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Citations de Charles Wright (172)


Toute la nuit, un vent glacé à giflé la tente, et je me suis réveillé avec des petons froids comme un ruisseau de montagne.
Il doit être six heures du matin Autour du buron règne un silence de cathédrale. Des gouttes de rosée perlent sur la toile de notre tente. Au loin, à moitié endormis, les puys quittent péniblement leurs draps de brume, tandis que le soleil se lève.
Nous partons sur la pointe des pieds, et à jeun, à l’assaut du puy Mary. Sur les flancs de cette pyramide, un chemin qui ressemble à une ride est préposé à notre réveil musculaire. Les jambes encore fourbues par les efforts de la veille, nous peinons comme des bagnards.
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Au puy de la Védrine, j’égare un caleçon qui séchait sur mon sac à dos, accroché à une pince à linge. Que diront les archéologues s’ils retrouvent cette pièce au cours de leurs fouilles ? Que sur des monts chauves, on s’adonnait à des orgies pour célébrer la beauté du monde ? De fait, de cette tête de vallée posée à l’extrémité septentrionale du Massif, le panorama est une splendeur. […]. Devant nous, une enfilade de crêtes acérées, de pics dressés, d’arêtes effilées comme des lames. Avec ses allures viriles de montagne alpine, la chaîne du Sancy évoque une immense érection. Derrière nous, les douces, gracieuses et féminines courbures des volcans de Dôme dont les ondulations suggèrent des mamelons nourriciers.
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Tout être cherche à dire ce qu’il souffre. Je sens que Rosalie en est là, au seuil d’une confession. En faisant bouillir de l’eau pour une tisane, elle avoue être « en arrêt de maladie ». A son silence embarrassé, je comprends qu’elle traverse une dépression. Dans son service hospitalier, la cadence effrénée des rythmes, la pression du stress, le peu de reconnaissance et de moyens ont atteint ses résistances. A la maison, ce n’est pas mieux : elle en bave avec ses deux ados qu’elle élève seule, hantée par la peur qu’ils se prennent les pieds dans les inombrables écueils de la société contemporaine. Parfois, elle aimerait tout quitter, partir sur le chemin de Compostelle, non pas dans une démarche de foi ― elle est incroyante ― mais pour s’exiler de la douleur de vivre, retrouver de la force, faire le point.
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Il est sage de panser dans le calme à ce qui peut arriver quand la tempête se lèvera.
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J'ai peu d'argent mais beaucoup de temps libre, et le luxe de mener une existence affranchie des sanctions de l'utilité, du rendement, de l'économie. La virée au Massif central m'a enseigné qu'avoir peu de biens procure une paix imperturbable, une tranquillité souveraine, une allégresse continuelle. (p. 351-352)
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Je vis pauvrement dans une immense maison d'un délabrement sublime déposée dans une vallée escarpée, âpre, belle sans ostentation. Pour passer le temps, je gratte la terre, je remonte des murs en pierre sèche, je fends des bûches, je cultive des tomates rouges comme les joues des filles amoureuses, je lis un livre par jour.
Ne partageant pas le credo actuel selon lequel une vie réussie est une vie remplie, je rends plaisir à gaspiller les heures, à me délecter du vide, à écouter le silence. (p. 351)
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Des amis m'ont prêté une vieille baraque en pierre de grès dans les Cévennes ardéchoises. Je suis retombé dans les bras du Massif central qui m'a miséricordieusement offert le pardon de mes adultères. Je vs là-bas depuis un an. Chaque jour, je célèbre des noces festives avec ce coin de France, renouant avec une vie simplifiée, resserrées l'essentiel. Je ne suis pas malheureux de m'être débarrassé des trottinettes, des amis Facebook, des mondanités et déboucles de BFM TV. J'ai quitté les éclairages artificiels pour chercher la lumière qui ne décline pas. (p. 351)
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Nous sommes tirés à un exemplaire unique. Il n'y a qu'une seule obéissance : celle que l'on doit aux hautes exigences de sa conscience. (p. 349)
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Lorsqu'on se lance à l'assaut d'un sommet, l'attention est captée par l'effort, on ne pense à rien d'autre qu'à aligner les pas. Mais une fois parvenu sur la cime, la splendeur de l'horizon saute à la figure. Et toute cette beauté qui s'offre d'un coup, on la reçoit comme une récompense. On dirait que les paysages nous félicitent d'avoir enduré les peines de l'ascension. (p. 329)
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Longtemps je me suis débattu avec ces écartèlements. Puis j'ai compris qu'entre toutes ces inclinaisons qui se disputaient mon coeur, il ne fallait pas choisir. L'existence consiste à accorder les vérités multiples dont nous sommes tissés, non à amputer telle partie de sa personnalité au profit d'une autre. Il faut sortir de la mentalité cartésienne et de nos catégories qui ont toujours tendance à être rigides : ce qui est blanc ne peut être noir. La vérité est plus ample qu'on ne l'imagine. (p. 317)
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Pendant le repas arrosé au Crozes-hermitage, le couple nous a confié son désarroi depuis qu'il a reçu en héritage l'immeuble où nous dînons. Il appartenait à la grand-mère de Julien. Ce dernier n'a pas les moyens de l'entretenir, mais hésite à se couper de toute une mémoire familiale incrustée dans les pierres. Les biens nous encombrent, me dis-je en écoutant ces gens se débattre avec ce dilemme. Une fortune à gérer, des affaires à administrer, des biens à surveiller sont autant de chaînes dorées qui entravent la liberté. Une fois encore, l'auteur de "L'Imitation" a raison : les possessions matérielles ne "sont autre chose qu'une source d'incertitudes, parce qu'on ne les possède jamais sans crainte ni souci". (p. 291)
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Cela fait presque un mois que nous vivons sans Internet, ni radio, ni télé, ni journaux, sevrés des vaguelettes de l'actualité. Les bienfaits de cette cure d'inactuel sont incalculables. Quand on se coupe du vacarme ambiant, qu'on se dégage de l'écume, l'âme s'allège et se dilate. On devient plus attentif à ce qui compte vraiment et se produit souvent sans bruit, dans le secret, loin des caméras : un lever de soleil, l'apparition d'une bête, le souvenir d'un être cher. Pendant un mois, notre actualité, ce fut celle des reliefs, des fleurs, des vaches, des saints, des rencontres et du vent...(p. 282)
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Les jambes encore fourbues par les efforts de la veille, nous peinons comme des bagnards. Pour se donner de la force, Parsac cite à haute voix un passage de "L'imitation" : "Le mérite et le progrès vers la perfection ne naissent pas d'une vie de mollesse, mais plutôt des épreuves supportées courageusement". C'est tonique, mais c'est pas faux ! (p. 264)
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"Est mystique celui ou celle qui ne peut s'arrêter de marcher" a écrit le jésuite Michel de Certeau. (...)
Ce pèlerin qui n'arrive jamais a compris que le bonheur n'est pas un arrêt, mais une marche éperonnée par un désir. Sans cesse, il faut aller plus loin. S'expatrier de ses idées, se dépayser de ses certitudes, repartir de l'avant, conformément aux intuitions des Pères de l'Eglise pour qui Dieu est éternellement recherché. (p. 234)
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Pour moi, cette vie au seuil de l'instant me procure une allégresse continuelle. La joie crépite par tous les pores de ma peau. Les cellules de mon corps me font savoir qu'elles sont heureuses. Tandis que la vie urbaine, à Lyon, émoussait mon énergie vitale, la marche me rend des forces. Elle opère une densification de l'être. Chaque jour, je vois avec plus d'évidence que je suis taillé pour cette existence au grand air, en dehors des clous. Pour me tenir à l'écoute des autres et du monde, j'ai besoin de solitude, de silence, de beauté, de la présence des bêtes, des arbres, de la nature. En une poignée de jours de plein vent, d'espaces et d'horizons, tout exulte en moi, alors que je dépéris dès qu'il faut entrer dans le rang. (p. 171)
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- Les gens ont une vision un peu magique de ce phénomène, observe Benoît. Comme si tout était sombre avant ce coup de grâce, et tout rose après.
- Moi aussi, mon vieux, j'ai succombé à cet imaginaire. Je pensais que ma conversion allait me libérer de mes défauts, de mes limites, qu'un homme nouveau allait advenir dont je me disais qu'il serait parfaitement charitable, et qu'il aimerait le fromage... Comme s'il s'agissait d'une refonte de la personnalité ! Mais non, on ne change pas, on reste tragiquement, désespérément le même...Si je ne crois pas être devenu un "autre" homme, j'ai toutefois le sentiment d'être devenu plus moi-même. C'est peut-être cela une conversion : le lent exhaussement de la personne.
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Si un flocon de neige est une goutte d’eau en parachute, qu’est-ce que la grêle ? De la pluie en colère !
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Jean Sulivan a raison : ”L’enfance est du bonheur ou du malheur stocké pour toujours.”
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Le bonheur n’est pas un arrêt, mais une marche éperonnée par un désir.
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Un regard peut relever un être, il peut aussi l’enfoncer plus bas que terre.
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