Depuis la légalisation de la contraception et de l’avortement, avoir ou pas un enfant est un choix. Mais le choix de ne pas avoir d’enfant reste très marginal. Qui décide de ne pas avoir d’enfant ? Pour quelles raisons ? Est-ce un choix féministe, égoïste, carriériste ?
Cet ouvrage est la publication d’une thèse de sociologie qui s’appuie sur une trentaine d’entretiens avec des personnes de 30 à 60 ans ayant choisi de ne pas avoir d’enfant. L’auteure explore raisons et conséquences de ce choix. Elle révèle par exemple la violence de la pression sociale qui s’exerce sur les personnes qui affirment ne pas vouloir d’enfant, notamment sur les femmes, à qui l’on demande souvent, quand un enfant naît dans l’entourage : « Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? ». Elle décortique aussi les stratégies adoptées pour y faire face, comme dire : « Un enfant ? Pas pour le moment. » jusqu’à ce que cela ne soit plus physiquement possible.
L’ouvrage, très intéressant et étayé par de nombreux exemples, extraits des entretiens menés par l’auteure, nous donne un nouveau regard sur ce sujet peu étudié, d’autant qu’elle a interrogé aussi bien des hommes que des femmes. Cependant, il aurait peut-être dû être un peu plus détaillé, notamment à propos de la manière dont les personnes interrogées vivent leur choix au quotidien, quelle contraception elles utilisent, si cette volonté est en contradiction ou pas avec leur éventuelle religion…
Un essai passionnant mais un peu court.
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Enfin un ouvrage sur le sujet des personnes ne désirant pas d'enfant écrit par une sociologue, avec la rigueur que cela induit ! (Même si attention, je tiens à dire que l'auteur à oublier quelques retours réflexifs sur son corpus d'entretiens et sur son travail de sociologue ; seulement, personne n'est parfait...).
Après, je trouve que l'auteur a bien réussi à trouver les différentes raisons qui poussent ces hommes, ces femmes et ces couples (hétéro ou homo) à ne pas vouloir d'enfants, même si Debest n'a pas traité toutes les raisons avec la même rigueur scientifique : rapport au corps, sexualité, injonction à la maternité, féminisme, inégalités entre les hommes et les femmes, etc.
De plus, elle n'a pas oublié de faire mention des pressions sociales que subissent ces personnes ; en effet, elle le fait parfaitement bien en mobilisant la sociologie de Becker et Goffman avec des notions telles que la stigmatisation ou l'outsiders.
En bref, un très bon ouvrage que je conseille autant aux parents (qui pourront peut-être se mettre à réfléchir, et qui sait comprendre...) et bien entendu, aux childfree comme les nomme la littérature anglo-saxonne.
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De mon point de vue un excellent ouvrage, très accessible bien que tiré d'une thèse. Il a le grand mérite de remettre en question l'évidence de la parentalité dans la recherche de l'accomplissement individuel. Charlotte Debest dresse un portrait fin des personnes volontairement sans enfant et place leur discours dans une perspective socio-historique pour tenter de comprendre comment ces prises de position répondent aux évolutions sociétales. Cet ouvrage datant de 2014, je me demande comment a depuis évolué (ou pas) le discours des SEnVol, notamment au regard des enjeux écologiques, argument qui n'a pas du tout été évoqué par les personnes enquêtées à l'époque.
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Ouvrage très intéressant et riche. Seul bémol, il est parsemé de points de vue et autres niaiseries psychanalytiques dont on se passerait volontiers. La pseudoscience n'a pas plus sa place en sociologie qu'en psychologie... Arrêtez de nous bassiner avec ces inepties.
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