- Vous êtes du genre pessimiste, non ?
- Je suis médecin. Ça fait de moi un optimiste qui a le sens des réalités.
- Vous me demandez des conseils. Je vous dirai la même chose qu'à mes filles avant qu'elles se marient. Epousez l'homme qui va vous accompagner pendant les cinquante ou soixante prochaines années. Celui qui vous tient la porte, qui vous prend la main, qui vous fait le café, applique de la crème sur vos vergetures, vous met sur le piédestal que vous méritez.
- Elle vous a pardonné...au moment même où vous l'avez dit.
Le pardon n'est pas chose aisée. Qu'il s'agisse de le donner...ou de le recevoir.
On dit toujours qu'on supporte mieux le froid sec que le froid humide. Pour moi, froid, c'est froid. Moins quinze, c'est moins quinze.
On est mariées depuis longtemps, on a vu beaucoup de choses, beaucoup vécu, et plus on aime quelqu'un, mieux on l'aime. On pourrait penser qu'un vieil homme comme moi ne s'enflammerait plus quand elle traverse la chambre dans une vieille chemise de nuit en flanelle, mais c'est le contraire. Et c'est la même chose pour elle. Bien que je ne porte pas de chemise de nuit en flanelle ! Ma femme n'a peut-être plus la poitrine aussi ferme qu'à vingt ans, peut-être que sa peau s'affaisse sous les bras et les fesses. Peut-être qu'il y a des rides qu'elle n'aime pas chez elle, peut-être que ses paupières tombent, peut-être que ses sous-vêtement taillent plus grand qu'avant, peut-être que tout ça est vrai... mais moi non plus, je ne suis plus l'homme de nos photos de mariage. Je suis comme qui dirait le reflet de ce garçon, avec des cheveux gris, des rides, des coups de soleil, et plus lent. Ça peut paraître cliché, mais j'ai épousé une femme qui me correspond. Je suis la moitié d'un puzzle à deux pièces.
Je savais que si elle ne me voyait pas à la tombée de la nuit l'inquiétude commencerait à grimper et peuplerait les ombres. L'obscurité a ce pouvoir. Elle parle de peurs silencieuses mais néanmoins bien réelles.
Vous pouvez vous faire une opinion sur une personne à partir de ce que vous voyez, mais c'est en posant les mains sur elle que vous saurez vraiment de quel bois elle est faite.
Je commençais à comprendre qu'elle employait l'humour pour oublier la douleur. J'avais vu d'autres personnes faire de même. Généralement, quelque chose les avait blessées par le passé, et elles avaient recours à l'humour ou au sarcasme pour le cacher. Se changer les idées.
Il faisait nuit, et la douleur avait empiré. J'appuyai sur le bouton lumière de ma montre : quatre heure quarante-sept. Cela faisait peut-être six heures depuis le crash. Il ferait jour dans deux heures. Peut-être moins. Mais par ce froid je n'étais pas sûr de tenir un quart d'heure de plus.Je tremblais si fort. que j'en claquais des dents. Grover disparaissait sous dix centimètres de neige. J'étais toujours harnaché et mon siège était cassé.
"Docteur, opérez moi comme si j'étais sur le point de vivre, pas de mourir."
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C'est quoi le truc avec les hommes et leur numéro de stoïcisme, "je contrôle tout et je ne parle pas de mes émotions" ? Hein ?
Elle secoua la tête.
- Pourquoi ne peuvent-ils pas simplement dire ce qu'ils pensent ? Ce n'est pas compliqué : il suffit d'ouvrir la bouche et d'exprimer ce qui passe par la tête. Mais non, ce serait trop simple .
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