« Comment survit-on, seul, sur une île déserte ? Pour un marin c’est une question concrète, presque banale. » Il n’y aurait donc pas eu grand intérêt, nous dit Charlie Buffet dans La Vérité sur Robinson et Vendredi, pour narrer une expérience finalement courante, au XVIIIe siècle, et c’est par une page, publiée en 1712 par Edward Cooke que les quatre années et quatre mois de solitude d’Alexander Selkirk, corsaire écossais sont d’abord résumées.
Selkirk est resté sur l’île Juan Fernandez, dans l’océan Pacifique, de 1704 à 1709, à sa demande, après un différend avec son capitaine. Il n’aura jamais eu pour compagnon Vendredi, qui d’ailleurs s’appelle William et est un authentique Indien Moskito, qui lui aussi aura vécu sur la même île, trois ans et deux mois, mais de 1679 à 1681. Daniel Defoe s’inspirera des différents témoignages, auquel il donnera sa touche de romancier, aux différents récits des deux aventures.
C’est un livre unique que Paulsen vient de publier, puisque si Robinson Crusoé est imprimé sans relâche depuis 1719, les vraies histoires d’Alexander Selkirk et de l’Indien Moskito ne l’ont pas été, en français, depuis 1716 ! On y apprend comment les rapports entre les hommes étaient codifiés sur les mers, et qu’il arrivait qu’on demande à rester sur une île, par décision personnelle, en attendant le prochain bateau, à condition qu’il ne porte pas pavillon ennemi.
Grâce à Charlie Buffet et à ses héros, on prend du recul : “On voit ainsi que la solitude et la retraite du monde n’est pas un état si insupportable que la plupart des hommes se l’imaginent, surtout lorsqu’on y tombe, comme cet homme (Alexander Selkirk), par un accident inévitable.” Et l’on apprend qu’ “en l’espace de dix-huit mois, il était réconcilié avec sa condition, (…) il prenait désormais du délice en toute chose.” L’érémitisme et la vie contemplative, rien de moins, rien de plus. C’est un vrai livre d’aventures et de réflexion sur soi qu’il fera bon emporter sur le sable cet été.
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