C’est mon bon ami Nietzsche qui disait dans Aurore : « L’oreille, organe de la peur, n’a pu se développer aussi amplement que dans la nuit ou la pénombre des forêts et des cavernes obscures, selon le mode de vie de l’âge de la peur… ». Et pour le coup, Fredo avait raison : l’ouïe s’aiguise quand on est susceptible d’être une proie. Ceci explique sans doute l’importance de l’écoute dans Le paradis (ou presque) de Charlie Huston. Le personnage de Hank Thompson – antihéros psychotique, tueur à tendances toxicomanes – prête une attention particulière aux accents (russes, si possible), aux bruits qui courent (et il sera souvent question de courir à cause des bruits), aux téléphones portables qui font tenir la vie de ses parents à un fil, aux aboiements et aux feulements qui le préviennent d’un danger : il est une bête traquée. Les dialogues soulignent la parlure de chaque personnage, leurs hésitations, leurs tics de langage, quitte à risquer la caricature avec un type comme Dylan, trader truand qui profère des menaces avec les mots d’un golden-boy.
Quoi qu’il en soit, c’est une rumeur qui va déclencher la chasse quand Hank est averti au téléphone par un ami : « Dans le bus ou ailleurs, des gens viennent s’asseoir à côté de moi et tout d’un coup ils ont envie de me causer. Et généralement, tu vois, j’ai des oreilles. Alors je m’en sers. Mais il n’y a pas longtemps je crois que j’ai repéré quelque chose, disons un sujet de conversation qui revient fréquemment. […] Le crime. On dirait que les gens, tout le temps, ils veulent me parler de crime. » En effet, le crime va sourdre et se répandre en un torrent qui sera bientôt assourdissant. Ce que Hank croyait enterré – son passé criminel, son fric, sa violence – ressurgit pour tout emporter sur son passage. Partant du Mexique, il traversera la frontière pour échouer à Las Vegas en laissant une trainée de sang et de dollars. On retrouve donc le polar qu’on aime, celui qui explose et fonce (le roman prospectif, contrairement à l’énigme policière qui est un récit rétrospectif, pour reprendre la distinction de Todorov). Ça frappe, ça flingue, ça tue en une sorte de road movie halluciné. La drogue joue un rôle majeur dans la narration aussi bien pour les ellipses dues à la défonce que pour l’acharnement des personnages qui sont « increvables » comme l’indiquait le titre des précédentes aventures de Hank Thompson. Le fugitif résume ainsi : « Je sniffe deux grosses lignes de poudre pour me filer de l’énergie, et j’avale un Perc pour éviter de ressentir quoi que ce soit. Tout ce qui me reste à faire, maintenant, c’est de tuer tout le monde. » Dans un polar, la came est un bon principe d’écriture : toujours remplacer de longues pages de description par deux lignes de coke, et de la métaphysique par de la méthadone. Et puis, foncer dans le tas.
Pourchassé par tous ceux qui en veulent à son magot, Hank ne cherche pas précisément à fuir ; il ne peut jamais se dégager de son passé et la quête illusoire d’une l’identité neuve encadre tout le roman. Pour s’échapper, il fait entrer en collision ses poursuivants. Sa tactique consiste à les embrigader involontairement dans son équipe et les mettre en contact : l’explosion est souvent immédiate. Cette foire d’empoignes est donc loin d’être désordonnée. Tant de violence est mûrement réfléchie, comme une partie de football américain, métaphore qui parcourt tout le roman. La narration joue avec brio à télescoper les personnages, les péripéties et les coups durs. A cet égard, les premières pages où Hank apprend qu’on le poursuit encore témoignent de l’habileté de l’auteur et de son traducteur.
Pourtant, les défauts du Paradis (ou presque) viennent sans doute des qualités que je viens d’évoquer. En effet, ce roman à l’affût des bruits aime s’écouter parler. Des prédécesseurs comme Hammett ou Chandler avaient une écriture serrée, incarnée par des personnages laconiques (tel Whisper dans La Clé de verre), aux mâchoires serrées où pouvait à peine se glisser une cigarette. Ici, le roman commence par Hank qui s’enfourne des clopes dans les oreilles afin de les déboucher. Le brouhaha peut alors pénétrer et il faut bien avouer que le roman a certaines longueurs. Allez, juste un exemple : « En temps normal, si j’étais juste un type d’ici qui habite au bord de la plage, je n’aurais pas vraiment besoin de fermer ma porte à clé. Mais je ne suis pas ce type et il est indispensable que je boucle ma porte à clé. Je cache certains secrets. » Franchement, c’est tellement lourd que c’en devient insultant. Autre écueil du roman, l’espèce de narration à la première personne devant nous mettre dans la peau d’un tueur violent. C’est pompé à Jim Thompson – dont Hank est l’homonyme – et l’imitation est ratée, tout bonnement. Par exemple : « Je reste tapi là toute la nuit à pleurer, malheureux comme les pierres, sans pour autant m’apitoyer sur mon sort. Parce que je suis un fou furieux de tueur et que je mérite tout ce qui m’arrive. » Personnellement, ce genre de phrases me pique les yeux. Inutile donc de préciser que je n’ai pas été sensible au « style » de l’auteur, qu’on tentait de me refourguer comme argument commercial. Dans l’ensemble, les références culturelles trahissent le côté brillant de ce roman, trop habile, trop sûr de maîtriser les ficelles qui font un bon récit. Ce n’est pas un mal en soi, bien entendu, mais on aimerait que l’auteur oublie un peu ses connaissances pour trouver un ton plus sincère. Car, au final, si je reconnais les qualités de ce roman, je me lasse de sa dextérité. C’est violent, mais ça n’a pas le goût des tripes et du whisky. C’est un peu chiant. Comme un match de foot américain, en fait.
NB : je m’interroge un peu sur le travail éditorial de ce livre. Outre quelques belles fautes de français, les notes du traducteur sont assez pénibles. Je vois l’intérêt de préciser quelques références culturelles difficiles à saisir pour le lecteur européen, mais est-il bien utile d’expliquer en bas de page qu’un touchdown est un essai au foot américain, que Taxi Driver est un film de Scorsese et que Purple Rain est une chanson de Prince ?
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Hank Thompson coule des jours paisibles au Mexique, dans la péninsule du Yucatán, entre la plage et le bar de Pedro. Cette tranquillité est un jour troublée par l’arrivée d’un jeune homme à l’accent russe qui lui pose des questions embarrassantes. Il lui demande de lui remettre sa fortune, 4 millions de dollars extorqués à la mafia russe de New York, en l’échange de la vie de ses parents. Commence une longue descente aux enfers parsemée d’embûches et de cadavres à gogo.
J’ai lu cet excellent roman noir dans le cadre du Jury Seuil Policiers 2011 et je tiens à remercier Babelio de m’avoir offert l’opportunité d’en faire partie.
Le début m’a fait penser au très célèbre roman noir de Jim Thompson « 1275 âmes ». L’humour noir est présent, le narrateur, Hank Thompson, est un personnage dépourvu de sens moral, en errance. Le décor est planté : le Mexique représente le paradis pour le narrateur. Mais n’oublions pas la nuance apportée par le titre : « ou presque ». Et on sent très vite que ça va déraper et que l’auteur va nous conter la « mésaventure de Hank Thompson ». Le titre du roman campe l’atmosphère générale : nous avons ici affaire à un roman noir rempli de cynisme et d’humour noir. Mais au départ, Charlie Huston prend le temps de planter le décor : il y a assez peu d’action, Hank Thompson rencontre différents personnages et converse avec eux. J’ai trouvé la mise en place de l’intrigue un peu longue. Le livre est organisé en trois parties rythmées par des matchs de football américain que suit Hank Thompson. Les détails techniques du jeu peuvent paraître un peu lassantes.
Mais quand Hank Thompson décide de revenir vers les Etats-Unis pour retrouver son magot, le livre devient alors captivant et on ne peut plus le lâcher jusqu’à la dernière page. On est alors transporté dans l’action au sens fort, avec des courses-poursuites en voiture ou des scènes de tuerie. Le lecteur assiste à une explosion de violence : les armes (à feu ou blanches) sont omniprésentes, le sang coule à flot, les cadavres s’amoncellent aux pieds de Hank Thompson, homme violent, dangereux et dépourvu de sens moral. Nous assistons à la dégradation progressive du corps et de l’âme de notre infatigable narrateur qui n’hésite pas à faire appel aux services de la drogue, des psychotropes, des analgésiques et de l’alcool pour tenir le coup. Il erre d’un lieu à l’autre, à la recherche de son magot. Mais les truands de tous bords veillent et cherchent aussi à obtenir leur part. Les mauvaises rencontres s’enchaînent, la méfiance et les coups bas sont toujours au rendez-vous.
J’ai beaucoup aimé la noirceur de ce roman, l’errance du narrateur qui incarne pleinement la figure d’un anti-héros, la violence omniprésente (certaines scènes sont insoutenables tant les descriptions sont réalistes). L’auteur n’oublie jamais les détails concrets des actions qu’entreprend son narrateur et cela m’a beaucoup plu. Un roman noir captivant : il ne faut pas se laisser rebuter par une mise en place un peu longue : le paradis mexicain cède vite le terrain à un sérieux bémol qu’annonce le sous-titre : « ou presque ».
Un grand merci à Babelio et aux Editions du Seuil pour cette belle découverte !
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Cette lecture fait partie de la sélection du Jury Seuil Policier 2011.
Le paradis (ou presque), je rebaptiserais ce bouquin le paradis (ou pas !).
Dès la couverture, on comprend qu'il s'agit d'un "polar" atypique : une mésaventure de Hank Thompson.
Hank Thompson, le personnage principal, s'est réfugié au Mexique après avoir empoché la coquette somme de 40 millions de dollars, somme dérobée à la mafia russe de New-York (sinon c'est pas drôle...).Mais voilà que le passé de notre anti-héros le rattrape près des plages mexicaines pour le mener à Las Vegas, la ville qui ne dort jamais.
Lorsque j'ai reçu le bouquin, j'ai eu quelques interrogations. En effet, je n'avais pas lu le premier volet. Mais, HUSTON use de rétrospectives efficaces, j'ai pu sans aucun problème reconstruire peu à peu le passé de "notre héros".
Le paradis (ou presque) c'est un polar en deux temps. D'abord, Le Mexique et sa chaleur, de laquelle découle une certaine torpeur qui transpire dans les dialogues. A noter toutefois pour ce début de roman quelques longueurs. Ensuite, le retour de notre personnage aux Etats-Unis, ici les dialogues sont percutants, sans fioritures ni tournures de styles... Tout, les pensées, les personnages, les décors évoluent au rythme saccadé d'une prise de speed suivie d'un comprimé de "percocet". Souvent, j'ai voulu, comme Hank, dormir pour me régénérer, oublier tous ces crimes.
Un tueur en série, un anti-héros, un homme dangereux, mais qui est donc Hank Thompson ? Ce qui est certain c'est que notre personnage joue, tout au long de ce polar, de malchance, tombant à tous les coups sur des brigands de petite échelle mais que la cupidité rend sans pitié. Hank doit tuer pour protéger sa famille. Il voudrait seulement vivre paisiblement, mais son passé est toujours là qui le guette et l'oblige à commettre l'irréparable. Mais tous les cadavres gravitant autour de lui, sont-ils morts de ses mains ?
Un polar brut de décoffrage, qui malgré un début peu rythmé, m'a coupé le souffle !
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J'achève à l'instant la lecture du Paradis (ou presque), finalement réconcilié avec ce roman. Le road-movie y est traité à l'extrême, ce que j'avais trouvé trop classique dans un premier temps, et plutôt réussi au final. Car la question du road-mvie, de la fuite, est toujours double. Que fuit-on, et ou cela mène-t-il? Et je trouve qu'à ces deux questions, Huston répond en creux de façon assez juste. Car finalement, quelle est la vie de cet étrange personnage, d'abord tranquille au Mexique pour devenir l'homme le plus recherché des Etats-Unis ? Une vie vécue pleinement, à cent à l'heure, ou une fuite en avant désespérée ? Je reste toujours réservé sur l'écriture, qui malgré quelques bons passages, ne m'a pas accroché au climat de violence désespérée du roman, tel que je l'aurais attendu. Trop descriptive des moindres gestes des personnages dans les scènes de violence, de sorte qu'on en perdrait presque le fil. Mais l'épilogue emporte finalement mon adhésion, et ça valait le coup d'aller jusqu'au bout. J'ai bien aimé aussi le plan qui colle au calendrier de NFL. Symbole trop facile de l'Amérique violente ou populaire ? Peut-être, mais j'ai bien aimé ces digressions footballistiques qui ancrent le personnage à une forme de réalité.
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« J’ai aidé un ami. J’ai essayé de protéger des gens. J’ai tout fait du mieux que j’ai pu, mais le seul truc que j’ai réussi à faire, c’est de buter ceux qui voulaient me tuer. Ensuite j’ai pris leur argent »*. Ca, c’est ce qu’il s’est passé il y a quelques années – et dans le premier épisode de la trilogie Hank Thompson, Increvable (paru au Seuil en 2010).
Hank Thompson : épisode 2
Depuis, le héro de Charlie Huston tente de se faire oublier sur une plage du Mexique, loin de la frontière américaine où les autorités fédérales, la mafia russe et tous les spectateurs de America’s Most Wanted se souviennent un peu trop bien de lui et de la trainée de sang qu’il a laissée derrière lui. Les premières pages de ce deuxième épisode s’ouvrent donc sur un Hank Thompson, physiquement méconnaissable, qui tente de couler des jours heureux sur la véranda d’un bungalow de la Péninsule du Yucatan. Toutefois, lui-même peine à croire que ce paradis (ou presque) durera éternellement. Malgré les baignades sans fin dans l’eau turquoise et les déjeuners savoureux que son ami Pedro lui prépare dans sa paillote sur la plage, la tension est déjà palpable sous le sable et les cocotiers – sans doute le meilleur moment du livre. Une rencontre importune, qu’Hank ne faisait qu’attendre sans savoir qu’elle forme elle prendrait, fait basculer le fragile équilibre. Et, c’est parti : la fuite incessante, qui fait de Le paradis (ou presque) un road movie halluciné et amphétaminé. Au fil des pages et des matchs de la saison régulière de football américain (sport qu’il exècre mais dont il suit l’actualité compulsivement), du Yucatan à Las Vegas, les cadavres et les carcasses de voitures recommencent à s’accumuler derrière Hank Thompson.
En plein Pulpnoir
Très vite, on est en plein pulp noir, un genre littéraire dont se revendique Charlie Huston (voir d’ailleurs son site/blog : http://www.pulpnoir.com/) qui utiliserait les techniques du roman noir en le tirant vers le pulp ou littérature de gare en anglais. Comme dans ce genre de littérature qui recycle les codes des comics, des magazines populaires, des jeux vidéo… tout est très visuel et sonore. « Je lui raconte toute l’histoire, avec des illustrations et des exemples tirés de films, de livres, de musique pop, de la philosophie grecque, sans compter les digressions vers d’autres sujets comme la politique dans les médias, Superman contre Batman, le Chat de Schrödinger […] »*. Ainsi, sur une bande son très référencée et à coups d’images préfabriquées, véhiculées par la culture populaire, Charlie Huston déroule son histoire qui (il s’en vante souvent, avec autodérision, par la voix de son héro) ne pèse pas lourd. Hémoglobine, cachetons de percs (percocet = analgésique), tatouages et strip-tease ; tout est si visuel que le livre se porte de lui-même vers l’écran, couleurs criardes et montage survolté à l’appui. Et la réserve vient donc de là. A l’écrit, la succession d’actions rapides se révèle moins efficace que sur un écran et le risque est alors réel de faire décrocher un lecteur, fatigué par la répétition et une lecture hachée par les verbes d’action.
Hank : un anti-héro ?
D’après la quatrième de couverture, Le paradis (ou presque) est l’épisode préféré de la vie de Hank de son auteur, Charlie Houston, car c’est là qu’il lui apparaît le plus humain. C’est un sentiment sur lequel on pourra rejoindre l’auteur car tout l’intérêt du livre repose bien sur les (larges) épaules de ce héro ou, plutôt, de cet anti-héro. Car du sous-titre (une mésaventure…) à la grande majorité du livre, l’auteur nous balade à la poursuite d’un anti-héro : « Il m’expliquait qu’il savait que je n’avais pas réfléchi, que j’étais un bon gars qui, s’il s’était arrêté un instant pour réfléchir, aurait agi intelligemment »*. On serait alors bien tenté de croire que Hank Thompson est celui par qui les choses arrivent mais qui ne les souhaitent pas, celui qui se passerait bien d’être là et celui autour duquel les cadavres s’amoncellent comme par malheur. Mais qu’on ne s’y trompe pas ; Hank est aussi celui que tous – et surtout les pires – admirent. Et pour cause. A de brefs moments, l’assassin parle en lui : « J’ai l’expérience de cette violence brutale. Et la violence c’est comme le reste, plus on s’y adonne, plus on s’y habitue. Et plus on se perfectionne »*. Sans attaches, sans remords, sans amours ni sexe, Hank Thompson est un homme impitoyable... qui finit par l’admettre : « Si je l’observe c’est parce que je veux vraiment savoir à quoi ressemble un homme dangereux. Parce que c’est ce que je suis en train de devenir. C’est ce que je vais être »*.
Le paradis (ou presque) est l’histoire d’un homme dangereux et un livre plus insidieux qu’il n’y paraît.
Agnès Fleury
* Extraits de Le paradis (ou presque) : une mésaventure de Hank Thompson, Charlie Huston (Seuil, 2011) - Lu dans le cadre du jury Seuil policiers et Babelio
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Heureux d’avoir été sélectionné pour le Jury Seuil Policiers 2011, j’ai commencé la lecture de Le paradis (ou presque) avec envie et enthousiasme. J’aime cette énergie particulière qui anime le petit juré, seul avec ses livres. Je marque un premier arrêt à la moitié du roman, avec déjà quelques commentaires. D’abord, il y a dans Le paradis (ou presque) une vraie dynamique qui fait un polar. Elle tient ici plus du road-movie que de la dynamique d’une enquête, mais elle fonctionne assez bien. Il faut dire que notre héros Hank Thompson n’est pas un policier, mais un personnage assez particulier, à la fois sympa – c’est l’impression qu’il renvoie – et impitoyable. Du Mexique à Las Vegas, la fuite-quête-poursuite est donc assez entraînante, semée d’embûches, de quoi accrocher le lecteur. L’histoire aussi est plutôt bien construite, un objectif simple servi par de nombreuses péripéties. En revanche, j’accroche moins à l’écriture. Certaines formules sonnent bien, les phrases courtes claquent, mais je trouve l’écriture trop descriptive – les actions qui s’enchaînent – pour créer une réelle atmosphère. J’attends beaucoup de la deuxième partie du livre, là où l’histoire prend normalement de l’ampleur.
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Le cinquième et dernier épisode des aventures de Joe Pitt est dans la lignée des précédents : toujours violent, souvent épique, parfois drôle. Mais en-deca des deux premiers romans qui m'avaient séduit. La lassitude, sans doute.
Pourtant, il s'en passe des choses dans cette conclusion : les événements se bousculent, les alliances se font et se défont, des vérités éclatent. Tout change vite dans le New-York fantastique imaginé par Charlie Huston.
Malgré cette profusion d'action et de révélations, je me suis un peu ennuyé en lisant ce cinquième volume, même les grandes scènes qui se veulent spectaculaires à la fin m'ont plutôt laissé de marbre.
Il faudrait peut-être aussi que j'apprenne à résister à cette obsession de vouloir finit une série de romans le plus vite possible, en enchainant les tomes les uns après les autres sans me laisser le temps de respirer, de lire autre chose pour éviter de me lasser. Une autre fois, peut-être ...
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Le quatrième roman des aventures de Joe Pitt commence un peu comme le précédent : lentement et sans grand intérêt pour moi. Je vais dire que le premier tiers m'a franchement ennuyé. C'est d'ailleurs le même schéma que dans le troisième volume : tout ce qui se déroule à Manhattan est plutôt intéressant, mais quand Joe Pitt s'aventure en dehors, je m'ennuie profondément. L'auteur se sent alors obligé de nous présenter des personnages qui sortent de l'ordinaire, des scènes d'action spectaculaires, mais finalement cela ne fait pas avancer l'intrigue.
Heureusement, ça décolle enfin par la suite. Ca décolle tellement que les événements commencent à se bousculer et qu'on sent que le cinquième et dernier roman sera agité, avec une guerre en approche entre les clans vampiriques de New-York. J'ai hâte de lire ça !
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Ce tome contient les épisodes 7 à 12 (parus en 2011), soit la fin de la série. Avec Contagion (épisodes 1 à 6), ils forment une histoire complète, relativement indépendante de la continuité. Il faut absolument lire les 2 tomes dans l'ordre.
Logan a recouvré la liberté et il a été recueilli par les X-Men. Inconscient, il est examiné par Henry McCoy (Beast) qui détecte des résidus des infections virulentes infligées par Contagion. À ses cotés, Scott Summers (Cyclops) demande à Emma Frost de lui faire une synthèse de ce qu'elle a pu découvrir dans l'esprit de Logan. Dans le manoir, se trouve également Alison Blaire (Dazzler). McCoy décrète une mise en quarantaine provisoire en attendant de voir comment évolue l'état de santé de Logan. Dès qu'il a repris connaissance, ce dernier s'empiffre pour retrouver des forces, il change de costume et s'empresse de retrouver la trace de ses kidnappeurs. Il finit par tomber sur 2 zozos interdimensionnels pas piqués des hannetons : Monark Starstalker (avec Ulysses, un personnage créé par Howard Chaykin en 1976) et Paradox.
Le premier tome était gore et sadique à souhait ; les capacités de récupération de Logan étaient testées jusqu'à leur limite. Oui, écrit comme ça, le lecteur se dit qu'il s'agit juste d'une aventure de Wolverine plus violente et racoleuse que d'habitude. Ce n'est pas la première fois que Marvel fait appel aux bas instincts de ses lecteurs, et ce ne sera pas la dernière fois. Sauf que l'insistance et l'inventivité de Charlie Huston emmenait le lecteur au-delà d'un défouloir cathartique et voyeuriste, dans une zone de cruauté sadique dépassant la limite du simple divertissement pour pénétrer dans une zone inconfortable.
Dans la première moitié, Huston déroute son lecteur avec l'arrivée de Cyclops, Emma Frost et Beast, puis un passage dans un vaisseau spatial avec 2 mercenaires incompétents, mais aux talents impressionnants. En fait l'auteur reprend une composante déjà présente avant : son amour pour les histoires obscures de Marvel. L'utilisation de Monark Starstalker est emblématique. Il s'agit d'un personnage créé dans une histoire mémorable, mais pour un seul et unique épisode, et brièvement réapparu dans 2 épisodes de la série Nova en 2009. Huston insère donc des pépites à destination des lecteurs chevronnés de l'univers partagé Marvel. Il ne s'empare pas de Wolverine pour écrire un récit bien noir déconnecté ; non il connecte son histoire avec des parties peu visitées de l'univers Marvel. Et franchement, il est difficile de résister à la critique de la discographie d'Alison Blair ; ça vaut son pesant de cacahuètes.
Deuxième aspect tout aussi savoureux et plus accessibles, Huston prend ses personnages au sérieux. Il prend comme un fait qu'il s'agit de superhéros au caractère bien trempé et il les décrit comme tel. Par exemple, le lecteur connaît la propension d'Emma Frost à s'habiller de tenues révélatrices. Évidemment, pour la plupart des scénaristes, il s'agit surtout d'épicer leur histoire en incluant une femme qui montre beaucoup de peau et qui en plus a un compas moral peu fiable. Pour Huston, ce goût pour les tenues affriolantes est révélateur d'un manque de pudeur. Et les individus autour d'Emma ne font pas semblant de ne rien voir ; ils commentent son manque de pudeur comme un comportement qui sort de l'ordinaire. Huston met en scène des individus dont les actes, les comportements et les profils psychologiques sont cohérents, sans avoir à tout expliquer. Et le comportement de Scott montre que cet aspect de la personnalité d'Emma a joué un rôle déterminant dans son attirance pour elle. Huston n'invente rien, il reprend un élément déjà utilisé par Ed Brubaker par exemple (dans Divided we stand).
Enfin, Huston construit son récit avec un criminel irrécupérable qui explique ses motivations en large et en travers à la fin du récit. À nouveau, Huston utilise les codes des récits de superhéros, avec un supercriminel qui ne rêve que de détruire ou gouverner le monde. À nouveau, son écriture permet de redonner du sens à ce cliché éculé des comics. Derrière cette attitude stéréotypée du méchant qui dévoile tout son plan (également une facilité narrative pour le scénariste), les dialogues indiquent au lecteur que ce criminel est fou à lier, sans pour autant le dire explicitement. Le mode de rédaction d'Huston s'adresse à des adultes capables de comprendre par eux-mêmes ce qu'impliquent le comportement des personnages, leurs propos et leurs obsessions. Il part de la suspension consentie d'incrédulité du lecteur qui se plonge dans un récit de superhéros (existence de gugusses costumés avec des superpouvoirs, extraterrestres, vaisseaux spatiaux, etc.), et il développe un récit avec des individus au comportement adulte en mettant en avant les horreurs inhérentes à cette situation de départ, en parlant à des adultes. Ce parti pris peut déconcerter de prime abord car peu d'auteurs sont capables de ce mode de narration, et une ou deux situations mettent en conflit l'inanité du postulat de l'existence des superhéros, et des adultes presque normaux. Mais une fois dépassés ces moments paradoxaux, le lecteur plonge dans un thriller horrifique et brutal d'une force incroyable.
Contrairement à beaucoup de maxisérie, l'implication de Juan José Ryp ne faiblit pas au fur et à mesure des épisodes : il n'y a pas de baisse significative dans la densité de détails. Le lecteur retrouve donc cette obsession du détail, de la personnalisation de chaque individu, chaque tenue vestimentaire, chaque décor, chaque objet, etc. Mais en plus la capacité de Ryp à transcrire un langage corporel devient éclatante. Évidemment, Emma adopte des poses langoureuses ou provocantes, en cohérence avec sa personnalité extravertie et impudique. Évidemment, les postures de Logan traduisent sa bestialité, sa férocité et sa brutalité. Mais Ryp sait aussi dessiner des états d'esprit plus ambigus. À ce titre, les poses d'Alison Blair participent à décrire ses inquiétudes et son indécision à même hauteur que les dialogues. Les combats sont toujours aussi brutaux et graphiques. Ryp insère plusieurs visuels mémorables qui s'inscrivent dans une longue tradition de Wolverine toutes griffes dehors en leur rendant hommage, et en les dépassant. Comme Huston, Ryp ne recule pas devant les éléments spécifiquement superhéroïques, son rendu de Monark Starstalker est exubérant, baroque et ridicule comme il sied à cette tradition de superhéros de l'espace.
Ce tome se termine sur une superbe couverture variante de Mike Kaluta, dédiée à Captain America (aucun rapport avec le reste, mais magnifique).
Cette histoire en 2 tomes n'est pas pour tout le monde. Il s'agit d'un hybride entre le récit de superhéros et le thriller à la fois gore et horrifique. En fonction de vos goûts de romans, vous éviterez ce genre, ou au contraire vous vous en emparerez avec délice. Quoi qu'il en soit, les 2 créateurs (Huston et Ryp) s'adressent à des adultes, en respectant les codes des 2 genres ainsi mêlés. Le résultat n'est as au goût de tout le monde, mais il n'est ni fade, ni convenu, ni méprisant vis-à-vis du lecteur ou des personnages.
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C'est brutal, c'est drôle, et "l'action ne cesse jamais de vous pousser au cul", comme aurait pu l'écrire l'auteur.
OK, rien de révolutionnaire en termes d'histoire : c'est celle d'un innocent qui se retrouve propulsé malgré lui dans une série d'emmerdes en cascade. Tout ça parce qu'il a accepté de garder le foutu chat de son voisin. Je n'en dirais pas plus pour ne pas gâcher votre lecture. Mais on va de rebondissements en rebondissements. C'est même parfois un peu trop et ça rend l'histoire pas crédible. Mais si on se place dans l'humeur de la BD et du divertissement, alors ça fait tomber les barrière et c'est "no limit". 9a pète dans tous les sens.
La transformation du héros est intéressante. Une réussite de la part de Huston. L'action ne cesse. Les morts s'empilent les uns sur les autres. La fin relève un peu de la BD, mais cf. ci-dessus, vous voyez ce que je veux dire. Un vrai divertissement.
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Il y a bien longtemps, j'avais adoré le livre de Charlies Huston Le Vampyre de New York où il modifiait le mythe du vampire. Là, j'avais l'impression de voir ou lire une version de série B, le genre de film qu'on a vu des centaines de fois sur nos chaine de télévisions conventionnelles. L'histoire prend un certains à ce mettre en place, on a tout la vie de Hank qui y passe de son accident au Baseball, à sa monter de consommation d'alcool, ainsi que le nombre de fois qu'il a uriné. Mon dieu, que tellement, que cela me donnait le goût d'aller au toilette. Mais aussi beaucoup de stéréotype, j'aurais voulu qu'on innove pour une fois mais non, vaut mieux aller dans la faciliter. J'avais vraiment l'impression de lire un scénario prêt pour un film étant donner le budget ou le manque d'intérêt des studios l'auteur à décidé de le sortir en livre.
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