse
Vient répandre à flocons
La poussière luxurieuse ;
Quand les fleurs naguère en boutons
Sous le souffle expansif d'une chaude nature
Étalent largement l'éclat de leur parure ;
Quand les quatre soleils opposés dans les cieux
Des quatre angles du monde envoient croiser leurs feux
Aux plages de Lessur ; parfois, à fleur de terre,
Passent des courants lumineux,
Un fluide inconnu traverse l'atmosphère ;
Cette tiède électricité
Aux doux ravissements, aux plus vives étreintes
Livre le peuple transporté ;
Ses secousses, surtout, lui dardent les atteintes
D'une céleste volupté.
Alors ce monde entier s'ébat, palpite et vibre
A chaque jet que pousse un courant sensuel,
Et toute vie, alors, sent tressaillir sa fibre
Aux transports délirants d'un spasme universel.
Les peuples stariens sont monogames. Les purs sentiments de la famille, qui règnent chez eux dans toute leur sainteté, répandent sur leur vie d’intérieur un parfum de douce ivresse et de chaste mais constante quiétude. Ne vous semble-t-il pas déjà que sur cette terre magnifique les besoins du cœur, devenus irrésistibles d’entraînement et d’abandon, doivent, sous une nature plus puissante, devoir être plus largement satisfaits ? Il n’y a d’ailleurs ni valets, ni domestiques chez les Stariens. Ces services dégradants sont laissés aux repleux, instruits presque tous à exécuter les basses fonctions du ménage.
Un million de nefs flottait dans l'étendue !...
Et leur traînée immense avançant, suspendue,
Semblait la Voie-lactée en marche et descendue !...
Les voyageurs furent charmés de l'hospitalité des enfants d'Élier qui les aidèrent complaisamment à satisfaire leur curiosité. Les Stariens, à qui la monotonie de cette planète avait déplu d'abord, trouvèrent à la fin dans ce globe et dans l'examen des mystères de cette nature une source de plaisirs inépuisable, et la monotonie primitive fut changée pour eux en une variété sans bornes que l'habitude de l'observation augmentait à tout instant en prolongeant pour le regard plus assuré et mieux instruit l'immensité de la perspective.
Cependant, une rumeur vague dont ils avaient été bercés avant leur départ de Lessur reportait incessamment leurs pensées vers leurs frères des satellites inférieurs. L'idée du retour de toute l'espèce starienne sur la planète-mère germait depuis longtemps dans le peuple, et ils se hâtèrent de regagner Lessur et Tassul pour être compris eux-mêmes dans cette expédition, et prêter le secours de leurs bras à toute la nation starienne qui allait peut-être combattre pour ses anciennes possessions.
La domesticité n’est pas imposée par les Stariens aux métis qui résultent de l’accouplement d’un homme avec un repleu. Ces individus, engendrés de relations immondes, sont plus rares aujourd’hui chez les Stariens. Ils sont désignés sous le nom de cétratites. Presque tous ont été conçus et portés par des repleuses : une femme starienne qui se serait oubliée à ce point, serait maudite et repoussée de tous. Les cétracites ne peuvent avoir d’enfants : la nature les a rendus inféconds. Ils traînent, en général, dans les bas-fonds des villes populeuses, une existence misérable et le plus souvent criminelle.
Oh ! certes, au-dessous de ma tâche
Dans mes projets je suis resté ;
Mais je dis qu’il est bien de fléchir de la sorte !
Sous un vaste sujet que je ploie écrasé,
Qu’importe !
Si j’ai mal réussi, j’aurai beaucoup osé.
Puissent ces récits d’un autre monde
vous avoir fait oublier un instant les misères de celui-ci.
(p. 245-246, “Adieux au lecteur”, “Epilogie”).
Les Ponarbates avaient coutume de placer dans leurs temples les produits les plus merveilleux de leur industrie. C’étaient de véritables musées industriels et artistiques, au fronton desquels était gravée cette formule des vertus sociales de ce peuple : Travail et prodigalité.
Créons-nous une terre !
Inventons des soleils ! ces astres plus heureux
Pour trouver du nouveau prêteront leur lumière.
(p. 242, “Le monde des rêves”, “Epilogie”).
Là, comme partout, l’homme est l’homme ; la nature jusqu’alors n’a rien produit de plus parfait.
(p. 42, Livre premier).